Le retour sur le forum, la désillusion…

[Marion31232011]

Bonjour, 

Je vous avais parlé de mon copain, qui est je pense MA, mais qui ne l’admet pas. Pour lui il gère et me dit de lui faire confiance, il boit à minima 1L de bière par jour et encore c’est celles que j’arrive à compter… 
Aujourd’hui je suis épuisée de faire attention à toutes ces consommations, j’ai beau lui faire part de mon inquiétude et du fait que je l’aime et que je le soutien rien ne s’améliore j’ai l’impression…. 
J’avais quitté le forum car il m’avait dit qu’il essaierait d’arrêter de boire en fin d’année, et bêtement je l’ai cru… vilaine erreur car la chute n’est que plus douloureuse… 

Donc voilà j’aurai aimé savoir si en le valorisant, en lui disant que je suis là pour lui, que je l’aime et que je le soutien je fais bien ? 
Je sais que sur le forum vous dites qu’il faut ne pas parler avec l’alcool mais comment faire si on a juste des suspicions de consommation ? Puis ça me parait brutal de ne plus parler d’un coup ? Comment lui expliquer alors qu’il me dit qu’il gère et qu’il me ment en me disant qu’il n’a pas bu ? 

Puis j’aurais aimé savoir quels ont été vos déclic respectifs pour arrêter l’alcool ?

[tulipe noire]

Bonsoir Marion 
S’il est alcoolisé il ne s’en souviendra sans doute plus….il est en plein déni depuis le début….pas facile et usant pour toi. 


Mon déclic a été mon diabète à cause de ma longue et forte alcoolisation.


Tant que le choix de se soigner ne vient pas de lui-même, protège toi. Prends du recul, prends soin de toi.

[rur@lcoolique]

Bonjour.

Très difficile position. Ce que tu en dis laisse penser qu'il est dans le déni, ou au mieux dans cette période où sachant qu'on a un problème on pense qu'on va s'en sortir seul parce que "ce n'est pas si grave, et puis un alcoolo c'est autre chose que ça".

Le déclic ? Ça ne va sans doute pas te rassurer plus ; je n'ai pas eu besoin d'un ultimatum médical mais de m'enfoncer dans la dépendance, celle où j'ai eu besoin de boire, contre ma volonté, dès le matin, n'importe quoi, juste pour être moins mal. Les deux dernières années d'une période de douze ans durant laquelle j'ai continué l'imprégnation malgré la sortie du déni. L'accoutumance conduit nécessairement à augmenter progressivement les doses...

Tes moyens d'action sont quasi nuls et tu n'y es pour rien. Car c'est l'alcoolique qui ne veut pas entendre, qui ne veut pas voir, qui se ment sur ce qu'il sait au plus profond de lui. Je peux en témoigner, comme nous tous ici.

Une piste, toutefois : il est très probable qu'il recoure à "l'alcool-médicament" (effet anxiolytique, à dose modérée, mais l'accoutumance se charge ensuite d'installer la dépendance et la dépression) pour se cacher un mal-être. Dont il ignore très probablement les causes profondes, mais voit assez les déclencheurs pour se "réveiller" s'il accède aux émotions qu'il refoule. Ça tient souvent à l'estime de soi et à des difficultés à supporter des blessures que des tensions (boulot, regrets...) ravivent régulièrement.

Sur ce terrain là, avec beaucoup de patience et de délicatesse, tu pourrais peut-être l'amener à ouvrir les yeux et peut-être accepter une aide spécialisée (psy). L'alcoolisme -quel que soit son stade- n'étant qu'un symptôme.

Dans tous les cas il importe que toi tu te préserves et restes à distance de sa maladie. Il y a un édito sur la co-dépendance, je t'invite à le lire et chercher un peu d'information dans cette direction.

