Au secours, mon père débarque!

Bonsoir!

Je suis une grande lectrice de votre forum, dont j'apprécie les conseils et le ton bienveillant. À mon tour de vous soumettre un problème, moins grave que beaucoup de ce qui est discuté ici, j'en suis tout-à-fait consciente.

Alors voilà, j'ai presque 40 ans, 2 enfants en bas âge, mon mari et moi travaillons tous 2 a temps partiel (60% et 80%). Au chapitre des addictions, j'ai fumé excessivement de joints pendant des années, mais j'ai arrêté lorsque j'étais enceinte de l'aînée et ça ne me manque pas du tout. Je me bats contre le clope actuellement :)

Mon mari et moi n'avons aucun soutien familial pour élever nos enfants et notre vie, qui nous plait beaucoup, ressemble quand même pas mal à une course d'obstacle - ou a un marathon. Mais nous sommes soudés, faisons beaucoup d'activités en famille et nous en sortons pas trop mal, je crois.

Comme famille, j'aurais bien un père - ma mère est morte alors que j'étais enceinte de l'aînée - mais celui-ci est un alcoolique dans le déni et qui le restera toujours. Il n'a pas contribué à nous élever et son plan, qui était de vivre de façon malsaine pour mourir avant ma mère, qui aurait ainsi connu la joie de le soigner après l'avoir supporté presque 40 ans, a visiblement foiré. Veuf depuis 5 ans, mon père végète dans sa trop grande maison. C'est un spectacle très triste. Il se lève à 10h et commence à boire à midi. Je vais -assez rarement - le voir avec les enfants et il est assez emprunté, ne sait pas trop quoi faire avec elle, même si il aime bien les voir. J'ai encore un frère qui vit a l'étranger et qui se contrefiche de la situation. Sinon, comme autre caractéristique, mon père est un éternel insatisfait: il n'est jamais content et ne manque pas de le faire savoir. Non seulement, il est alcoolique, mais en plus il est chiant, si vous me passez l'expression! Intellectuellement, il est très diminué (73 ans dont 60 ans avec le vin dans sa vie!!), et est perdu lorsqu'il sort de sa routine.

Enfin voilà, mon père est et vit seul à 1 h et demi de route de chez moi.

Mais il pense partir de ce village et vendre sa maison.

Il a eu l'idée, géniale de son point de vue, de vouloir s'établir dans la petite ville dans laquelle je vis, sous prétexte de "se rendre utile en tant que grand père", ce qu'il n'a jamais fait jusqu'à présent, même lors de moments très difficiles que nous avons vécu.

En fait, et c'est logique, il cherche du soutien et comme il n'a aucun ami, il va ou ça pourrait marcher, car tant mon mari que moi avons une haute idée de la solidarité familiale - nous étions tous les week-end chez ma mère lorsqu'elle était malade du cancer, donc env. pendant 2,5 ans. Donc vu mon caractère, j'ai bien du mal à opposer un non catégorique! Au premier abord, je ne voyais pas de quel droit je pouvais lui interdire de déménager: j'ai juste dit que je n'avais pas les capacités pour m'occuper de lui. Mais en fait plus j'y pense, plus cette perspective m'angoisse: je ne peux absolument pas discuter avec mon père, qui pique la mouche et se vexe pour un rien, j'ai de la peine a le supporter, il me fait franchement honte et je ne veux pas qu'il débarque dans cette petite ville ou tout le monde se connaît et n'ait que moi comme personne pour l'assister alors que chaque petite chose représente une montagne pour lui!

En fait je sais bien ce que je veux, mais j'ai un problème moral et ne sais pas pour l'instant comment m'en sortir.

Merci de vos réactions, et de votre indulgence, j'ai écrit cette tartine avec mon iPhone

tout d'abord bienvenue sur ce forum et ton problème vaut bien tous les autres tu sais,il n'y a pas d'échelle dans la souffrance due a l'alcool

je pense qu'avant de voir ton problème moral,tu dois voir ce que tu veux TOI et voir ce qui est le mieux pour TOI et là,tu verras très bien ce que tu dois faire
maintenant,la question est de savoir comment faire passer le message sans blesser la malade alcoolique car je pense que c'est ce qui te mine
es tu sure qu'il va vendre??c'est vrai que c'est une situation délicate car tu ne peux pas réellement lui dire pourquoi tu ne veux pas qu'il vienne et après tout,il fait ce qu'il veut mais si c'est pour te mettre mal,il va falloir trouver un moyen de l'eloigner de toi
peut être n'est ce qu'une idée en l'air non?? n'a t'il donc aucun ami?aucune famille??et un logement pour personnes agées ça ne le tenterait pas??avec des activités et d'autres pensionnaires??

