Arrêter seul, par Redj

Arrêter seul, ou ne plus arrêter…

redj Aujourd'hui à 21:22


Pour
ma part, je ne vois plus d'autres solution que d'y arriver seul: après 8
ans d'abstinence totale, ce fut la rechute et depuis plus de 20 ans,
rien n'y fait, côté démarches… Groupes de soutient (m'y suis beaucoup
impliqué) thérapies (jusqu'à 10 mois!) détoxes (je ne les compte plus!)
spiritualité, bénévolat, persistence et acceptation, cheminement
intérieur et échanges avec parents sur mon historique de vie —jusqu'à la
naissance, ou presque— lâcher-prise… des années, dis-je, et rien n'y
fait!
Aujourd'hui je suis en mode survie: depuis environ un an, j'ai décidé d'abandonner toutes démarches!
Mais
mon expérience me permet de faire des sevrages, même les plus
difficiles! Ne jamais couper la consommation d'un seul coup! (le corps
ne le prendrait pas!).
Au Québec, le système semble différent: même
en urgence psy (amené là par la police) on m'a dit "Cesses de consommer
pour 90 jours, puis reviens nous voir…" (ça m'est arrivé 2 fois, en
psychiatrie!) On te retourne chez toi.
En détox, c'est sensiblement
pareil: Je fais les 14 jrs (norme baissée à 10) mais si peu de suivis
possibles sinon un suivi externe (avec un TS) qui prend 2 mois à
obtenir…
Les médecins? c'est presque impossible d'avoir un suivi:
juste des doc "sans-rendez-vous" qui tiennent davantage à notre "Carte
Soleil" qu'à notre mieux être…

Bref, outre me laisser aller et en
périr il me reste un espoir: vu mon isolement devenu aussi chronique
que mon alcoolisme, il me reste l'outil web (votre site m'a allumé!) et
je vais donc tenter une nouvelle offensive —seul pour l'arrêt— sachant
que je ne suis pas seul, pour le reste!

Voilà, j'ai mis le pied dans l'engrenage! La foi y est, y a tjrs été! Maintenant: à l'action!
___________________________________
J'ai juste deux problème:
1- Les être humain sont cons!
2- Je suis un être humain!

Hello et bienvenue .
Je dirai que tu présentes là une situation assez atypique qui coupe pas mal d'herbe sous les pieds à la guidance vers un circuit classique de soins .De par tes expériences d'abord et puis de par le système de soins québécois qui semble bien différent du notre .
Bravo pour ta détermination et sois assuré de notre soutien .
Je pense cependant qu'il va falloir prendre le temps de faire un peu connaissance pour que ce soutien soit adapté et efficace .
Si tu es d'accord ,j'aimerais savoir comment ta rechute est arrivée ,si tu as pu dans ton parcours identifier les causes et ce qui te ramène toujours vers une alcoolisation ,ta consommation et sa régularité et que tu développes un peu les 2 problèmes que tu décris à la fin de ton message .
je t'envoie toute mon amitié .

J'avais aussi les mêmes questions que Jacot. En tout cas, bienvenue sur Onsaide, nous serons autour de toi pour t'aider et te souvenir!!

En réponse (s) à "jacot"

jacot a écrit:j'aimerais savoir comment ta rechute est arrivée ,si tu as pu dans ton parcours identifier les causes et ce qui te ramène toujours vers une alcoolisation

