Comment aider

Bonjour à tous, 
Ma conjointe se reprend en main après une rechute et j'essaie de l'aider du mieux que je peux. J'aimerais avoir des conseils pour la soutenir et lui montrer que je suis présente pour elle sans l'étouffer et la brusquer. J'avoue que la situation est aussi compliquée pour elle que pour moi et j'ai souvent l'impression de marcher sur des oeufs, toujours peur de dire une bêtise qui pourrait la vexer. 
Merci beaucoup

Bonjour Victoire et bienvenue sur Onsaide, l'important en tant qu'entourage c'est d'être là mais sans entrer dans les soins , être à l'écoute mais ne jamais faire à la place (ne pas prendre ses rendez vous par exemple). Si c'est possible et je sais que c'est dur, ne pas la fliquer en cherchant ses bouteilles par exemple et lui faire confiance. Si elle s'alcoolise , ne pas ecouter son discours, tu ne parles pas avec l'alcool mais si elle est en soins et qu'elle a besoin d'une épaule, bien sur que tu seras là.
Il faut savoir qu'un MA qui est en sevrage et même après est très fatigué et a besoin de se recentrer sur lui même alors lui laisser son espace. Ta conjointe avait arrêté combien de temps?

Bonjour Cristal
Ma conjointe avait déjà tenté d'arrêter l'alcool avant que je la rencontre, je ne sais pas combien de temps elle était restée abstinente à ce moment là mais elle a retenté et a tenue un mois puis à pensé qu'elle pourrait reboire modérément ce qui s'est soldé par un échec. Aujourd'hui, elle est sobre depuis une semaine et même si elle ne me dit rien pour ne pas m'inquiéter, je sais que c'est très compliqué pour elle.
Je sais qu'il ne faut pas écouter le discours d'une personne sous alcool même si c'est difficile et extrêmement douloureux. J'aimerais savoir comment agir en cas de rechute? Je sais qu'il vaut mieux laisser la personne dans son coin si cela venait à arriver mais il est très dur pour moi de la voir se détruire sans rien pouvoir faire...

Le plus dur c'est effectivement cette impuissance mais il faut vraiment laisser le MA se débrouiller, je t'en dirai plus tout a l'heure je dois aller bosser

Merci

je voulais t'expliquer pourquoi il était important de laisser le MA se débrouiller, quand j'avais des soirées alcoolisées ,je partais me coucher et le lendemain, je retrouvais les dégâts de mon alcoolisation (verre sur la table, assiette non rangée, des trucs tombé...) mon compagnon de l'époque ne touchait à rien et c'est comme cela que je voyais ce que me faisait faire l'alcool, si il avait tout ramassé, je ne me serai souvenu de rien et j'aurais continué à boire puisque cela n'induisait aucun dégât  . Le MA doit se responsabiliser et combattre l'alcool en face à face, tu peux l'encourager, le féliciter mais tout ce qui concerne ses soins ou les dégats de l'alcool, c'est à lui de gérer.
Ce n'est pas une maladie comme les autres, normalement, le conjoint aide le malade dans la vie quotidienne, avec l'alcoolisme, il faut laisser le MA face à sa maladie, c'est cela qui le poussera à se soigner et à le vouloir vraiment 

D'accord je comprends. Elle fait vraiment beaucoup d'efforts pour s'en sortir. J'essaie de la laisser gérer et elle s'en sort bien mais je n'ose pas lui demander comment elle va, si elle prend son traitement... J'ai peur de la brusquer et lui faire penser que je n'ai pas confiance en elle. C'est peut être égoïste de ma part mais je me sens mise à l'écart et j'ai l'impression qu'elle n'a pas besoin de moi alors que c'est plutôt une bonne chose en fait ...

Tu peux lui demander comment elle va bien sur comme n'importe quel couple ,y'a pas besoin d'être MA pour demander comment ça va  Pour son traitement, elle le gère donc pas la peine de lui demander. Tu n'es pas à l'écart de sa vie mais à l'écart de sa maladie qu'elle gère toute seule avec l'aide de ses soignants, elle n'a pas besoin de toi pour son combat (sauf pour le soutien psychologique)mais elle a besoin de toi en temps que compagne. Soit avec elle comme avec une personne qui n'est pas malade, la maladie, c'est son monde et elle ne veut pas t'emmener dans ce monde là, c'est très intime et c'est à elle de t'en parler si elle en a envie, personnellement, je 'en parle que sur ce forum ,avec les proches, je n'en parle pas ,je n'ai pas envie de les emmener dans ce monde . C'est un peu son jardin secret, c'est important dans un couple de garder son jardin secret, tu dois en avoir un toi aussi, en tout cas je l'espère 

Merci pour tes conseils que je vais suivre du mieux que je peux. Je vais m'effacer quelques temps et lui laisser l'espace dont elle a besoin. Je sais que ça va être un peu compliqué pour moi car on est plutôt fusionnelles et que je ne suis pas très en forme psychologiquement pour le moment. Tout ce qui ce passe m'affecte beaucoup plus que je ne le voudrais et je ne veux pas lui rajouter une pression supplémentaire. Je ne sais pas vraiment vers qui me tourner en réalité mais ici je pense avoir trouvé le bon endroit je l'espère...

