La notion du temps chez le malade alcoolique.

Chez le malade alcoolique, le temps n'a plus la même valeur que chez une personne non dépendante de l'alcool.
Le besoin de boire ne laisse guère de temps entre les prises d'alcool, ni de distance avec le produit (il faut des provisions à portée de main). Le temps et l'espace sont rythmés par l'alcool comme ils le sont par le biberon pour les nourrissons dans les premiers âges de la vie.
Le temps est circulaire pour le MA, il ne va pas vers l'avant, mais il tourne autour du MA, de la recherche d'alcool, boire et de nouveau chercher de l'alcool ,il tourne en rond" autour du besoin.il existe seulement un moment qui n'en finit pas, sans présent, ni passé, ni futur, mais avide du retour d'un état préexistant, l'état de bien être que l'on a connu avec l'alcool et qu'on recherche toujours même si on ne peut plus le retrouver.
Et vous comment voyiez vous le temps quand vous étiez sous alcool?

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je n'etais pas dependante physique donc pas de "besoin vital" pour vivre,pas de reserve non plus mais je savais exactement quand j'allais boire et la dose qu'il me fallait.Apres,je regardais ma montre pour commencer le plus tard possible et arriver a etre ivre sans personne autour de moi et surtout sans avoir a sortir.
ça allait qd je commençais le soir mais ça n'allait pas du tout qd je commençais a midi parce que là,je regardais ma montre entre chaque verre pour espacer le plus possible.Au debut,un verre me faisait 30 a 45 minutes,au fur et a mesure,je le sifflait en 10 minutes a peine a 16h j'etais totalement paf et j'avais encore tant de choses a faire avant la nuit...y compris travailler
En bref,le temps etait effectivement aussi reglé en fonction de l'alcool,je savais exactement en combien de temps j'allais etre kaput dc je reglais ma vie en fonction de ce timing

Le temps sous alcool = hors temps.

Je voulais que le temps passe et que je ne le vois pas passer donc je buvais.

Je trouvai le temps long avant de pouvoir commencer à boire.

Le temps entre 2 alcoolisations était de plus en plus court.

Ce qui me frappe c'est ce temps circulaire chez le MA, ce temps qui n'a aucun avenir, et le fait que le temps et l'espace sont rythmés par l'alcool comme le biberon pour le bébé....

alors: retour a l'enfance?,recherche de protection??recherche de plaisir??recherche du cocon maternel ??

Rester dans ce monde de la petite enfance, monde qui tournait autour du biberon et du bien être immédiat?

ne plus etre confronté au monde exterieur,rester dans son petit coin a l'abri seul avec soi meme,long et lent tete a tete solitaire pour rechercher au fond de soi....qui???quoi??un sens a sa vie ou a sa destruction?
plus de temps,plus d'espace,plus de vie,le neant,retour au centre du ventre de sa mère...ça part loin là

Ca part loin mais ça part juste !
Il y a distorsion du temps, et anesthésie, amnésie,des repères, oubli de la souffrance et de soi .
Pour moi le temps était rythmé par l'alcool. Dans la semaine, au boulot, je buvais rarement avant le soir (sauf s'il y avait des restaus ou des cocktails) . En sortant du métro je me faisais une joie de retrouver mon apéro bientôt. Allumer une cigarette, se servir un verre (j'ai maintenu le rituel sauf que c'est du sans alcool) .
Et en week end ou en vacances je commençais par l'apéro de midi . Lorsque j'étais chez moi , seule, je n'arrêtais pas, sauf pour la sieste dont je me réveillais en me demandant si ce n'était pas l'heure de l'apéro.
Donc mon temps "libre" était consacré à tisser mon cocon protecteur, celui où je m'engourdissais .
Je crois qu'on parle d'ataraxie, cet état dépourvu d'émotion, ce temps flottant à la lisière pas de la mort mais du non être .
Ce temps d'avant, ce temps du ventre...

Hello,

sujet interessant. Je n'ai jamais fait de reserve car j'aimais bien sortir a cote de chez moi au 7/11.
Concernant le temps, j'ai dit hier a mon pote que quand meme, j'avais l'impression de m'ennuyer de temps en temps sans alcool. Pourquoi: Quand je buvais, je devais toujours penser a resoudre les conneries (ou paroles) que j'avais fait alcoolise . Ca occupait une bonne partie de la journee
Reaprendre a avoir moins d'emotions, c'est pas toujours facile. D'un autre cote, je suis heureux de ne plus a avoir a gerer ce "Down" qui arrivait presque quotiennement entre 15 H et 19 heures... C'etait la periode "remords et scrupules". Quand meme, ces pensees on du m'aider a ne pas chuter trop bas...

C'est vrai que ça occupe de réparer les conneries ...

Enki a écrit:Hello,

Reaprendre a avoir moins d'emotions, c'est pas toujours facile.:

tu n'as pas moins d'emotions Enki,tu en as surement plus mais tu sais les gerer maintenant,les maitriser.Tu n'es plus un "chien fou"(quoique ),tu sais te dominer et t'arreter avant de faire ou dire n'importe quoi.En bref,tu te domine enfin.;enfin,c'est ce que je pense et je pense aussi que c'est cela qui te manque :plus de "delires delirants incontrolés,plus de surprise meme si desagreable,plus d'improvisations,plus de mystere"...on se comprend???