Après ces huit ans d'abstinence dont quatre ans d'une relation amoureuse que j'ai qualifié de "tango des amoureux" à laquelle j'ai mis fin car trop souffrante (passion à son extrème); huit ans à me découvrir et me lancer à tête perdu dans la musique, la politique et le socio-communautaire, fondation d'une coop: des succès! mais que je ne savais pas gérer du tout; manque total d'équilibre (excessif au max, plus que dans la consommation): l'enfant étouffé voyait poindre ses rêves les plus impossibles… c'était être égale aux Beatles; révolutionner la démocratie; repenser l'économie …et connaitre enfin l'amour total… comme on peut le voir, je me dirigeais tout droit, à pleine vitesse, sur le mur! Le tout s'est révélé près de Poitier (j'avais jeté mon dévolu sur une française… pour fuir).
Depuis, malgré les introspections, ces désirs démesurés et surtout irréalistes dorment tjrs au fond, quelque part chez mon enfant intérieur, et dès que je cesse la consommation, tout remonte, sous diverses formes… c'est comme de la mégalomanie… même mon humilité est d'orgueil dite "spirituelle"…
Ma consommation est des plus régulières: je n'arrête que 2-4 jrs par peur et par manque de moyens puis ça peut prendre 10-20 jours avant une nouvelle pause…
Les quantités varient en fonction des moyens financiers ça va de 6 à 18 X 355ml de bière (4,9%)…
Voilà en très bref, les réponses aux questions posées

Je t'envoie une partie de message qui parle de mon expérience et que j'ai utilisé en réponse à un autre post .Je vais aller au lit ,je te laisse aux bons soins des autres membres du forum .

Bien sûr je râle ,je regimbe ,je me sens ermite ,en hibernation parfois mais je réalise de petites choses ,j'avance pas à pas ,je me paie de petits bonheurs de temps en temps et je me sens libéré comme jamais d'un "vouloir être" que je trouve maintenant tout à fait disproportionné et utopique ,qui me mettait en échec et me ramenait toujours aux mêmes causes pour le même effet .
Bon c'est mon expérience perso ,je ne sais pas bien sûr si on peut la coller sur la tienne .

A demain .

tu as des aspirations de vie souvent incompatibles avec la réalité, alors l'alcool t'aide à rêver un peu cette vie qui ne correspond pas à ce que tu souhaiterais....
Tu devrais partir de ta réalité et voir ce que tu peux faire pour l'améliorer et l'amener à correspondre plus ou moins à ce tu rêves...
Mais ne rêve pas ta vie car là, tu passes à côté complètement... En fait si on résume, tu ne vis rien du tout car ta vie rêvée tu ne la trouves que dans l'alcool et ta réalité tu ne la vois pas non plus, elle se noie aussi dans l'alcool...

J’accueille ces commentaires favorablement! Je vais d'abord les méditer… j'apprécie votre sollicitude et l'angle de vos propos!
Une précision, toutefois: mes rêves ne sont plus, depuis environ un an…peut-être se cachent-ils, en m'attendant! j'en ai peur et c'est probablement pour cette raison que j'ai coupé court à toute démarche!
Puis je suis bien conscient qu'ils étaient tout à fait irréels…
Puis, quant à partir de ma réalité… je dois y regarder de plus près; j'aurai besoin d'un microscope!
L'alcoolisme est insidieux! même quand on est très fort, intérieurement, il finit par user le sujet qui en est atteint… et je me sens si usé!
Je vais donc me taire, pour l'instant, et laisser remonter ce dont vos commentaires me parlent,
À Plus+

Arrivé à un certain niveau de dépendance, l'alcool est un profond dépresseur, il nous ôte toute énergie, toute envie d'agir, toute joie de vivre...Quand la dépression telle que je la décris , est secondaire à l'alcool, quand on arrête l'alcool, la dépression disparaît;
Mais il y a aussi le cas plus compliqué où la dépression est primaire , l'alcool servant de médicament pour la soigner. Là, quand on arrête l'alcool, il faut soigner la dépression en tout premier lieu sinon, elle va nous ramener à l'alcool.
Je pense qu'il est important de tenir compte de ces deux possibilités et de savoir où nous nous situons par rapport ça ça!!!

La différence que fait Shale me paraît très importante : la dépression est-elle antérieure ou postérieure à l'alcoolisation, en est-elle la cause ou l'effet ? il est essentiel de le définir !

Luciole a écrit:La dépression est-elle antérieure ou postérieure à l'alcoolisation, en est-elle la cause ou l'effet? il est essentiel de le définir!

