La place de la mort chez le malade alcoolique

La mort est très présente chez le MA. 

Son désespoir devant son incapacité à s'arrêter de boire appelle souvent la mort. Boire jusqu'à l'oubli le plus total est aussi un état proche de la mort telle qu'on peut l'imaginer, ne dit-on pas "ivre mort".

Mais le pire c'est l'obsession de la mort quand on est à jeun. La mort nous apparaît comme la seule solution pour mettre fin à notre malheur insoutenable, on ne voit aucune autre issue. De plus elle nous apparaît souvent comme un châtiment mérité tant l'alcoolisme est souvent synonyme de honte. 

Le désespoir infiltre tout nos projets, on sait qu'on ne peut plus faire de projection sur l'avenir car on se heurte toujours à ce qui est notre seule but dans la vie: trouver notre dose quotidienne.

Néanmoins, et heureusement, il nous reste souvent malgré tout, un indéracinable espoir de s'en sortir un jour. Tant qu'on ne le perd pas, on peut encore s'en sortir car le déclic part de là...

Il y a plusieurs stade dans l'alcoolisme, là, je vous parle de la dépendance la plus grande, c'est l'état que j'ai connu.
Le jour où j'ai décidé d'appeler l'alcoologue, j'ai fait le choix de vivre, mais ce choix n'a pas été facile à faire, j'ai longtemps pesé le pour et le contre :continuer et mourir ou essayer de me faire prendre en charge avec l'angoisse chevillée au corps de ne plus avoir d'alcool à disposition...
Je crois que si je n'avais pas eu un rendez vous très vite, j'aurais choisi la deuxième solution...

Nous passons probablement tous par ces états où la mort nous titille et l'esprit est plus que noir.
L'alcoolisme est à lui "seul" un suicide à petit feu.... long et douloureux    jusqu'au moment où nous arrivons à voir la toute petite lueur d'espoir; la main tendue et la possibilité de faire machine arrière....

Comment ne pas avoir ces idées sombres lorsque le "simple" reflet dans le miroir nous rebute à plus haut point; quand on fait le bilan de notre vie et ne trouvons QUE du négatif... alors que c'est faux.

Le déclic vient seulement et uniquement de nous mêmes; MAIS c'est une chance aussi et surtout d'avoir des personnes; "même" virtuelles qui nous montrent le chemin et vont rechercher cette force en nous et nous donnent la "marche à suivre" en redonnant de l'espoir.

combien de fois je me suis réveillée le lendemain de mes beuveries en étant étonné de me réveiller, d'être encore là.
même si j'avais bien conscience que je m'auto-détruisais le fait de me réveiller chaque lendemain, de me lever, d'aller travailler......relativisais cette auto-destruction. c'était mon carburant, mon médicament et puis je continuais à peu près à maîtriser, alors............
et puis est venue la maladie, l'opération, et la chimio. ce qui avait été diagnostiqué bénin, c'est révélé cancéreux à l'analyse. mais même tout cela ne m'a pas arrêté, pendant que les médecins me sauvaient la vie moi je continuais à la détruire, lentement mais de plus en plus sûrement. j'ai fais 6 mois de chimio sous alcool !!! consciente du danger que je courrais mais incapable de résister à l'appel de la destruction.
et puis "la vie" a repris son court, en rémission comme ils disent mais là encore j'ai continuer à m'alcooliser, jusqu'à ce matin où je me suis réveillée et où je me suis dit que je ne voulais plus vivre, plus vivre une minute, plus vivre une seconde de cette vie, et j'ai vraiment pris conscience du chemin vers la mort certaine que je prenais.
et là, j'ai eu une pulsion de rébellion, si je devais mourir à 46 ans, ok, mais je voulais savoir pourquoi, pourquoi j'avais tant souffert dans cette vie de m...... s'en est suivi la psy, le forum, et mon 1er mois d'abstinence.

si je vous raconte tout cela maintenant, c'est parce qu'aujourd'hui je "fête" mes 1 an de rémission (dont 11 mois sous alcool).
j'ai passé tous les examens de contrôle ce matin, tout va bien, me revoilà repartie pour 4 mois. je n'étais pas très sûre de ce qui allait m'être annoncé surtout que les 3 derniers mois avaient été particulièrement chargé en terme de consommation.

après tout ce que je lui ai fait subir, mon corps m'offre une seconde chance, à moi de ne pas la rater. le chemin est tracé, quand je vois tout ce que j'ai réalisé en un mois d'abstinence, je me dis que 4 mois de plus c'est déjà un cadeau.

