Vivre avec un conjoint alcoolique

Vivre avec un malade alcoolique est un cauchemar. Il passe son temps à nous jurer qu'il n'a rien bu alors qu'on sait pertinemment que c'est faux. On a trouvé les bouteilles, on sent son haleine, on voit son comportement…Alors il peut tromper les autres, Leur mentir,  mais pas la personne qui vit avec lui.
Cette situation est insupportable, elle a un impact sur notre vie personnelle, notre vie de couple, familiale et sociale.
Le malade alcoolique passe son temps à prouver à son conjoint que c'est lui qui a un problème, que lui-même n'en a pas, même s'il boit un peu de temps en temps…
Il nous impose malgré tout son alcool, sa façon de vivre souvent abracadabrante. Il n'y a plus de communication possible, la bouteille est toujours entre lui et vous. Cette bouteille à laquelle il est si attachée, elle ne le contredit pas, elle l'aide à rêver sa vie, tout au moins au début. C'est aussi grâce à elle qu'il a tant de copains, des copains de bistrot, mais ça, ça lui est bien égal.
Pour le conjoint, cette bouteille devient pire qu'un ou qu'une rivale. Le MA n'a pas conscience de faire quelque chose de mal, oui, il boit un peu trop, mais ses copains sont comme lui et tout se passe bien, c'est vous le conjoint, celui qui lui gâche la vie en se focalisant sur cette bouteille. Il vous accuse d'être coincé, de ne pas accepter qu'il s'amuse etc….En fait, il est avec sa bouteille et les copains de bistrot mais il n'est plus là, il n'est plus dans sa famille qui lui pèse de plus en plus car il se heurte constamment à leur reproche. Cette famille, il va tout faire pour la fuir….
 
C'est à ce moment là que le conjoint doit réfléchir à sa vie future…Peut-il continuer comme ça, peut-il compter sur un changement du MA, même si celui-ci le promet, peut-il lui faire confiance. Mais quand tu essaies de lui dire calmement qu'il a un problème, il te renvoie la réflexion et dit que c'est toi le problème. Que répondre à ça ? Il est hors d'atteinte de toutes conversations sensées sur sa maladie et ne peut pas entendre la souffrance des autres , au contraire il la minimise et dit qu'elle n'existe que pour l'embêter.
A force de l'entendre dire que c'est de ta faute s'il boit comme ça, tu commences à douter de toi, à te culpabiliser , tu ne sais plus où tu en es, tu marches sur des œufs.
Tu essaies de faire des choses avec lui, des sorties, des visites, mais il refuse, pas question de s'éloigner de sa bouteille….Les visites en famille ou avec des amis sont finies, tu as trop honte de son comportement dés qu'il aura bu..
Tu te retrouves toujours entre lui et sa bouteille, tu le déranges en fait, quand tu pars il pousserait presque un soupir de joie: "ouf, je vais pouvoir boire sans qu'on vienne me casser les pieds"….
Honnêtement tu ne peux pas continuer à vivre comme ça…Tu ne peux plus faire aucun projet, tu restes enfermé dans ta maison sans mettre le nez dehors tellement tu as honte, ce n'est pas toi qui bois, mais c'est toi qui portes cette honte.
Le futur pour lui, ne va pas au-delà de l'épicier du coin où il trouvera tout l'alcool qu'il veut, mais toi, il est où ton futur, tu existes où dans cette vie là ? Tu n'as plus de place…..
Bien sûr, il peut changer, il y a des malades alcooliques qui se soignent et restent ensuite abstinents, mais il y a les autres et là, on ne le sait pas à l'avance….
La décision est difficile  à prendre, mais je crois qu'un éloignement même temporaire ne peut être que bénéfique. Tout d'abord, le conjoint va pouvoir souffler et se reconstruire et le malade alcoolique, livré à lui-même va se rendre compte à quel point l'alcool l'empêche de vire si personne ne couvre ses défaillances…..Parfois même ça provoque un déclic salvateur chez ce MA qui décide alors de se soigner….
Mais être conjoint d'un MA, même en pratiquant le détachement, je ne le souhaite à personne…

Pas mieux .... et ça concerne tout le monde conjoint voir (ou plutôt surtout) MA

Merci

je me souviens de la joie euphorique quand j'apprenais que mon conjoint partait en voyage ,je pouvais avoir une soirée sans peur, toute à ma bouteille, une soirée seule entre moi et mon verre, un vrai bonheur!! c'est terrible mais c'est bien de la joie que je ressentais, une immense liberté alors qu'en réalité, je m'enfonçais un peu plus dans ma prison alcoolisée
c'est ce qui est le plus horrible avec cette maladie, avoir le cerveau tellement atteint par l'alcool qu'il se met en réelle  joie et même provoque les moments où on peut boire sans être dérangé .Je me souviens aussi de ce soulagement intense lors de la première gorgée de ce poison ,difficile de lutter contre ces premières impressions si agréables parce que ce sont celles là que le cerveau va tenter de recréer après mais ça n'est plus possible et la frustration est grande  Je sors un peu du contexte du conjoint là ,je parle en tant que MA qui recherche son verre ou plutôt l'extase qu'il espère retrouver