Retour ici, entre espoir et desespoir

Ce genre de demande implicite de la part de nos proches crée chez nous une telle impossibilité que c'est terrible à vivre, ça va à l'encontre de ce que nous sommes et nous nous sentons alors rejeté, il leur est impossible de comprendre qui nous sommes et nous ne pouvons pas non plus comprendre leurs demandes . Nous essayons de nous y plier mais c'est en reniant notre personnalité, nous n'existons plus.

SHALE a écrit:Nous sommes toutes les deux Asperger, mais nous n'avons pas vécu notre différence de la même façon. Pour ma part, je n'ai jamais fait d'efforts pour ressembler aux neurotypiques et j'assumais et j'assume encore ma place à part. Je me suffisais à moi même, si on venait vers moi, parfois j'étais contente, parfois, ça me gavait, tout dépendait de la personne. Mais je n'ai jamais obéi aux lois des neurotypiques, sauf pour ce qui est de la politesse élémentaire, et encore, il faut souvent que mon mari me rappelle qu'il faut dire bonjour, au revoir et merci. Ce qui fait que j'ai bien vécu en majorité mon handicap, d'ailleurs je ne l'ai jamais vécu comme un handicap. Par contre, quand j'ai plongé dans l'alcool, c'était après la naissance de mon fils, là, j'étais bien obligée d'agir comme les neurotypiques, je ne pouvais pas entraîner mon enfant dans mon isolement et dans ma solitude, il devait avoir une vie sociale, il n'était pas Asperger et se devait de vivre comme les autres. Là, j'ai dû faire avec ma différence et l'alcool m'y a aidée, il m'a aussi aidée à résoudre des problèmes liés à la naissance de ma soeur, quand j'étais petite. Malheureusement, la dépendance est vite arrivée et on sait ensuite ce qui se passe....

Shale justement je me demandais ce qui t'avais menée à l'alcool alors que tu semblais "assumer" et "bien vivre" ta différence , je comprends mieux maintenant... 

Ca m'aide à comprendre aussi mes réticences et mes peurs à l'idée d'avoir un/des enfant(s) (même si physologiquement à priori ça serait compliqué donc ça réglerait la question)

D'ailleurs, je n'ai pas voulu avoir un autre enfant, je sentais que ma santé psychique n'y résisterait pas forcément. Parfois je le regrette, mais bon, c'est comme ça. Dans la mesure où on ne m'empêche pas de me réfugier dans ma bulle, ou on me laisse vivre ma vie, tout va bien. Mais pour ça, il a fallu que j'explique longuement à mes proches et à mes amis ce qu'était l'autisme Asperger. Je ne suis pas sûr que tout le monde ait bien compris, mais au moins on me laisse  vivre à peu près comme je l'entends. 
Les repas de famille, surtout s'ils ont lieu à la maison, sont une vraie corvée pour moi, heureusement que mon mari les gère en grande partie, j'en serais incapable. Quand il y en a un, je fais tout pour fuir, je me trouve plein de choses à surveiller en dehors de la table pour avoir des moments seule pour recharger mes batteries....

D'ailleurs Shale comment as tu appris toi-même ton autisme Asperger? 

En tout cas c'est top que ton mari comprenne ton fonctionnement et gère à ta place ce qui est trop compliqué pour toi... 

Pour ma part quand il y a des moments familiaux, j'ai encore du mal à m'éclipser pour me recharger (j'ai surtout la raison cigarette régulièrement), il y a comme un truc qui me pousse à rester collée avec les autres même si ça me fait pas du bien, comme une peur de m'arracher, j'ai besoin d'avancer là-dessus, entre mon besoin de solitude et l'angoisse d'arrachement/d'abandon que ça peut susciter. 
Même petite je me souviens que je vivais mal les moments où il y avait du mouvement et que je ne pouvais pas être là, aussi lié sans doute à mes expériences de rejet. 

