mon sentier follet 2

Enfin je craque, après avoir résisté plusieurs jours. J’en suis là où j’en suis : grosse nulle, ratée, chiante, inapte à la vie, inapte au bonheur (si ça existe). Ni plus ni moins. J’ai demandé deux fois à l'homme de me quitter. Au moins d’y réfléchir, pour lui. Même si ça me ferait mal. Très. Mais de toute façon, comme je n’aurai malheureusement jamais le cran de me supprimer, je finirai ma vie toute seule. C’est écrit.
Je ne vais pas bien. Du tout. Mais j’irai à l’aquagym, au Pilates. Et je continuerai à me lever chaque matin, à faire ce qu'il y aura à faire. Jusqu’à la fin. J’espère que ça ne durera pas trop.
Inapte à la vie, c'est définitif. J'ai fait beaucoup d'efforts, ça ne fonctionne pas. Je me résigne. Douloureusement, mais je me résigne.

Il y a des jours avec anna... et des jours sans....
Pourquoi dire à l'homme de te quitter?
Tu te rends malheureuse... pourquoi, je ne le sais pas, mais c'est un fait!
Le bonheur est propre à chacun, il est personnel, ne se mesure pas, ne se quantifie pas... il se vit et se ressent à divers niveaux...

Qu'est ce qui t'a provoqué cet état anna?

Allez, ne baisse pas les bras 

Anna, pourquoi nous écris tu ça ce soir ???? D'une je trouve que ça ne veut rien dire, ça nous montre ta souffrance et comment tu pourrais faire pour aller encore plus mal, mais sinon je ne vois pas là dedans quoi que ce soit de réaliste et rien qui te ressemble. Là, je pense qu'il faut que tu ailles vite fait voir le spécialiste qui te suit pour la PMD! Inutile de faire du mal à l'homme en lui disant ces aberrations, va voir le médecin qui te suit pour ta maladie et très vite en plus... Là, tu es en train d'entrer dans une période down sérieusement, et tu sais comme moi que c'est aussi dangereux....
Fais vite Anna, appelle même en urgence là....S'il te plaît..

Marianne, tu vois les choses de manière complètement déformée ce soir, je crois également qu'il faut que tu consultes ton spécialiste d'urgence

j'allais dire la même chose que shale,appelle vite le centre car la maladie reprend le dessus là et tu ne contrôles plus  
rassure nous en nous disant que tu as appelé Marianne,c'est juste un réajustement de traitement mais ne laisse pas trainer ça,ça va si vite après

Pardon. Je suis désolée de vous avoir alarmées. Je ne voulais pas ça. Voyez, il est onze heures passées, et je suis là, j'ai traversé cette soirée. De même que je vais dormir, cette nuit comme les suivantes. Et je vais me lever et faire tout comme il faut, chaque jour. Je n'appellerai pas, parce que je pense que je suis faite comme ça : je ne sais pas être heureuse (ce mot... un étranger), simplement. J'ai déjà traversé tellement de moments douloureux, j'y suis habituée. C'est aigu, et puis ça s'atténue, jusqu'à devenir supportable ; il y a même des moments où j'éprouve de la joie, ça arrive. Alors voilà, j'ai décidé que j'allais enfin m'accepter telle que je suis, à moitié ratée, de guingois, vieillissante (oui, Shale, ça, je ne m'y fais pas, ne m'y ferai sans doute jamais), médiocre et pas drôle à vivre, ni pour moi ni pour les autres. Rien d'affolant. Une mauvaise passe bien noire, puis je reviendrai au gris : pas de drame, aucun. Si j'arrive à me stabiliser dans ce gris, ça m'ira. Pas, plus envie de me battre - pour quoi, au bout du compte ? Non non, ne vous inquiétez pas, je vais continuer ma petite vie jusqu'au bout, et ça ira bien comme ça.
Encore une fois pardonnez-moi, j'ai été bête, impulsive, et bête. Je regrette.
Passez une bonne nuit.

