SE NOYER AUSSI

Bonjour, Marguerite,

C'est vrai que tu as un métier très humain. Et je pense que tu le resteras. Tu as l'air très sensible. Seulement avec des personnes comme les MA, et bien j'ai envie de dire qu'on a tendance à se forger une espèce d'armure pour se protéger. Et c'est sans doute ce qui t'es arrivée. Tu sembles plus forte qu'avant. Même si il recommence, tu sauras te protéger. Il ne gagnera pas. Et si c'est trop insupportable, songes à la séparation, cela peut être vital. Réfléchis d'avance à un plan B. Faire un voyage ? Je connais des personnes qui partent seule ou avec des amis sans leur conjoint. Cela n'empêche pas de retrouver leur conjoint qui galopent pour aller chercher leur femme de retour à la gare ou à l'aéroport. Enfin, s'ils les aiment encore et si ils ne sont pas trop alcoolisés pour le faire. Mais ils ont eu tellement la trouille de leur séjour à se retrouver face à eux-même que bon. Ils y vont quand même.

Merci pour tous vos messages, ils m'amènent à mieux comprendre et aussi à réfléchir sur ma vie.
En fait je suis loin devant lui (ce qui ne veut pas dire supérieure) tout en vivant avec lui.
Je ne sais pas si nous allons pouvoir arriver à nous rejoindre. C'est une question qui reste en suspens.
Les questions affluent : vais je attendre longtemps ? Ai je envie d'attendre encore et encore ? La vie est courte et je vieillis. J'ai déjà 59 ans et lui 52. En fait, je pense qu'il faut que je sois dans l'aujourd'hui et je verrai bien assez tot l'avenir. 
J'ai beaucoup de points à travailler avec le psy, je vais m'y atteler sec. 
Mon mari m'émeut beaucoup et j'aime sa sensibilité. J'aime le coté fragile des êtres humains car j'y vois de l'humanité, de l'ouverture. Mais j'ai aussi besoin de bras, d'une épaule pour me reposer. Je ne demande pas de prendre mes soucis sur les épaules, je le fais et le ferai, je souhaiterais juste un peu de sérénité après les tourmentes.

vis un jour après l'autre pour le moment,tu es entrain de changer,d'évoluer,de te connaître de mieux en mieux et surtout de t'écouter.
les réponses viendront à toi sans que tu les recherches ,ce sera une évidence et tout deviendra alors très clair.
Va doucement et prends soin de toi,c'est ça la clé

Ce que je trouve important/primordial pour son propre équilibre et celui du couple c'est qu'il y ait un travail chacun de son côté.... 

Tout le monde évolue, et si le chemin "doit" se poursuivre main dans la main (et là je parle aussi en général), il est important de rester sur les rails.... 

Comme dit Cristal, vois au jour le jour pour l'instant, je crois que ce n'est pas encore le moment de prendre une grande décision. Tu as déjà fait beaucoup de chemin, et tu connais les "petites" décisions à prendre, comme par exemple refuser de discuter avec l'alcool.

Pour ce qui est d'avoir conscience d'avoir fait du mal à autrui, je vais être moins radicale que Cristal, mais bon, ce n'est que mon vécu perso de MA. Quand je désoulais, j'étais hyper gênée et je culpabilisais à mort d'avoir inquiété ou dérangé mes proches, et j'aurais voulu rentrer et disparaître sous terre et tout oublier. Je n'allais donc pas spontanément vers eux pour m'excuser, mais s'ils me confrontaient, alors oui, je me confondais en excuses 
Pourtant je n'ai pas le souvenir d'avoir été méchante sous alcool, en tous cas on ne me l'a jamais dit. J'étais plutôt "Bisounours" et débile  Aussi, je prenais un malin plaisir à faire tourner les gens en bourrique... "j'aurais fait enrager une brique dans un mur" comme on dit en Belgique! 
Il m'est arrivé d'être brutale dans mes propos, quand j'avais bu et qu'on me sermonnait, je n'avais qu'une envie : qu'on me foute la paix! Et je le disais haut et fort : "Fous-moi la paix! Laisse-moi tranquille! Je fais ce que je veux! Arrête de t'occuper de moi! Je ne te demande rien!" Brutal quand même quoi, pour ceux qui voulaient m'aider. Encore une fois, on ne discute pas avec l'alcool, c'est peine perdue!

