Quelques verres avec mon père...

Ceux qui me connaissent savent que je ne suis pas alcooliques dépendantes donc je consomme occasionnellement et dans certaines occasions.
Aujourdhui, étant seule depuis dimanche, j'ai eu envie d'inviter mon père au restaurant. J'ai commandé un plateau de fruits de mer (je les aime encore plus depuis que j'en ai mangé lors de notre rencontre forum), j'ai eu envie de champagne en apéritif et de d'un vin blanc en accompagnement soit deux verres disons 3 en tout ayant fini celui de mon père.
Pendant le repas, j'étais trés bien, trés conviviale et filiale mais après j'ai commencé à ressentir les effets de l'alcool et je me sentais mal.
Impression d'être dans une bulle, de ne plus rien ressentir, envie de dormir,limite nauséeuse, incapacité d'agir. En rentrant, j'ai bu de l'eau et ai du m'allonger pour que les effets s'estompent.
Je ne sais pas pourquoi j'avais si envie de partager ce repas avec de l'alcool avec lui.
Si je me rappelle son histoire, sa mère ma grand mère était malade alcoolique surtout avec du vin blanc. Etant petit garçon, il l'a vue ivre morte et devait quelquefois allée la chercher au bar. Je ne comprends pas pourquoi, mon père ne m'a jamais empéché de boire ,bien sur raisonnablement, il a même fait mon éducation par rapport à l'alcool en me faisant gouter différents vins dès mes 16 ans.
Ca ne me prive pas de ne pas boire car je n'aime pas les effets, par contre je dois avoir une sorte de fidélité ou "loyauté" par rapport à cette consommation

Isa qu'entends-tu par fidélité ou loyauté vis à vis de ta consommation et de ton père ?

Isa, je pense qu'effectivement tu as rejoué une partie de l'histoire familiale. Pourquoi avoir essayé de faire comme cette grand-mère, sans évidemment tomber dans les excès qu'elle a connu? Il y a sans doute quelque chose qui s'est joué pendant cette rencontre avec ton père.
Est-ce que vous vous voyez souvent tous les deux? Parle-t-il souvent de sa mère?
En tout cas, merci de te livrer ainsi, je sais que ce n'est pas facile mais je pense que c'est important pour toi aussi.
C'est peut-être aussi le moyen de réfléchir à la place que tient l'alcool dans ta vie de non malade alcoolique.
Gros bisous ma belle!

pour ton témoignage Isabel!
Je t'ai lue attentivement, plusieurs fois même, mais il me faudra un moment pour te répondre comme je le voudrais... ça va venir!

Bisous

pour ton témoignage Isa :

La partie MA qui est prépondérante ici est d'autant plus intéressante ( pour ma part ) vue de la tienne.
J'explique ce que je ressens :

Une historique bien sûr qui te fait te pencher sur la question mais plus encore;
Je ne sais expliquer ni expliciter mais cela me fait cependant ressortir cette note de ressenti en toi et cette (in)compréhension qui pourrait même te mener à l'expérimentation.

Nous ne nous connaissons pas assez Isa ; cependant cette voie me permets de me pencher sur quelque chose à penser que je pourrais développer plus tard .

Malau a écrit:Isa qu'entends-tu par fidélité ou loyauté vis à vis de ta consommation et de ton père ?

Pour moi aussi cette phrase m'interpelle et je ne comprends ces mots: "loyauté et fidélité" dans ce contexte.

Merci de nous faire partager ton ressenti. :lovely:

Etre ce que l'on a été, sachant que ce que nous avons été est bien plus que notre propre histoire.

C'est ce que j'entends derrière tes mots qui pour moi sonnent juste et bien.

Ton père a eu raison de t'éduquer comme il l'a fait.
Je fais pareil avec mes filles, je ne leur fais pas peur avec l'alcool, mais leur "montre"l'alcool.

J'ai mis des années pour me situer sur ce plan et mes dérives, elles ont droit à leur chemin.
Leur chemin qui de toute façon est marqué de mon alcoolisme.
Alors, je ne vais pas leur faire la moral, juste essayer de leur faire gagner du temps, en en perdant pas trop sur cette voie de garage.
Voie de garage? même pas sûr, car l'abstinence est une chance pour ceux qui la découvre, nous n'avons pas tous la chance de renaitre et de redistribuer les cartes de nos vies. L'abstinence, c'est cela aussi.

