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La relation à la mort du malade alcoolique

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lolo6
SHALE
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La relation à la mort du malade alcoolique Empty La relation à la mort du malade alcoolique

Message  SHALE 29/11/2022, 10:38

Le malade alcoolique a une relation très complexe avec la mort. Il arrive à un moment donné où la question qui se pose plus ou moins clairement, c'est continuer à boire et en mourir ou stopper l'alcool. Dans la plupart des cas, le malade alcoolique est incapable de faire ce choix. Très souvent même, il considère la mort comme la dernière solution qui lui reste pour échapper à l'alcool. On imagine à quel point l'emprise de ce produit peut être terrible pour qu'une personne préfère la mort à l'arrêt de l'alcool, mais je pense qu'il faut l'avoir vécu pour en être conscient. Pour ma part, je me suis trouvée dans cette situation et j'ai eu bien du mal à choisir.
De plus, sous alcool, la mort ne nous fait pas peur, elle nous attire au contraire, car on la voit comme un remède à notre problème qui, déjà, nous empêche de vivre.
Heureusement, nous avons en nous un instinct de survie très fort, qui , un beau jour, nous ouvre les yeux sur la réalité de ce qui se passe. La question devient alors : ai-je vraiment envie de mourir ? Là, on commence à percevoir tout ce qu'on va perdre à cause de l'alcool, même s'il ne nous reste plus grand-chose, la voix de la raison parvient enfin à notre cerveau.
Pour ma part, j'ai hésité longtemps pour savoir si je continuais à boire et si je me laissais mourir ou si je mettais en action mes dernières forces pour me battre.
Au bout de quelques semaines, un matin, sans plus réfléchir, j'ai appelé un alcoologue. Heureusement, il a dû sentir l'urgence, car il m'a prise dans la journée, je ne pense pas que j'aurais attendu plusieurs jours avant d'aller le voir.
Ensuite tout s'est enchaîné, j'étais portée par la parole de ce médecin, je ne réfléchissais plus, j'agissais. Il m'avait dit d'appeler tel centre de cure, ce que j'ai fait aussitôt. Il me fallait attendre trois semaines pour y entrer, en appelant tous les vendredis. Je l'ai fait aussi scrupuleusement et cette cure m'a sauvé la vie.
Il y a d'autres malades alcooliques, qui vont jusqu'au bout de l'alcool et en meurent, là, il me semble que c'est plus assimilable à un suicide, à une volonté délibérée d'en finir. Mais je n'ai pas vraiment de réponses.
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Féminin 01/01/2009

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La relation à la mort du malade alcoolique Empty Re: La relation à la mort du malade alcoolique

Message  lolo6 3/12/2022, 01:24

SHALE a écrit:Il arrive à un moment donné où la question qui se pose plus ou moins clairement, c'est continuer à boire et en mourir ou stopper l'alcool./.../suicide, à une volonté délibérée d'en finir. Mais je n'ai pas vraiment de réponses.
Dernièrement, il y en a eu deux pas loin.
Celle du mois de juin, qui faisait des petits AVC, hospitalisée plusieurs fois,
continuait à boire en disant "oui la la, oui je sais je vais arrêter je vais arrêter".
Elle en est morte, mais on pense qu'elle ne se rendait pas vraiment compte.
Son mari et 2 enfants sont dévastés, ça c'est clair qu'elle n'aurait pas voulu,
mais était trop dans la maladie pour prendre la décision d'arrêter.

Un autre la semaine dernière, lui c'était du suicide et il le savait très bien.
Il avait des théories comme quoi "tant que tu es dans la création ça te tient
et tu ne meurs pas"; ben si, il a fait un coma et il a été débranché.

Je n'ai pas de réponse non plus à la question que tu poses. J'ai plutôt l'impression,
comme me l'avait dit ma si chère alcoologue, que d'un côté il y a des malades
qui trouvent la ressource de tenter l'arrêt quand ils savent que ça ne peut plus durer
physiquement (mort assurée, diagnostic médical dans ce sens), et de l'autre
ceux qui ne l'ont pas, la ressource, ou qui n'ont même plus l'énergie de la trouver..
L'instinct de survie qu'on réussit à attraper au vol quoi.
Toi comme moi, on a eu cette ressource, au dernier moment, c'est peut-être
un coup de bol aussi, le choc qui fait qu'on met la même énergie à s'en sortir
très vite que celle qu'on a eue à se détruire si longtemps.