Je ne cherchais pas quelqu'un de fort sur qui m'appuyer, au contraire, j'avais ma béquille : l'alcool, et je voulais qu'on me foute la paix avec ça  

L'alcool me permettait d'anesthésier une souffrance intérieure qui m'était insupportable. J'aurais mieux fait de me tourner vers un médecin ou un psychiatre, mais l'alcool était là à portée de main, et au début, c'était super efficace! Je ne ressentais presque plus rien, et je pouvais dormir. 
J'ai toujours été très sensible, très émotive, et impressionnable. Maintenant j'en ai pleinement conscience et je me préserve de tout ce qui pourrait me mettre mal. 

Par contre une chose que je retiens dans tes propos tout récents : ton mari a perçu tes failles et s'est engouffré dedans dis-tu. Que ce soit avant l'alcool ou pendant, ça je ne trouve pas anodin! Ce n'est pas typique d'un MA d'aller appuyer sur les boutons qui font mal, ni d'aller taper là où ça fait mal. D'où j'en reviens au fait qu'il doit y avoir autre chose chez ton mari que la MA. Même s'il est sensible et gentil... Mais on en reparlera.

Lisa, je pense que hélas, c'est une des caractéristiques que l'on peut retrouver chez le MA. Mon mari fait la même chose. Il appuie là où ça fait mal. Je comprend que cela t'inquiète car ce genre de personnage est inquiétant. Il peut être même très violent verbalement et parfois physiquement. Donc, Marguerite, méfies-toi. Surtout lorsqu'il est alcoolisé. Car ils sont méchants dans ce cas précis. Et si il continue de s'alcooliser, je pense que dans l'avenir, il serait très nocif pour toi, même si tu l'aimes. Mais c'est un long travail avec le psy qui t'aideras à mieux trier tout ça. Parfois on le sait et parfois on a pas du tout envie de savoir. Il faut en prendre conscience. Continues  ton travail et à prendre soin de toi.

Je suis avide de tous vos messages. Je les lis et les relis et dans chacun je trouve quelque chose qui me touche que soit toi Cristal, toi Penel, toi Mamou, toi Lisa. Vous m'émouvez beaucoup de voir avec quelle générosité vous me parlez, chacune avec ce qu'elle est et avec beaucoup de respect. 
Lisa oui mon mari connait mes failles car je lui en ai parlées en toute sincérité lorsque nous nous sommes rencontrés. Je me voulais honnête en face de lui car je sais que j'ai des fragilités qui le demeureront même si elles ont été travaillées. Cela fait partie de mon histoire et de ce que je suis mais je ne désespère pas d'évoluer en retravaillant mes blessures. Et pourtant ce n'est pas très drole de voir ses blessures se réouvrir. 
Je vais vivre au jour le jour, je ne peux pas plus car autrement j'ai le vertige et tout s'emmêle. Je vais aussi travailler sur ma peur que cela recommence même si grace à vous je me sens mieux armée pour me protéger. Et si je sens l'angoisse monter, je m'isolerai, sortirai ou ferai n'importe quoi mais seule. J'aimerais bien pouvoir partager avec lui mais je pense que c'est impossible alors quitte à payer le psy je le ferai chez lui. Il me faut vraiment enlever tous ces flashs qui me reviennent à certains moments et me mettent dans un profond mal être. A ces moments là je m'en veux de ne pas être partie car je réalise que j'ai été maltraitée. Pour moi c'est impensable! Et pourtant intellectuellement je sais que je ne suis pas responsable de son mal être. Il y a quelque chose à déconnecter chez moi qui remonte à mon enfance et que je connais. Mais les automatismes dans certaines circonstances sont encore là. 
Bon, je vais laisser reposer ma tête et me remettre au tricot. Je vous souhaite à toutes un doux repos.

Il faut bien te dire une chose marguerite, et c'est mon côté "spirituel" qui va parler .... toute rencontre n'arrive pas par hasard... nous avons tous et toutes un chemin à parcourir, des personnes à rencontrer, des personnes avec qui nous allons évoluer... et souvent des personnes "miroir" qui vont faire ressortir chez nous des failles à "travailler"....

