La place du malade alcoolique

**SHALE** 14/2/2021, 10:13

Depuis sa toute petite enfance le malade alcoolique cherche sa place,une place qui lui était dûe comme à tous les enfants, mais une place qui n'existait pas ou plus dans sa famille. Dans cette famille en général, il est aussi souvent ignoré au profit des autres frères , sœurs, cousins, cousines…..Il est là et il n'est pas là…..Il crée une bulle de protection autour de lui et passe une enfance souvent solitaire. Quand il sort de sa bulle de protection, c'est un enfant colérique, violent, insultant, qui fait toutes les bêtises possibles pour qu'on le regarde enfin…
A l'âge adulte, il est toujours dans cette recherche de place..
Etant souvent considéré comme un adulte à éviter ou comme un membre de la famille pour qui il faut tout faire , il n'existe que comme un tyran ou comme un boulet….Parmi ses amis, sa place c'est sa capacité à boire et à payer des tournées. Dans la famille, sa place c'est de ne pas faire de dégâts en agissant dans la maison ou en prenant des décisions souvent mal vécues. Au travail, sa place, il ne la garde en général pas longtemps….
Alors, il utilise les mêmes moyens de défense que lorsqu'il était enfant, ou il se renferme sur lui-même ou il devient le tyran domestique dans toute sa splendeur, il martyrise sa femme, ses enfants, pense tout savoir et avoir toujours raison….Il faut que tout le monde lui obéisse sous peine de colères violentes. De plus l'alcool alimente son côté paranoïaque et il a l'impression que tout le monde complote contre lui..
Comme je l'ai écrit en haut de cet édito, on peut supposer que tout petit, il n'a pas trouvé où était sa place auprès de ses parents, dans la fratrie, dans la famille en général pour X raisons….Souvent il ne sait même pas qui il est réellement.
Alors il utilise l'alcool très vite pour essayer de récupérer une place en se désinhibant pour faire rire, pour se faire plaindre, pour montrer qu'il est une victime ou alors qu'il est le plus fort. Il tient de grands discours souvent sans queue ni tête que tout le monde doit écouter sous peine de représailles. Il refuse absolument qu'on mette l'alcool en cause dans son comportement, "non il n'est pas alcoolique", ce sont les autres qui ne le comprennent pas.
Avec l'alcool il entretient sa colère et son illusion de puissance. Mais la seule place qu'il gagne véritablement c'est dans la dépendance , là oui, il a très vite une place et même une place de choix, c'est un grand malade alcoolique avec tous les dangers qui en découlent.
Mais pour accepter de se faire soigner il faut qu'il revienne à "sa place" justement, celle qu'il n'a pas trouvée , pour pouvoir demander de l'aide et se faire soigner…Pour lui , il n'y a que dans l'alcool qu'il trouve sa place et il n'est pas question de se séparer de ce produit car , encore une fois, il n'existera plus….Garder la possibilité de boire, c'est de l'ordre d'une question vitale pour le malade alcoolique.
Il y a un gros travail à faire d'abord pour qu'il comprenne qu'une place il en a bien une et depuis tout petit mais que cette place est remise constamment en cause par lui-même et par l'alcool.

**béatrisse1** 14/2/2021, 10:27

Ton texte me fait réfléchir sur une question qui me semble centrale dans la maladie alcoolique : la position de victime. Elle est d'ailleurs centrale dans de nombreuses situations si l'on y réfléchit.
Comme tu le dis le MA peut opter pour une position de victime vs.une position réactionnelle de tyran.
Ni l'une ni l'autre place n'étant vivable d'ailleurs.
Le fait de se sentir victime amène à chercher un coupable et parfois à l'incarner, autrement dit , à ne pas chercher plus loin et, parfois, à ne pas chercher de solution. On se focalise sur le coupable et on veut le punir. Une quête qui peut durer toute une vie et ne rien résoudre. Une quête qui peut nous enfermer.

**SHALE** 14/2/2021, 10:31

Tout à fait d'accord avec toi, Béa... Crying or Very sad

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