Le temps chez le MA...

J'ai déjà du en parler de cette notion du temps pour le MA dans le forum "tout ce qu'il faut savoir", mais j'aimerais bien que nous en rediscutions.
Quand nous buvons , le temps est rythmé par les moments où nous nous accordons le droit de boire un verre, moments qui reviennent de plus en plus vite. Il est aussi soumis à l'impérieux besoin de faire des réserves, de pouvoir boire quand on est seul, surtout pour les femmes. Les aiguilles de la pendule ne tournent plus qu'en fonction de l'alcool.
Mais il y a aussi le temps qui agit bien plus vite sur notre physique. Quand j'étais sous alcool, je faisais facilement 10 à 15 ans de plus que maintenant. Les pertes de mémoires, la peau qui s'abîme, les chutes, nous devenons des vieillards soumis à la puissance destructrice de l'alcool!
D'ailleurs ce temps nous ne voyons au bout que la mort, il n'y a plus d'espoir qui s'y glisse, tout au moins tant que nous ne sommes pas dans une démarche de soin, où là, l'espoir réapparaît!!!!
Pour vous comment le voyiez vous ce temps alcoolisé????

il y a 10 jours encore, en effet la pendule rythmée mes journées. M'interdisant de boire le matin malgrès des symptomes de manque, ma matinée se passait à travailler (sans grande efficacité et avec ennui) en attendant que ma chère radio (ma seule compagnie le matin) dise "il est midi". Là je lachais tout, direction la maison (mes serres sont de l'autre côté de la cour), 3 verres quasi d' affilée et je repartais finir ce qui était entamé. Après préparation du repas et re-verre puis déjeuner et re-verre. Puis stop: interdit de boire, ce n'est plus une heure décente. Alors l'après-midi même scénario que le matin sans le manque et en essayant de faire bonne figure car là taf avec mon mari en attendant 18h30 . Rebelote puis souvent dégréable et dodo

Et faut surtout pas tomber en panne, il y a encore quelques bouteilles rangée là où personne ne va.

Ce que tu dis là, c'est ou c'était notre quotidien à nous MA. Au bout d'un certain temps, je n'arrivais même plus à attendre l'heure fixée, j'emmenais toujours une bouteille avec moi dans mon sac !!!!

j'ai retrouve cela luciole,regarde si cela te parle,je chercherai si il y en a d'autres demain [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]

Super Cristal, tu l'as fait remonter, on va pouvoir en discuter...Merci ma belle!!

je t'en prie,je te dois bien ça [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]

Avec l'alcool ,le temps pour moi n'avait plus d'existence ,plus de passé ,plus d'avenir et un semblant de présent inscrit sur une feuille de papier pour garder une trace de ce que j'avais oublié le lendemain .Et chaque jour un éternel recommencement où rien ne faisais plus date ni évènement .
Par contre un emploi du temps très précis et un chronométrage rigoureux pour avoir ma dose et être sous le seuil légal le lendemain .Et cet enfermement minutieux pendant des années que je n'ai pas vu passées .

Pareil pour moi, le temps n’existe plus. Une routine alcoolique rythmée par les semaines, "un éternel recommencement".

Et en période de chômage, plus rien pour se limiter. A fond les ballons. Le mardi ressemble au samedi ou au dimanche. Avec l'alcool, là, la notion de temps disparait totalement.
Et là, il y a les trous dans l’espace-temps. C’est-à-dire les cuites, qui commencent en journée et qui se terminent le lendemain. On se réveille en plein milieu de la nuit en se demandant quel jour on est. Si on s’est endormi la veille, l’avant-veille, le jour même ? Qu’est-ce qu’on a fait ? Une journée dans le coma pour s’en remettre, qui disparait elle aussi de l’espace-temps. On se remet à peu près le lendemain et c’est comme si les 2 ou 3 jours précédents n’avaient jamais existés. Disparus, envolés. On reprend sa vie mettons un vendredi, et c’est comme si mardi était hier. Trou dans l’espace temps.

coeurdisa
Oui il semble que je puisse le faire. Du coup je me dis à chaque envie (comme ce soir parce que je suis crevée en ce moment et que j'en ai marre des gens qui se plaignent tout le temps pour des broutilles), tu as déjà passé un cap comme ça, va t'isoler un peu pour décompresser et cela ira mieux. Donc je viens m'isoler un peu avec vous là maintenant.
Bon 38 jours, ce n'est encore rien par rapport à vous tous mais bon je suis contente quand même. J'ai par moment l'impression que cela fait bien plus longtemps que cela que je suis en sevrage alors je compte et je pense "seulement!!!". Petite chute de moral alors.


