Retour ici, entre espoir et desespoir

Un mois en vue ? La vache, ça passe vite ! Bravo, c'est franchement le plus difficile.

Pour la procrastination, oublie de te faire des reproches. Quitter l'alcool est un boulot à temps plein, ça fatigue énormément.

Tu auras certainement noté qu'il y a grosse bagarre sous ton scalp, certaines aires cérébrales s'activant violemment et de façon imprévisible. On n'a qu'un seul cerveau et il est en même temps pour la dépendance et contre la déchéance. Forcément, il y a lutte et faire pencher la balance du côté que tu as choisi est épuisant.

Patience, donc. Et sois douce avec toi

rur@lcoolique a écrit:Un mois en vue ? La vache, ça passe vite ! Bravo, c'est franchement le plus difficile.

Pour la procrastination, oublie de te faire des reproches. Quitter l'alcool est un boulot à temps plein, ça fatigue énormément.

Tu auras certainement noté qu'il y a grosse bagarre sous ton scalp, certaines aires cérébrales s'activant violemment et de façon imprévisible. On n'a qu'un seul cerveau et il est en même temps pour la dépendance et contre la déchéance. Forcément, il y a lutte et faire pencher la balance du côté que tu as choisi est épuisant.

Patience, donc. Et sois douce avec toi

Meilleur conseil que celui de rural, ça ne se trouve pas, je suis parfaitement aligné. Sois fière de toi luze 

BRAVO pour ton mois Luze ,tu as franchi le cap  Et repose toi au maximum, tu en as besoin, ne culpabilise pas, en tant que médecin tu sais combien la convalescence est fatigante. Profite de tes moments de solitude pour te ressourcer à fond

Oui J30 aujourd’hui, je n’en reviens pas moi-même c’est passé très vite après les premiers jours compliqués! 

Ces derniers jours je me sens un peu plus tendue et agitée, plein de trucs dans la tête (tempête sous mon crâne c’est exactement ça Rur!) et du mal à organiser les choses, j’ai l’impression de courir partout en étant moins dans le moment présent, même si régulièrement j’essaie de me poser, respirer, et me recentrer là où je suis… 

Entre l’arrêt de l’alcool, et l’intégration progressive de mon mode de fonctionnement, c’est sûr que l’équilibre va mettre un peu de temps à se trouver, et tout me semble pour l’instant très déstabilisant !

Bravo 
Je comprends ce que tu veux dire .
Pas évident de s'organiser différemment. 
C'est petit à petit que j'ai pu le faire et j'avoue qu'il m'arrive encore d'être déstabilisée.
Pas facile de changer des habitudes que nous avions depuis X temps.

la vie sans alcool est très destabilisante au début, on a plus de filtre et on prend tout en pleine face MAIS c'est une vie réelle et la seule que l'on peut contrôler et façonner à son image. Si tu sens que ça va trop vite, pose toi, fais de la sophro ou du sport si tu aimes, essayes de casser le rythme pour qu'il soit plus supportable. Mais tu fais tout très bien Luze, juste, évite de vouloir bruler les étapes, un jour après l'autre, un pas après l'autre, ne mets pas la barre trop haute, prends ton temps ,ne saute pas les étapes, tu as tout ton temps pour rééquilibrer ta vie

Merci pour vos réponses qui font toujours du bien, tant par leur pertinence que par leur bienveillance 

Oui j'ai besoin de retrouver , ou même de trouver tout simplement, mon rythme à moi. 

Pour ne plus me sentir "prise au piège", quand je suis avec d'autres, notamment avec mes frères et soeurs, je me sens comme absorbée par leur rythme à eux, leur façon de vivre, j'ai le sentiment d'arrêter de penser, d'arrêter de respirer, d'arrêter de vivre presque et juste de tenter de me conformer au max à leur vie sans plus exister par moi-même... 

C'est fou ce truc, j'en ai bien conscience mais je ne sais pas comment faire autrement, je crois que j'ai toujours vécu comme ça, il doit y avoir des peurs tellement ancrées que même en me voyant être comme ça je ne parviens pas à modifier quoi que ce soit! 

