anna, et on recommence

rur@lcoolique, c'est ton tour de me faire réfléchir  
"État demi-dépressif" : oui... peut-être que tout ne vient pas de moi, de ma paresse, mon inertie, mon laisser-aller, ma complaisance, mon comportement... Jusqu'à présent, je n'ai connu que des dépressions sévères, pas cet engourdissement pâlichon, tristounet, gris-blanc. Et ça doit faire un an et demi que ça dure. Je suis un traitement de l'humeur + antidépresseur à vie (PMD/bipolarité), de ce fait, bêtement, je me crois protégée ; j'avoue, je me suis aussi imaginé que cette vie terne est normale pour une femme près de la soixantaine, qu'il me faut sans doute m'y résigner... Femme au cerveau fatigué, mouais.
Pétard. Y a encore du boulot !

Dans tous les cas l'alcool engourdit et bride la réflexion, j'ai vu moi-même de tels effets (que je ne soupçonnais pas jusqu'à ce qu'ils s'estompent) que je suis convaincu que le jeûne alcoolique est un préalable indispensable au soin, une condition sine qua non pour retrouver une vie plus légère... L'affaire de quelques mois, au mois, cette "purge" d'alcool.

La soixantaine n'est pas synonyme de vie terne, loin de là...Alors tu vas t'enlever ces idées de la tête. A soixante ans, on vit une belle période, au contraire...Notre cerveau marche toujours aussi bien, sauf si l'alcool nous provoque des black out, mais sinon, soixante ans , ce n'est pas vieux, loin de là....


Je te mets une vidéo qu'un ami avait posté à un moment où je n'étais pas très en forme, elle m'avait redonné la pêche, alors j'espère que ça te fera le même effet: 

Larmes aux yeux
C'est beau.

Tu vois ce soir comme tous les mercredis nous avons eu notre réunion zoom, nous étions 9 et3 personnes m’ont envoyé un sms, après avec à peu pres la même chose « merci beaucoup pour cette réunion ce Soir qui m’a fait le plus grand bien…. »

Pourquoi ne viendrais tu pas te joindre à nous, même en caméra cachée, juste écouter. Certains ont trouvé dans les paroles des autres une ouverture des mots qui les ont inspiré… penses y.

A la fin de l'année dernière, grâce à mes bonnes bières 0°, je pouvais ne pas boire pendant 1 mois et demi ; aujourd'hui, je tiens 3 jours.

Tu vois par toi même que la maladie évolue   Anna, si tu es venue sur le forum, ce n'est pas par hasard, ce n'est pas de la lumière que tu as vu par inadvertance, NON, tu es venue pour le coup de pouce, pour le soutien, pour l'écoute et aussi pour entendre ce que tu sais déjà même si tu ne l'acceptes pas encore.
Ton mari a bu lui aussi beaucoup, plus que toi à une époque et pourtant, il ne boit "plus que" 2 verres par jour ,peut etre pourrais tu le suivre au début pour modérer un peu si le zéro alcool est trop compliqué pour l'instant? 
Tu es venue ici chercher des réponses , à nous tous, je suis sure qu'une petite graine est entrain de germer 

anna a écrit:Bonjour, et merci pour vos mots affectueux et bienveillants, ça me fait chaud au cœur.
Shale, Cristal, comme d'hab' vous voyez juste. Aucun déclencheur suffisamment puissant à l'horizon... faut-il - j'allais écrire : qu'un AVC me fasse courgette, mais je ne suis même pas sûre que ça suffirait (je pense à tous ces fumeurs avec leur perf' ou en fauteuil dans la cour des hôpitaux...).
Qu'est-ce que je perdrais ? mon aveuglement, sûrement, et la lucidité fait peur !...
Pourquoi ai-je envie de boire (en dehors du fait que je suis intoxiquée, addicte) ? parce que je déprime vaguement, et comme l'alcool me déprime, ben je bois : pitoyable. Mouais, pas très épanouie, la fille  

Tulipe Noire, les médecins de l'homme lui parlent surtout d'arrêter le tabac - par bonheur, lui n'est pas alcoolique comme moi ; quand je ne l'entraîne pas (et sauf cuite "du samedi soir"), deux verres de vin par jour lui suffisent.

A la fin de l'année dernière, grâce à mes bonnes bières 0°, je pouvais ne pas boire pendant 1 mois et demi ; aujourd'hui, je tiens 3 jours. Tout est dit.

Adeon, vrai, ça aide, on a fait ça, pas d'alcool à la maison, pendant des mois, mais si je ne suis pas profondément déterminée, ça ne sert à rien, hélas.

Bref. Continuons. A suivre...