Paco

Shale, mon père est veuf depuis 9 ans, et je suis la seule personne avec mes enfants avec lesquelles il ait une relation affective. Il a toujours été comme ça, quand j'étais enfant je ne lui ai pas conu d'amis, juste des relations professionnelles sans aucun investissement amical visible.
Autant il ne parlait jamais de sentiment avant autant il arrive à en parler maintenant car il se sent quelque fois seul et ressent un peu plus le manque de l'autre qu'il arrive à exprimer.
Malgrès cela, à 82 ans il se débrouille encore trés bien tout seul, comme tous ces gens qui ont privilégié la gestion et l'organisation du quotidien. C'est comme une personne bien ancrée dans la terre qui commencerait à la fin de sa vie à ouvrir son coeur, ça ne veut pas dire qu'il est insensible bien au contraire, mais il a choisi de le barricader. Je l'invite tous les dimanches en général à la maison avec le père de mon mari également veuf.
Quand j'étais petite il me donnait l'impression d'un roc solide et il m'a donné une grande stabilité et assurance intérieure. Maintenant j'ai l'impression qu'il n'a que la carapace qui quelquefois est si mince que je sens à travers sa fragilité et je sens qu'il s'appuie sur mon regard pour reprendre une force. Quand je suis occupée et pas disponible pour parler de tout et de rien avec lui, je ressens sa souffrance. Alors je me pose, on discute et je lui donne mon sourire et un regard plus appuyé, cela se passe sans en parler directement mais je sens que ça lui fait du bien.
Par rapport à l'alcool, j'ai quelquefois l'impression qu'il projette sur moi un vécu qu'il a eu avec sa mère.
Une anecdote qui m'a surprise: Il y a quelques mois j'ai fait une crise de foie (trop de café,chocolat) Le matin mal de tête, nausée, vomissement..Mon père m'appelle, je lui dis que je suis malade, il vient dans la matinée sans que je le lui demande et attend.... Quand je me lève en fin de matinée, il me demande si j'avais fini de cuver (l'alcool..) vexée je lui explique que ce n'est pas l'alcool, je ne suis pas sure qu'il m'ai cru.

Finalement, je crois que j'ai toujours eu un role de mère en priorité pour mes enfants, puis pour mon mari , et aussi pour mes parents qu'ils fallait aussi préserver.
Autant vous dire que je n'ai pas eu de vrai adolescence, pas de crise contre l'autorité, les quelques essais étaient sévèrement réprimés.

Il me semble évident que ton père projette sur toi l'image de sa mère et que toi, tu entres un peu dans ce jeu là, en fait le terme jeu est mal choisi car ce n'est pas un jeu du tout, c'est une période importante pour vous deux à différents niveaux qui se rejoue.
Ou alors a-t-il peur que tu deviennes comme sa mère? Je ne suis pas sûre que ce soit ça.
Sa mère, il l'a sûrement aimée mais ses sentiments ont du être mis de côté très vite, pour une raison ou une autre.
Mais cette partie de ton histoire est intéressante à creuser....
Gros bisous à toi!

je suis heureuse de te lire enfin mon Isa ,c'est rare de t'entendre parler de toi

je pense que ton père vieilli tout simplement et que tu joues le role de mère pour lui.Il a besoin de ton ecoute,de ton soutien et de ta comprehension.Tu as un role protecteur desormais,les roles sont alors inversés.mais ce qu'il retient aussi du role de mère,c'est l'alcool qui va avec d'où sa confusion lors de ta crise de foie.
Il n'avait aucune raison de t'empecher de boire tu sais,ça aurait ete le meilleur moyen pour te pousser a le faire.Il a fait ton education sans penser a l'alcoolisme de sa mère et a une eventuelle "heredité".mais je pense qu'a travers ses recits sur sa mère,tu as dû ressentir sa souffrance d'enfant et faire en sorte peut etre inconsciement de ne pas le devenir(MA).