C'est peut-être ça qui faisait que j'étais plus tendue ces derniers jours, je savais que j'allais passer du temps avec ma famille. 
Samedi c'était avec mes frères et leurs familles, et depuis hier avec ma soeur et ses enfants.

Tu sais que c'est épuisant pour les Aspis de partager un temps trop long avec des neurotypiques. C'est un monde tellement différent du nôtre qu'on s'y perd et on s'épuise à vouloir les imiter. 
Pour ma part, j'ai en partie résolu le problème, on part souvent en vacances avec un groupe d'amis, ils connaissent ma différence et la respecte. Alors ils font ce qu'ils veulent, mais me laissent aussi faire ce que je veux. S'ils font une randonnée et que je préfère rester seule, ça ne pose aucun problème et je t'assure que, comme ça, c'est très supportable. Il n'y a qu'aux repas où je dois plus ou moins me plier à leurs règles, et encore, si je ne le fais pas, ce ne sera pas un drame. Je me sens libre et ça, c'est formidable.

Oui Shale tu as complètement raison, c'est exactement ce que je ressens, et ce que j'ai toujours ressenti, cet épuisement à cotoyer un monde qui me semble bien différent. 
Et la différence c'est que je sais mieux maintenant pourquoi, même si je m'en doutais depuis longtemps!
Avoir une confirmation m'aide à l'accepter, mais entre l'accepter et changer la façon dont je vis depuis 36 ans ça demande un peu de temps, et c'est destabilisant de tenter de fonctionner un peu différemment, même si c'est pour le mieux, même si c'est pour se rapprocher de moi!
Autant je savais comment je fonctionnais -mal!-, autant je ne sais pas trop comment faire maintenant, surtout avec mes proches qui ont aussi une forme d'habitude avec moi. 

Et puis je vois à quel point c'est lié pour moi avec l'alcool : c'était clairement un moyen de me rapprocher de leur monde, les bons moments que j'ai passés avec eux, les discussions où je nous sentais proches, il y avait de l'alcool qui avait permis une forme de rapprochement, moins de filtres. Et ce sentiment de proximité je ne l'ai jamais ressenti sinon... 

On a parlé un peu alcool hier soir avec ma soeur, quand je lui ai dit que je prenais un jus de fruits alors qu'elle me proposait une bière, on a parlé un peu "globalement" de nos rapports avec l'alcool, elle de temps en temps une bière ça la détend, après la journée avec le boulot et les enfants, et je vois bien que souvent elle est mieux après, mais elle n'a pas besoin de plus! Et ça lui permet d'être un peu plus ouverte, dans les discussions. Je lui ai un peu expliqué comment ça fonctionnait pour moi et pourquoi c'était mieux que je ne boive pas du tout, sans parler de TSA etc, juste que dans mon cerveau ça redéclenchait quelque chose et qu'il m'en fallait plus après, que ça ne s'arrêtait pas.

J'ai senti aussi une petite frustration, elle avait prévu des bières et de quoi faire des cocktails, pour des petits apéros après le coucher des enfants, et clairement ça aurait permis à nos langues de se délier un peu plus, à être moins dans la retenue et le malaise à être en face à face toutes les deux. Et elle avait sans doute envie que ça puisse être comme ça aussi... 

J'ai bien été tentée déjà depuis hier soir, et ce soir aussi, d'utiliser ce moyen pour nous sentir plus proches, ce qui m'a toujours manqué avec mes frères et soeurs et avec tout le monde d'ailleurs... je sais que ce n'est pas la bonne solution, mais comme je n'en ai pas d'autres, ça me trotte régulièrement dans la tête!

Mais sans doute que j'ai besoin d'arrêter de vouloir me sentir plus proche, parce que ce n'est pas moi, tout simplement...

Je trouve très émouvant vos échanges luze et Shale, il y a beaucoup à explorer pour toi luze, cela promet. Je vois bcp de lumière dans tout ça, et pour bcp plus que la l'enjeu alcool. Cela me permet de mieux connaître Shale aussi.