Le suicide, c'est encore un autre cas de figure j'ai l'impression. 
Celui de la semaine dernière, il est mort de ses conso' mais il disait que sa
consommation était un lien avec son ex mort du sida qu'il voulait rejoindre.
Il y a une dizaine d'années, un copain de longue date s'était, lui carrément pendu, 
isolé de tout le monde et dépressif à cause de l'alcool.
Pfff, quels dégâts tout ça.

Là, tu parles du rapport à la mort des malades qui consomment. Mais, même
abstinent, surtout quand on est passé près, on garde un rapport quand même
spécial à sa propre fin.
Comme on l'a souvent dit, "on n'a plus peur de rien", c'est vrai dans le sens
où on s'en fout de beaucoup choses, vraiment beaucoup beaucoup.

Mais le fait de s'être patiemment, consciemment ou non, dirigés vers une fin
prématurée laisse des traces je crois.
Pour ma part, je me souviens tellement bien des situations de désespoir, de
tristesse ou de ras le bol intégral, de tunnel sans fin, que franchement je suis
souvent en train de réfléchir et de me renseigner sur "comment partir si vraiment.."
On sait à quel point c'est précieux et génial, la vie, mais pas sûr qu'on soit
tous vraiment acharnés si ça se met à ne plus nous convenir à un point
qu'on ne pourrait plus supporter parce qu'on saurait que, lucidement cette
fois, on aurait raison de se barrer.
lolo6
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Féminin 24/06/2012

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Message  ppp 3/12/2022, 02:14

lolo6 a écrit:

Là, tu parles du rapport à la mort des malades qui consomment. Mais, même
abstinent, surtout quand on est passé près, on garde un rapport quand même
spécial à sa propre fin.
Comme on l'a souvent dit, "on n'a plus peur de rien", c'est vrai dans le sens
où on s'en fout de beaucoup choses, vraiment beaucoup beaucoup.

Mais le fait de s'être patiemment, consciemment ou non, dirigés vers une fin
prématurée laisse des traces je crois.
Pour ma part, je me souviens tellement bien des situations de désespoir, de
tristesse ou de ras le bol intégral, de tunnel sans fin, que franchement je suis
souvent en train de réfléchir et de me renseigner sur "comment partir si vraiment.."
On sait à quel point c'est précieux et génial, la vie, mais pas sûr qu'on soit
tous vraiment acharnés si ça se met à ne plus nous convenir à un point
qu'on ne pourrait plus supporter parce qu'on saurait que, lucidement cette
fois, on aurait raison de se barrer.


MMmm. Mon oncle Normand, MA de longue date, avec qui j'ai beaucoup fêté dans ma vingtaine, s'est suicidé samedi dernier, il était rendu là. Comme ton ami d'il y a 10 ans, même moyen...

Il a laissé cette note : je vous aime, mais je n'en peux plus, je feel toujours mal, c'est insupportable. :-(

Quelle histoire. Nous sommes en plein dedans.
ppp
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Masculin 24/02/2019

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Message  rur@lcoolique 3/12/2022, 07:50

Bonjour.

lolo6 a écrit:[...] mais était trop dans la maladie pour prendre la décision d'arrêter.

C'est -hélas- le cas général. 50000 morts par an, en France, s'il y avait ne serait-ce que moitié moins d'arrêts on en entendrait parler !!!

L'idée de la mort comme "solution" m'a plus qu'effleuré, moi aussi, puis j'ai arrêté à l'arrache.

Mais comme l'alcool n'est pas immédiatement létal, malgré les trous noirs il est facile de rester dans le statu quo : la mort est presque désirable ET pour l'instant boire ne m'a pas tué, donc je continue à boire pour supporter ma vie devenue invivable. Malgré les signaux.