Ne t'efface pas si tu ne veux pas et si elle n'en ressent pas le besoin, c'est un ajustement à faire toutes les 2 avec du dialogue et de la compréhension, peut etre ne veut elle pas de cet espace mais en général, il y a des moments où le MA en soins a besoin de se retrouver seul avec lui même, juste, ne t'en offusque pas, c'est pas contre toi ni toi qui la gêne, c'est juste un besoin de se ressentir après s'être détruite si longtemps. Ecoute ton instinct et ne fais jamais es choses à contre coeur, il faut être en accord avec toi même

Même si c'est difficile, fais lui confiance, c'est la meilleure façon pour l'inciter à continuer le sans alcool. Si elle te sent angoissée, la surveillant sans cesse, elle aura du mal à le vivre et ça n'a l'aidera pas à avancer.
Par contre si elle te demande des conseils, là, tu peux lui en donner, mais pour ça, il faudrait que tu connaisses bien la maladie alcoolique. En allant jeter un oeil dans la base de données, tu dois pouvoir trouver des textes sur la dépendance, textes qui t'expliqueront les difficultés de se battre contre la maladie.

Bonjour Shale,
Je lui fait confiance, je vois qu'elle fait vraiment des efforts pour s'en sortir. Elle suit son traitement et va bientôt voir son médecin et un psychiatre. J'essaie de me renseigner au mieux sur la maladie alcoolique, surtout sur le forum où les choses sont expliquées de manière claire. Je suis vraiment fière d'elle et essaie de ne pas lui montrer mes angoisses. Je suis de nature assez anxieuse et même si je lui fais confiance, j'ai peur. Aussi bien pour elle, qu'elle se détruise à nouveau que pour nous et notre couple.

voici déjà un texte pour que tu comprennes mieux la maladie, il y en a d'autres mais ça devrait déjà t'aider à mieux connaitre la MA

L'ALCOOL:une drogue dure (infos sur la dépendance et la THP)

Merci pour le lien. J'ai lu l'article et comprends mieux la maladie. Maintenant je pense qu'il ne me reste plus qu'à travailler sur moi pour l'aider au mieux sans pour autant en faire trop. Merci beaucoup et bon dimanche

Bonjour,
Une semaine d'abstinence en plus pour ma chérie
Je suis vraiment fière d'elle . Notre relation s'améliore de jour en jour et nous retrouvons notre complicité et relation fusionnelle que l'ont avait avant. J'essaie de la soutenir au mieux et d'écouter ses besoins de temps pour elle. Je sais que rien n'est gagné mais elle me rends fière un peu plus chaque jour sans alcool. Je voulais vous remercier pour vos précieux conseils et vous souhaiter un bon dimanche

Je te mets un édito que j'ai écrit sur le détachement important pour l'entourage d'un malade alcoolique. 