Chez moi, c'est clair: ça date de mes premiers jours au monde; d'avant même que j'aie des souvenirs! J'ai tellement cherché à cibler, au fil de mes démarche…
Du début jusqu'à l'apparition de mon alcoolisme 16-18ans), ça avait la forme d'une anxiété insoutenable (voir côté relation avec la mère); à l'adolescence ce fut le rejet total de la famille, puis de la société.
Vint l'alcoolisme, puis la période d'abstinence (8 ans) où j'ai explosé en croyant vraiment que là j'allais "gagner" MdR
Puis, lors de chaque cure et chaque thérapie, chaque période de brève abstinence, c'est vrai; j'ai fini par noter que vers la fin de chacun de mes séjours en "communauté thérapeutique" l'anxiété (la même que jadis) se pointait quelques jours avant la fin…
Résultat, je sortais de cure et la première chose que je faisais (avant même de me rendre à destination) était d'aller m'acheter un Six-Pack…
Je le voyais, ces 10 dernières années, et j'en parlais aux intervenants: "J'ai peur de re-consommer encore" …puis on regardait tous notre plan et je finissais par me dire "tu sais ce que tu as à faire! fais-le!"
Je suis sûr qu'un niveau de mon être (mon Moi?) savait exactement ce qui allait se passer! Bref
Maintenant, la force que j'ai tjrs eu pour combattre mon hyper anxiété diminue, avec les années… les mécanismes de défense tombent un à un (et j'en avais des tonnes)…
Alors, la dépression prend de plus en plus facilement le dessus… et lorsque j'arrête de consommer pour 2-3 jrs, j'entend cette voix que je ne voullais jamais entendre, qui lance des «Chienne de Vie!» à qui mieux-mieux, en dedans…
Parfois, il m'arrive de vraiment croire que je souffre d'avoir eu une trop grande résistance à la dépression et qu'ainsi je m'en croyais épargné…

Merci de me lire et de répondre!

Voilà, je passe ma première nuit —éveillé, bien sûr— et j'en profite pour visiter le site; la boite à outil est un excellent moyen de me replonger dans du positif! Le document concernant l'estime de soi, entre autre (le résultat du test ne m'étonne pas du tout et l’exercice qui suit est un excellent point de départ!).
J'ai juste fait l'erreur de me faire un silex de café …mieux vaut en rire! Disons qu'il n'est même pas question que j'aille m'étendre!
Du vieux Jazz en sourdine et m'occuper à quelque chose de positif… (ai même fait le test des chakras… assez révélateur aussi).
Ça me fait tout drôle de constater que le choix de me remettre en marche se fait comme de lui-même… sans rationnel et sans crainte!
Merci pour la porte ouverte!
Je ne me conte pas d'histoire: ce sera pas facile, mais lorsqu'on a mis le premier devant, ça ne peut pas être pire que le passé!
Allez! À suivre!

Pour toi, il me semble clair que la dépression était là avant l'alcool
et que ce dernier te sert de médicaments contre tes angoisses..As-tu
soigné cette dépression autrement: médicaments, psy ?????
Car arrêter l'alcool et retrouver la dépression c'est le meilleur moyen pour rechuter aussitôt!!!

As-tu soigné cette dépression autrement: médicaments, psy ?????

Y'a 5-6 ans, j'ai accepté de prendre un anti-anxiogène (environ 3-4 sem.) , mais ça m'amortissait tellement et j'aimais tellement pas l'effet que j'ai balancé ça aux poubelles… (peut-être pas sage comme décision, mais j'ai très peur des médicaments)
et pour un psy, comme je l'écrivais hier, j'ai rendu visite deux fois (à l'urgence de centres spécialisé) et on m'a répondu que 1)- je devais d'abord cesser la consommation pour 3 mois (90 jrs) et 2)- dans le second cas que je n'étais pas un cas assez lourd pour leur mandat à eux… et on m'a référé à un programme qui n'existait plus… C'est un peu là que j'ai commencé à lancer la serviette…

Car arrêter l'alcool et retrouver la dépression c'est le meilleur moyen pour rechuter aussitôt

Et voilà le cercle vicieux! car après de 10 à 15 jrs d'arrêt, l'anxiété devient de plus en plus physique; peine à respirer par le nez à retrouver du calme. la discipline perso finit par prendre le bord; les émotions sont au plafond; etc. et j'en revient au remède infernal qu'est l'alcool!