Courage

[Marion31232011]

Punaise c’est exactement ce qu’il me dit quand je lui en parle, alors je sais pas à quel moment on parle d’alcoolisme mais pour lui juste boire de la bière quotidiennement n’est pas ça, peut être c’est moi ? À quel moment c’est la maladie ?

Ça peut durer tant que ça ? Après j’avoue je pense avoir été contre productive mais je lui ait dit que là j’étais dans mes limites, que je me sentais impuissante et que ça me peinait de le voir se « détruire » à petit feu et entrer dans quelque chose d’incontrôlable…
Rur@lcolique c’est le fait d’être dans cet état ou t’as eu un conversation avec quelqu’un qui t’a aidé ? C’est peut être trop personnel comme question, excuse moi par avance

Heureusement je suis patiente, et à ce jour il n’a pas été violent avec moi mais voir les canettes de bières et ses yeux tout rouges me fatigue… parfois je perds patience et je lui « prend la tête » c’est pas top je sais mais c’est les seuls recours que j’ai. Il entend pas mes inquiétudes ou il les minimise…
On commence à parler projets futurs, lui en est à me dire qu’il est prêt à être papa que si ça arrive dans un an c’est bien, j’en ai envie aussi mais j’ai peur qu’il « s’engouffre » un peu plus dans la dépendance… il me dit que dès qu’on aura des enfants ça ira, son entreprise marchera mais j’ai l’impression que même quand tout va bien il a quand même une excuse pour boire…

Comment prendre du recul ? On vit ensemble… les seuls moments où on est pas ensemble sont quand je vais travailler (il en profite pour boire et sa sœur me dit qu’elle le trouve « bizarre », elle sait qu’il boit aussi) ou quand je sors chez ma famille et mes amis..

[SHALE]

Bonjour Marion, ta situation n'est pas facile. Les conseils de rur et de Tulipe sont à prendre en compte.
Pour ma part, le déclic, je l'ai eu un matin, en me levant, un matin où je me précipitais vers un verre d'alcool pour, juste, être moins mal comme le dit rur, et je me suis souvenue de ma prise de sang et de ce que le médecin en avait dit: "madame, à ce rythme-là, dans six mois, vous n'êtes plus de ce monde". J'avais une hépatite alcoolique et une dépendance physique très importante. Alors j'avais le choix ou je me soignais ou je continuais et c'était la mort au bout de peu de temps. Et bien j'ai tout de même hésité, mais l'instinct de survie était là et m'a amenée à appeler un alcoologue qui m'a conseillé de faire une cure. Ce que j'ai fait et ça fait plus de 25 ans que je ne bois plus.
Ne parle jamais en l'accusant de boire, dis-lui ton ressenti, ta tristesse en le voyant se détruire, dis-lui que tu ne sais pas si tu pourras continuer à vivre comme ça encore longtemps. Dis-lui aussi que s'il veut se soigner, tu es prête à le soutenir. Mais sinon, prends soin de toi, protège-toi surtout. Tu ne peux pas faire grand-chose, lui seul peut décider de se soigner ou pas.

[Marion31232011]

Donc si je comprends bien à part quelques erreurs je continues de le soutenir, de lui parler de mon inquiétude et j’essaie (je dis bien essayer parce que c’est dur) de prendre du recul? La encore ça va être difficile , j’ai lu que vous conseillez de ne pas parler lorsqu’il a vu, j’imagine que c’est boire à excès pas son litre de bière non ? 

Le truc c’est qu’il ne veut pas faire de bilan sanguin donc on ne saura pas où il en est, parler à un professionnel il dit que ça sert juste à perdre de l’argent

[Marion31232011]

En tous cas merci d’être présent sur ce forum, vos parcours, témoignages servent tellement a se sentir moins seul que ça soit pour les accompagnants que pour les malades (du moins j’imagine dans le second cas) donc merci de votre bienveillance, de vos conseils et des vos informations ! 🥰

[rur@lcoolique]

Pas de soucis, ça fait plus de cinq ans, j'en parle sereinement.

c’est le fait d’être dans cet état ou t’as eu un conversation avec quelqu’un qui t’a aidé ?