Quand même, je vous confie une jolie chose : en février, on a adopté en refuge une petite chienne (une miniature de 3,6 kg) et la vie de notre tribu est toute égayée ; même Olya la chatte se réveille. Et moi, je marche en moyenne 1 heure 30 par jour grâce à notre petite joie sur pattes Seuls les poissons restent indifférents 

P-S, une question vient de clignoter dans ma cervelle : est-ce que je m'aime assez pour me vouloir du bien ? pas trop, ces temps-ci.
A suivre, toujours...


Bon 1er mai, tout le monde

Bonjour Anna,

Je viens de lire tout ton fil depuis le début. Je me retrouve complètement dans tout ce que tu décris (bipolarité exclue) et en particulier dans ce post-ci.

J'en suis à bientôt 6 mois d'abstinence après moultes tentatives d'abstinence totale, de semi-abstinence, de soi-disant contrôle, de réduction, blablabla...
Tout avait, jusqu'il y a 6 mois, foiré. Et en beauté! Avec des rechutes m'amenant vers des alcoolisations de plus en plus massives, incontrôlables, excessives à la folie même si pas forcément quotidiennes.
J'ai moi aussi fait un avc il y a un an et demi, si cela m'a invitée à réduire ma consommation drastiquement durant plusieurs mois et avec succès, tout s'est écroulé lors d'un moment de stress intense et là, plus aucun contrôle, donc non, les problèmes de santé graves ne suffisent pas.
Mais ce sont aussi toutes ces expériences, tous ces essais, qui ont un jour déclenché, je ne sais toujours pas par quel miracle, le ras le bol et le déclic qui m'ont fait démarrer cette abstinence actuelle que j'ai abordée de manière tout à fait différente des autres. Ce n'était plus une contrainte imposée, mais un choix nécessaire.
Tout ça pour dire qu'il a fallu passer par de nombreuses périodes de doutes, de dégoût/mésestime de moi-même, de désespoir, de dépression et sur un temps long et répétitif pour que ça se produise.

Alors, je ne crie évidemment pas victoire avec un grand V, parce que 6 mois c'est beaucoup et très peu à la fois, parce que je passe encore par tout un tas de moments de questionnements, d'hésitations, de refus d'acceptation, parce que je ne suis à l'abri de rien (et ne le serais jamais) mais voilà, un jour, la détermination est telle qu'on y arrive. On s'y tient, suffisamment longtemps pour en apprécier la puissance des améliorations que ça apporte. Et j'avoue continuer à m'y tenir, parce que je n'ai pas envie de foutre en l'air les efforts accumulés jusqu'ici, mais aussi parce que je sais que demain me réserve sûrement de nouvelles surprises, découvertes, appréciations positives qui font que ma vie est en constance évolution vers du mieux. Cela malgré les embûches et les difficultés rencontrées. Ça vaut le coup.

Sans alcool, la dépression s'évanouit peu à peu, ne laissant que des instants de tristesse ou d'angoisses que l'on sait enfin, mieux gérer. Et c'est ainsi qu'on apprend petit à petit à comprendre (prendre en soi) les choses et s'aimer.
En cela, je rejoins complètement @rur dans le prérequis d'un arrêt complet d'alcool pour commencer à y voir plus clair. Il sera bien temps d'éventuellement re-questionner le sujet une fois les broussailles évacuées, les chemins éclaircis, les fleurs sauvages ravivées par la lumière retrouvée. Un jour après l'autre, une heure après l'autre, le plus tranquillement possible.

Les boissons sans alcool, bières et autres m'ont été d'un grand secours, elles le sont encore, je ne me prive de rien si cela peut m'aider à tenir. Comme ce forum qui est incontestablement une véritable béquille, qui empêche de chuter, qui aide à remonter la pente donc ne pas hésiter à en abuser à l'excès, on peut tout y lâcher. Les rituels quotidiens avec des règles parfois strictes et chiantes sont aussi des moyens, surtout au début, de poursuivre le chemin. Je me suis également beaucoup isolée de toute vie sociale pour ne pas me mettre en danger (j'y ai trouvé du confort d'ailleurs). Être bienveillant avec soi-même, faire preuve d'égoïsme le temps nécessaire, s'offrir ce qui fait plaisir, envoyer paître les emmerdeurs, les us et coutumes, les empêcheurs de tourner en rond, les conventions et penser à soi pour (ré)apprendre à s'aimer. Ça semble souvent loin et puis finalement arrive un moment où l'on se dit "Déjà tout ce chemin parcouru! Quelle évolution!" alors que ne se sont passés finalement que quelques mois.

Enfin, lire tes mots me permet de me rappeler combien je ne veux surtout pas me retrouver dans ces situations si difficiles, si pesantes. Pardonne-moi de te dire ça, je le fais en espérant que cela puisse, à toi comme à d'autres, provoquer ce déclic nécessaire, cette envie de s'en sortir pour de bon.

Bon courage à toi! Tu as tout pour réussir!