Pourquoi ?

Aujourd'hui, j'écris cet édito en espérant qu'à travers votre lecture, il m'apportera une réponse que je cherche depuis plus de 24 ans, époque où j'ai bu mon dernier verre.
J'étais alcoolique depuis de nombreuses années, je n'étais plus dans le déni, je savais à quel niveau de dépendance j'étais arrivée et en principe, je me soignais.
J'avais fait un séjour au CHU, séjour où toute la famille avait appris mon alcoolisme, avec brutalité . À cette époque, un malade alcoolique était très mal vu, même à l'hôpital.
J'avais un an plus tard fait un autre sevrage , après un coma éthylique dans un hôpital psychiatrique.
J'avais aussi suivi sans succès une cure en ambulatoire, j'ai appris depuis qu'étant dépendante physique, cette cure ne pouvait pas marcher.
J'avais décidé de me faire suivre par le psychiatre alcoologue de l'hôpital psychiatrique où j'avais fait mon dernier sevrage.
Il n'était guère sympathique, ne décrochait presque jamais un mot. Je parlais, de mon enfance, encore et toujours, de cette enfance, et je pleurais, les litres de larme que j'ai pu laisser sur son fauteuil, d'ailleurs, il n'avait même pas une boîte de kleenex à me proposer.
En même temps, je réfléchissais beaucoup pour essayer de trouver une solution, car je voyais bien que je ne m'en sortirais pas comme ça. Il fallait faire quelque chose.
J'ai pris, un matin où j'étais plus lucide qu'un autre, la décision d'appeler le seul alcoologue de la ville où j'habitais. Coupe de chance, il a pu me prendre en urgence le jour même.
Après avoir fait avec lui l'état des lieux, il me dit qu'il ne voyait que la cure pour m'en sortir. Je dois dire que je m'y attendais. Cette cure que je refusais depuis plus de cinq ans, j'étais enfin prête à l'accepter. Il prit un papier avec une liste de centres de cures et m'en entoura deux, en me disant qu'il pensait que l'une ou l'autre pourrait vraiment m'apporter quelque chose.
Aussitôt arrivée chez moi, j'appelais le premier numéro, celui du SHALE, un centre de cure qui fonctionnait comme les CALMES. Pour la première fois j'ai reçu un accueil très chaleureux au bout du fil. Une dame adorable me parlait de maladie alcoolique, je ne savais pas que c'était une maladie. Elle m'expliqua comment se passait la cure et me proposait d'y entrer trois semaines plus tard, ce que j'acceptais.
Le lendemain, j'avais une nouvelle séance avec le psy de l'HP, et je lui dis, toute fière, que je rentrais en cure dans trois semaines. Et là, je n'ai toujours rien compris à ce qui s'est passé.
Le psy s'est levé brusquement de son bureau et m'a dit d'un ton glacial, "et bien puisque c'est comme ça, j'arrête tout de suite les séances, vous pouvez partir". J'étais sidérée, en larme, je n'ai même pas pu lui demander pourquoi, il avait déjà ouvert la porte de son bureau et me faisait signe de sortir.
Je suis partie complètement déboussolée, me demandant pourquoi, qu'est-ce que j'avais fait de mal pour qu'il me traite comme ça.
Je n'ai toujours pas eu la réponse. Il y a quelques années, j'ai voulu retourner le voir pour avoir une réponse à ce pourquoi qui me hante toujours, il ne travaillait plus dans la région.
Alors si par hasard, vous avez vécu une telle situation, si vous avez des idées sur ce qui a pu se passer, je vous lirai avec beaucoup d'attention, car cette histoire m'est toujours restée en travers de la gorge.

Je n'ai pas vécu cette situation mais je pense que le psy, qui a eu cette attitude, c' est sans doute senti dénigré dans le sens ou le fait que tu ailles en cure lui signifiait que tu n' avais peut-être pas confiance en sa façon de faire, et qu' ainsi tu renonçais a ses (mauvais) soins pour aller voire ailleurs. 

En tout cas le fait qu'il ai eu cette réaction, que même une personne dite "normal" n' aurait pas pu avoir sans avoir honte après, montre que tu étais simplement tombé sur un débile mentale. 

Une autre explication possible est qu'il regrettais la source d'argent que tu représentais ? Mais ça rejoint l'explication du débile mental aussi.

Tu as juste pris une initiative qu'il ne t'avais pas suggéré, il a pris la mouche de ton impudence (toujours l'explication du débile).

Voilà ce que je ressent de ton aventure.

Oui, il doit y avoir un peu de tout ça, c'est pourtant un psychiatre reconnu et qui a fait beaucoup de publication, mais s'il a fait autant de mal à d'autres qu'il m'en a fait à moi, ce mec est un danger public. Je lisais il y a peu, qu'un psychanalyste peut tuer, et je pense que les mots pouvant faire très mal, la position qu'ils prennent avec leur patient peut mener très loin et pourquoi pas à la mort. Je n'aurais pas eu la cure qui suivait, j'aurais plongé à fond dans l'alcool, et vu l'état où j'étais, il ne m'aurait pas fallu très longtemps pour tirer ma révérence...