Non, pas de tiers, je n'avais pas de ressource locale. En désespoir de cause je me suis inscrit sur le forum AA européen (je déconseille) où pour la première fois j'ai pu m'exprimer sans honte (pas tout à fait mais presque) à propos de mon état du moment.

D'après ce que tu écris tu ne peux rien sur le plan alcool. Par contre tu peux peut-être l’aider a prendre conscience du/des malaise(s) qui l'amène(nt) à boire.

Mais si vous avez des projets d'enfant, tu pourras aussi "en profiter" pour être intransigeante. Après avoir préparé le terrain...

[cristal]

Ce qui est important Marion, c'est TOI et comment tu vis, si tu vis mal le fait qu'il boive ,si cela empêche une vie sereine pour toi alors il faut changer les choses. Tu ne peux pas l'empêcher de boire ,c'est son problème et tu ne pourras pas le résoudre surtout si lui ne le voit pas comme un problème mais tu peux par contre te protéger de son alcool si cela te met mal car le but là ce n'est pas de le faire arrêter de boire, c'est que tu sois bien dans ta vie.
Prendre du recul, c'est mettre un mur entre l'alcool et toi: il a bu et cela te met mal? alors tu vas dans une autre pièce en lui disant que tu ne te sens pas bien avec la présence de l'alcool. Il doit comprendre que tu différencies l'homme qui a bu de celui qui est sobre. Il ne va pas diminuer sa consommation, il semble être dans le déni et ce qui est malheureux dans cette maladie c'est que ça ne va qu'en augmentant et que cela va t'impacter de plus en plus
Si voir ses canettes te gêne ,dis le lui ,tu n'as pas à subir ses alcoolisations si cela te met mal. Il ne fera que minimiser sa consommation, te dire qu'il gère et que tout s'arrangera quand..... mais je doute fort que cela soit vrai
Quand on te dis de ne pas parler quand il a bu c'est si tu sens que ses paroles sont incohérentes, agressives, hors contexte ou qu'il ne tiendrait pas ce genre de propos sobre, ça ne sert à rien d'expliquer, de te faire entendre si il est alcoolisé car il est hors d'atteinte quand il a de l'alcool en lui, cela modifie son jugement.
Il faut que tu arrives de sortir de ce milieu alcoolisé le plus souvent possible, si tu commences à rentrer chez toi en te disant "comment vais je le retrouver " alors il va falloir envisager des solutions plus poussées. Tiens nous au courant mais n'oublie pas que c'est TOI qui importe là et comment tu vis la situation

[SHALE]

Je partage ce que te dit Cristal. Tu ne peux rien faire pour l'empêcher de boire si lui n'a pas décidé, seul, de le faire. Il te racontera tous les mensonges possibles pour te rassurer, mais il continuera à boire, sauf s'il a le déclic d'arrêter. Ce qui pourrait lui faire peur, ce serait justement de voir son bilan sanguin si celui-ci est mauvais, mais bien sûr, il ne le fera pas faire.
Alors, quand il a bu, tu continues ta vie pour toi, sans te préoccuper de lui. Tu peux effectivement lui préciser que tu n'apprécies pas sa présence quand il est alcoolisé, mais tu vis pour toi. 
Il y a aussi des côtés pratiques à prendre en compte. Si vous faites bourse commune, ce n'est pas une bonne idée, car l'alcool revient très cher et tu contribues à le payer. De même, s'il prend la voiture alcoolisé, il y a des risques importants, accidents, perte de permis pour le moins grave. Là aussi, il y a la possibilité de lui cacher les clefs, mais c'est entrer dans une démarche de guerre quasiment, et ce n'est pas non plus terrible. Le dialogue prévaut bien sûr, mais il n'est pas toujours facile.
Essaie d'avoir un coin à toi, où tu pourrais être au calme et te ressourcer.

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