Merci à vous 

Tu es lucide, c'est une très bonne chose, et ça t'a permis aussi de ne pas boire alors que tu avais la tentation, offerte, sous le nez. Bravo, car ça n'est pas si facile de refuser simplement. Et d'en discuter ouvertement.

Pourquoi est-ce que "ce ne serait pas toi" cette envie de te sentir plus proche ? L'humain est un animal social, et là en plus c'est ta fratrie, ceux avec lesquels tu as une longue histoire, la plus ancienne en outre.

Ce qui pique ma curiosité c'est ce que tu appelles "me sentir plus proche" dans cette détente* d'une bière partagée, ce que tu sens se libérer. Je n'ai pas de TSA mais d'autres infirmités sociales et en particulier peu de contact avec mes ressentis...

Mais c'est le genre d'introspection à faire "quand c'est le moment", donc ma question -un peu indiscrète- est ouverte et tu en fais ce que tu veux, quand tu veux. Et si c'est jamais ce n'est pas un problème pour moi. De toute façon je continuerai à piocher

Bravo encore d'avoir su construire des défenses solides en si peu de temps. Ça n'a l'air de rien, quand on a pris le pli, alors que c'est un défi redoutable.







* bien réelle (les effets sont documentés) et agréable, hélas, avant que ça parte en vrille quand la pompe est amorcée, pour nous... :/

Oui ppp il y a bien plus que l'enjeu de l'alcool, mes "infirmités sociales" (j'aime beaucoup cette expression Rur) datent de bien avant l'alcool, qui en est en quelque sort une conséquence parmi d'autres, une tentative de solution parmi d'autres... 

D'ailleurs mes premières expériences avec l'alcool m'ont clairement "ouvert un champ social" à l'adolescence, alors que jusque là j'étais entre le rejet et les moqueries des autres, les troubles alimentaires et l'hôpital, tout d'un coup j'ai trouvé quelques personnes avec qui j'ai découvert l'alcool et partagé des soirées, et une forme de lien s'est crée à ce moment là (même si moi au fond je ressentais toujours un gros décalage), et j'avais cette forme d'identité un temps de la "bonne vivante", ou même "la soulotte" (expression du Nord!) expression de parents d'une copine de l'époque. 

Et puis mes parents pour le coup ne supportaient pas ces gens, surtout ma mère, qui les prenait de haut, alors ça me permettait sans doute de prendre de la distance avec mon monde familial, même si je ne me sentais pas à ma place dans cet autre monde non plus, au moins c'était autre chose que le huis clos familial. 

Ensuite l'alcool pendant les études c'était pour faire des rencontres, parler, et me donner l'illusion d'avoir une vie sociale que je n'avais pas en réalité. Ca m'a évité de regarder certaines difficultés en face, et aussi entraînée dans des situations plutôt mauvaises. 

Bon je dévie là... 

Rur tes questions sont hyper pertinentes et ont déjà suscité pas mal de pensées! Je vais prendre le temps d'y répondre un peu plus tard, peut-être ce soir, là j'ai mon neveu qui me harcèle et je viens de passer 15mns à lui expliquer tous les smileys qu'il y a à droite de l'écran ! 

A très vite : )

Tu ne dévies pas luze :-) Même chose pour moi, je me suis rendu intéressant par l'alcool à mon adolescence. Alcool et humour. J'ai alors réussi à me faufiler dans un groupe de garçons très créatifs et sympas, j'étais un peu leur petit frère. J'ai eu alors accès à des soirées bcp plus colorées que dans le "monde normal" hihi. J'ai de très beaux souvenirs de cette étape de ma vie, mais j'ai aussi été tiré vers le bas par certains d'entre eux (tout n'est pas parfait hihi). Par contre, c'est du passé, j'avais besoin de l'outils alcool en ces moments et pour une trentaine d'années après. Aujourd'hui, la page est tournée.