Ma psychiatre aussi me fait blablater sur le passé mais ça va. Quand j'étais à 2 mois tout frais elle m'a même conseillé de me replonger dans les souvenirs et de regarder des photos pour m'aider a me rappeler.   

Il faut toujours être sur ses gardes... Les titres ça ne veut rien dire.

Il y a de la malveillance dans ce monde...

Souvent la maladresse suffit...

Je ne crois pas à de la maladresse, c'était bien plus fort que ça.
J'ai trouvé son adresse mail chez son éditeur, car Monsieur écrit des livres sans doute très savants, mais je doute fort que quelqu'un lui transmette mon courriel, où je lui demande justement le pourquoi de tout ça...

Je repondais à Adeon. Dans ton cas il s'agissait d'une action délibérée, ça ne fait aucun doute.

Quant à la raison de son acte, seul lui peut la donner, si il le veut...

Était-il un tenant de "la modération" ? Avait-il une conscience réelle de ton stade alcoolique d'alors ? En tout cas en commençant par supprimer l'alcool (cure) tu prenais une dire tion très différente de son approche personnelle du problème.

Il était forcément au courant de ma maladie, car j'avais passé une semaine de sevrage dans l'HP où il travaillait et je l'avais rencontré à ce moment-là.

Je ne pense pas que ce genre de personne se justifie, voire puisse admettre avoir fait quelque chose de mal, ou de travers ... Lui, le grand psychiatre renommé, planant si loin au dessus des misérables mortels. 

SHALE a écrit:Oui, il doit y avoir un peu de tout ça, c'est pourtant un psychiatre reconnu et qui a fait beaucoup de publication, mais s'il a fait autant de mal à d'autres qu'il m'en a fait à moi, ce mec est un danger public. Je lisais il y a peu, qu'un psychanalyste peut tuer, et je pense que les mots pouvant faire très mal, la position qu'ils prennent avec leur patient peut mener très loin et pourquoi pas à la mort. Je n'aurais pas eu la cure qui suivait, j'aurais plongé à fond dans l'alcool, et vu l'état où j'étais, il ne m'aurait pas fallu très longtemps pour tirer ma révérence...

C'est précisément parce qu'il sait que les mots font mal qu'il l'a fait ayant eu son petit ego de "psychiatre reconnu" écorché...

Ananya a écrit:

SHALE a écrit:Oui, il doit y avoir un peu de tout ça, c'est pourtant un psychiatre reconnu et qui a fait beaucoup de publication, mais s'il a fait autant de mal à d'autres qu'il m'en a fait à moi, ce mec est un danger public. Je lisais il y a peu, qu'un psychanalyste peut tuer, et je pense que les mots pouvant faire très mal, la position qu'ils prennent avec leur patient peut mener très loin et pourquoi pas à la mort. Je n'aurais pas eu la cure qui suivait, j'aurais plongé à fond dans l'alcool, et vu l'état où j'étais, il ne m'aurait pas fallu très longtemps pour tirer ma révérence...

C'est précisément parce qu'il sait que les mots font mal qu'il l'a fait ayant eu son petit ego de "psychiatre reconnu" écorché...

Une question d'égo, bien d'accord :-). Cela ne t'appartient pas Shale, voyage tranquille 

Oui, mais cela m'a tellement touchée , que 24 ans après, j'y pense encore et que j'aimerais avoir une réponse...

SHALE a écrit:Oui, mais cela m'a tellement touchée , que 24 ans après, j'y pense encore et que j'aimerais avoir une réponse...

Est-ce que tu n'aurais pas eu une sorte de choc traumatique lorsque c' est arrivé ? Si ça te reviens souvent avec les images et les sons, avec une émotions vraiment douloureuse sans que tu n'y puisse rien ni que tu le veuilles, ça y ressemble et ça vaut le coup de s'y pencher.

Tu as peut-être raison Adéon, je sais que ça a été un choc énorme et que si je n'étais pas partie en cure dans les jours qui suivaient, je ne sais pas ce que j'aurais pu faire, pas contre moi, contre lui.....

SHALE a écrit:Tu as peut-être raison Adéon, je sais que ça a été un choc énorme et que si je n'étais pas partie en cure dans les jours qui suivaient, je ne sais pas ce que j'aurais pu faire, pas contre moi, contre lui.....

Je te laisse ça ici, un exercice émotionnel que j'ai trouvé efficace pour moi.

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Alors ça implique de laisser l'émotion monter en nous, ça peut prendre plusieurs sessions à disparaître a force de revenir dessus. Tu es à l'aise avec l' anglais ? sinon je te traduis.

Non, je ne suis pas du tout à l'aise avec l'anglais, j'ai un niveau scolaire alors ce n'est pas suffisant pour capter un texte assez long.
Merci de me le traduire, si ça ne t'ennuie pas.

Voilà, ça n'est pas toute la vidéo mais c'est l'exercice.