Depuis hier, je me dis que ça vaut la peine d'essayer à nouveau: J'ai entendu, récemment une boutade qui disait que si on vire le mot zen à l'envers, ça donne nez … dans mes années d'abstinence, je pratiquais le yoga et m'attachais à des philosophies du genre "visualisation créatrice", etc; de plus j'ai un bagage que je n'avais pas, sans oublier que mon égo s'est pas mal dégonflé depuis les 2-3 dernières années

Je veux me donner une chance de connaitre la Paix…
Chose étonnante, après cette nuit blanche je n'ai que très peu de symptômes physiques; je mange; j'ai transféré du café vers l'eau (sucrée, comme suggéré dans la boite à outil) et si j'en ai le courage, tantôt je veux aller m’oxygéner quelques hres (j'adore marcher: ça me calme).
Et qui sais!

Il y a tout de même maintenant pas mal de choses pour lutter contre la dépression. Les médicaments, anti dépresseur, sont de plus en plus au point, il y a aussi les médecines douces: acupuncture, homéopathie etc.... et bien sûre la prise en charge psy, mais il vaut mieux trouver un psy alcoologue, ou tout simplement un alcoologue qui pourra t'aider bien plus....

bonjour redj et bienvenue sur onsaide

ce que je remarque en premier lieu c'est la différence entre ton 1er post et le dernier: en à peine qqs heures,tu as repris gout,tu te remets a y croire et de "je me laisse couler" on passe " et pourquoi pas le faire de nouveau "

je trouve que c'est déjà un pas énorme que tu viens de faire

tu as un atout pour toi,des années d'abstinence derrière toi et beaucoup d'outils en toi qu'il faut juste réveiller car ils n'ont jamais disparu ils sont juste en mode "veille" et il est temps de remettre tout cela en marche

peux tu expliquer ce qui t'a poussé a arrêter la 1ère fois et comment tu as réussi a tenir 8 ans??quelles aides?quels changements effectués ds ta vie ...
peux tu aussi revoir quand tu as repris LE verre fatal au bout de 8 ans?,à quelle occasion ou après quelle émotion??

pour ta de pression,tu n'as jamais pris d'antidepresseur??

désolée de toutes ces questions mais ça nous aiderait pour mieux te guider quoiqu'a mon avis,tu es apte a te guider tout seul,il faut juste remettre en route

alors ce que tu peux faire là,c'est de ne vivre qu'un jour a la fois,"aujourd'hui je ne bois pas et demain n'existe pas"' et on avise au jour le jour

je suis contente que tu soies parmi nous,ce n'est pas un hasard si tu as franchi la porte d'onsaide,a mon avis,tu es prêt

Bon, j'arrive d'une lente marche de quatre hres; ça fait du bien de l'oxygène aux neurones!
Hey! le premier 24 hre est fait!!!

SHALE a écrit: il y a aussi les médecines douces: acuponcture, homéopathie etc.... et bien sûre la prise en charge psy, mais il vaut mieux trouver un psy alcoologue

Je sais bien que ces voies existent mais mon banquier me le refuse (l'Aide Sociale)

et bien sûr la prise en charge psy, mais il vaut mieux trouver un psy alcoologue, ou tout simplement un alcoologue

Hep! mais il faut être référé par un médecin traitant (de famille) car les docs du sans R-V ne font pas de suivi… je suis sur une liste d'attente depuis deux ans pour un médecin de famille

Ne crois pas que je rechigne à tes suggestions! Ça me ramène à ma réalité et c'est excellent! même si ça éveille de grosses frustrations!
Je ne l'avais pas dis mais je me considère comme un sans toit fixe (itinérant, qu'on dit ici) avec un toit fixe (!) j'ai un petit studio et je n'ai pas déménagé depuis 8 ans! sauf que pour mes autres besoins mon aide sociale ne suffit pas: donc je ramasse des canettes et des bouteilles consignées… je vis ainsi depuis une dizaine d'années; comme un refus ou une incapacité à fonctionner à l'intérieur du cadre social/humain. Le côté positif c'est que je dois rien à personne! Bref.
Merci SHALE et surtout ne te gène pas pour suggérer ou commenter: je suis de type très ouvert et j'enregistre tout!

