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Portrait d'un malade alcoolique

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Portrait d'un malade alcoolique Empty Portrait d'un malade alcoolique

Message  SHALE 24/2/2021, 08:34

Portrait d'un malade alcoolique
Le malade alcoolique est un être foncièrement seul.
Au départ, il va se servir de l'alcool pour sortir de cette solitude, mais peu à peu l'effet contraire se manifeste, plus il boit, plus il renforce sa solitude. Il boit même en cachette, solitude suprême….
Il est conscient souvent bien plus tôt qu'on ne le pense de son alcoolisme, mais il n'en parlera pas, il restera seul là aussi avec cette angoisse au fond de lui...Il essaiera vainement, tout seul d'arrêter, sans succès, ce qui le ramènera à une angoisse encore plus forte. Là, il fera tout pour cacher cet alcoolisme, boire tout seul, sortir le moins possible sauf avec des potes qui boivent.
Cependant, entre les essais d'abstinence, les envies d'abstinence et les phases d'alcoolisation, les allers et retours se succèdent, se télescopent, se confrontent, s'affrontent. Les efforts, les entrelacements essai-échec témoignent d'une lutte de plus en plus désespérante, anxieuse, préoccupante, la disponibilité pour d'autres tâches s'amenuise.
Longtemps insidieuses, les propriétés toxiques de l'alcool prennent un développement majeur sur tel ou telle fonction ou organe selon les structures. Elles prédominent sur toutes les autres propriétés de l'alcool dont les qualités s'estompent. La perte de la liberté de manœuvre à l'égard de l'alcool va s'aggraver de la difficulté, puis de l'impossibilité de s'abstenir, de l'effondrement de la tolérance, de l'effritement de toutes les relations avec l'extérieur, avec les autres. 
C'est ici que l'image de la mort apparaîtra d'elle-même aux sujets qui, non soignés, non aidés, accepteront cette idée de leur propre mort dans une sorte de résignation triste, bizarre. Pendant quelque temps encore le sujet va refuser aux autres le droit de lui dire qu'il est alcoolique mais, constatant qu'il ne peut ni reprendre la maîtrise sur l'alcool ni l'abandonner, il fera sienne cette opinion que tout le monde ne cesse de lui répéter : " Je suis incurable ". Il vit de plus en plus mal avec l'alcool mais ne peut plus non plus vivre sans lui. On lui répète pendant ce temps : " qui a bu boira ", " il est trop tard ", " tant pis, à quoi bon lutter ? " se répond-il en écho. Observé du dehors, il perd ce que les autres appellent la dignité. Il oublie l'image du moi idéal du personnage qu'il aurait voulu être. 
Il essaie pendant quelque temps encore de projeter une image favorable. Quand on lui parle d'alcool il minimise par habitude les quantités absorbées, rationalise, triche un peu, cache encore les bouteilles. Peu à peu il s'y efforcera de moins en moins jusqu'au jour où la quête de l'alcool va dominer le tableau chaque jour davantage pour devenir, dans la phase terminale, l'unique activité. Quelques-uns parvenus à cette phase n'ont plus d'autre but pour survivre que de rechercher l'alcool, de trouver des moyens pour s'en procurer. Situation véritablement poignante, d'une existence vidée, semble-t-il de toute signification. 
Tout s'aggrave, s'effondre, se désagrège : les liens conjugaux, les liens familiaux, l'estime des enfants, la qualité du travail, l'équilibre du budget, l'éthique, les références personnelles aux systèmes de valeurs. On ne part plus en vacances, on n'a plus envie de voyager, on délaisse les amis, on esquive les réunions, on se met en congé sans but, on quitte son emploi. Après avoir déserté les expositions, les films, le théâtre, on ne lit plus de livre, ni même de journal. 
Si certains soirs on entend des conseils, des exhortations, des suppliques, des récriminations, on les évite d'abord en racontant n'importe quoi, en niant l'évidence, puis on finit par ne plus écouter.
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SHALE
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Féminin 01/01/2009

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Message  Gérard BONIN 25/2/2021, 08:18

Toujours aussi pertinente Shale, nous sommes, je crois, vraiment sur la même longueur d'ondes. 
Oui je pense que très tôt le MA est conscient de sa situation; même s'il le nie, ça ne veut pas dire qu'il ne sait pas où il en est... Lorsqu'on a mal quelque part, qu'un proche nous dit: " va chez le médecin pour ta douleur au bras, ou au pied, ou n'importe où..." qu'est ce qu'on lui répond ? Non ce n'est rien, ça va passer etc...ceci n'est pas être dans le dénie, c'est simplement avoir l'espoir que ça s'arrange tout seul, ou avec quelques massages, ou une pommade miracle... En outre on refuse de croire que chaque jour qui passe nous fait vieillir d'un jour de plus: " je ne comprends pas, il y a quelques années je buvais autant et je n'étais pas malade, donc ce n'est pas ça , ce n'est pas l'alcool; c'est tous les soucis que j'ai, tous ces ennuis qui ne tombent que sur moi..."
Et puis, l'alcool est en vente libre, autorisée par toutes les instances, ce n'est donc pas une drogue, ce n'est donc pas dangereux, pas aussi dangereux que certains veulent nous le faire croire... D'ailleurs tout le monde, ou presque, en consomme, donc je fais comme tout le monde. Et si je "dérape", si je sens que je deviens un peu trop accro, et bien j'arrête. C'est pour ça qu'on essaie d'arrêter et qu'on est persuadé d'y arriver seul...
Enfin, pour accepter et reconnaître qu'on est malade alcoolique, il faut accepter de " coller " à l'image que l'on se fait du malade alcoolique. Pour la grande majorité des gens, l'alcoolisme n'est pas une vraie maladie, voire pas du tout une maladie. Donc l'image créée n'est pas celle d'un malade, mais celle d'un alcoolique. Or un alcoolique c'est un " clochard " , dans un caniveau, qui invective les passants qui refusent de lui donner une pièce... On est loin de tout cela, on a encore de la marge... On est pas malade alcoolique, tout juste un peu excessif...Ou buveur mondain, juste en soirée, juste en fête... juste un bon vivant... juste un épicurien qui sait se tenir...
Et quand le MA s'aperçoit qu'il est piégé, qu'il est bel et bien dans la nasse, lui reviennent en mémoire les  "qui a bu boira; les irrécupérables;  les il est incapable de s'en sortir; c'est un vice..."
En effet il peut penser à la mort, mais la mort c'est abstrait, c'est loin, c'est pour les autres. Et puis, c'est peut-être une libération, ne plus souffrir, ne plus avoir à lutter. Brel ne chantait- coeurs coeurs il pas: " mourir, la belle affaire... mais vieillir, oh vieillir...?

Gérard BONIN
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Masculin 05/02/2021

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