Tu n'as aucune volonté....

TU N'AS AUCUNE VOLONTE....

Tu n'as aucune volonté ! Combien de personnes pensent ça et le disent devant un malade alcoolique, sauf que notre maladie n'a rien à voir avec la volonté...

Quand on commence on ne peut plus s'arrêter
L'alcool est normalement superflu.
Lorsque le corps a besoin d'aliments solides, l'esprit reçoit un message qui s'appelle la faim.
Lorsque le corps a besoin d'aliments liquides, l'esprit reçoit un message qui s'appelle la soif.
Lorsque le signal de faim se manifeste, on pense de plus en plus à manger. On finit même par ne penser plus qu'à ça si le repas se fait attendre.

Mais ces signaux de faim et soif ont leurs contraires : les "signaux de satiété".
Ils coupent la faim au bon moment. Au-delà, manger ou boire devient pénible. Ces contraires sont très importants pour notre santé : ils ajustent la prise d'aliments à la quantité voulue pour les besoins du corps. Ils évitent de graves maladies par surcharge. Ces signaux sont d'une extraordinaire précision. En une année nous mangeons près d'une tonne d'aliments et pourtant notre poids demeure identique, quelles que soient les fantaisies ou variations passagères. Un petit dérèglement dans l'apparition des signaux entraînera maigreur ou obésité.

Ces choses se passent pour tous les aliments et boissons sauf pour certains :
-le chocolat : pour presque tout le monde, le chocolat ne fait pas apparaître les signaux de satiété mais au contraire augmente l'envie au fur et à mesure que l'on en mange.
-l'alcool entraîne la même réaction, mais seulement pour 8 à 11% des personnes : les alcoolo-dépendants.
Chez le malade alcoolique, l'alcool empêche non seulement l'apparition du signal de satiété mais rend le besoin plus vif. Cette réaction constitue tout le danger de la maladie puisqu'elle va en sens contraire des lois biologiques, donc de la vie. Pour lui, dès qu'il y a de l'alcool dans le corps, boire encore n'arrête plus l'envie de boire mais l'augmente. Personne, alcoolique ou pas, ne peut arrêter la consommation d'un produit qui, chez lui, augmente lui-même l'appétit de le consommer.
Normalement, quand on a bien mangé, on n'a plus d'effort de volonté à faire pour arrêter. C'est ainsi que les personnes sobres s'arrêtent de boire. C'est même pour cela qu'elles sont sobres. Ceci est peut-être pour vous difficile à imaginer. Vous êtes tous allés au restaurant ou à la terrasse d'un café. Il ne vous a pas échappé que des voisins quittaient parfois la table laissant une bouteille de vin ou de bière non achevée. Cela a pu vous paraître impensable. Pourtant, dans le même moment vous avez vous-même laissé du pain dans la corbeille sans même y penser. C'est de la même manière que ce voisin de table a abandonné ce reste de boisson. Il ne l'a pas fait parce qu'il aurait eu plus de volonté ou plus de force de caractère. Simplement, pour lui l'envie de vin avait disparu, comme pour vous-même l'envie du pain que vous avez laissé. Il y a donc une différence entre vous et les autres ; votre envie persiste et augmente à mesure que vous buvez de l'alcool.

En conclusion :
La volonté n'a donc pas grand-chose à voir avec la maladie alcoolique. Par contre elle joue un grand rôle dans le traitement. La difficulté est bien sûr de trouver de la volonté lorsque celle-ci est anéantie : là, en particulier les groupes d'entraide jouent un rôle fondamental.

Pour bien comprendre ce phénomène, il faut aussi se renseigner sur la dépendance alcoolique qui entraine une tolérance anormale mais qui permet que l'on n'arrive jamais à satiété avec l'alcool.

Hello, 

Encore une fois, très bon message qui touche juste: Combien de fois a-t-on entendu, ou nous nous sommes dit à nous-même: tu/je n'as/ai pas assez de volonté pour arrêter !!! Si ce n'était qu'une question de volonté, nous aurions pu arrêter les ravages que cela a fait, éviter les rechutes.
Est-ce par manque de volonté que j'ai détruit ma cellule familiale ? Est-ce par manque de volonté que je me suis effondré à la ludothèque, laissant ma fille seul en attente que son frère vienne la chercher? Est-ce que c'est par manque d'amour pour cette même famille ?
Je ne le crois pas, à un moment l'alcool est plus et la volonté n'intervient effectivement plus puisqu'on ne reçoit plus ces signaux de satiété ...