Mariane, pourquoi veux-tu que nous te pardonnions ??? Tu souffres, même si tu en refuses l'idée, ta maladie crée toutes ces baisses de moral, comme elle crée les moments d'euphorie que tu peux avoir...
Mais là, je pense vraiment que tu es en pleine période down, limitée bien sûr par les traitements, mais néanmoins suffisante pour te mettre mal... J'aimerais bien que tu ailles faire le point avec le médecin qui te suit, car là, je pense que ton traitement est mal équilibré...
En tout cas, ne t'en veux pas, il vaut mieux que tu viennes dire ici ce qui ne va pas, on peut au moins essayer de te soutenir, tu es importante Mariane, alors ne dit pas que tu ne vaux rien, c'est un mensonge.....Tu es même une fille fabuleuse , théâtre, chants lyrique, ton travail de révision pour les éditeurs, ce n'est pas rien, souvent je t'admire dans ce que tu fais....
Alors ne te laisse pas descendre plus profondément, réagis vite, même s'il faut que tu changes un peu ton traitement..
Gros, gros bisous!!

L'homme m'a convaincue d'appeler mon psychiatre. J'ai laissé un message. Re-bonjour les éternelles petites pilules, très certainement.
Je voudrais juste ne plus vivre tout ça. Juste ne plus vivre.
Et dire que je dois travailler. Et aller travailler avec JLT cet après-midi. Je ne l'imagine même pas. Suis pas sûre d'avoir la force. Voudrais que TOUT s'arrête. Là. Maintenant. Tout de suite. Par pitié

Mariane, l'homme a bien fait de te pousser lui aussi à aller voir le psychiatre, je pense qu'il faut revoir ton traitement.
C'est une sale maladie que tu as c'est vrai et j'imagine ta souffrance, heureusement tu peux, grâce aux médocs, stabiliser plus ou moins les périodes up et down.....C'est ce qui va se passer et tu vivras à nouveau des jours bien plus sereins....
Par contre tu n'es pas en état d'aller travailler avec JLT aujourd'hui, tu repousses à plus tard, qu'il soit content ou pas! Là, tu te reposes...
Tu voudrais que tout s'arrête dis tu ? Moi aussi, au pire de mon alcoolisme je le voulais et bien , maintenant, je suis bien contente que tout ne se soit pas arrêté. Mariane tu as encore de si beaux jours , semaines, mois, années à vivre que tu ne regretteras pas d'avoir tenu le coup, tu verras...
Je t'embrasse très fort...

J'ai eu mon psychiatre au téléphone. Pour savoir le type de dépression dans laquelle je m'enfonce de plus en plus brutalement, "primaire" ou "de sevrage", il faut attendre... 6 à 8 semaines - l'éternité -, voir si elle "passe toute seule" (sevrage) ou pas, auquel cas re-bonjour les petites pilules supplémentaires. Un déséquilibre hormonal, lié à mon âge, pourrait aussi jouer un rôle. Flou total.
En attendant, pour m'aider un peu à supporter ce qui est insupportable, le Valium est à nouveau augmenté, en journée. Pourriture de médoc. Pourriture de maladie. Pourriture de vie.

Je me suis déplacée pour aller dire en face à JLT que je ne suis pas en état de travailler. Il a été très gentil et compréhensif (eh oui !), il avait noté mon sale état dès notre séance de lecture hier et n'a donc pas été surpris ; il m'a rassurée : ça ne change rien au projet, il me demande de ne pas me tourmenter, m'assure qu'il a confiance en moi. Au moins ça. Même si rien n'a de sens ou d'intérêt pour moi en ce moment, je mets ça dans un coin de tête, pour plus tard peut-être.

Il me vient bien sûr des envies de tout foutre en l'air : recommencer à boire, à fumer, quitter l'homme ou me faire quitter, aller m'asseoir au bord d'un trottoir et attendre rien, ne plus m'occuper de rien, travail, papiers à remplir, loyers à payer, chats..., tout laisser partir à vau l'eau, lâcher, quoi - à défaut d'être capable de me faire disparaître. Ce sont de douces rêveries en noir et blanc... même tout ça, j'en suis incapable, je crois. Je m'enfonce juste dans les limbes, lourde, noire, et je continue, je continue à faire, petite chose après petite chose, à peu près, heure après heure, journée après journée, fadement, douloureusement, tout ça n'a aucun sens, et pourtant ça continue à vivre - je me demande comment, pourquoi, et comment. Un petit train vide qu'on a lancé sur des rails, vers nulle part, et qui tourne en rond. Voilà tout. C'est moi que je voudrais quitter. Mais je ne peux pas me quitter.
Aucun suicidé ne voudrait mourir ; il veut juste ne plus vivre. Je n'ai pas mis de guillemets mais je crois que c'est une citation approximative de Sarah Kane.