Edito du 3 septembre

Je voudrais préciser ici le sens exact de ce mot en alcoologie. Nous l'employons souvent pour l'entourage des malades alcooliques, mais il peut être mal compris.
Dans ce cas, il a un sens très particulier. Le détachement, c'est le contraire de l'indifférence. Être détaché ce n'est pas ne plus aimer, c'est aimer différemment, en prenant de la distance vis-à-vis du comportement, non de la personne. Il ne s'agit pas d'abandonner l'alcoolique, mais simplement de ne plus se laisser entraîner dans les crises qu'il a suscitées, de ne plus faire les choses à sa place, qu'il s'agisse de payer ses dettes, de l'aider à ne pas perdre son boulot en mentant pour lui, de réparer ses bêtises, mais au contraire de le considérer comme responsable de sa conduite et de la manière dont il doit gérer sa maladie.
C'est reprendre notre liberté pour lui laisser la sienne.
Ce n'est pas facile, il ne faut pas se laisser submerger par la colère, le ressentiment ou les illusions. Ne pas être dupes de ses mensonges et le lui faire savoir, mais sans manifester de reproches, en le laissant gérer sa maladie. Il faut aussi énormément se protéger, car c'est quelque chose de très dur à assumer, on se sent très vite coupable, mais il faut vous dire que c'est le seul moyen d'aider votre proche malade alcoolique à toucher son fond et à avoir enfin envie de s'en sortir. C'est aussi le seul moyen de ne pas vous laisser entraîner avec lui dans sa maladie et de ne pas devenir co dépendant.
J'ai souligné les phrases qui me semblent importantes, on peut en parler une par une ou globalement comme vous voulez.
1)La première me semble très importante :
"c'est le contraire de l'indifférence"
Je ne pense pas que ce soit bien compris par tout le monde. Il faut réussir à séparer le malade alcoolique en deux personnes différentes, celle qui boit et l'autre qui est un être humain qui souffre. Pour nous, il nous faut ignorer l'alcool qui doit nous être indifférent pour penser à la personne que l'on aime et ne parler qu'à celle-ci, car l'autre, c'est l'alcool qui répond à sa place, ça n'a aucun intérêt.
2) C'est ce que je dis dans la deuxième phrase soulignée :
en prenant de la distance vis-à-vis du comportement, non de la personne. Il ne s'agit pas d'abandonner l'alcoolique
3) Ne plus faire les choses à sa place, veut dire le laisser gérer sa maladie, car il n'y a que lui qui puisse admettre qu'il est malade et qu'il peut demander de l'aide. Si quelqu'un d'autre le fait à sa place, ça ne marchera pas, il y a assez de cas pour le prouver. Il s'agit de lui rendre sa liberté de gérer sa vie en le responsabilisant
Le considérer comme responsable de sa conduite et de la manière dont il doit gérer sa maladie.
4) Là, nous parlons de notre attitude pour le bien du malade. Mais il y a aussi le côté du soignant, des proches à prendre en compte.
S'ils ne prennent pas de distances avec le malade alcoolique, s'ils rentrent dans ses délires, dans ses caprices, dans ses manipulations, dans ses mensonges, ils vont tomber dans la co dépendance et même s'ils ne boivent pas, on aura d'autres malades de l'alcool avec dépression, envie suicidaire, dans le meilleur des cas divorces.
Donc il faut nous aussi nous protéger et protéger notre vie.
Ne pas être dupes de ses mensonges et le lui faire savoir, mais sans manifester de reproches
Quand votre proche est trop alcoolisé, que toute discussion est impossible , là, il vaut mieux s'éloigner physiquement ou géographiquement et le laisser seul. Par contre , quand il est sobre, on peut essayer à nouveau de lui parler de sa maladie, en termes de maladie et de soins, pas en termes de reproches. On peut aussi lui écrire une lettre qu'il lira quand il ne sera plus sous alcool.
S'il veut venir vers vous et qu'il est ivre, vous tournez les talons en lui expliquant que vous aimez l'homme ou la femme, mais pas quand il est sous l'influence de l'alcool, que vous n'avez rien à dire à ce dernier
Le laisser gérer sa maladie en ne faisant rien à sa place pour le protéger de l'alcool, c'est aussi permettre qu'il touche son fond plus vite, c'est-à-dire qu'il se rende compte que l'alcool l'empêche de vivre, là, le début de la réflexion vers la sortie du déni commence.
C'est malheureusement le seul moyen de ne pas vous laisser entraîner avec lui dans sa maladie et de ne pas devenir co dépendant.
Bon, j'ai été un peu longue, je vais vous laissez maintenant dire tout ce que vous en pensez toujours dans l'optique d'en sortir un texte plus compréhensible par tout le monde.

Le détachement, comme tu as pu le lire si tu as eu le courage de parcourir mon texte, est vraiment important pour aider un malade alcoolique sans plonger, soi, dans la codépendance.
Mais je vois que tout va mieux, c'est vraiment encourageant et j'en suis heureuse pour toi.

Oui j'ai eu le courage de lire ton texte
J'ai bien compris l'idée du détachement et je compte bien m'y tenir même si j'espère ne pas en avoir besoin. Il est vrai que sans explications, on a tendance à faire exactement ce qu'il ne faut pas et je trouve très important pour les proches de s'informer sur la maladie.
Merci pour ta gentillesse et ta bienveillance
Bonne journée

Comme je suis contente pour toi Victoire :cor:C'est très important pour toi de bien connaitre la maladie car elle est bien différente des autres et on ne doit pas l'appréhender comme les autres. Tu as bien compris tout ça et tu es une aide précieuse pour ta compagne 

J'espère l'être en tout cas. Merci a toi