peut etre aussi que pour te rapprocher de ton père,tu as voulu "apporter l'alcool"(celui du resto)pour avoir une relation "pere-fille" comme lui l'a eu avec sa mère,une façon de te sentir plus proche de lui peut etre .

je fais des hypothèse Isa,vois si ça te parle

Une anecdote qui m'a surprise: Il y a quelques mois j'ai fait une crise de foie (trop de café,chocolat) Le matin mal de tête, nausée, vomissement..Mon père m'appelle, je lui dis que je suis malade, il vient dans la matinée sans que je le lui demande et attend.... Quand je me lève en fin de matinée, il me demande si j'avais fini de cuver (l'alcool..) vexée je lui explique que ce n'est pas l'alcool, je ne suis pas sure qu'il m'ai cru.

Isa, en dehors de la frustration que tu as eu à ce moment là, j'aimerais savoir comment tu as vécu cela, ce que cela provoque en toi cette relation avec ton père ?

Shale, je n'ai pas l'impression que mon père soit inquiet à l'idée que je puisse boire (ce qui n'est pas le cas), par contre j'ai l'impression que quand il se l'imagine (comme vérifier le niveau de la bouteille de whisky qu'il amène pour son apéritif du dimanche) il est prêt à dire une parole humiliante du genre "tu n'as pas de volonté" . Quand tu dis que c'est comme un jeu , je crois que c'est moi qui entretiens aussi le doute.
Comme dis Cristal, mon père vieilli et a plus besoin d'attention, avant qu'il parte je veux vraiment partager des moments proches avec lui, est-ce que l'alcool serait un moyen d'être plus proche? Une image me passe par la tête, mon père m'avait dit que sa mère l'avait allaité durant ses deux premières années et c'est elle qui lui avait appris à lire, écrire et compter avant d'aller à l'école 7 ans. Donc elle a été trés proche et lui a apporté beaucoup avant de sombrer dans l'alcool.
Quand il en parlait il n'avait pas d'émotion apparente mais il avait l'air fière de sa maman à cette période là. Pour la période alcool, il en parlait comme quelque chose d'inéluctable qu'il fallait accepter.
On pourrais au contraire en déduire que l'alcool serait un moyen pour moi de mettre un écran avec une trop grande intimité avec lui...

Malau, je n'ai pas mal vécu la situation mais sur le moment j'ai trouvé son attitude ridicule sans le lui dire. Pourquoi venir s'il ne fait rien que d'attendre!!

isabel a écrit:

Malau, je n'ai pas mal vécu la situation mais sur le moment j'ai trouvé son attitude ridicule sans le lui dire. Pourquoi venir s'il ne fait rien que d'attendre!!

parce qu'il ne sait pas faire isabel Il veut se rapprocher de toi mais ne sait pa comment s'y prendre,il te laisse alors prendre les rennes et mener le jeu car il est trop faible et fatigué et aussi débutant ds ce domaine .Aide le si tu peux a s'exprimer enfin,tend lui une perche pour qu'il dise enfin ce qu'il a sur le coeur et profites en pour lui vider le tien

ce n'est qu'une suggestion ma belle,tu fais ce qui est le mieux pour TOI et pas pour lui Mais je sens que vous avez pas mal de chose a eclaircir tous les 2

bisou Isa

Isa, je te dirais moi aussi de te rapprocher de lui, pour toi d'abord. Une conversation à tous les deux vous ferait le plus grand bien