Oui, c'est vrai que je ne me souvenais plus que tu vivais au Canada, je ne connais pas bien les solutions qui existent pour l'alcool là bas... Il n'y a pas de centre d'alcoologie où tout est gratuit, comme chez nous ??? Si ça existe ce serait une bonne chose. Tu peux aussi trouver peut-être des groupes de paroles qui sont aussi très efficaces... Il y a les MAB évidemment, mais je crois qu'au Canada, vous n'avez pas le choix, il n'y en a qu'un qui a pignon sur rue et ce n'est pas forcément celui que je choisirais!!!
Alors dis moi dans ton pays, qu'est -ce qui existe pour aider les malades alcooliques, il doit bien y avoir des aides tout de même???

cristal a écrit:désolée de toutes ces questions

Ouaièès!
Sérieux, c'est OK: en langage d'ordi on appelle ça faire une mise-à-jour, 'mettons!
Puis, c'est super de devoir écrire mes réponses, au lieu de les verbaliser (dans mon cas)
Z'en faites pas j'y vais à mon rythme (j'ai une sauce qui mijote et je ne veux surtout pas qu'elle colle!):

cristal a écrit:peux tu expliquer ce qui t'a poussé a arrêter la 1ère fois et comment tu as réussi a tenir 8 ans??quelles aides?quels changements effectués ds ta vie ...
peux tu aussi revoir quand tu as repris LE verre fatal au bout de 8 ans?,à quelle occasion ou après quelle émotion??

Ces deux questions principales sont particulièrement intéressantes, car ça m'a pris une quinzaine d'années avant d'y voir clair!
C'est la peur panique qui m'avait poussée à arrêter je venais de perdre pour la première fois un emploi —à 27 ans—(because la bouèsson)! D'abord appuyé d'un ministre du culte (Baptiste) puis d'un ex-employeur j'ai fini par me rendre à une réunion d'une fraternité bien connue et j'ai fait un bon quatre ans: c'était en anglais et l'aspect spirituel me convenait bien (God, contrairement à Dieu, ne me faisait pas peur puisque le mot n'avait pas de raisonnance culturelle) Puis je suis revenu dans le côté francophone de Mtl et je me suis revu confronté avec le Dieu de mon enfance… j'ai progressivement cessé de fréquenter cette fraternité.
Tout allait pour le mieux dans les divers aspects de ma vie.

Mais je dois aussi admettre qu'en réalité, je n'avais rien changé intérieurement: je dis parfois, en rigolant, que c'est mon égo qui gardait tout le pouvoir…

Tout réussissait! Puis, dans les deux dernières années ça s'est mis à aller moins bien, intérieurement: une relation de dépendance affective me grugeait dangereusement!
Dans les derniers temps, alors que j'étais secrétaire politique mon patron, avec qui je jasais tous les matins en prenant notre premier café me partagea un truc: je lui avouait que je ne dormais plus, que j'en pouvais plus etc et il me dit, tout bonnement, «Moi, Réjean, quand ça va plus et que j'suis à boutte, j'vais m'acheter deux grosses bières; je m'écrase devant un match de baseball, pis j'vais m'coucher: le lendemain je repart à zéro et tout va bien!»
Tu comprend que j'ai acheté ça, mais sans m'en rendre compte vraiment, car j'étais convaincu que l'abstinence était la meilleur chose qui m'était arrivé de toute ma vie!