Le problème, la plupart du temps, vient du fait que vous tentez de fuir vos émotions. Ne pas leur faire face, ne pas s' autoriser à ressentir ce qui se présente comme de la douleur. Et cela créé de la souffrance. Plus l' on essaye d' éviter de ressentir la douleur et plus on souffre. Et ça s'accumule, et ça s'accumule. Ce que vous ne soulagez pas s' accumule encore et encore. et cela éventuellement au point d'en dévelloper un trouble psychologique.

Mais comment quelqu'un pourrait juste, ressentir les choses douloureuses ? Et je ne parle pas que de ce qui se passe juste là et maintenant, la douleur, mais aussi à propos des traumas émotionnels qui sont ancrés dans nos corps et dans nos subconscients, de le ressentir ça aussi.

Il est important de garder à l'esprit qu'il faut commencer cet exercice avec des choses pas trop lourdes. S'entrainer lorsqu' on se sens juste un peu mal au lieu de complètement suicidaire. Faites le si vous vous sentez un peu frustré ou ennuyé au lieu de si vous sentez que vous voulez tuer quelqu'un. Commencez doucement, car sinon c'est comme si vous décidiez d'aller naviguer seul sur l'océan alors que vous n'aviez jamais navigué avant, ou comme si vous décidiez d'aller galoper dans la nature la première foi que vous vous asseyez sur le dos d'un cheval. Exactement comme pour cet exercice, si vous n'êtes pas habitués à être présent, à observer vos pensées, à la pleine conscience et à la méditation, ça peut être un peu submergeant. C'est pourquoi je vous demande dans ce cas de commencer tranquillement le temps de vous y habituer.

Alors la première chose est de ressentir vos émotions. Asseyez vous, immobile. Et vous ressentez simplement les différentes émotions qui viennent et émergent, mais sans les commenter, sans les juger, sans les expliquer, sans essayer de faire des parrallèles avec autres chose, sans essayer de se souvenir plus. Quoi qu'il arrive dans l'esprit, rester connecter à maintenant et au ressenti, et y revenir quand le mental s'échappe... maintenant, maintenant, maintenant... 

Et remarquez comme cela commence à changer : ce qui était de la frustration peut se transformer en colère, et ensuite en tristesse. Alors il faut être alerte tout le temps et être présent au ressenti de maintenant, et y revenir lorsque l'esprit s'échappe. Parceque ces émotions vont changer ! Elles peuvent aussi changer en intensité et les grandes vagues se tranforment en petites vagues ... Alors peut-être allez vous penser que : ouf ça y est, c' est terminé enfin ? Mais non, encore à nouveau les grandes vagues arrivent... Et les émotions viendront ainsi vagues après vagues après vagues.

Mais si vous restez là, sans bouger, sans fuire, vous restez calme et présent avec votre attention, en ressentant tout. Vous avez le courage d'acceuillir avec bienveillance n'importe quel sentiment qui vous vient... Le sentiment est là, vous l'observez, le reconnaissez. Ne vous laissez pas entrainer ailleurs par vos pensées, laissez les être la mais ne leur prêtez aucune attention. Juste revenez encore au moment présent et au sentiment qui est ici, et maintenant.

Juste par cela, ces émotions disparraissent. En ayant aucune résistance, les émotions douloureuses peuvent tout simplement comme ça s'évaporer par elles même.

Merci Adéon d'avoir traduit ce texte qui est en effet très intéressant. Je vais le relire demain avec beaucoup d'attention, car là, je dors à moitié. Mais j'ai déjà relevé des détails qui sont importants pour moi. Merci encore et bonne nuit..

Bonjour.

Ça suppose tout de même quelques pré-requis :

- pouvoir discriminer les sensations,
- savoir les associer aux émotions correspondantes,
- être à peu près débarrassé des biais d'interprétation acquis.

"Connais-toi toi-même", certes, mais si certains mécanismes n'ont jamais été mis en place, (se) laisser faire n'apporte pas forcément de solution, ne développe pas les compétences manquantes.

La démarche est intéressante, mais peut ne pas suffir sans accompagnement.

- pouvoir discriminer les sensations,
- savoir les associer aux émotions correspondantes,
- être à peu près débarrassé des biais d'interprétation acquis.

C'est bien le problème pour un Asperger

Et pas seulement pour les aspis...

D' après mon expérience et ce qu' elle dit, non il n'y a pas besoin de comprendre, de penser d' analyser et de catégorier nos ressentis.

Juste de se laisser le droit de ressentir ce qui vient sans jugement. Regarder les minis films intérieur, le tout avec bienveillance.

Etre à l'écoute suffit et peu importe si ça semble parler une langue inconnue.

Et quand rien ne vient, que tout reste au strict niveau somatique ?

rur@lcoolique a écrit:Et quand rien ne vient, que tout reste au strict niveau somatique ?

Ah je regrette, je n'ai pas la réponse : /

Ne le prends pas mal, c'est juste une remarque. L'alexithymie semble s'approcher des fonctionnements autistiques, donc avec des manques profonds que lkon n'imagine pas sibl'on a précisément les rudiments émotionnels ordinaires.

Les "exceptions" que nous sommes seraient 15% de la population générale. Mais toute approche d'éducation aux émitions est bonne à prendre.