Tu n'es pas partie à ce moment là parce que ce n'était probablement pas le "bon" moment.... le passé est où il doit rester... derrière... nous "servant" de rétroviseur pour avancer et recueillir les leçons de vie 

bon tricot et belle soirée à toi 

Encore une fois, tout MA n'est pas nécessairement violent ou agressif. Tout dépend sans doute de sa personnalité de base, de sa construction psychologique. 
Par exemple, mon père n'était violent que quand il était sobre. Quand il avait bu, il radotait, il était chiant certes, mais pas violent... du coup, et j'ai un peu honte de le dire, quand j'étais petite je préférais quand il avait bu, parce qu'au moins il n'allait pas me cogner dessus 

Chaque MA est différent, malgré pas mal de points communs.

Marguerite, tout le monde a des fragilités! Tout le monde! Même ceux qui paraissent les plus forts.
Rien n'est de ta faute  et tu n'as à t'en vouloir pour rien du tout!

Tes blessures s'ouvrent à nouveau, car comme dit Mamou les relations et les attirances ne se font pas par hasard, cette relation avec lui va peut-être te donner l'occasion d'avancer encore dans ton propre travail sur toi-même, quoiqu'il advienne de ton couple. Comme  je te l'ai déjà dit, tout le travail psy que tu as déjà fait n'est pas perdu! Il s'agit de le continuer et de le consolider. 

Oui sans doute que pour l'instant c'est impossible de partager tout ça avec lui, et j'imagine combien ça doit être frustrant et dur 

Bon tricot et bonne soirée! Nous sommes là! 

Merci Lisa 








Merci Lisa merci Mammou, tout ce que vous me dites me redonne petit à petit un peu confiance en moi. 
Mon mari avait son beau père MA et moi mon père avait aussi son beau père MA. Je crois aux transmissions intergénérationnels. Mon père, très agé maintenant, a vécu beaucoup de violence et ne s'en est jamais remis complètement. Il fonctionne depuis avec des anxyolitiques. J'ai toujours connu un père souffrant et c'est lorsque je me suis écroulée cela fait près de 15 ans maintenant et que j'ai fait un travail thérapeutique que j'ai petit à petit appris des choses mais jamais en dialoguant toujours par écrit. J'ai toujours  cru que c'était moi qui était responsable de son mal être depuis toute enfant car dès que je parlais ma mère me disait de me taire car "ton père a suffisamment souffert". Dans ma toute petite enfance le frère de mon père, qui était mon parrain, s'est suicidé l'année de ma naissance. Jamais cela n'a été parlé. Ce même frère avait crevé un oeil à mon père accidentellement. Toute mon enfance a été marquée par un mal être constant et inexpliqué. Lorsque j'ai voulu évoquer cela ouvertement mon frère et ma soeur se sont interposés. Je n'ai plus de contacts avec mon frère et ma soeur depuis 3 ans car ils ne souhaitent plus me parler. Il est très difficile de changer de place dans une famille, il y a beaucoup de résistance.
Je ne sais pas pourquoi je vous raconte cela mais j'en avais besoin. J'ai fait la paix avec mes parents car ils sont très agés mais il n'y a aucune relation chaleureuse entre nous, je les aime de loin car dès que je les vois je ressens de mauvaises sensations. Mais je suis présente dès qu'ils ont besoin de moi.

Marguerite, les secrets de famille pèsent très lourd, et c'est vrai, d'une certaine manière ils se "transmettent" à la génération suivante. 
Nous sommes beaucoup à avoir eu un MA dans notre passé, parce que hélas ce n'est pas une maladie rare 
Mais sache qu'il n'y a aucune transmission génétique, donc aucune "obligation" de suivre le même chemin.

Merci à toi pour ce témoignage touchant, merci du coup aussi pour la confiance que tu nous témoignes en nous en parlant 

Si je comprends bien, ton père a eu un vécu très dur, très violent, et il s'est soigné comme il a pu avec des anxiolytiques. Au moins il n'a pas reproduit avec toi ce qu'il a vécu, et ça, ce n'est pas donné à tous les parents. 
Dommage cependant que ta mère t'ait culpabilisée en te disant de ne pas le faire souffrir davantage... Ce n'était pas toi qui le faisait souffrir  Peut-être qu'au contraire il aurait aimé que tu te rapproches de lui? Je ne sais pas. Mais là je devine que tu as été cruellement en manque d'un père.
Le frère de ton père a sans doute eu le même vécu que ton père et il ne l'a pas supporté 

Je comprends moins l'attitude de ton frère et de ta soeur... ils se sont sans doute érigé des murs, une carapace... je ne sais pas.

