La vie du malade alcoolique

**SHALE** 9/10/2022, 10:58

Pour ceux , qui comme moi, l'ont vécue pendant de nombreuses années, quelle triste vie que celle du malade alcoolique.
Ce n'est pas une vie à ne rien faire, pas du tout, nous sommes même très occupés : trouver de l'alcool, le cacher, le boire, le cuver. On a l'habitude de dire que d'être malade alcoolique, c'est un boulot à plein temps .
La nuit, quand nous nous réveillons, l'alcool nous manquant déjà, nous commençons à organiser notre journée. Où trouver de l'alcool, dans quel magasin ne va-t-on pas souvent , la peur de se faire repérer est toujours présente, où trouver l'argent pour que ça ne se remarque pas dans les comptes de la maison. Ensuite, on sort du magasin, on boit directement à la bouteille, une gorgée de cet alcool, gorgée qui va nous permettre de tenir debout sans être trop mal. De retour à la maison, où va-t-on cacher notre bouteille pour que personne ne la voit, mais que nous puissions facilement y avoir accès. Quand on travaille encore, c'est pire, généralement, il nous faut emmener des réserves avec nous, dans le sac à main pour les femmes, ne pas se faire prendre quand nous allons boire cette bouteille, trouver à chaque fois une excuse pour s'absenter. Ensuite, sur la route, c'est une tension permanente, la peur du flic qui pourrait nous faire souffler dans le ballon, essayer de trouver une excuse si ça arrivait.
Bref, comme vous le voyez, seul l'alcool occupe notre vie, notre temps, nos loisirs et même notre travail.
Quelle volonté il faut au malade alcoolique pour tenir ce rythme sans se faire prendre, personne ne l'imagine.
Le soir, nous pensons à écrire ce que nous avons fait, car nous savons bien que le lendemain matin, tout aura disparu de notre mémoire et que les remarques vont encore tomber. " Comment tu ne te rappelles plus ce que tu as fait pour le repas, le film que nous avons regardé ?" et bien non, on ne s'en souvient plus, l'alcool est passé par là et a tout effacé. Alors, on a toujours un petit carnet avec nous et, dés que nous faisons quelque chose, vite, on le marque et, le matin, ne pas oublier de relire ce petit carnet avant que tout le monde ne soit réveillé.
Nous vivons un cauchemar éveillé, mais ce que nous voudrions que tout le monde comprenne, c'est que nous ne pouvons pas faire autrement, nous sommes des drogués à l'alcool, qui est reconnu maintenant comme une drogue dure.
Heureusement, souvent, un jour, pour diverses raisons, on a ce qu'on appelle un déclic et on commence à se renseigner sur les soins qui peuvent exister. On sait qu'il faudra encore un certain temps avant que nous franchissions la porte d'un centre de soin ou d'un médecin, mais une porte s'est entrouverte et nous retrouvons un peu d'espoir…