L'alcool incontournable dans nos sociétés?

Si l'on entend de plus en plus parler des dégâts de l'alcool dans nos sociétés par des articles de presse, des émissions télévisées ou même des actions du type "dry january", il serait mensonger de ne pas considérer l'impact de sa puissance dans nos quotidiens.

Je me faisais dernièrement plusieurs réflexions à ce sujet avec des exemples concrets, en me rappelant certaines situations ou à la lecture de plusieurs fils ici même :

Pourquoi donc les boissons non-alcoolisées du type vin/bière/champagne et autres cocktails sont-elles systématiquement placées dans les supermarchés au beau milieu du rayon alcool? La tentation du diable!
Quelle est donc cette hypocrisie qui semble dire qu'il ne faudrait tout de même pas froisser les producteurs d'alcool? Et quoi? Briser le lobby? La solution serait donc de planquer ces quelques rares bouteilles sans le pervers nectar au milieu du reste qui trône avec fierté pour que jamais ces rayons ne soient désertés?
Petit clin d'oeil amusant : je revois les regards médusés et accusateurs des clients à la caisse lorsque dernièrement j'ai déversé quelques 8 bouteilles de d'Artigny sur le tapis roulant...   Ben oui, c'est trompeur!

Pourquoi aussi cette insupportable propension des gens à insister lourdement "Ben alors tu bois pas? Allez! Prends en un quand même! T'es sûr? Tu veux vraiment pas un p'tit verre?" à la moindre occasion? Il semble impossible de dire simplement qu'on est MA et abstinent. On ne peut pas dire non, c'est tout de même dingue!

Aux Etats-Unis, la maladie alcoolique est considérée, elle existe. Sans tabou. Le MA qui annonce être abstinent est respecté et entendu. Personne ne va lui proposer de breuvage alcoolisé et il aura accès à une variété de boissons qui lui conviennent, sans que cela pose le moindre problème.

Ici en France, comme j'imagine dans les pays latins et anglo-saxons, on dirait que c'est presque une honte que de ne pas boire. L'offre sans alcool est, si elle est présente (ce qui n'est pas toujours le cas), réduite à peau de chagrin.
Les restaurateurs font la gueule si on ne demande qu'une carafe d'eau et là encore, l'offre sans alcool est limitée, même s'il faut l'admettre, ceci a quelque peu tendance à s'améliorer.

Bref, rien n'est fait pour favoriser une liberté de consommation, au contraire l'alcool est prégnant partout, fourni presque comme une obligation, un incontournable.

Sans parler des soirées privées où il est impossible d'assumer cette maladie, le jugement est immédiat, le regard incrédule, on est un ovni finissant souvent exclu du groupe qui lui, se défonce.
Paradoxalement, si l'on boit trop, on est tout autant jugé, montré du doigt, catalogué ou indésirable pour les fois suivantes, moqué, ridiculisé. L'intolérance à son comble!

C'est culturel. Le vin fait partie de notre vie, comme le whisky en Ecosse ou la bière en Allemagne pour ne parler que de clichés.
J'ai souvenir du premier verre de vin rouge coupé à l'eau à l'âge de 7 ans parce qu'il fallait habituer le palais aux plaisirs de la chère. Les pêches au vin l'été au même âge, si ce n'est plus jeune. On en est imprégné comme si l'on devait s'y conformer. Une incitation à un alcoolisme bourgeois qui ne dit pas son nom en quelque sorte.

La maladie alcoolique est pourtant fréquente, peut-être de plus en plus, je ne sais pas. Mais elle n'est toujours pas assumée comme telle et cet aveuglement entraîne des comportements délétères. Il serait sans doute temps de rendre l'intolérance tolérante et la tolérance intolérable.

Et vous, quelles sont vos expériences? Que remarquez-vous qui vous dérange, vous insupporte, vous désespère peut-être parfois?
Quelles sont vos solutions?