Je reviens sur ce que nous dis Shale, sur ce qui lui donne cette liberté lors des moments de socialisation, je trouve cela intéressant. J'aimerais bien Shale, que tu nous explique comment tu as orchestré tout ça afin que tes proches composent si bien avec ta situation ?

Bonne journée à toi luze, bravo encore pour continuer l'abstience et les réflexions :-)

PPP, je ne sais pas trop si ce n'est que je ne pouvais pas faire autrement. 
Alors, ils ont très vite compris qu'il m'était impossible de changer complètement, je pouvais faire des efforts, mais au fond de moi, il fallait que je reste dans mon monde. 
J'ai un caractère pas toujours facile, et je sais imposer mes choix sans pour ça être agressive, ce serait plutôt une résistance passive. Je fais comme je le souhaite et les autres s'y plient ou pas. Ceux qui ne s'y plient pas, s'en vont. 
J'ai la chance d'avoir pour pilier social un mari très à l'aise dans ces relations, il ouvre grand les portes et me permet aussi de rester seule avec moi-même quand je le souhaite. Parfois, il le supporte mal, mais il sait aussi que je ne peux pas être différente.
En fait , je ne le vis pas comme une grosse difficulté, j'ai de la chance de ne pas ressentir de culpabilité ou de gêne. Et puis, je ne sais pas trop pourquoi, mais en général, nos amis m'aiment bien, même avec ma différence et ils ont plaisir à discuter avec moi, ça compense un peu...

SHALE a écrit:
Et puis, je ne sais pas trop pourquoi, mais en général, nos amis m'aiment bien, même avec ma différence et ils ont plaisir à discuter avec moi, ça compense un peu...

C'est parce que tu es authentique, les personnes authentiques sont très attachantes. Ils doivent digérer leur soirée en se rappelant les bons moments avec toi, les moments différents d'avec une personne neurotypique. Et ils doivent se dire : elle est vraie Ghislaine, elle est comme elle est, mais elle vraie et c'est une super personne 

Tu es adorable PPP, merci, ça me fait plaisir. C'est vrai que je suis incapable de ne pas dire ce que je pense, j'arrive déjà à me taire pour ne pas peiner , ce qui est un gros effort pour moi .J'ai horreur de faire du mal alors parfois, je ne dis rien mais si je parle, c'est vraiment ce que je pense.

Je suis complètement d'acord avec toi ppp, les personnes vraiment authentiques (dont les autistes qui n'ont pas adopté une stratégie de suradaptation !!), sont très attachantes, je dirais même plus qu'on a envie de les "suivre", on se sent en sécurité auprès d'elles puisqu'on les sent vraies... 

Je me dis en voyant tes réponses Shale qu'on a chacun/chacune adopté des stratégies d'adaptation/de défense différentes par rapport au reste du monde, sans doute assez tôt, et dépendant de notre environnement proche pendant l'enfance, et ce de façon inconsciente parce qu'effectivement on n'avait pas d'autre choix que d'adopter un mode de survie, celui qui convenait le mieux à notre contexte du moment... et qui s'est ensuite reproduit avec nos autres relations ensuite. 

Pour ma part je pense que j'ai senti très vite que je ne "pouvais pas" être différente aux yeux de mes parents, de ma famille, ce qui a entraîné chez moi une stratégie de suradaptation aux autres plutôt, de tentative d'apprentissage par mimétisme, avec des ressources intérieures qui ne restent qu'en moi, et un comportement social différent et pas très aisé, ce qui me rend socialement "moins authentique", parce que plutôt caméléon! Mais les choses peuvent sans doute s'assouplir au moins un peu...

Je reprends le fil en ayant quelques minutes après le coucher des enfants ... je ne sais pas si c'est parce qu'ils sont très neurotyiques mais même si je les adore ils sont vite épuisants et je n'ai pas toujours l'énergie   

Rur oui clairement je suis un animal social aussi, et j'ai besoin du contact des autres et de relations, ce que je voulais dire par "ce ne serait pas moi cette envie de me sentir plus proche", c'est plutôt que ce n'est pas moi de chercher la proximité "typique" des "neurotypiques", je ne sais pas bien comment la définir, mais cette socialité qui coule de source, ce sentiment de proximité...
Je dirais que j'ai besoin de liens sociaux, mais d'une façon qui me convienne, et non pas qui me mette sous pression et m'angoisse, ne plus chercher à être en lien "comme les autres"... reste à trouver comment ! 