a nous tous,on va bien trouver une solution,on va chercher ensemble

De toute façon, ce ne serait pas l'aider que de le prendre en charge, il cherche à pouvoir continuer à boire tranquillement, c'est surtout ça son problème.
Alors justement, il faut qu'il se rende compte que plus il vieillit, moins il ne peut se débrouiller seul quand il est alcoolisé.
Alors je crois qu'il faut que tu lui dises un non clair et net, pourquoi ne pas lui dire que c'est à cause de l'alcool...
Si tu crois qu'il le prendra trop mal, tu lui précises que tu ne peux absolument pas t'occuper de lui ni même aller le voir, que tu es trop prise par ta famille et qu'il serait mieux effectivement dans un foyer logement où il y aurait des aides possibles....
Mais pour ma part, je lui dirai franchement que tu ne supportes pas de le voir alcoolisé et que tu ne veux pas le voir tous les jours comme ça, qu'il n'est pas question non plus qu'il joue les grand-pères alors qu'il est ivre.....
On va continuer d'y réfléchir...

bonsoir,
et bienvenue sur Onsaide.

Cristal et Shale sont de très bon conseil et il est en effet peu souhaitable que ton père se rapproche de vous.
Selon les relations que vous avez, peut-être faut-il lui dire carrément les choses.... mais c'est à vous de sentir si c'est possible...

Bienvenue sur Onsaide. J'ai tendance à être d'accord avec ce que dis Shale, mais la décision t'appartient. Tu connais ton père, tu te connais, il faut trouver les bons mots et lui parler lorsqu'il n'aura pas bu, donc si je comprends bien, il est préférable de lui parler en début de matinée.

Ce qui est conseillé de faire avec les malades alcooliques, c'est de ne pas parler à la personne ivre et d'être clair lorsqu'elle est sobre. Il doit connaître la vérité, même si elle fait mal à entendre, il arrive que c'est ce qui amène à un déclic. Il réalisera peut-être qu'il risque de tout perdre s'il continu ainsi.

Et puis, lui mentir ne servira pas à l'aider, au contraire, il doit prendre conscience, même à son âge, que ses choix ont des conséquences sur sa vie et sur son entourage.

Et comme le soulève Cristal, est-ce qu'il est sérieux en voulant se rapprocher de vous? A-t-il une idée du temps qu'il veut prendre pour mettre ça en branle?

Nous pourrons en reparler, mais sache que tu as toute ta place ici et que ton problème n'est pas moindre qu'un autre, car il te met mal et nous allons essayé de t'aider du mieux que nous pouvons.

Crystal et Shale, un grand merci pour vos réponses.

Il faudra bien que je lui parle... Il faut dire que d'après lui, il n'a aucun problème avec l'alcool et il bloque toute discussion sur ce sujet. Ce n'est pas faute d'avoir essayé.

Je pense que le problème principal pour moi c'est que je trouve assez tragique et vraiment triste la vision de ce vieil homme esseulé dont sa famille ne s'occupe pas. Et c'est mon père. Dont je suis, dans cette perspective, la fille "indigne". Ce n'est pas du tout comme ça que j'envisage la famille.

Je pense que malgré tout, j'en suis encore à regretter qu'il soit comme il est alors que j'aurais dû dépasser ce stade depuis longtemps.

Question "jouer les grands pères", il n'en est pas ou plus capable, donc il n'a jamais été seul avec les enfants. Ce qu'il veut, c'est une prise en charge. L'idée de lui donner la piste d'un appartement protégé me semble très bonne, je vais me renseigner.

Comme je le vois peu et que lui-même téléphone rarement, j'arrive à occulter dans quel état il vit et là je peux me faire une raison, me dire que c'est l'existence qu'il a lui-même choisi et qu'il est seul responsable de sa solitude et de sa misère affective. Si il vit dans le même coin que moi, cette saine distance disparaît et il va vraiment devenir une charge. D'autant plus que, comme le dit Shale, il ne compte pas du tout changer ses habitudes. Et, le détail qui tue, je travaille dans le social dans un endroit ou tout le monde se connait, bonjour l'ambiance!!