La culture française tourne depuis toujours autour du vin, bon ou mauvais d'ailleurs.
Il y a effectivement le poids des lobbys alcooliers, qui sont bien plus importants qu'on ne l'imagine, mais il y a aussi les facteurs individuels. Beaucoup d'entre nous ont un problème plus ou moins important avec l'alcool, refuser un verre à une de ces personnes la renvoie à sa problématique alcoolique et ça, c'est insupportable. Je me souviens quand je buvais, à la fois, j'enviais et je détestais ceux qui ne buvaient pas d'alcool.
Quand une personne vit mal que l'on refuse un verre, il faut toujours se dire qu'elle a sans doute un problème, elle-même, avec l'alcool.
Dans les restaurants, ça a tout de même bien changé, le message ne pas conduire quand on a bu est bien passé, sauf pour les malades alcooliques dépendants qui l'outrepassent souvent. Alors sur les tables, on voit souvent des carafes d'eau et parfois un ou deux verres de vin, c'est tout.
Pour les bouteilles sans alcool, cachées parmi celles avec, ça m'a toujours marqué, car il me faut fréquemment les chercher tant elles sont mélangées aux autres. Le pourquoi m'échappe un peu, comme si les commerçants avaient honte de vendre ces bouteilles non alcoolisées. Il y a un concept de honte et de culpabilité qui traîne là, mais j'ai du mal à l'analyser clairement.

SHALE a écrit:La culture française tourne depuis toujours autour du vin, bon ou mauvais d'ailleurs.
Il y a effectivement le poids des lobbys alcooliers, qui sont bien plus importants qu'on ne l'imagine, mais il y a aussi les facteurs individuels. Beaucoup d'entre nous ont un problème plus ou moins important avec l'alcool, refuser un verre à une de ces personnes la renvoie à sa problématique alcoolique et ça, c'est insupportable. Je me souviens quand je buvais, à la fois, j'enviais et je détestais ceux qui ne buvaient pas d'alcool.
Quand une personne vit mal que l'on refuse un verre, il faut toujours se dire qu'elle a sans doute un problème, elle-même, avec l'alcool.
Dans les restaurants, ça a tout de même bien changé, le message ne pas conduire quand on a bu est bien passé, sauf pour les malades alcooliques dépendants qui l'outrepassent souvent. Alors sur les tables, on voit souvent des carafes d'eau et parfois un ou deux verres de vin, c'est tout.
Pour les bouteilles sans alcool, cachées parmi celles avec, ça m'a toujours marqué, car il me faut fréquemment les chercher tant elles sont mélangées aux autres. Le pourquoi m'échappe un peu, comme si les commerçants avaient honte de vendre ces bouteilles non alcoolisées. Il y a un concept de honte et de culpabilité qui traîne là, mais j'ai du mal à l'analyser clairement.

"quand je buvais, à la fois, j'enviais et je détestais ceux qui ne buvaient pas d'alcool." Moi aussi!

Tu as raison pour les restaurants, je remarque aussi ce réflexe. D'ailleurs, parfois certains soirs quand j'avais envie de boire, je m'arrangeais pour aller au resto pour justement limiter ma consommation, entre le coût et le fait de conduire, ça m'aidait. Il n'empêche que beaucoup ne propose qu'un choix très limité et banal de boissons non alcoolisées, les éternels sodas ou jus de fruit. Il n'y a pas d'alternatives et c'est dommage.

"comme si les commerçants avaient honte de vendre ces bouteilles non alcoolisées", c'est ce que je sous-entend dans mon post, il y a comme une gêne à présenter ces produits, d'où mon hypothèse d'une pression des lobbys de l'alcool. Honnêtement quand j'ai cherché les bouteilles de d'Artigny l'autre jour je me suis logiquement dirigée vers le rayon des sodas/jus de fruits pour me rendre compte finalement qu'ils étaient placés au milieu des vins pétillants. Les spiritueux et autres mocktails tout prêts étaient quant à eux coincés entre les cidres et les bouteilles de pastis. Et les bières 0% sont... avec les bières!
Quand tu penses que lorsque tu es abstinent, a fortiori au début, tu fais tout ce que tu peux pour contourner le rayon alcool, c'est assez énervant de voir que tu aies obligé de plonger les deux yeux dedans pour trouver la béquille qui va t'aider à ne pas boire. On marche sur la tête.

"Quand une personne vit mal que l'on refuse un verre, il faut toujours se dire qu'elle a sans doute un problème, elle-même, avec l'alcool." Je trouve cette remarque très intéressante, je n'avais jamais regardé les choses ainsi, sans doute trop immergée dans la peur du jugement et la culpabilité. C'est une manière très réelle de voir les choses sans la déformation que notre fragile mental impose. Merci Shale!