Et ce n'est effectivement pas très simple à essayer de mettre en mots...
Par exemple je n'ai jamais ressenti une forme de "connivence" avec quelqu'un, du genre "meilleur(e) ami(e)" dont on se sent très proche, avec qui on a l'impression de se comprendre. J'ai toujours eu l'impression de ne pas être comprise pour qui j'étais, de ne pas comprendre comment se formaient ces liens privilégiés avec les autres, et de devoir "jouer un rôle" pour avoir le sentiment d'avoir une place au sein d'un groupe, ou même avec une personne, donc forcément épuisement + sentiment d'illégitimité de cette place + tension permanente de ne plus l'avoir ... et finalement maintenant je n'ai quasi plus de lien amical avec des personnes que je côtoyais avant.    

Avec ma fratrie c'est au contraire presque encore plus compliqué de changer un fonctionnement qui dure depuis des années, je le vois bien en étant ici avec ma soeur, je retombe dans la même manière d'être, je suis très vite envahie par sa façon de vivre, de penser, et au fil des jours plus de mal à me recentrer, et puis des peurs sans doute derrière d'abandon ou d'autres peurs... parce que les liens familiaux sont en même temps les plus compliqués mais aussi les plus importants, et je dois avoir très peur de les perdre, ou d'être destabilisée par des modifications, je sais ce qui existe maintenant, j'ai du mal à imaginer comment ça pourrait être différemment. Enfin je peux le théoriser, mais concrètement c'est très difficile, en tout cas pour le moment, ça va peut-être changer peu à peu, déjà j'ai réussi à dire à ma soeur le diagnostic qui a été posé, ça infusera peut-être tranquillement et j'espère que la situation pourra évoluer tranquillement pour que je puisse être plus sereine avec mon entourage. 

Et ce que j'appelle "me sentir plus proche" dans le partage d'une bière, je pense qu'il y a plusieurs choses. 
Déjà rien que le "moment apéro", ce moment où je sais qu'on se retrouve tous ensemble, un moment défini, cadré, dans l'idée ça pouvait me poser, là j'étais à la même enseigne que tout le monde, pas besoin de me demander quoi faire, d'avoir des doutes etc... un peu comme les moments de repas tous autour de la table pour les repas, des moments "ensemble" et rassurants pour moi, auxquels je m'accroche encore beaucoup. 
Et dans cette idée de l'apéro, il y a l'idée de détente, l'idée de parole, donc c'est déjà "fait pour se rapprocher" ce moment là, et la fait que ce soit cadré m'évite là aussi de me faire des noeuds à la tête pour savoir "où me mettre". 
Donc déjà pour une fois pendant ces moments je me sens faire partie du groupe au même titre que les autres, et je "sais faire", donc déjà je me sens plus proche du reste du groupe. 
Et puis ensuite il y a l'alcool, avec son effet désinhibiteur et anxiolytique bien sûr, je sentais se libérer cette barrière de doutes et de malaise en moi, se dissoudre quelques tensions chez les autres aussi, pouvant les sentir plus réceptifs, et moi plus loquace sans couper les cheveux en 4 à l'intérieur de mon crâne et me poser 1000 questions, et la conversation pouvait devenir assez fluide, et avec cette aide je ressentais parfois, brièvement, cette sensation de proximité et de connivence que je recherchais tant... 

Je ne sais pas si c'est bien compréhensible cette tentative d'explication (tu as raison pas simples tes questions Rur, mais c'est ça qui est intéressant aussi!), je ne me relis pas pour ne pas vouloir tout effacer et recommencer ! 

Bonne soirée à vous à très vite

Merci.

Il y a un peu de tri à faire, mais pas trop. C'est très bien que tu aies gardé le premier jet car tu trouveras sans doute des détails cachés.