Au bout d'un moment je bloque, je sens que je passe en mode "automatique", comme si je n'étais plus là, absente à moi-même, et passé ce cap difficile de me "récupérer", je suis comme en apnée, et j'attends le moment de pause, de délivrance, sans réussir à la provoquer par moi-même... en général le moment où tout le monde va se coucher, j'ai l'impression d'enfin pouvoir respirer... 

C'était ce moment là où je buvais enfin tranquille aussi, maintenant je me prends une boisson chaude, je fume une cigarette dehors, je me reconnecte à l'environnement non-humlain et ça redescend peu à peu...

Je comprends tout à fait ce que tu vis, même si j'ai eu la chance de pouvoir m'arracher d'un milieu malsain pour moi. C'est mon mari en lisant des articles sur l'autisme , parce que mon comportement lui posait question depuis très longtemps, qui a vu la définition de l'autisme Asperger, c'était tout à fait moi. J'ai vu un psychiatre, j'ai passé de nombreux tests et le verdict est tombé, Asperger. Il n'était pas vraiment surpris et moi non plus à vrai dire, depuis toute petite, je suis conscient que je n'avais pas le même comportement ni les mêmes ressentis que les autres, mais ça ne me posait pas de problème ) particulier. A mes parents non plus, car ils n'avaient pas vraiment le temps de s'occuper de moi avec ma soeur handicapée. Comme j'étais une élève brillante, pour eux, tout allait bien.
Je l'ai dit à mes parents, mais ils ne comprennent pas vraiment ce qu'est ma différence, je préfère ce mot à handicap, car c'est aussi ce que je ressens, je ne suis pas handicapée, je suis différente. Mes amis, par contre, l'ont très bien compris et me laissent agir comme je le veux et ça, je ne les en remercierai jamais assez...

Du coup tu as rencontré ton mari, et tes amis, en étant différente sans avoir de "mot" là dessus, et ils t'accompagnent toujours, en comprenant mieux cette différence, c'est beau : ))

Quelques mots de ces derniers jours pour moi :

Ça y est je suis rentrée du sud, la dernière journée a été un peu rude, les enfants sont assez épuisants et exigeants, j’avais un peu l’impression d’être à leur service non-stop… Je retiens quand même les bons moments passés avec eux : )

Avec ma soeur on a pas reparlé de l'alcool ni d'Asperger, les choses ont été nommées, c'est l'essentiel. 

Le dernier soir il y a eu apéro et barbecue sur la plage avec le club de voile de mon neveu, ça a pas été évident à gérer, en plus je connaissais personne, la tentation du verre pour me socialiser un peu, j’ai pas craqué, mais du coup je suis restée beaucoup dans le contrôle et je me suis surtout sentie en décalage, pas à ma place. Heureusement qu’avec les enfants on est rentrés pas trop tard !
Et après difficile de faire redescendre la pression, je suis restée debout encore un moment.

Là je suis chez ma grand-mère avant le retour en Bretagne, mais pas seule cette fois, il y a mes parents, et une de mes tantes avec 2 de ses filles (que je vois très peu) qui sont reparties tôt ce matin. L’atmosphère était un peu tendue hier, entre ma mère et sa sœur, et avec ma grand-mère, du coup l’ambiance générale pas top non plus, ça m'envahit beaucoup et je n'arrive plus dans ces moments à "être là", ni à me réancrer.  

Et puis surprise hier soir, il n’y a pas eu d’apéro (ça c’était bien !) par contre au dessert je me retrouve avec un tiramisu devant moi, je le mange sans arrière pensée, et goût bizarre, j’apprends qu’il y a du rhum dedans… j’ai pas trop su comment gérer, c’est une de mes cousines qui l’avait fait (je les vois quasi jamais, elles ne savent rien de l’alcool), finalement j’ai gardé qu’un tout petit bout et donné le reste à ma mère… ça m’a turlupiné un moment après ! Va falloir que je sois plus vigilante là-dessus : )

Et puis mon compagnon qui devait arriver hier soir, qui oublie de me prévenir qu’il n’arrivera qu’aujourd’hui finalement… bref plusieurs source de complications, j'aurais besoin d'un petit temps tranquille pour digérer tout ça et me remettre dans le bon sens ! 