Comment as-tu fait la paix avec tes parents?
Pas de relations chaleureuses entre vous, ça je peux bien me l'imaginer, avec tout ce passif, c'est très lourd et difficile à gérer pour chacun. 
Tes parents sont encore en vie et il n'est pas trop tard... Tu sais, il y a quelques années j'ai tout fait pour nouer des liens avec mon père, mais ça n'a rien donné et j'ai du en faire le deuil. Pour toi, ça pourrait être différent, à toi de voir si tu en as envie et si tu t'y sens prête.
Ne sois pas là juste quand ils ont besoin de toi 

Mes parents et moi, nous sommes d'une planète complètement différente! Voire même d'une galaxie éloignée... mais je sais qu'ils ne sont pas éternels, alors je leur ai dit que je les aimais. Parce quand ils ne seront plus de ce monde ce sera trop tard. C'est dit... je ne sais pas comment ils le reçoivent... mais c'est dit.

Lisa, mon père a été inexistant, dans l'ombre de ma mère. Il n'a jamais pris de décisions dans sa vie. Le mot d'ordre était surtout ne pas bouger, ne pas aller vers les autres, c'est dangereux. Il était très artiste, il peignait beaucoup de tableaux et je m'en rappelle. Je lui ressemblais beaucoup ce qui me valait de nombreuses critiques de ma mère. Mon père s'est interdit de vivre. Il était très curieux, aimait apprendre. Mais jamais il m'a soutenue face à ma mère qui a passé son temps à me dénigrer et à me dire que je ressemblais à la famille de mon père, famille qu'elle n'aimait pas. Cela n'aide pas à grandir. J'ai été une enfant calme, facile, souriante, très timide, réussissant à l'école. Je suis la seule de la fratrie à avoir fait des études supérieures alors qu'ils misaient sur mon frère et ma soeur. Ils m'ont dit qu'ils étaient plus méritants que moi car ils travaillaient dur. J'ai le souvenir d'une grande solitude dans cette famille. J'avais une chance, j'adorais lire et j'adore toujours.
J'ai fait la paix avec eux quand j'ai réalisé qu'ils avaient fait comme ils avaient pu, avec leur moyen, de leur mieux avec ce qu'ils étaient. J'ai pu leur dire cela fait 15 ans tout ce que j'avais ressenti et ils m'ont dit qu'ils ne s'étaient rendu compte de rien vu que je souriais tout le temps. Il y avait juste des maux de ventre inexpliqués qui ont cessé quand j'ai quitté le domicile.
Maintenant mon père souffre de la maladie d'Alzheimer, il peut devenir agressif et ma mère malgré son age n'a pas bougé. Elle régente tout et n'est pas affectueuse. Je ne leur en veux plus je vais les voir et les aide dans leur quotidien. Je leur ai dit que je les aimais mais que ma vie était très différente de la leur. J'ai eu la chance en étant considérée différemment de mon frère et de ma soeur, que cela me donne envie d'aller voir ailleurs justement et d'essayer d'inventer ma vie. Mais je n'ai jamais pu le partager avec eux car nous sommes, tout comme toi Lisa, à des années lumière. Néanmoins mon père m'a transmis le gout de la peinture et je lui fais partager en photo les expos que j'ai pu aller voir même s'il nie maintenant aimer la peinture. Je les aime ça c'est sur mais quand je vois mon père j'ai encore très mal. C'est même physique, j'ai envie de m'enfuir. Les blessures d'enfance ont du mal à cicatriser et certains évènements les font ressurgir. Je le sais. C'est fou comme on reste toujours un enfant quelque part. Pourtant je suis maman de 2 grandes filles et nous nous aimons très fort. Elles sont ma force, ma fierté.

C'est ton père qui n'allait pas vers les autres? Qui les trouvait dangereux?
Ta mère t'a donc critiquée parce que tu ressemblais à ton père... il devait y avoir une dynamique particulière entre eux. Et ta mère? Quels rapports as-tu eu avec elle?

