Les différents types de buveurs

Je tiens à préciser à nouveau ce que sont les différents types de buveurs. Si vous avez des questions n'hésitez pas, je suis là aussi pour y répondre.
 
On parle souvent d'un alcoolique comme d' un ivrogne, un soulard, bref un mec qui a un vice, il boit….On le regarde avec mépris ou avec pitié, on plaint sa famille…C'est une vision qui vous paraît bien simpliste, enfin je l'espère, car l'alcoolisme est encore considéré comme une maladie honteuse.
On va faire un peu le point sur tout ça….Il y a alcoolisme et alcoolisme….


Il y a le buveur excessif, le bon vivant, qui boit fréquemment jusqu'à ne plus pouvoir tenir debout, mais qui le reste du temps , ne boit pas ou peu et qui peut travailler ou s'occuper de sa famille sans problème….Il pourra devenir alcoolique dépendant, mais pour le moment, il n'en est pas là..


Il y a le malade alcoolique dépendant et c'est ce mot dépendant qui fait toute la différence….La dépendance signifie que l'alcool a installé dans notre cerveau un processus qui empêche les endorphines, molécules du bien être , de se fixer et de nous donner la joie et l'énergie de vivre bien notre journée.
A la place l'alcool a mis en place une autre molécule ,la THP (tétrahydropapavéruline) une molécule très proche de celle de la cocaïne et qui remplace nos endorphines, produites elles naturellement par notre cerveau…Cette molécule THP provoque aussi , au début tout au moins, une euphorie agréable, un bien être, on se sent bien…Mais le problème c'est qu'il faut renouveler la dose d'alcool de plus en plus souvent pour continuer à avoir de la THP !
En même temps, nous avons acquis une grande tolérance à l'alcool, nous avons beau boire énormément, nous tenons debout et nous parlons quasiment normalement…Mais un beau jour, on ne peut plus augmenter notre consommation d'alcool sans que notre corps se rebiffe. Là, c'est le premier signe que tout va aller de mal en pis…..Le corps n'en peut plus d'être alcoolisé, les organes commencent tous à s'abîmer et à nous poser parfois de gros problèmes
Parmi ces malades dépendants, il y a ceux qui sont dépendants psychologiques. Ce sont ceux qui se servent de l'alcool comme d'un anxiolytique, qui en ont besoin non pas physiquement, mais uniquement psychologiquement pour ôter leur mal être permanent, pour gérer leurs émotions, pour se désinhiber, pour oser affronter la vie tout simplement.


Et puis il y a les dépendants physiques, là on peut parler de drogués, le comportement est le même qu'un drogué à l'héroïne, à part que leur drogue est en vente libre…Pour ma part, j'étais dépendante physique.
Si nous n'avons pas notre dose habituelle, nous sommes en manque, et le manque, c'est l'horreur…On souffre, physiquement , mentalement, moralement…On ferait n'importe quoi pour obtenir de l'alcool, d'ailleurs, on fait souvent n'importe quoi pour trouver cette dose d'alcool sans laquelle on ne peut plus vivre. Notre vie ne tourne plus qu'autour de la bouteille et cette vie là, c'est un enfer, je ne souhaite à personne de la vivre.
En fait, on se rend compte que c'est la dépendance qui fait de nous des alcooliques, cette dépendance ayant été provoquée par l'abus d'alcool au jour le jour….
Mais il faut tout de même préciser que tous les buveurs ne deviennent pas forcément dépendants, il y en a qui ne le seront jamais, d'ailleurs, on parle d'un gène de la dépendance
Ghyslaine Gimenes

Bonjour.

La présentation en trois stades, destinée à faciliter la compréhension, ne doit pas masquer une réalité importante que tout buveur se devrait de garder à l'esprit :

il n'y a pas de paliers, l'évolution se fait en continu et l'on passe imperceptiblement du "bon vivant" à l'alcoolique le plus dépendant au fil de nombreuses années. C'est la raison pour laquelle il est si difficile de faire machine arrière, quand on prend enfin conscience du piège, quel que soit le "score" que l'on ait atteint sur cette échelle de la dépendance.

La cause est à chercher du côté de l'accoutumance ( > wiki < ) qui fait qu'insensiblement les alcoolisations croissent et l'organisme s'adapte. Mais alors il s'approche toujours plus de la saturation, du moment où il ne peut plus éliminer l'éthanol, de cette imprégnation qui déclenche et construit les processus physiologiques de la dépendance physique.

Et le cerveau, qui fonctionne bien plus par la chimie que par l'électricité (les liaisons neuronales sont chimiques) aura eu tout le temps de s'installer dans la dépendance psychologique, qui suffit déjà à elle seule à rendre le sevrage particulièrement difficile.
  
C'est un des biais cognitifs très fréquents (déni) de considérer que "Je ne suis pas encore alcoolique, ça va, je gère, il y a pire..." et il est directement lié à cette idée qu'il y aurait un stade, un état alcoolo. Alors qu'en fait on s'entraîne continûment à le devenir, sans y prêter attention avant d'être déjà bien engagé dans le processus. Quand je dis "bien" engagé...

Tu as tout à fait raison rur, merci de compléter et de préciser cet édito. C'est vraiment important.
Par contre les buveurs excessifs connaissent la tolérance, mais elle n'intervient pas dans leur cerveau, ils peuvent arrêter du jour au lendemain et ne jamais devenir dépendants. C'est assez étonnant. 

Ce qui n'est certainement pas le cas général, comme en témoignent et les bénéfices des alcooliers et les 50000 morts de l'alcool, chaque année en France...

C'est de la chimie : en dépit de variations génétiques (+/- bonnes capacités à synthétiser les composés nécessaires à la dégradation de l'éthanol en acétaldéhyde puis acétate) qui font varier les seuils, la physiologie connaît nécessairement des limites que l'imprégnation peut finir par dépasser.

Les plus "chanceux" (?) peuvent peut-être se maintenir longtemps et relativement facilement sous ces seuils critiques et/ou jouir de dispositions psychologiques qui ne favorisent pas la dépendance (donc l'usage compulsif).
Mais les autres effets délétères de l'alcool sur l'organisme ne leur seront pas épargnés pour autant ; il n'est plus à prouver que la consommation régulière, même modérée, est un facteur aggravant pour de très nombreuses pathologies. Dès 2 verres par semaine !