Une réalcoolisation

**SHALE** 14/2/2024, 08:31

Vous qui ne buviez plus depuis plusieurs mois, là, en ce début d'après-midi, vous venez de boire un verre de whisky et vous vous sentez très mal.
C'est évident qu'il aurait mieux valu éviter ce verre, mais il ne faut pas culpabiliser non plus, là, il faut agir et vite.
Tout d'abord, débarrassez-vous de l'alcool que vous pouvez avoir dans la maison, ou demandez à un proche de le faire, là, ça élimine déjà un risque de rechute rapide.
Ensuite, il faut essayer de réfléchir à ce qui vous a poussé à prendre ce verre. Ce peut être une seule chose ou un ensemble de petites contrariétés qui s'accumulaient depuis quelque temps.
Reconnectez-vous à vos motivations pour arrêter ce produit, elles n'ont sans doute pas changé, il faut les faire ressortir de l'oublie. Rappelez-vous pourquoi vous aviez décidé d'arrêter l'alcool, mémoriser le cauchemar de vos alcoolisations passées et dites-vous à nouveau, plus jamais ça.
Et puis ce n'est pas une rechute pour le moment, c'est juste une réalcoolisation passagère et qui en restera là, si vous le souhaitez bien sûr.
Le plus important, c'est de rechercher du soutien. Vous pouvez aller en parler dans un groupe de parole, un MAB, sur un forum internet ou sur un groupe Facebook, ou même à un de vos proches et faire le point sur la cause de cette réalcoolisation, ce serait une très bonne démarche qui vous permettrait d'éviter de reprendre un verre, la prochaine fois. Si vous êtes suivi par un addictologue, passez-lui un coup de fil, quitte à prendre un nouveau rendez-vous avec lui. Vous pouvez aussi retourner dans un CSAPA pour tirer les conséquences de ce qui vient de se passer.
Ensuite, buvez beaucoup d'eau, mangez des choses que vous aimez, faites-vous plaisir, vous n'avez rien à expier, ce n'est pas une rechute, juste un caillou sur votre route, caillou que vous n'avez pas pu éviter. Ce peut être aussi le principe de la soupape qui fait sortir toute la pression accumulée depuis plusieurs semaines.
Quoi qu'il en soit, essayez d'écrire quand, comment et où ça s'est passé pour pouvoir mieux l'analyser et ne pas recommencer, à la longue, les cailloux peuvent devenir de plus en plus fréquents, il vaut mieux les jeter au fossé tout de suite.
Si le lendemain et les jours suivants, vous avez des cravings, ou flashs alcool, ce ne sera pas une surprise, vous avez réveillé la partie du cerveau qui gère votre dépendance. Alors, laissez-les passer en vous occupant l'esprit et les mains.
Si vous êtes sportif , allez faire un footing, du vélo ou de la natation. Sinon, trouvez des occupations que vous aimez faire, qui vous distraient et vous font oublier l'alcool. Dans tous les cas, faites-vous plaisir.
Et puis vous repartez, sur une route sans alcool, vous y arriviez très bien avant, il n'y a pas de raison de ne pas repartir du bon pied.
Ghyslaine Gimenes