Tu as été dénigrée par ta mère, tout comme elle a dénigré ton père... 
Ton père d'après ce que tu décris, avait une énergie de vie! 
Petite, visiblement tu t'es adaptée comme tu pouvais... en ne dérangeant pas, en ne bousculant pas l'ordre établi.
Et tu as réussi à te construire.

Tout comme moi, tu as fait la paix avec tes parents quand tu as compris qu'ils avaient fait de leur mieux avec leur bagage, avec leurs moyens. C'est une énorme avancée!

Je suis désolée pour la maladie de ton papa  Je n'imagine pas combien ça doit être difficile à vivre!

Marguerite, à l'intérieur de nous il y a toujours un petit enfant qui vit... le petit enfant que nous étions, avec ses blessures. C'est ce qu'on appelle notre enfant intérieur. Il sera toujours là, tout au long de notre vie. Il contient nos blessures, mais aussi toutes nos potentialités. A nous de l'apprivoiser avec nos "armes" d'adulte et de le rassurer.

Je te rejoins en beaucoup de points en tous cas... les années lumières... l'étrangeté avec une famille.... Pas évident tout ça 

Tu sais quand j'étais dans l'alcool, j'en crevais, j'ai toujours manqué d'amour et quand j'ai plongé dans l'alcool c'est suite à une énorme baffe. Je manquais d'amour, d'affection, de sécurité intérieure, bref la terre se dérobait sous mes pieds, et ça je ne pouvais le dire à personne, parce que je n'avais pas les mots à l'époque. J'avais juste une souffrance énorme et indescriptible. 
Mes proches me reprochaient mon alcoolisme... et moi je les envoyais balader parce que selon moi ils ne comprenaient rien. Ils ne comprenaient pas ma souffrance qui était à la base de mon alcoolisme, et moi j'étais incapable de la leur formuler. 
J'avais comme un trou béant en moi... 
Je leur en voulais de me reprocher mon alcoolisme, alors que ce n'était pas ça mon problème essentiel, mais mon problème essentiel, j'étais incapable de le leur exprimer.

Ca a pris des mois, des années.... et encore maintenant j'ai du mal à exprimer mes émotions et mes sentiments. Mais j'apprends 

Bien sûr que nous restons "enfant" quelque part..... il y a toujours cet enfant intérieur en nous..... cet enfant qui à un moment donné de sa vie n'a pu être protégé, aimé, écouté...
L'adulte que nous sommes aujourd'hui "peut" y arriver à petits pas, en se "guérissant" au quotidien... en le prenant par la main...

La plus belle chose est de ne pas ignorer cet enfant intérieur, mais de le rassurer et le faire vivre ou revivre 

L'enfance est un moment terrible et il n'y a pas d'enfance heureuse, j'en suis de plus en plus persuadée. Malheureusement, on se bâtit sur ces fondations mises en place par notre enfance , si ces fondations sont fragiles, nous continuons à construire sur cette fragilité et un beau jour tout s'éffondre. C'est à partir de là et avec de l'aide qu'il nous faut nous reconstruire, ce que j'ai fait moi aussi avec un psy.
Mais je suis néanmoins, toujours dans l'esprit de mes parents, leur soutien moral... Ce sont les mots de ma mère et pourtant je n'ai jamais choisi ce rôle, dieu du ciel!!!! Mais dés qu'ils ont un problème, ils m'appellent. Dés que je vois leur nom s'afficher sur mon téléphone, j'ai une boule à l'estomac en me demandant ce qui va encore me tomber dessus....Heureusement qu'ils sont relativement autonomes malgré leur âge...Ils savent que je suis malade alcoolique, ils ont vu des reportages où j'ai été filmée en train d'en parler, mais ils n'y ont jamais fait allusion....
La fratrie qui est relation absolument pas naturelle, est très souvent perturbée dans les familles problématiques , ce qui fait que je ne parle à mon frère que depuis trois ans et qu, nous nous sommes découverts très proches en fait. Quant à ma soeur, elle est handicapé et c'est un poids supplémentaire dont je dois aussi m'occuper pour soulager mes parents...
Est-ce que je les aime, je pense que oui, j'ai du mal à imaginer leur disparition, mais j'ai encore plus de mal à leur montrer mon amour pour eux.....
Par contre pour l'alcoolisme, dans ma famille, il n'y a aucun malade alcoolique, ni oncle, ni cousin, cousines, rien de rien, il n'y a que mon frère et moi. Par contre notre mère était très dépressive.......
Tout ça pour te dire combien cette enfance qui devrait être un paradis est souvent le début de l'enfer pour nous ....

