Comment arrive la rechute

Comment arrive  la rechute .
 
Il y a deux sortes de rechutes.
-La première survient souvent lors d'un premier arrêt de l'alcool. On essaie d'arrêter de boire et ce n'est pas facile, tout le monde le sait. On se contrôle un maximum, on met au point plein de stratégies pour ne pas prendre le premier verre, on est dans une vigilance constante. On surveille les produits  où il pourrait y avoir de l'alcool pour ne pas les consommer, on fait attention à tout.
Tant et si bien qu'on ne vit que pour essayer d'arrêter de boire et ne pas risquer de rechuter. Mais pourtant, un jour ou l'autre c'est ce qui va se passer. Nous sommes devenus une vraie cocotte minute, la vapeur monte à l'intérieur et ne peut pas s'échapper. Avant qu'elle n'explose, fréquemment, le malade alcoolique, craque et reprend un verre d'alcool.
Là, on peut considérer que c'est comme une soupape de sécurité qui saute pour qu'il n'y ait pas d'explosion plus grave.
D'ailleurs, très souvent, ce verre reste isolé et nous permet de repartir d'un meilleur pied et plus fort dans notre décision. On appelle ce verre "un caillou sur notre route", dans la mesure où il n'a pas de conséquence.
Par contre, si ce verre en entraîne d'autres, tous les jours, la, il y a bien rechute et non pas réalcoolisation. La réalcoolisation est en fait passagère et la rechute se vit sur le long terme.
 
-La deuxième rechute survient quand on est bien dans notre abstinence, quand nous sommes très sûres de nous, quand nous nous pensons guéris. Tout va bien, le sans alcool ne nous pose pas de problème particulier et un beau jour, pour une occasion particulière ou juste parce que l'on se sent bien, on se dit pourquoi ne pas accepter ce petit verre qui nous est offert. Un seul verre, rien qu'un, ça ne peut pas nous faire grand-chose, nous repartirons aussitôt sur le zéro alcool.
Effectivement, ce verre bu, rien ne se produit. Il faut dire que souvent, on ne l'a pas tellement apprécié, on ne trouve plus l'alcool si bon que ça…. Et on repart sur une consommation zéro.
Et puis quelque temps plus tard, surgit une nouvelle occasion de boire encore un petit verre, comme celui que nous avions bu n'a pas eu d'effets, et bien nous acceptons encore une fois ce verre. Tout va bien, on se demande ce qu'il raconte en nous disant de ne jamais reprendre d'alcool, on ne rechute pas pour un verre, on peut même en prendre deux, ça ne nous fera rien de plus. Nous sommes bien guéris.
Oui, mais cette expérience se renouvelle de plus en plus souvent et en quelques semaines, nous sommes revenus à la consommation que nous avions avant d'arrêter. Sans même nous en être rendu réellement compte et le plus grave, c'est que nous replongeons dans le déni.

La seconde rechute c'est tout à fait ça pour moi .
Très bien expliqué, merci shale.

Le deuxième scénario est celui qui me guette :-) L'avoir en tête est une sacrée bonne chose, merci!

Les mêmes causes produisant les mêmes effets, toute consommation régulière apparemment "sans conséquence" induit une reprise du processus physiologique d'accoutumance qui permet le redémarrage "en douceur" de l'imprégnation.

On sait que le seuil de déclenchement des emm... (saturation des capacités du foie -> acétaldéhyde non dégradé -> recombiné en THP) est particulièrement faible (estimé à 4 U.A./24h et sans doute moins encore chez nous) donc boire "normalement" nous est interdit par notre passé d'alcoolo-dépendants.

Un "verre" isolé ne créera pas la rechute à lui tout seul mais peut engendrer ses conditions psychologiques en suggérant qu'il n'y a plus de danger. C'est l'insouciance (et son vieux copain déni) le vrai danger. Et le moteur averé de la rechute décrite en deuxième point, tous les récits en font état à un moment ou à l'autre.

Il me semble primordial de toujours rester conscient de sa fragilité par rapport au produit. La peur n'est ni utile ni nécessaire, il suffit de ne pas se bercer d'illusions.