J'avais connu le new-age des '80, j'étais devenu un homme rose (mdr) je faisais de la méditation, j'écrivais et composait presqu'à temps plein, le végétarisme et tout ça!
Un soir, en revenant du boulot, alors que l'anxiété me sortait par les oreilles, en arrivant au coin de ma rue j'entrai à l'épicerie en me disant «À soir, c'est la finale de la coupe Stanley; qu'y mangent tous d'la Ma*de» et j'ai acheté ces deux fameuses grosses bières! et c'est parti de là!

Les choses importantes de ma vie, j'y avait pas touchées, pendant ces huit ans: l'inceste, la relation atroce avec ma mère, avec ma famille, ma soit-disant marginalité etc!

Désolé si je manque de concision… J'ai trop lu de Balzac et de Fred…
Bon… heu… la sauce sent trop bon et j'abuse déjà pas mal des kilo-octets!
Merci de me permettre d'exprimer ces aspects de mon passé!

Sachant que c'est dans ton passé que se trouve la racine de ton alcoolisme, c'est une bonne chose que tu en parles, que tu le fasses remonter, mais tu aurais un psy ce serait beaucoup plus intéressant car il pourrait t'aider à accepter ce passé qui doit être bien lourd à porter!!!

Bonsoir Redj, j'espère que tu vas bien aujourd'hui.
J'ai un peu relu tout ce que tu as écrit depuis ton arrivée sur le forum et tu ne nous as pas dit ce qu'il existait au Canada pour aider les MA qui veulent s'en sortir. Je pense qu'il n'y a pas toutes les possibilités de soins qu'il existe en France mais, tout de même, il doit bien y avoir des solutions autres que les médecins de famille ou les urgences psy ????

Une autre chose m'intrigue : tu écris :" Puis je suis revenu dans le côté francophone de Mtl et je me suis revu confronté avec le Dieu de mon enfance"", il est comment ce Dieu là ???? qui te fait peur

Tu écris aussi "Les choses importantes de ma vie, j'y avait pas touchées, pendant ces huit ans: l'inceste, la relation atroce avec ma mère, avec ma famille, ma soit-disant marginalité etc!"
Peut-être faudrait-il creuser ça ?....si tu veux en parler, tu le peux ici , je suppose que tu y as déjà beaucoup réfléchi !

En tous cas s'est un plaisir de te lire!....La sauce qui mijotait était-elle bonne, n'avait-elle pas accroché ??? (c'est pour rire que je te demande ça !)
Bon courage et à bientôt

SHALE a écrit:Il n'y a pas de centre d'alcoologie où tout est gratuit, comme chez nous ??? Si ça existe ce serait une bonne chose. Tu peux aussi trouver peut-être des groupes de paroles qui sont aussi très efficaces... Il y a les MAB évidemment, mais je crois qu'au Canada, vous n'avez pas le choix, il n'y en a qu'un qui a pignon sur rue et ce n'est pas forcément celui que je choisirais!!!
Alors dis moi dans ton pays, qu'est -ce qui existe pour aider les malades alcooliques, il doit bien y avoir des aides tout de même???

Bien sûr que nous avons des centres —ici on parle centres de Désyntoxication ou Détox— mais ils ne sont pas réservé à l'alcoolisme: on y traite toutes les formes de toxicomanie. Les centres relevant directement du gouvernement incluent aussi la pathologie du jeux et cyberdépendance (ex: pour Montréal, c'est le Centre Dollard Cormier). "http://www.centredollardcormier.qc.ca/cdc/service.html"
Depuis peu, tous les centres du Québec doivent recevoir une certification (uniformisation des normes) du Gouvernement québécois.
Les centres de détox n'ont pas une rôle thérapeutique à proprement parler: ils visent à soutenir l'arrêt de la consommation ainsi qu'une aide dans la transition et la réinsertion (bref vers l'après détox, le suivi).