Shale, c'est ce qui s'appelle la loyauté des enfants envers leurs parents aussi défaillants soient ils. 
Je pense aussi que toutes les relations familiales sont complexes mais certaines permettent aux enfants de s'enraciner et d'autres non. Il faut souvent des années pour réaliser cela, pour l'accepter. Il est sur que l'absence de chaleur parentale active un syndrome d'abandon dont il est difficile de se débarasser. Malgré tout il demeure un lien même si par moment il est très difficile de l'accepter. Les parents jouent un role important et heureusement les rencontres ultérieures peuvent quelque peu réparer certaines blessures. Mais il n'en demeure pas moins que ce sont des blessures.
Mon mari est rentré. Je suis allée le chercher à l'hopital mais j'ai pris mon temps. J'ai eu une psy des urgences qui m'a appelée me demandant si j'étais heureuse de son retour!!!!!! je lui ai demandé si elle connaissait l'alcoologie car autrement elle éviterait cette maladresse là.
Nous avons mangé ensemble calmement. Je lui ai dit que je ne savais pas comment allait évoluer notre couple et que pour l'instant je devais m'occuper de moi.
Il a aussi des projets. Il a rv au CSAPA dès demain. Pour l'heure il se repose. 
Je m'étonne d'être si calme. Vous y êtes toutes pour quelque chose, je pense. Je me sens plus forte grace à tous vos échanges, vos soutiens.
L'entraide c'est vraiment important. Accepter de demander de l'aide a été un très long travail pour moi et maintenant cela me semble facile quand c'est dans le non jugement. Une oreille attentive m'est d'un grand secours mais quand il s'agit d'alcool il est plus difficile de trouver des oreilles. 
merci merci, grande gratitude

tu t'es donné la permission d'être aidée,c'est un grand pas en avant!!tout va être plus facile maintenant que tu as accepté le fait que tu etais une personne qui valait le coup d'être aidée!!l'amour de soi est l'amour le plus important dans une vie,il faut toujours partir de soi pour aller vers les autres et pas le contraire,c'est le seul moyen d'etre en accord avec soi même et de se sentir bien dans sa vie.
Tu as donné tes limites à ton mari,je pense qu'il a senti le changement et la fermeté de tes propos,ne lâche jamais ce que tu as édicté,nous serons là de toute façon pour te rappeler le détachement en cas de besoin.
Bravo pour tout ce que tu fais pour toi,repose toi et prends soin  de toi

Bonsoir,

Le journée s'est bien passée.
Mon mari est revenu très fatigué mais je pense que c'est normal. Quand vous avez arrêté l'alcool après un sevrage comment vous sentiez vous ? 
Je trouve que l'ambiance est détendue pas joyeuse mais calme.
C'est très agréable, je savoure. 
Demain sera un autre jour, il va au CSAPA ainsi que jeudi et vendredi. Il voudrait arrêter son travail qui le mine. Nous avons pu en discuter tranquillement. C'était sensé, c'est un homme intelligent. Je lui ai conseillé d'en discuter avec son psy et d'avancer dans ses émotions. de ne pas prendre de décisions hatives. Je retrouve l'homme que j'ai rencontré. 
Je verrai bien la suite, moi j'ai mon boulot, mes filles, le psy et quelques amis.
Pour l'instant mes émotions à son égard sont bloquées, je verrai ce que cela donne avec le temps. Je suis contente pour lui mais je sais que rien n'ai jamais acquis.
Bonne soirée

Bonsoir marguerite,

Les premiers jours d'abstinence, c'est un mélange de sentiments et d'impression, mais très vite, la personne, la "vraie" se montre...

Il y a aussi une très grande fatigue... c'est un "choc" pour le corps d'être sevré de l'alcool; le nettoyage opère.

J'aimerais revenir sur l'enfance, les blessures etc...
Nous nous construisons sur des blessures, au départ non conscientes, qui se réouvrent au fil du temps....Des événements feront office de "déclic"...
Je suis aussi persuadée qu'en ayant conscience de nos blessures, nous pouvons éviter à nos enfants d'avoir des manquements...