Enki a écrit:Hello,

sujet interessant.:

n'est ce pas toi qui disait il y a peu que ce mot signifiait que tu n'avais rien a en dire???

@ Mademoiselle Cristal,

c'est quand je dis " Une histoire tres interessante" sans rien de plus.

C'est une reference a un de mes films culte que j'adore: Zoolander de Ben Stiller...

Merci Olaf....

Bon je vous fais un blue style...et puis un Magnum...

Enki,je vais te dire un secret: ..... je te taquine

SHALE a écrit:Ce qui me frappe c'est ce temps circulaire chez le MA, ce temps qui n'a aucun avenir, et le fait que le temps et l'espace sont rythmés par l'alcool comme le biberon pour le bébé....

Ca me frappe aussi, d'autant plus que je me reconnais tout à fait là-dedans!
Je ne me rappelle pas de mes biberons mais je me rappelle qu'en voyage scolaire à l'âge de 11 ans, je me "raccrochais" aux repas comme repères. Je me souviens que je me disais : "heureusement qu'il y a les repas" Repas auxquels je ne mangeais pas énormément car j'avais déjà cette peur d'être malade.
Vers 15 ans, début de la bouffe compulsive... et vers 26 ans début de l'alcool "médicament" du soir.
L'alcool du soir rythmait également les journées comme une sorte de repère rassurant. Difficile à expliquer...

Le temps était alors comme "suspendu", pas arrêté mais "hors du temps" comme dit Hoedic. Le passé, je ne voulais plus y penser, et l'avenir, j'essayais de ne pas trop y penser non plus. Pourtant, j'étais loin de vivre dans le moment présent puisque lui aussi je le fuyais en quelque sorte.

Etrange tout ça... et décidément j'ai du mal à expliquer...

Dans l'abstinence, ça a changé, mais pas radicalement car ça fait (sans doute) partie de mon caractère d'avoir tendance à vivre au jour le jour et à ne pas me projeter très loin dans l'avenir. Mais en quittant l'alcool, on n'a pas d'autre choix que d'intégrer son passé, de se réconcilier avec lui pour se réconcilier également avec la notion d'avenir.

J'ai du mal à répondre.
Avec ou sans alcool j'en ai passé du "temps" à m'interroger sur lui.
De Bergson à Einstein j'ai essayé de comprendre.
J'ai le pressentiment qu'il n'existe pas.
Cependant il est difficilement contournable dans les mathématiques, physique, etc.
Parce que l'homme et toute chose a une durée "limitée" dans l'espace.
C'est ce regard à oeillère ou non encore abouti qui m'oppose à son existence en tant que tel.
Il y a des horloges partout !
Time is money.

Je préfère parler de cycles.

Bref, comment je le ressens? ( souvenir )

Comme une fuite, comme un tuyau percé dont le liquide s'écoulerait.
Comme une infinité, une allure de néant.
Comme le glas d'une mort annoncée.

Et maintenant ?
En ce moment je n'en ai rien a faire.
Et cela tranquillise.
Certes il faut que j'organise mais lorsque impatient une flamme se ravive elle m'éclaire au risque de me bruler.
Une durée de vie pour un ailleurs.
La mutation c'est l'évolution.
Et la révolution ?
Comment prendre le mot sans se tromper de sens?
Moi aussi j'ai tété, "tuté".
Un enfant? Oui j'espère;
Un ado ? Tant mieux.
Un adulte ? Aussi.
Qui suis-je d'où vins-je où vais-je et si j'avais pas l'temps?
Et si j'prenais mon temps.
J'ai rien à prendre ni perdre, faut juste apprendre à vivre.
Ben tu vois...
il a fallut le temps ......
ne recommence pas Tex même pas mal

Hello,

l'horloge interne doit avoir des consequences sur la notion de temps pour un malade alcoolique ...

il n'y a plus d'espace ni de temps pour un malade alcoolique,il y a l'heure où l'on ouvre la bouteille et l'endroit où on se trouve qd on l'ouvre...Le reste,ce sont des details

Alors Einsten aurait du dire que se sont les bouteilles d'alcool qui courbent les masses

parce que ce n'est pas ce qu'il a dit :what: :sprint:

La seule chose absolue dans un monde comme le nôtre, c'est l'humour.

[Albert Einstein]

Pour moi, la notion du temps pour le MA alcoolique c'est :

Le satellite qui tourne autour de sa planète sans pouvoir sortir de l'attraction

C'est une prison sans barreaux et sans soleil naturel

C'est le serpent qui se mord la queue

C'est radoter

C'est être quelqu'un le matin et un autre le soir et ça tous les jours

C'est un Labyrhinte dans lequel on est perdu

C'est chercher un chemin sans savoir lequel

C'est la fusée qui décolle et retombe perpétuellement

C'est essayer de sauter pour saisir la main tendue au dessus sans jamais l'atteindre

C'est un Labyrhinte dans lequel on est perdu

TEX a écrit:La seule chose absolue dans un monde comme le nôtre, c'est l'humour.

[Albert Einstein]

Tu aurais pu dire ça aussi Tex