Luciole
Bonsoir, Coeurdisa, ne t'inquiètes pas, mo,i au bout de 5 mois1/2 je dis aussi "seulement". 38 jours c’est déjà super

lolo6 Aujourd'hui à 20:25
Ah bon, vous comptez comme çà les filles?

Moi, je me suis dit depuis le premier mois: "tiens, déjà .......?! Alors que çà fait seulement....."
Là je me dis, pareil, c'est juste la durée qui a changé.

"Tiens, déjà presque un an?! Punaise, çà passe trop vite!
Wâââh! Tout ce que j'ai fait depuis, alors que çà fait seulement 11 mois!"

Il y a aussi la version "flippée":
Déjà un an sur le temps qui me reste, si çà se trouve il est compté à cause de tout
ce que j'ai avalé, et je ne le sais même pas. Mais je ne veux pas le savoir alors j'en profite!


coeurdisa Aujourd'hui à 20:57
Oui, pour le moment je compte comme ça parce qu'il m'arrive tellement de trucs en ce moment que j'ai l'impression que le temps file plus vite que dans la réalité à cause de la densité. Du coup quand je compte je réalise que cela fait très peu de temps en fait. C'est chiant (mais bon je dis ça sûrement à cause d'un petit baissage de bras passagé ).
Vivement du soleil

Le temps qui file plus vite, pas sûr! C'est surtout qu'il bien rempli comme tu dis!
Je trouve que ce qui est bien de comptabiliser, ce sont les actions, pas le temps qui passe.
(avant il passait idem, sauf qu'on était passif)

Là, tu as fait plus de choses en 38 jours qu'en....x mois de vie alcoolisée non?

Moi franchement, si j'avais l'impression d'avoir stagné ou rien fait concrètement, en gros si je
m'étais ennuyée, je ne vois pas ce qui m'aurait empêchée de reboire.
Le gain de temps "utile et utilisé", accorder de la place à autre chose qu'à son addiction, c'est important!

Et c'est bien çà que tu fais. Alors ton "coup de moud", c'est peut-être aussi parce que tu
ressens une fatigue physique due à toutes tes activités (physiques et cérébrales).
En tout cas c'est positif!

Le temps pour le MA est rythmé non par la pendule mais par les doses de plus en plus rapprochées.
On boit, on cuve, on dort, on boit, on cuve ,on dort..... Peu de temps pour autre chose, ou alors les obligations de la vie quotidienne sont faites à toute vitesse, un verre à la main souvent avant de retourner le plus rapidement possible à notre bouteille.
Si je compte le temps que je passais à dormir à cause de l'alcool, c'est absolument énorme comme temps de perdu!!!
Déjà je dormais après le repas de midi, facilement deux heures, ensuite, souvent je piquais du nez vers 17 h, et le soir à 8h30 je repartais me coucher!!!!
Le temps perdu se compte en mois et même en années!!! Et c'est un temps qu'on ne voit pas passer, un temps dont il ne reste rien car nous n'avons rien fait à part boire....

Pour moi plus vraiment de timing de rapprochement des doses, c'était boire tant que je ne m'endors pas.
à la fin c'était:
Lever, téléphone et boisson 2h, puis 4-5h à cuver comme tu dis, 2-3 "sessions"comme çà dans la journée.
Sinon, énormément de trous noirs aussi, des abstractions temporelles dont on se serait bien passé!

Waouuh, vraiment vous êtes passés par des phases incroyablement dures!!!
Je suis d'autant plus admirative de vos abstinences. Réellement je suis pleine de respect.
Je ne suis pas allée jusqu'à ces stades là, juste peut-être un jour ou deux par ci par là dans des moments de grand stress. J'ai toujours été super active, obligée par la vie parfois d'ailleurs, et j'ai toujours eu un rapport au temps décalé. Du coup j'ai un peu honte de me plaindre de mes difficultés alcooliques car normalement je devrais avoir moins de soucis que vous. A moins que mon corps ai moins de résistance à la dépendance.

En fait je rêve aussi d'être capable de ne rien faire pendant un laps de temps, comment dire...me laisser le temps de le voir s'écouler....sans le combler par l'alcool. Profiter de "l'ennui". Il parait que c'est très bon pour la créativité l'ennui.