Enfin, c'est peut être subjectif de ma part, mais quand je vois la relation que j'ai avec mes enfants, je m'auto guéris des relations que j'avais avec mes parents, en essayant de dialoguer au maximum et de les inviter à exprimer leurs émotions.

Merci Mammou pour ton message. J'ai tout comme toi construit des relations avec mes filles basées sur la confiance et le dialogue. J'ai eu un plaisir énorme à partager leur enfance mais la rupture avec leur père a été très difficle à digérer. Une de mes filles fait un travail avec un psy car j'ai été le pilier dans le couple et quand cela s'est arrêté elle m'en a voulu. Nous avons maintenant des relations d'adultes et elles sont très sincères. 
Ce qui me cause beaucoup de tristesse c'est que je me rends compte qu'avec mon mari (qui n'est pas leur père) elles sont très inquiètes pour moi. Je ne peux pas les protéger de la vie maintenant qu'elles sont devenues adultes mais elles viennent souvent discuter avec moi, me demander conseil ou simplement partager des moments avec moi. Je les épaule tout en ne faisant pas à leur place. 
J'ai bien dormi mais je sens des inquiétudes dans mon corps. Il va me falloir du temps pour me sentir en sécurité en présence de mon mari. Le fait que ce soit calme me permettra de la retrouver et de continuer mon travail sur moi.
Je verrai bien ce qu'il adviendra. 
Je vois bien que l'arrêt d'alcool entraine de la fatigue mais la consommation aussi. Je vois par contre qu'il n'a pas de propos excessifs, tout était source de stress et déclenchait des scènes. C'est sa vie, à lui de travailler sur ses émotions.
Moi j'ai électro encéphalogramme et électro cardiogramme plat, je récupère et ne ressens plus rien. Mes émotions ont été trop fortes et je suis actuellement anesthésiée.

Pour tes émotions,c'est normal que tu les bloques,tu te protèges car lorsque l'on ouvre son coeur on prend le risque de souffrir et tu en as marre de souffrir  
Alors laisse le gérer ses soins et profite de ces moments de calme,tu ouvriras ton coeur quand tu te sentiras prête,pour le moment,la confiance n'est pas revenue alors oui,protège toi,ça fait trop mal de tomber de son petit nuage surtout quand on a pas mis de filet en dessous  
Pour tes filles,c'est chouette d'avoir une belle relation de confiance,tu as réussi ta vie de mère,c'est déjà une belle chose que tu dois savourer à fond

Oui je comprends trop bien le besoin d anesthésier ses émotions
Par moment c est la seule option pour se protéger je pense

Bonsoir,

Une nouvelle journée calme qui me permet de me ressourcer. Il va au CSAPA, se repose et moi je fais aussi ma vie. 
Cela me fait un bien fou. Je fais des choses ordinaires mais apaisantes.
Je retourne voir le psy demain soir, il va me trouver plus calme. Alors je pourrai posément retravailler mon vécu, mes failles et retrouver mes sensations, mes émotions que j'ai cadenassé. Ces derniers mois ont été vraiment trop lourds. Je reviens à une vie plus équilibrée. J'ai quand même pris les coordonnées d'une avocate et je vais aller me renseigner tranquillement. J'en ai besoin pour me rassurer, je pense. Ce n'est pas dans l'urgence de crises que je peux arriver à penser alors je préfère prévenir. C'est comme si je me sentais détachée. C'est une sensation bizarre. Je n'image plus revivre cela sans me protéger en partant. Je ne sais pas encore si je vais lui parler de ma démarche auprès de l'avocat.
Ce n'est pas le 1er sevrage qu'il fait (il en a déjà fait 6) mais c'est la 1ere fois que je me sens ainsi, calme et déterminée. Je crois que je n'ai plus peur.  Mais qui sait, si la situation se reproduit. En tout cas, vous m'avez fourni des outils de protection alors que je fonçais, je souffrais sans agir.

Si ces démarches peuvent te rassurer et parer "au cas où", alors fais le , et pour ma part, tu n'es pas obligée de lui en parler.... il est dans ses soins, "laisse le" dans ses soins