voilà avec le recul, je me demande comment j'ai pu aller jusque là, comment, pourquoi j'ai été incapable de réagir plus tôt, de prendre conscience de la gravité de ma situation, même la maladie ne m'a pas arrêté. j'ai toujours entendu dire qu'il fallait "avoir toucher le fond" pour rebondir, je crois que j'ai enfin touché le mien mais l'envie de vivre prend parfois des chemins bien compliqués avant d'arriver à notre conscience

Je suis heureuse zabou que tes résultats soient satisfaisants 
Quel chemin parcouru et quelle force tu as en toi aujourd'hui!
Détermination, fierté, bravo ma belle 

Respect Zabou

merci pour ce témoignage poignant Zabou

Tu as eu ce qu'on appelle le déclic, l'instant de lucidité qui te dit que tu peux encore t'en sortir et tu l'as fait...
Pour ma part, c'était la même chose, j'étais au bout du rouleau quand j'ai pris la décision de vivre et j'ai réussi, même si ce n'a pas toujours été simple..... Depuis je vis bien plus heureuse que même avant l'alcool, j'ai fait un gros travail sur moi même et tout ça m'aide à apprécier les petits bonheurs de la vie...
Bravo ma Zabou, tu peux être fière de toi!!!

c'est un témoignage poignant que tu viens d'ecrire là et une preuve de l'amour que tu te portes ,ce n'est pas toi que tu voulais détruire mais ce qu'on avait fait de toi!!
aujourd'hui,tu as la chance de pouvoir enfin te connaitre et t'apprécier,au fond de toi,c'est ce que tu voulais,faire connaissance avec toi et connaitre enfin la vraie vie.
c'est un beau cadeau que te fait madame la vie,fait un bon bout de route avec elle,c'est une montagne d'amour et de bonheur

je n'avez pas vu le sujet,mais je l'approche avec mon nouveau message, il y a énormément à dire sur nos comportements qui flirtent avec MADAME

Merci Zabou, je découvre ton récit, çà faisait longtemps que je n'étais pas passée.

Pour moi qui ai du arrêter par pure peur d'une fin que l'on m'annonçait
proche, c'est un sujet qui reste présent. Cure, protocoles de soins et thérapie
ont été longtemps motivés par la peur et la nécessité, avant de passer à ce
stade où on est vraiment heureux et libéré, au plein quoi.

5 ans bientôt sur ce forum, en ayant lu de belles histoires mais aussi assisté
à des plongeons, et là, cette nouvelle concernant quelqu'un qui arrive prématurément
à la fin de son chemin de fumeuse buveuse qui me fait un effet bizarre.

C'est un peu affreux, je suis triste pour elle et sa fille qui va devoir continuer seule
si jeune, mais en même temps je ne ressens rien. On devient sans doute dur
quand on a tout secoué et traversé des galères de remises en question complètes,
de cailloux à surmonter, de séances de thérapies auxquelles on n'avait pas envie d'aller
parce que c'est trop bouleversant parfois et qu'on en sort en miettes.

La rechute de mon seul copain de cure m'avait bouleversée, il y en a un aussi
qui est décédé, les autres je ne sais pas.

Par rapport à la mort, tout ce que je sens en ce moment c'est comme d'avoir
un ticket en poche pour un tour supplémentaire de manège. Une chance, mais
surtout un bonus.

Je n'arrive pas à me dire, comme d'autres dans son entourage, que "quelque part
c'est normal" (elle qui va mourir), je trouve que c'est affreux de dire çà.

J'ai plutôt envie de le serrer plus fort dans ma poche, ce ticket pour mon
tour de manège en plus. J'y tiens, je n'ai pas envie de le lâcher.

Quelqu'un qui va mourir pour avoir pris les mêmes risques que soi-même,
çà me fait aussi penser à des répliques de films de guerre, où à un moment
de l'histoire quelqu'un demande: "and xxx ?" en regardant qui est présent.
Et où un autre répond: "He didn't make it"

Je me dis que l'autre, dans ces cas là, c'est un peu comme si c'était nous,
mais avec un déclic qui n'a pas eu lieu, ou une occasion qui ne s'est pas présentée
à temps. Ou un nuage qui est passé au moment où il aurait pu voir que son chemin menait à un gouffre.

C'est vache, l'addiction, çà fausse tout.