Pour répondre aux questions de Crystal, mon père a immigré, donc pas de famille et a vécu protégé par ma mère, dans son coin avec sa bouteille, donc pas d'amis. Je pense qu'il n'avait pas la peau assez dure pour immigrer et que c'est une des raisons de son état actuel. Mais comme il n'a aucunement l'intention de se remettre en question ni de parler de lui, ça ne sert à rien de creuser le problème.

Moi qui aime discuter, je vais devoir fermer la discussion et poser des limites catégoriques. Parce que c'est clair que, dans la situation actuelle, s'il déménage, ce serait vraiment la cata pour moi. Pour vous donner un exemple, j'ai toujours voulu que mes parents rencontrent mes amis; avec ma mère, aucun souci. Mon père, lui, arrivait toujours avec des propos à côté de la plaque, si ce n'est pas carrément blessants. La dernière fois que j'ai amené des amis chez lui, c'était juste après le décès de ma mère: une famille sénégalaise que je connais depuis très longtemps. Mon père n'a rien trouvé d'autre que de jouer au gros raciste toute l'apres-midi: c'est allé du "tu veux une banane?" à "tiens le téléphone; tu sais ce que c'est, un téléphone?" Alors le voir débarquer dans mon univers, où après une semaine, toutes mes connaissances, voir toute la petite ville (ils sont très curieux, par ici) saura qui il est et voudra entamer une conversation, c'est très clairement exclu.

Merci Chouchou et Crystal_ine! J'ai partiellement répondu à ce que vous me dites, vous avez certainement raison, même si ce genre de discussions avec mon père n'ont jusqu'à présent abouti a rien: ou plutôt, il fait la gueule pendant quelques mois pour reprendre contact après en faisant comme si de rien n'était. Moi j'ai de la peine avec cette méthode car je suis quelqu'un qui aime parler des problèmes et chercher des solutions.

Encore quelques mots pour dire que ce n'est pas une idée en l'air; ça va pas se faire tout de suite, mais il ne peut plus assumer cette maison et doit chercher quelque chose de plus petit. Il cherche une agence immobilière. Donc il va vendre.

alors tu met ta question de "problème moral" aux oubliettes et tu lui dis carrement que tu préfères qu'il déménage ailleurs,que tu es bien dans ta petite ville et que tu n'as pas envie de le voir débarquer.
tu peux lui écrire eventuellement,ce sera peut être plus facile mais garde bien protégé ton petit havre de paix et ne laisse pas l'alcool l'envahir,fais le avant qu'il ne soit trop tard quitte a devoir couper les ponts definitivement avec ton père!!
de toute façon,il 'na plus que toi alors,il ne voudra sans doute pas couper les ponts mais dis lui fermement ce que tu veux avant qu'il ne fasse les démarches et surtout,sois claire sinon,il dira qu'il n'a pas compris cela!!

renseignes toi eventuellement avant sur les foyers près de chez lui,ça peut le motiver mais reste ferme sur ta décision,tu dois protéger ton petit monde,l'alcool n'a aucune pitié et aucune morale

Déjà merci, merci à toutes pour vos messages!
En effet la solution paraît évidente. Le plus difficile, je pense pour les malades alcooliques comme pour l'entourage, lorsque les alcooliques refusent de se soigner, c'est de se résigner à l'état dans lequel ils sont. C'est vraiment chiant. Comme je vous l'ai dit j'ai pas mal lu dans le forum, je connais les avis et les conseils, par exemple sur le détachement, mais c'est plus facile à dire qu'à faire. Surtout que dans notre famille, le mot "alcoolique" n'a jamais été prononcé. Même moi, qui suis la chieuse de service (j'apporte toutes les mauvaises nouvelles et me charge habituellement des tâches ingrates), je dis "tu bois trop, essaie de boire moins", donc le déni est général.

Bon ce sera l'occasion de remettre les pendules à l'heure.
C'est vraiment nul comme situation, mais c'est comme ça.
Chaque fois que je vois mon père, je mets une semaine à m'en remettre, la bonne nouvelle est que la semaine est bientôt terminée, je l'ai vu samedi passé.

Je profite de l'occasion pour vous souhaiter à toutes et à tous des solutions à vos problèmes et une lueur à la fin du tunnel. Même si la société n'aide pas ni les MA à faire face à leurs problèmes ni l'entourage à avoir une ligne de conduite aidante, nous tous pouvons faire quelque chose, à notre niveau. Et onsaide est une belle communauté pour ça.

Un bon week-end à vous,

AuSec'