L'absence d'information sur la maladie et les soins joue à plein, à mon avis. Lorsqu'on cherche sur internet on tombe d'abord sur les AA, leur prière, leurs croyances et leurs rituels. De quoi rebuter les volontés balbutiantes (surtout que le forum eueopéen est tenu par des purs et durs).

Si on est encore dans l'isolement volontaire, à vouloir s'en sortir seul, (puisque la morale nous dit qu'on s'y est mis tout seul) donc pas prêt à franchir une porte à côté de chez soi, dans la vraie vie, alors rester dans la pratique "en modérant" apparaît vite comme la seule solution facile, rassurante parce que connue. Illusoire, certes, mais le malade vit depuis longtemps dans l'illusion, c'est même ce qu'il cherche.

Et plus il s'enfonce plus la mort apparaît comme unique porte de sortie, idée renforcée par le sentiment qu'il est seul responsable (coupable), victime de son destin...

La méconnaissance de sa maladie est percutée de plein fouet par la morale pendant que l'exposition permanente (publicité) de l'alcool heureux "modéré" accroît culpabilité et sentiment d'exclusion.

L'industrie n'a aucun scrupule à pousser vers la mort et à freiner délibérément toute initiative de santé publique qui pourrait nuire à ses intérêts. 80% du chiffre d'affaire provient des buveurs à problème ; s'ils ne meurent pad trop vite et que la relève est assurée, les profits sont garantis et illimités dans le temps.
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Message  SHALE 3/12/2022, 11:23

Que tu as raison Rur@, sur tout. La connaissance de la maladie alcoolique est fondamentale. C'est d'ailleurs pour ça que j'ai créé, en plus de ce forum, un groupe d'informations sur Facebook, où tous les jours j'écris un édito expliquant différents problèmes liés à la maladie alcoolique et surtout décrivant précisément son fonctionnement, un peu comme ce qu'on trouve dans la base de données, mais remis un peu à l'ordre du jour.
Quand j'étais en cure, le plus important pour moi, avec le travail psy, c'étaient les infos sur l'alcoologie, c'est aussi pour ça que j'ai continué à en apprendre le plus possible à ce niveau. smiles coeurs
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Message  tulipe noire 3/12/2022, 11:50

j'avoue que de lire ça!!! cela me renvoie à ma tentative de suicide, il y a 10 ans de cela.

 J'ai eu la "chance" d'avoir le cadre où il y avait le portrait de ma fille qui dans sa chute a entraîné un vase, cela a fait un tel bruit que cela m'a retenu de continuer la prise de la boite de médoc. En voyant son portrait brisé par la glace, je me suis dit, je ne peux pas lui faire ça!
J'étais submergée par les injonctions de ma PN, par l'Urssaf, par la mort de mon chien, par .....
J'ai retrouvé la lettre que j'avais écrit avant ce choix d'en finir, de fuir. Où j'écris "sors de ce corps Lucifer"( encore une expression de ma cinglée). Cette lettre je l'ai conservée longtemps, pour la relire en cas de doute, il y a peu je l'ai déchirée.
C'est tellement vrai qu'on peut avoir aussi ce choix de passer à l'acte sans retour à cause de ce poison.  Crying or Very sad
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Message  cristal 3/12/2022, 12:30

Quand je vous lis, je me rends compte où l'alcool aurait pu me mener , j'ai eu la chance de ne pas connaitre la dépendance physique et tout ce que cela implique, je trouvais déjà terriblement dur ce que je vivais mais je me rends compte que c'était rien comparé à cet enfer que vivent les MA dépendant physique, en arriver à souhaiter la mort ,seule solution pour arrêter  l'enfer, quelle horreur . Il vous en a fallu du courage pour vous extirper de ce démon si puissant, je suis vraiment heureuse d'avoir dit stop avant d'en arriver là .
je n'ai jamais pensé à la mort comme solution , pour moi, il fallait juste que j'arrête de boire ...trop  Crying or Very sad
cristal
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Message  SHALE 3/12/2022, 13:15