Mes dernières expériences dans ces centres m'ont laissées un gout légèrement amère… je me sentais bien seul, à titre d'alcoolique… j'avais beaucoup de difficultés à m'identifier à des cocaïnomanes, pharmacodépendants etc… surtout lorsqu'on sait l'importance du rôle de la communauté dans ces démarches! et encore plus si je te dis que j'ai une peur bleue des drogues dures et donc de leurs utilisateurs (comportements et bagage culturel bien diff.)
Quand au Centre Dollard Cormier (il sert un territoire de plus d'un million de pers), il faut savoir que leur liste d'attente est de 8 à 12 semaine (mises sur le 12): aussi bien faire le travail seul!
Cormier (CDC) ont aussi un centre d'urgence pour les cas nécessitant une présence médicale.

Pour les MAB (ici on parle des "Fraternités"), tu l'as résumé plus haut: ça m'a permis de faire un grand bout, mais j'ai de sérieux doutes sur leur utilité pour moi, maintenant.

En ce qui concerne les "groupes de paroles" je ne sais pas ce que c'est.
Pour aujourd'hui: je me "recentre" sur mon abstinence , et j'observe…
Et par expérience, je sais que la première étape vers toute forme d'aide et de soutient, c'est en moi que ça commence… le ForumOnSaide m'aide beaucoup à focusser!

Note mes infos et leur interprétation fournies plus haut ne sont que de moi…
Si vous avez besoin de plus de détails ça me fera plaisir.
Ça me fait chaud de me savoir ici!
Merci

Luciole a écrit: et je me suis revu confronté avec le Dieu de mon enfance"[/i]", il est comment ce Dieu là ???? qui te fait peur

Sans m'étendre sur le sujet, ça vaut la peine de préciser, je crois:
Dans le Québec des années 60, la religion (et l'éducation) inculquait l'image d'un "Dieu vengeur" et l'enfer était omniprésent! et nos parents renchérissaient!
«Si tu fais pas ceci tu vas aller en enfer» «Si tu fais cela le p'tit Jésus va avoir de la peine» J'entrerai pas dans le détail, mais mon enfance a été tapissée de culpabilités…
Tu comprendra qu'à l'âge adulte, il y avait encore et en permanence une ombre au dessus de moi, qui enveloppait mon esprit!

Peut-être faudrait-il creuser ça ?....[…] je suppose que tu y as déjà beaucoup réfléchi!

Oh! que oui; j'ai beaucoup creusé! Mais c'est clair que c'est pas encore tout résolu! Merci de l'avoir souligné, j'y reviendrai très certainement, puisque au niveau de l'exprimer, les lieux sont souvent assez limité, pour ne pas dire presque en "mode fermé"!

Merci!
(les rotini étaient savoureux!) :bon:

jacot a écrit:Bien sûr je râle ,je regimbe ,je me sens ermite ,en hibernation parfois mais je réalise de petites choses ,j'avance pas à pas ,je me paie de petits bonheurs de temps en temps et je me sens libéré comme jamais d'un "vouloir être" que je trouve maintenant tout à fait disproportionné et utopique ,qui me mettait en échec et me ramenait toujours aux mêmes causes pour le même effet .
Bon c'est mon expérience perso ,je ne sais pas bien sûr si on peut la coller sur la tienne .

Je lis mieux ta citation aujourd'hui que je ne le faisais hier…
Ciao!

bonsoir ,
j'allais te demandais si ça allait , pour être ici si tard ,
mais il est vrai que tu es canadien et qu'il y a ??? 6 ou 8 h de décalage ??

michele a écrit:bonsoir ,
j'allais te demandais si ça allait , pour être ici si tard ,
mais il est vrai que tu es canadien et qu'il y a ??? 6 ou 8 h de décalage ??

Bien oui, ça va: c'est 6 hres de décalage! Je ne déteste pas le feeling de me promener tout seul dans les couloirs du site! Mon petit bonhomme intérieur aime bien! Quand j'étais petit, je ne pouvais même pas aller faire pipi au milieu de la nuit sans que ma mère me le fasse remarquer au déjeuner… Bref!
J'ai envie d'aller poster une photo de Lyon dans la nuit, vu de l'ISS, que je viens de trouver!