Bon dimanche : )

luze a écrit:j’apprends qu’il y a du rhum dedans…

Si ça ne t'a pas provoqué de craving sur le moment, selon moi c'est sans risque. La dose contenue dans ta part était "homéopathique" par rapport aux 3g d'éthanol digestif que notre corps élimine quotidiennement.

Le truc à surveiller, ensuite, c'est la survenue possible de pensées permissives (j'ai déjà eu) mais comme te voilà prévenue, ça va aller ;) 

 

Oui c’était très peu en quantité, il devait y avoir une cuillère à soupe dans le gâteau entier (quand je disais digérer tout ça c’était pas par rapport au rhum )

Mais effectivement c’est bien plus le côté psychologique et les pensées diverses et variées qui ont suivi qui m’ont embêtée ! De « j’ai rompu l’abstinence » (mon hyper contrôle !) à des pensées permissives, tout y est passé, et pour éviter ces pensées j’ai préféré ne pas le finir au risque de déclencher quelque chose…

Un jour j'ai mangé un chocolat avec une liqueur dedans. 
Puis 2 et presque la boîte je m'en foutais du chocolat c'était la liqueur qui m'intéressait.
Pensées permissives . 
A présent que je le sais je fais attention à ce qu'il y a dans le chocolat .
Idem pour les gâteaux fait maison je demande sous l'excuse d'avoir la recette.  

L'important c'est d'avoir conscience de ce qu'il se passe et de ne pas s'affoler inutilement.

Tu as très justement fait ce qui te semblait prudent, on ne peut pas mieux faire.

J’ai aussi des souvenirs de chocolats à la liqueur que je me suis enfilée à la chaîne… ou des cerises à l’eau de vie, ou ce genre de choses…
Du coup petit rappel d’être bien vigilante !

Aujourd’hui je suis assez fatiguée, j’ai peu dormi, je sens que ça me rend encore plus vulnérable et tendue
Mon compagnon a fini par arriver ce midi, je suis vite agacée par ce qu’il fait, comment il se comporte etc ça m’agace d’être comme ça, mais j’arrive pas à faire autrement… j’essaie de rien dire, du coup je reste assez distante, on verra plus tard…
Je sens que les pensées alcool pourraient vite arriver alors je reste sur mes gardes!

Lorsque je suis fatiguée c'est là que je baisse ma garde car l'alcool me bouste mais c'est une illusion. 

 J'ai aussi tendance à en vouloir à mon mari et à le provoquer ou à chipoter pour un rien. 

Comme je lis des livres audio je prends mon mp3 et je lis bien installée dans mon canapé ou autre...
Perso je ne peux pas lire les yeux ouverts [question de concentration]
Si bien que je suis dans ma bulle et l'idée du verre s'en va ...

Oui, pour le gâteau, c'est plus une peur psychologique que réelle, tu en as très peu absorbé, mais c'est vrai qu'il faut être vigilant, tout au moins au début. Maintenant, s'il m'arrive par hasard de manger un chocolat à la liqueur, je ne panique plus, je fais juste attention pour savoir où ils sont dans la boîte pour ne pas en reprendre....

Quand je suis fatiguée c'est un peu tout ou rien, soit je baisse complètement la garde soit je suis dans l'hyper vigilance et l'hypercontrôle et là je suis tendue et pas cool ni avec moi ni avec les autres!
C'était un peu le cas cet apres midi, j'étais épuisée et pas très agréable j'avais envie de rien et j'ai pas réussi à me reposer non plus, et le retour de mon compagnon fatigué de sa semaine à Paris n'a pas arrangé les choses, ça a été distant et tendu toute l'aprem, j'avais juste envie qu'il reparte, on s'est à peine adressé un mot... c'était un peu mieux ce soir... 

Je n'ai jamais essayé de livres audio, mais ça doit être une bonne façon de se mettre dans sa bulle je retiens Nicole : )

Les pensées alcool suite à juste ce petit gout de rhum sont allées très vite, ça a réactivé des idées, des sensations... j'espère ne pas tomber sur le mauvais chocolat en ce moment c'est encore trop fragile!