Et je crois que ces petits rien qui sortent subrepticement sont essentiels pour reconstituer le puzzle qui a été renversé par la picole.

Je relirai plus tard Bonne journée

Nous sommes toutes les deux Asperger, mais nous n'avons pas vécu notre différence de la même façon. Pour ma part, je n'ai jamais fait d'efforts pour ressembler aux neurotypiques et j'assumais et j'assume encore ma place à part. Je me suffisais à moi même, si on venait vers moi, parfois j'étais contente, parfois, ça me gavait, tout dépendait de la personne. Mais je n'ai jamais obéi aux lois des neurotypiques, sauf pour ce qui est de la politesse élémentaire, et encore, il faut souvent que mon mari me rappelle qu'il faut dire bonjour, au revoir et merci. Ce qui fait que j'ai bien vécu en majorité mon handicap, d'ailleurs je ne l'ai jamais vécu comme un handicap. Par contre, quand j'ai plongé dans l'alcool, c'était après la naissance de mon fils, là, j'étais bien obligée d'agir comme les neurotypiques, je ne pouvais pas entraîner mon enfant dans mon isolement et dans ma solitude, il devait avoir une vie sociale, il n'était pas Asperger et se devait de vivre comme les autres. Là, j'ai dû faire avec ma différence et l'alcool m'y a aidée, il m'a aussi aidée à résoudre des problèmes liés à la naissance de ma soeur, quand j'étais petite. Malheureusement, la dépendance est vite arrivée et on sait ensuite ce qui se passe....

La différence entre vous deux, c'est que les parents de Luze ont voulu qu'elle change pour ne pas être différente, les tiens ne t'ont obligé à rien, ils t'ont laissé t'élever toute seule, tu n'as donc pas dû faire semblant et devenir une autre. Tout part une fois de plus de l'enfance et de ce que les parents attendent de nous 

Oui, Cristal tu as raison, je pense même que ça arrangeait mes parents de ne pas m'avoir dans les pattes, étant donné que je me débrouillais toute seule pour quasiment tout...

Rur je relirai ce que j'ai écrit et verrai si je trouve ces fameux petits détails ! 
Sinon n'hésite pas à me partager ce que tu as vu ; )

Cristal oui c'est exactement ça, mes parents avaient un immense besoin de créer une famille "normale", "parfaite", pour eux et comme une vitrine aux yeux des autres, et de leurs familles respectives en premier lieu (d'autant que j'étais non seulement l'aînée pour mes parents, mais aussi pour mes grand parents de chaque côté, pas de cousins avant moi) . Je l'ai senti très vite et ai passé toute mon enfance à tenter au mieux de me conformer, je pense que je ressentais que l'amour de mes parents, de ma mère notamment, avait quelque chose de conditionnel, et que je pouvais le perdre... et qu'aussi j'étais en quelque sorte responsable de son bien être... 

Toute une enfance à se construire d'une façon, et des années à tenter de se reconstruire autrement !

 et qu'aussi j'étais en quelque sorte responsable de son bien être... 

c'est aussi ce qui m'a perdu, quand elle m'a dit du fond de son lit qu'elle allait prendre des comprimés pour en finir avec la vie (j'avais 6 ans) je me suis mis en tête de l'empêcher de passer à l'acte et de faire son bonheur, j'ai jamais réussi  et je n'ai pas fait le mien non plus   C'est terrible toute cette pression que l'on a dès la petite enfance 

cristal a écrit:

quand elle m'a dit du fond de son lit qu'elle allait prendre des comprimés pour en finir avec la vie 

Ah oui c'était une pression dite clairement... 
A 6 ans, "sauve moi la vie", sacrée mission...

Moi c'était beaucoup plus insidieux, je ne me rappelle pas de paroles concrètes de ce genre là, mais plutôt d'une forme de mission aussi, toujours ressentie, mais sous-jacente. 

Et encore aujourd'hui le regard de ma famille sur moi a un poids plus important qu'il ne devrait.
Quand on se structure autour de ça, ça crée des failles compliquées à remanier...