Le malade alcoolique et la mort...

La mort dans la vie d'un malade alcoolique...
Message  SHALE le Dim 24 Fév - 20:56

On pense plus souvent à la mort qu'on en parle quand on est malade alcoolique..
Tant que nous buvons nous l'oublions, mais quand nous sommes à jeun, ça revient nous hanter, et il nous faut boire à nouveau, faute de nous rassurer!
On peut se demander quelle est la place de la mort chez le malade alcoolique, comment la voit-il, est-il conscient que sa maladie est mortelle?La mort dans la vie d'un malade alcoolique... Empty

La mort est très présente chez le MA. Son désespoir devant son incapacité à s'arrêter de boire appelle souvent la mort. Boire jusqu'à l'oubli le plus total est aussi un état proche de la mort telle qu'on peut l'imaginer, ne dit-on pas "ivre mort".
Mais le pire c'est l'obsession de la mort quand on est à jeun. La mort nous apparaît comme la seule solution pour mettre fin à notre malheur insoutenable, on ne voit aucune autre issue. De plus elle nous apparaît souvent comme un châtiment mérité tant l'alcoolisme est souvent synonyme de honte.

Le désespoir infiltre tout nos projets, on sait qu'on ne peut plus faire de projection sur l'avenir car on se heurte toujours à ce qui est notre seule but dans la vie: trouver notre dose quotidienne.Néanmoins, et heureusement, il nous reste souvent malgré tout, un indéracinable espoir de s'en sortir un jour. Tant qu'on ne le perd pas, on peut encore s'en sortir car le déclic part de là...

Il y a plusieurs stade dans l'alcoolisme, là, je vous parle de la dépendance la plus grande, c'est l'état que j'ai connu.
Le jour où j'ai décidé d'appeler l'alcoologue, j'ai fait le choix de vivre, mais ce choix n'a pas été facile à faire, j'ai longtemps pesé le pour et le contre :continuer et mourir ou essayer de me faire prendre en charge avec l'angoisse chevillée au corps de ne plus avoir d'alcool à disposition...Je crois que si je n'avais pas eu un rendez vous très vite, j'aurais choisi la deuxième solution...
Pour vous quelle place lui donniez vous dans votre vie de malade alcoolique quand vous étiez encore dans l'alcool??

Te lire m'a mis mal à l'aise à vrai dire ... je me suis projeté quelques mois en arrière 

C'était effectivement le châtiment mérité, limite attendu ...

Cela fait tout juste 5 mois .... que 5 mois que j'ai divorcé du petit singe ... mais pourtant ça a complètement changé ma vision des choses 

Heureusement que ces 5 mois ont changé ta vision, car l'alcoolisme on dit souvent à juste raison , que c'est un lent suicide....Tu es reparti dans la vie, la vraie et tout ça est derrière toi, alors c'est du tout bon..

oui du tout bon  Cela dit ça fait une piqure de rappel 

j'ai eu la chance de ne pas être allée trop loin dans la dépendance,je n'ai jamais associé la mort avec l'alcool,je n'y ai même jamais songé.Mon desespoir se cantonnait à avoir honte de ne pas arriver à arrêter de boire mais je me disais que c'etait parce que je n'avais pas de volonté,que j'etais une incapable.Le desespoir me poussait juste à me detester d'avantage mais pas au point de me voir mourir.
Ce doit être terrible à vivre de ne voir comme issue que la mort,je suis bien contente d'en être sortie avant d'en arriver là   quelle force vous avez eu tout de même!!!

Je crois que c'est ce qui était le plus dur à vivre pour moi, ne voir que la mort comme solution...

Voir la mort comme ultime solution ne m'a jamais effleuré l'esprit! 
Malgré mes 35 ans de maladie j'ai toujours cru qu'un jour ou l'autre je me soignerai, mais quand ??? je reculais, cependant cela devenait de plus en plus compliqué, la dépendance devenait trop importante, j'avais envie de sortir de cet enfer, de cet enfermement! 
demain , toujours demain, 35 ans de demain, on ne s'y habitue pas! on vit mal avec, voilà c'est tout! mais non c'est un triste constat, c'est un peu un état de mort vivant. 
J'aurai presque souhaité avec ce fichu diabète plus tôt! maintenant mon passé ne doit plus impacter mon avenir, c'est l'une de mes devise

Je ne suis pas MA mais je cotoye depuis de longues années mon mari MA abstinent depuis quelques semaines et ton post m'a beaucoup émue Shale car j'ai souvent ressenti cela en face de mon mari dans des états impossibles. Je pensais qu'il allait mourir et cela me terrifiait d'assister à ce suicide en direct. Je n'ai jamais parlé de cela avec lui mais cela m'a beaucoup hantée quand je le voyais dégringoler chaque jour un peu plus. Sa souffrance était palpable quand il était à jeun et il ne trouvait que l'alcool pour la diminuer. Je crois qu'on a chacun un rapport avec la mort particulier d'autant que dans nos sociétés elle est bien cachée, comme si nous étions éternels. En cotoyant des parents très agés je comprends les angoisses de ce mystère, de ce vide sans retour. Je ne m'y habitue pas. Le malade alcoolique flirte avec la mort par moment. En est il conscient ?

A la fois, on en est conscient mais aussi souvent on la souhaite presque car nous sommes aussi tellement conscients de notre déchéance que nous sommes incapables de trouver d'autres solutions....
Le matin où j'ai décidé de me soigner, je dois dire que j'ai longtemps hésité...J'avais reçu mes analyses de sang et elles étaient plus que catastrophiques, au téléphone mon médecin m'a dit qu'à ce rythme là, il ne me donnait même pas un an à vivre....Et pourtant j'ai hésité à me soigner ou à me laisser glisser....J'étais absolument incapable de concevoir que je pourrai vivre sans alcool, c'était au delà de ma compréhension... Au final, j'ai pensé à mon fils, et j'ai appelé l'alcoologue qu'on m'avait conseillé. Il a du comprendre qu'il y avait urgence car il m'a casée dans son planning pourtant serré....Heureusement car s'il n'avait pas pris aujourd'hui, je ne pense pas que j'aurais eu la force de rappeler un autre jour...
Alors on est effectivement conscient de notre état, on souffre énormément d'être prisonnier de ce produit mais on ne pense pas qu'il soit possible de vivre sans alcool.....Il y en a pas mal qui vont jusqu'au bout et qui se suicide avec l'alcool, car c'est bien un suicide, pas autre chose....