Portrait psychologique d'un malade alcoolique

Portrait psychologique d'un malade alcoolique
Le malade alcoolique est un être foncièrement seul.
Au départ, il va se servir de l'alcool pour sortir de cette solitude, mais peu à peu, l'effet contraire se manifeste, plus il boit, plus il est isolé. Il en arrive même à boire en cachette, solitude suprême.
Il est conscient, souvent bien plus tôt qu'on ne le pense , de son alcoolisme, mais il n'en parlera pas, il restera dans sa solitude, avec cette angoisse au fond de lui. Il essaiera vainement, tout seul, d'arrêter de boire, mais il n'y arrivera pas. Cet échec le ramènera à une angoisse encore plus forte. Là, il fera tout pour cacher cette maladie, boire tout seul, sortir le moins possible sauf avec des copains de bistrot.
Cependant, entre les essais d'arrêter l'alcool, les envies d'y arriver et les phases d'alcoolisation, ces allers et retours se succèdent, se télescopent, se confrontent, s'affrontent. Les efforts, les entrelacements, essai-échec, témoignent d'une lutte de plus en plus désespérée, préoccupante. Il ne reste plus de place pour autre chose.
Longtemps insidieuses, les propriétés toxiques de l'alcool prennent un développement majeur sur telle ou telle fonction ou organe, selon les personnes. Elles prédominent sur toutes les autres propriétés agréables de l'alcool qui s'estompent peu à peu. La perte de la liberté de manœuvre à l'égard de l'alcool va s'aggraver et devenir très difficile puis complètement impossible. On constate l'effritement de toutes les relations avec l'extérieur et avec les autres.
C'est ici que l'image de la mort apparaîtra d'elle-même aux sujets non soignés, non aidés. Ils accepteront cette idée de leur propre mort dans une sorte de résignation étrange. Pendant quelque temps, il va refuser aux autres de dire qu'il est alcoolique, mais constatant qu'il ne peut ni maîtriser l'alcool ni l'abandonner, il fera sienne cette opinion que tout le monde ne cesse de lui répéter : "je suis incurable". Il vit de plus en plus mal l'image du moi idéal du personnage qu'il voudrait montrer . Il essaie encore pendant quelque temps encore de projeter une image assez correcte de lui et il abandonne. Tant pis, à quoi bon lutter se dit-il en lui-même.
Observé du dehors, il perd sa dignité, il devient un pauvre alcoolo comme il n'aurait jamais souhaité en être un. Par habitude, il minimise encore les quantités absorbées, triche avec les bouteilles qu'il cache dans des endroits improbables.
Peu à peu, il perdra toute énergie pour se battre et rester à flot, De jour en jour, la quête de l'alcool va dominer sa vie, pour devenir dans la phase terminale son unique activité. Ses seuls buts dans la vie sont la recherche et la consommation d'alcool. Situation vraiment poignante d'une existence vidée de toutes significations
Tout s'aggrave, tout s'effondre, se désagrège : les liens conjugaux, familiaux, sociaux, il perd l'estime de sa famille, de ses amis qui ne comprennent pas pourquoi il n'arrête pas. Il met le budget familial dans le rouge, il perd son éthique, ses références personnelles, son système de valeurs.
Il ne part plus en vacances, il n'a plus envie de voir autre chose . IL délaisse ses amis, évite les réunions familiales ou autres, se met en congé maladie et finit par quitter son emploi, de gré ou de force.
Il reste enfermé sur lui-même avec sa bouteille comme seul horizon et comme seule raison de vivre. Il n'entend plus ce qu'on peut lui dire ou lui conseiller, il est enfermé sur lui-même, un mort vivant. Si on essaie de le sortir de ce huis clos, ses colères peuvent devenir très violentes.