Bonjour Isa,
c'est étrange ce que tu écris . Ce matin j'étais en train de penser à ma relation avec ma mère . Mon père est mort voici 20 ans et , étant proche d'elle géographiquement (mon frère ne vit pas en France) je suis rentrée dans la peau de la protectrice de maman. J'ai respecté sa dépression et son alcoolisme (naissant ? ancien, ?) et pour la déculpabiliser, je me suis mise à l'accompagner . Je trouvais ça trop triste une dame veuve qui buvait seule et honteuse . Je suis une bonne fifille moi ! J'ai bravement plongé dans cet univers, et comme j'avais plein de failles et de trous j'ai coulé . Pendant 20 ans pour ne pas juger maman , j'ai nagé dans ses eaux troubles. Si tu savais combien je lui en veux aujourd'hui !! Nos relations étaient devenues infernales , nous étions dans la redoutable co dépendance . Une vraie horreur . J'ai sacrifié à maman , en toute innocence, croyant bien faire, beaucoup de mon temps de vie . Et alors ? je ne sais pas si c'est du temps perdu mais il m'a fallu une rude volonté pour émerger de ce cauchemar. J'ai regagné la berge mais je ne suis pas assez éloignée pour ne pas entendre ses appels . Elle a dominé mon existence pendant tant d'années . Je la pensais si fragile, je lui devais tant (la vie entre autres) et puis dans un vrai mouvement de désespoir j'ai arraché de moi tout ce comportement . Je suis encore très furieuse et je me ferme les oreilles avec les poings par moment . Mais je le dis bien haut : ça va franchement mieux .
Je n'attends plus rien de maman, pas l'ombre d'un remerciement pour les années données , elle n'y a vu que son dû. Maintenant c'est un peu la panique pour elle, forcément, je ne joue plus du tout dans son jeu . Je ne réponds jamais aux appels au secours d'une façon sentimentale . Il faut bien que je me trouve une place tenable .
Maman est âgée mais elle n'a pas perdu la tête et ça l'énerve aussi de ne plus pouvoir manipuler . Elle a par moments un côté tatie danielle que je regarde comme une performance d'acteur . Aujourd'hui je me refuse à m'inscrire dans son histoire , j'écris la mienne et je rejette au loin toutes les images de fille indigne et toutes mes idées de sauvetage en mère !!

Et , crois le, je l'aime beaucoup mieux qu'avant ma maman.
Voilà à quoi m'a fait penser ton post . peut être que ça n'a rien à voir avec ce que tu voulais dire ...

Il est beau ce témoignage Béa, si emprunt de vérité, de vécu..... tant de drames derrière tes mots, tant de maux........... c'est possible, tu l'as fait, on peut décider de ce que va être notre vie

En retournant sur mon profil, je viens de retrouver ce post que j'avais oublié!!
Et vous savez quoi?? Je suis allée manger au restaurant avec lui ce dimanche midi mes enfants étant partis avec leur père.
Comme par hasard, après ce repas je sens le besoin de revenir vous faire une petite visite.Mais cette fois, nous n'avons pris qu'une coupe de champagne chacun, je n'ai plus aucune gène et nous parlons du présent et de l'avenir. J'ai passé un trés bon moment puis nous sommes allés nous promener dans les jardins des granges de port Royal à Magny les Hameaux.
Je suis vraiment heureuse de passer des moments si agréable avec lui sur la fin de sa vie.

Béa, je me rends compte que tu avais longuement répondu à mon précédent post en me faisant partager ton vécu avec ta maman, je suis désolée de ne pas t'avoir répondue. Ton témoignage était trés touchant.

je crois mon isabel que tu as enormement changé et que cette renaissance meme si elle n'est pas un pb d'abstinence,te fais aborder les choses,les gens d'une maniere differente.ce qui va automatiquement impliquer un changement chez les autres vis a vis de toi
depuis un an,tu as enormement avancé,tu as mis en place des choses pour TOI,pour ton avenir et doucement,tu amenage ton environnement pour qu'il te corresponde,ton père en fait partie et je crois que ça lui a fait un bien fou

merci pour ces nouvelles tres positives ma belle,je tiens juste a preciser pour ceux qui ne te connaissent pas que tu n'es pas MA ,je le dis pour qu'il ne soient pas etonné de ne voir aucun commentaire sur ta coupe de champagne

bonjour Isabel,
Ben tu vois , j'avais carrément oublié ce post , y compris ma réponse . Ceci me permet de mesurer le changement aujourd'hui . Je tiens toujours ma position vis à vis de ma mère . Je refuse de plonger dans son désarroi mais ce refus n'est plus une contrainte , sa "demande" à elle a perdu son intensité . La tension entre nous s'est dissoute avec le temps et nous avons une relation normale , sentimentalement normale (avec plein de sentiments positifs ). La distance est donc très salutaire , pour elle aussi d'ailleurs .
Voilà .
Bises .