Actuellement, je suis à la retraite depuis peu et j'ai comme mot d'ordre de voir passer le temps.. C'est à dire que c'est fini de vivre à 100 à l'heure, de collectionner les activités, de ne jamais prendre le temps de souffler . l'activisme à outrance à laisser place à une vie sereine où je vois les heures couler sereinement, où je fais ce que je veux, quand je veux et comme je veux, tout ce temps qui m'est offert, j'en profite au maximum et surtout je prends le temps de le voir s'écouler... Chaque jour est une source de bonheur, même si il n'y a pas que de bonne chose, c'est une journée de vie et j'en profite!!!

Waouuh, vraiment vous êtes passés par des phases incroyablement dures!!!
Je suis d'autant plus admirative de vos abstinences. Réellement je suis pleine de respect.

Pfff du respect tu parles!!! (je ne parle qu'e pour moi hein! )
C'est plutôt une déficience, un manque de moyens pour...?,
de devoir aller jusque là pour réaliser qu'il faut arrêter! Et encore,
c'est la menace de mort des docs qui m'a vraiment bougée.

Pour moi ce type de "marathon" est resté perlé assez longtemps (périodes de vacances, WE),
en plus évidemment des soirées quotidiennes (Téléphone/alcool/dodo).

C'est vraiment devenu "çà" les deux dernières années, où il a fallu des arrêts maladie
en plus des soirées, des WE ou des vacances...

Brrrr! En même temps, il a fallu çà pour que je me secoue. Si on m'avait prévenue du pire quand
j'estimais ma vie encore "normale" (juste boire le soir), je n'y aurais pas cru. Il a fallu
l'ensemble: plus de vraie vie, aucune notion du temps qui passait, sauf pour mon fils:
tout calculer en temps pour être debout de 7 à 8h30, puis entre 16h20 et 20h30.
Et pour les RV scolaires ou médicaux ou les paperasses. Point.

Je comprends bien ton envie "d'ennui", même i je n'appelle pas çà l'ennui mais la détente,
ou un moment d'atterrissage... .
En plus c'est très bon pour "ce qu'on a", on a tellement de choses à décanter!
Se poser tranquillement, c'est un vrai luxe!!
Et je te confirme que pour la créativité, c'est très bénéfique!

Shale, tu ne peux pas savoir à quel point çà me parle, quand tu dis
"c'est une journée de vie et j'en profite!!!"

comme shale ,moi aussi ,je vis toutes les minutes ,secondes de la journée ,à ma guise !
bien sur ,je ne me suis pas coupée du monde ,loin de là !!
mais je profite ,et c'est fou ,que les journees sont courtes maintenant ,à un point que je suis obligée de rester éveillée la nuit

Le temps. Une notion que je re-découvre.

Le temps alcoolisé pour moi n existait pas. Aucune obligation, ni de travail, pas d'enfant, j habite seule, libre à moi de faire ce que je veux quand je veux, et du coup de m'alcoolisé n importe quand, à n importe quelle heure. Pas besoin d attendre la fin de la journée de travail, pas besoin d attendre que les enfants soient couchés,..

Les jours défilaient aussi vite que la bouteille se vidait. Deux années passées à une vitesse folle. Plus de notion des jours qui passaient, ni des heures, plus d heure pour manger, plus d heure pour dormir.. des cuites qui duraient 2-3 jours, des siestes (enfin des effondrements) de plusieurs heures. Les journées passaient très vite. Et si ça passaient pas assez vite, je buvais pour dormir des heures et ne plus avoir à penser..

L oubli de certains rendez-vous, se réveiller et se demander quel jour on est..Plus aucun repère, impossible de donner un rendez-vous, de tenir une obligation..

Même si je suis encore toute jeune , j ai pris peur de ce temps qui est passé si vite, de tout ce temps perdu, de tout ce gachi, des choses dont je n ai pas su et pu profiter..

Deux années qui m ont glissé des doigts, mais "quand on ne peut revenir en arrière, on ne doit se préoccuper que de la meilleure façon d'aller de l'avant" Paulo Coelho.

De toute façon, sous alcool, on fait tout pour ne pas le voir passer ce temps, ce temps qui nous asservit à l'alcool de plus en plus, alors oui nous buvons et nous dormons pour oublier ce que nous sommes devenus, pour oublier que dehors il y a une vie à laquelle nous n'avons plus accès...
Maintenant que je ne bois plus, je profite de chaque seconde, je me couche le plus tard possible et me lève le plus tôt possible également, malgré tout, il y a de nombreuses années qui sont disparues de ma mémoire, et ces années, elles me manqueront toujours.. Mais bon, il faut regarder devant et c'est ce que je fais, inutile de se répandre en regret, ça ne changera rien..

Oui avec l'alcool, on entre dans la 4ème dimension...