Prends les chocolats en tablette, tu es sure de ne pas te tromper  Il repart quand ton compagnon?

Oui en tablette c’est plus sûr :D
Il repart vendredi, mais juste 2 jours cette fois et il revient. 
Là on est chez ma grand-mère avec mes parents, et ça c’est assez reposant pour moi, de pas être chez moi mais dans un cadre rassurant… 
À part que je me sens toujours responsable de ce qu’il fait et dit , faut que j’arrive à arrêter avec ça

Oui, il faut que tu arrêtes. Chez moi, c'est le contraire, c'est mon mari qui a toujours peur, qu'avec mon habitude de dire tout ce que je pense, je fasse des gaffes.
Alors pense à toi, et rien qu'à toi. Personne ne t'oblige à surveiller le comportement de tes proches, ils sont adultes et peuvent se réguler tous seuls...

Oui Shale c'est sûr il faut que j'arrête ça, c'est aussi pénible pour moi que pour lui... 
Je me le dis à chaque fois, et pourtant c'est plus fort que moi ça revient. 
Comme si j'avais besoin d'une forme de contrôle en permanence, si je lâche j'ai le sentiment de tout lâcher...

Wow ça fait bien longtemps que je ne suis pas venue donner quelques nouvelles ! Pourtant j'y pense souvent, mais je n'ai pas allumé mon ordinateur depuis un moment   

La bonne nouvelle principale : ça fait maintenant plus de 2 mois de sans alcool !

Pour le reste, ça va globalement, il y a du mieux (sans doute beaucoup plus de mieux que de moins bien heureusement !) mais aussi du difficile, à vivre sans alcool, et surtout ce que cette abstinence peut générer chez moi au niveau psychologique/comportemental, ça réveille une forme de rigidité, de restriction, d'hypercontrôle, j'ai l'impression d'avoir une "charge mentale" au max et de ne jamais trouver de "légèreté". Je suis un peu "binaire" là dessus, soit c'est l'hypercontrôle, soit je lâche tout... et les 2 extrêmes sont pas cool, ni pour moi ni pour les autres! 
Je connais bien ces mécanismes et va falloir que je les apprivoise et les assouplisse sans avoir recours à l'alcool bien sûr! 

J'ai été beaucoup en famille ces dernières semaines, souvent nombreux, ça me porte autant que ça me fatigue, j'en ai vraiment besoin, ça me nourrit, quand je suis avec eux je me pose moins de questions, surtout avec les enfants.
Mais je suis contente aussi d'avoir un rythme social plus calme à venir, et j'ai ressenti aussi l'envie d'autre formes de relations, j'ai notamment très envie de me retrouver à l'étranger, ce qui devrait se produire en septembre -si les soucis administratifs de mon compagnon ne bloquent pas tout le truc!) , et d'être immergée dans une autre culture. 

J'espère que l'été se passe bien pour vous : )

C'est un plaisir d'avoir de tes nouvelles. Pour les débuts de l'abstinence et des problèmes qui se posent, j'ai mis dans "Débats et sujet de fond" un texte là dessus.

Coucou luze.
Je suis contente de te lire et bravo pour tes 2 mois.
A bientôt 

Les voyages en solitaire dans un pays  étranger  c'est génial,  j'adore ça aussi. 
 Tu irais où,  en Inde ?

Je me demande si on va avoir assez de 2 heures pour la réunion ?  

Félicitations pour ces 2 mois,  tu es en train de trouver ton rythme. 

Merci Luze pour ces belles nouvelles 

C'est bon de te voir bien aller, consciente de tout ce que vis, en plus, tu contrôles :-)

Je te souhaite que ce voyage fonctionne 

Merci pour vos mots ça fait plaisir à lire   

Tulipe oui si on commence à parler voyages on en a pour un bout de temps   
L'Inde j'y suis partie plusieurs mois en solo, il y a quelques années déjà, c'était une vraie expérience de vie... 
Cette fois ce sera finalement le Portugal, et à deux!