Comme beaucoup de personnes, d'amis ou même de co-dépendant, mon père pensait certainement un peu la même chose. D'ailleurs ne dit-on pas "Quand on veut, on peut". Mais l'année dernière, alors que j'étais chez eux en attendant de partir pour ma post-cure dans les Pyrénées, il m'a accompagné à une réunion des AA du coin. Il a écouté tous ces témoignages, ces épreuves que les personnes présentes avaient vécues, ce qu'elles avaient traversé, et là, la question de la volonté a disparu: il a pris conscience que c'était une maladie, grave, dont il était difficile de sortir.
Son comportement vis à vis de mon alcoolisme a radicalement changé: je n'étais pas hors alcool à ce moment, je buvais très régulièrement lorsque je sortais de la maison, et un jour où j'avais commencé à boire la matin, ma "faim" pour l'alcool a continué et m'a harcelé dans l'après-midi. Je n'avais plus rien à boire dans ma chambre, alors j'ai discrètement subtilisé un de ces magnums de pastis entamé qu'on peut trouver en Espagne et je l'ai monté dans ma chambre. Je pouvais donc boire en toute tranquillité, montant et descendant de temps en temps pour les voir et leurs montrer que j'étais toujours "vivant".
Mon père a du se douter de quelque chose, il est monté, je ne l'ai pas entendu, et il m'a surpris avec cette grosse bouteille, culot à la bouche. Sa seule réaction a été de me dire "Mais qu'est-ce que tu fais ? Allez donnes moi cette bouteille" et un peu plus tard me dire d'aller me coucher, et il ne m'en a jamais reparlé: il avait compris que la maladie avait été plus forte que moi. Son attitude vis à vis de mes problème a radicalement changé depuis cette rencontre, et maintenant, si j'ai bu dans la semaine et qu'il me pose la question, je lui répond franchement.
Pourquoi ? Parce qu'il sait que je bats pour m'en sortir, que je ne me complais pas dans cette situation, que j'essaye de tout mettre en œuvre pour aller mieux pour moi et mes enfants.

Alors, oui, ce n'est pas une question de volonté.
La seule volonté qu'on peut exiger d'un MA c'est de vouloir s'en sortir !
Alors plutôt que dire "Quand on veut on peut", je préfère dire "Vouloir, c'est pouvoir"

Merci pour ton texte

En plus, il en faut de la volonté aux malades alcooliques pour assurer une journée de travail , une journée à s'occuper de la maison ou des enfants, une journée à faire tourner les tâches quotidiennes indispensables tout en étant alcoolisé et en ne rêvant que de dormir pour cuver..La volonté de tenir debout contre le poids de l'alcool qui nous enfonce de plus en plus......Les non malades alcooliques ne peuvent pas imaginer ce que j'écris là et pourtant c'est une vérité que nous, MA, nous connaissons bien....

La seule volonté qu'on peut exiger d'un MA c'est de vouloir s'en sortir !
Alors plutôt que dire "Quand on veut on peut", je préfère dire "Vouloir, c'est pouvoir"

tu as tout dit!!
c'est cette histoire de perte de satiété qui m'a permis d'oter ma terrible honte et ma culpabilité;c'est en comprenant que je n'etais pas nulle ou incapable mais juste guidée par un cerveau en dysfonctionnement que j'ai pu croire que l'estime de moi pourrait revenir. Si j'avais lu ce texte alors que j'etais dans l'alcool,je crois que cela m'aurai beaucoup aidée et que j'aurais arrêté plus vite de me détruire et de me punir.
Merci pour ce post qui va j'en suis sure aider beaucoup de MA dans la souffrance 

Le chat tu écris très bien ! J'adore ton témoignage, inspiré du contenu de Shale. Tu as placé ton histoire dedans, merci ! Très touchant !

ppp