C'est vraiment long de te faire attendre 6 semaines, c'est évident que tu vois la vie, la tienne mais aussi la vie en général à travers le brouillard de la dépression et que rien ne peut t'impacter quand tu es dans cette dimension là. Avancer heure par heure est encore ce que tu peux faire de mieux pour te maintenir dans la réalité. N'hésite pas à prendre le valium en plus si tu te sens trop mal. N'attends pas non plus autant de temps pour revoir le psychiatre, dans 15 jours ou 3 semaines, si tu es encore dans cet état là, il faut absolument qu'il fasse quelque chose...
De toute façon, anna, ça reviendra, tu as déjà trouvé la vie belle et agréable et cet équilibre reprendra sa place, c'est un très mauvais passage...

Courage anna 

ce n'est pas à toi d'être désolée Marianne mais à nous de l'être de te savoir si mal  
je suis de l'avis de  shale,si c’est trop dur,appelle de nouveau ton psy et si il le faut,mets toi à l'abri au centre pour attendre ces 6 semaines,c'est pas vivable de voir tout en noir comme ça  
en tout cas,tu es bien entourée et c'est déjà une très bonne chose,vois comment cela se passe dans les prochains jours mais téléphone au psy  si ça ne va pas ok??
de toute façon,on t'entoure tous de notre amitié et on reste tout près de toi

Mon psychiatre m'a demandé de le rappeler mardi ou mercredi prochain. Je le ferai.
Merci à vous

Tu me rassures un peu là, Marianne!!! J'espère que tu vas réussir à dormir le mieux possible...Gros bisous et à demain, j'espère que ton moral sera un peu meilleur!!!

Courage Marianne! Ça me désole de te voir aussi souffrante. Les autres ont raisons, garde un suivi avec ton psychiatre et fais ce qu'il faut, même si ça ne te fait pas envie.

juste un petit coucou ma belle pour t dire qu'on pense fort à toi

Merci.
Ça allait un peu moins mal au réveil ce matin, et puis je me suis enfoncée de nouveau. Je supporte cette journée comme je peux. Hâte que l'heure d'aller dormir arrive. C'est long.

Essaie de tenir en prenant du valium jusqu'à ce que tu puisses appeler le psy, au pire va à l'hôpital mais ne reste pas dans une souffrance pareille..... A moins que demain ça aille mieux, je le voudrais tant!!!

J'aimerais aussi que tu puisses aborder la vie avec un peu plus de légèreté....
Courage Marianne 

Je prends le Valium. Je travaille. Je dors. Je fais ce que je dois faire (papiers à remplir, à poster, nouvelles lunettes à aller chercher) ; dehors, c'est dur, dur de tout supporter, heureusement que j'ai fait les choses rapidement pour vite rentrer. Je suis très fatiguée, sans force. Sans vie. Je m'en veux d'imposer ça à l'homme. Mais c'est bien : il est enfin 20 h, plus que très peu d'heures à tenir avant le sommeil - dieu merci je réussis à très bien dormir, c'est tout ce qui me reste.
Je ne veux pas retourner à l'hôpital.
Peut-être que demain ça ira moins mal.

Je ne comprends pas qu'il ne te donne rien pour ta dépression, même s'il veut attendre d'en connaître l'origine, il y a assez d'antidépresseur pour qu'il puisse en choisir un qui convienne. C'est horrible de laisser quelqu'un souffrir pour attendre de voir si la dépression passera toute seule, je ne comprends vraiment pas ça!!! Ils n'ont jamais du avoir de dépression ceux qui agissent ainsi, sinon tu aurais depuis un bout de temps des AD!!!! Surtout qu'un AD même au moins une bonne semaine avant d'agir!!! ça me fout en rogne ça!!

ça me fait tellement de peine de te savoir si mal Marianne j'espère de tout coeur que demain sera une journée plus douce.Une heure après l'autre si tu le peux ma belle,on reste avec toi

Je te souhaite une journée meilleure qu'hier.

Merci.
J'ai dormi 12 heures : au moins ça à ne pas vivre. Mais ç'a l'air d'aller moins pire aujourd'hui : je ne me sens pas particulièrement triste, juste vide, sans envie ni plaisir de rien, comme anesthésiée. Juste une autre journée à traverser, heureusement plus courte que les précédentes.

Shale, je ne peux pas prendre d'AD, ils induisent chez moi des virages maniaques (ça s'est déjà produit) : trop dangereux. Je suis condamnée à attendre, "soutenue" par le Valium.

Et dire que pendant ce temps la vie passe. Condamnée à ne pas la goûter. Un tel gâchis...