Quand je dis que la dépendance physique c'est l'enfer, j'en parle en connaissance de cause. C'est ce que j'ai vécu de pire....Alors oui, arrêtez vous avant d'en arriver là.. Crying or Very sad
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Message  ppp 3/12/2022, 13:37

cristal a écrit:Quand je vous lis, je me rends compte où l'alcool aurait pu me mener , j'ai eu la chance de ne pas connaitre la dépendance physique et tout ce que cela implique, je trouvais déjà terriblement dur ce que je vivais mais je me rends compte que c'était rien comparé à cet enfer que vivent les MA dépendant physique, en arriver à souhaiter la mort ,seule solution pour arrêter  l'enfer, quelle horreur . Il vous en a fallu du courage pour vous extirper de ce démon si puissant, je suis vraiment heureuse d'avoir dit stop avant d'en arriver là .
je n'ai jamais pensé à la mort comme solution , pour moi, il fallait juste que j'arrête de boire ...trop  Crying or Very sad


Même chose pour moi, mais j'ai déjà connu une prériode de détresse où j'avais ralenti l'alcool. Je commençais à avoir de noires pensées, mais j'ai pris action et ai démanagé vers la ville (MTL), là où étais mon réseau social. Cela s'est passé alors que je sortais de mes études pour retourner dans ma région d'origine pendant 5 ans, isolé.

Maintenant, comme le dit lolo, c'est en banque, je le sens bien, je comprends ce dont tu parles lolo et tu as raison. On ne peux faire l'autruche.

J'avoue qu'avec ce cancer et son stade je pense à cela parfois, je veux dire, ne pas m'emmerder avec une fin de vie pas possible, totalement désagréable. Ce qui me fait chier, c'est les médicaments (opioides) pour les grosses douleurs, c'est le comble pour moi ça. Je me sens bien coincé. J'ai un flacon d'opiodes (dilaudid ici, antalgique niveau 2, je ne me rappelle plus le nom chez vous), l'oncologue m'a prescrit lors des douleurs fortes aux os du bassin en mars, mais les traitments d'hormonothérapie ont fonctionné et je n'ai pas ouvert ce flacon, ouf! J'aimerais bien trouver un médoc moins invasif que cet opioide pour la douleur si elle se présente un jour. Cela me fait royalement chier, car il y a tolérance avec ce produit... Et la crise des surdoses qu'on vit présentement, ben il y a pas mal de monde qui sont allé sur le Net ou à la rue pour s'automédicamenter, et prendre de la cochonnerie contentant le Fentanyl... Cela doit être les profils "dépendant" parmi les soignés, vous me voyez venir...

Bon j'arrête, je parle d'un autre sujet là :-/
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La relation à la mort du malade alcoolique Empty Re: La relation à la mort du malade alcoolique

Message  lolo6 4/12/2022, 02:25

Oh la la ppp, comme c'est terrible tout ce que tu vis là Crying or Very sad
Et pourtant tu sais toujours trouver tout ce qu'il y a de bien pour positiver!
Et on sait à quel point c'est important pour vaincre ce satané crabe, vivement
le jour où ce sera derrière!

Oui, les addictions aux opioïdes c'est peut-être un autre thème, mais là encore
quel courage d'avoir réussi à ne pas les prendre. 
Et avec toutes tes études en addicto, j'imagine que ça donne aussi un sens
supplémentaire à la résistance à ces prises de médocs dont tu connais les suites.

Il y a des fils, des liens sur le forum qui sont super pointus dans le domaine.
Étant tout à fait faignasse sur la lecture sur écran, j'avoue je n'ai pas la patience,
mais il y vraiment de quoi pour ceux qui veulent approfondir! smiles
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La relation à la mort du malade alcoolique Empty Re: La relation à la mort du malade alcoolique

Message  ppp 4/12/2022, 15:32

Je sais lolo j'ai bon moral, pour l'instant tout va bien, les traitements, moi, etc. C'est cette impasse qui me fait c...... en venir à prendre une médicamentation, dans les derniers kilomètres, qui rend addict. C'est le comble.. Mais bon, on est pas rendu là, il peut se passer bien des choses d'ici là et c'est peut être très loin dans le temps ce que j'anticipe  Very Happy
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