Ces malades alcooliques qui ont tout oublié de leur enfance

Souvent, les personnes souffrant de ce genre d'amnésie évitent systématiquement tout ce qui pourrait les mettre en danger, ils ont peur de se souvenir et ne peuvent pas supporter le conflit qui en ressortirai

Je ne me souviens que très peu de mon enfance et plutôt les bons souvenirs que les moins bons. Vider la maison de mon enfance au décès de mon père a été très éprouvant car tous les souvenirs étaient là et je ne voulais pas voir même si une partie de moi a voulu y retourner en lisant des lettres ou regardant des photos mais un terrible mal être s'est installé en même temps et j'ai tout enfermé dans une malle dans mon garage. Parfois je suis tentée d'aller rouvrir la malle mais je sais que je ne vais pas me sentir bien après et même pendant. C'est aussi pour cela que je n'ai jamais revu les copines de collèges ou lycée, mon enfance est un lieu que je ne veux plus intégrer

Roland n'a aucun souvenir de son enfance, sauf les quelques photos qui y ont trait...

Mes très rares souvenirs concernent tous des situations où j'ai développé a posteriori un sentiment de honte. Un indice de la salubrité des conditionnements éducatifs subis...

La difficulté c'est de désactiver les réflexes de protection, forcément inopérants, inadaptés, longtemps après l'enfance. Des mécanismes qui se sont incrustés, en arrière plan, durant les annés de picole, avec d'autres que l'on a essayé de se cacher.

Ça fait parfois mal, mais toujours moins sans la défonce...

Trés peu de souvenir également . Et c'est presque toujours le negatif .

Tellement peu avec ma génitrice, ou alors que des mauvais !
énormément avec mes grands parents

Lors de ma cure, nous avions abordé cet important pan de notre construction, la petite enfance et l'enfance. En fait, nous avions surtout parlé d'encadrement parental. Comme Shale, j'ai eu une petite soeur (5 ans plus jeune que moi) qui a pris toute la place (au yeux de mon père surtout, et de la famille élargie des deux côtés + cercle d'amis de mes parents). Cela m'a affecté, je m'en rappelle clairement. Cela a probablement contribué à ce que je me réfugie dans l'alcool à l'adolescence (15 ans et +), dans ma tête aussi. Mais en cure, nous avons que nos parents, la plupart du temps (je tiens à préciser), n'ont fait que leur possible. Ils ont fait avec ce qu'ils avaient comme personnalité et bagage. J'ai par la suite, en quelque sorte, pardonné a mes parents, sans leur dire (hihi). Il n'y avait rien de mal intentionné dans leur fonctionnement annadéquat. Lacher prise, comme on dit. Aujourd'hui, cela dure encore (avec mon père pour ma soeur, ses yeux brillent pour elle). Mais c'est pas grave, il m'aime aussi, je le sais. Il est juste plus connecté avec elle. Et moi je suis libéré du ressentiment. Un outil de moins pour le singe hihi

Je n’ai que très peu de souvenirs de mon enfance en fait pas du tout.
Je trouve ça triste et troublant.
Je n’ai aucun souvenir de ces 20 derrière année . Est ce que c’est normal ?

Tu relis ce que j'ai écrit, je pense que tu y trouveras la réponse. Pour moi, la première raison de cet oubli, est une protection qu'il ne faut pas démolir trop vite. Elle peut être plus ou moins épaisse.

Ce week-end, il m’est arrivé quelque chose d’étrange.

Je suis parti passer le week-end en dehors de ma région, et sur la route, j’ai fait un détour pour retrouver la maison de ma grand-mère ( décédé).
Et en retrouvant la maison, j’ai eu comme plein de flash, des souvenirs qui me sont venues des moments passés dans cette maison, avec mes parents et ma famille.
Ça ne sont pas particulièrement de bons moments, ce ne sont pas de mauvais moments, mais simplement des moments que j’avais occulté.
et tous mes revenus d’un coup, j’ai été submergé par les émotions.

J’aime rends compte que ces moments sont liés à mon père, et que j’ai délibérément décidé de les bloquer, comme une punition.
Je me rends compte que j’ai décidé de me garder les mauvais moments, alors qu’il y en a plein de bons ,
J’ai donc décidé d’aller à la recherche de mes souvenirs

Tu as raison d'aller chercher les bons.  Souvent, on ne se souvient que des bons, la mémoire efface ceux qui nous sont trop douloureux, ce ne semblait pas être ton cas....

La dictée de la cure, m’a dit que je devais laisser la place aux bons souvenirs, chasser les mauvais.

Je penses que j’ai volontairement bloqué les bons , pour me punir.
Aujourd’hui mon enfance reviens petit à petit.

Les enfants se sentent souvent coupables de ce que vivent les adultes. Se punir en est la suite logique, mais il faut se sortir de ce cercle vicieux car on ne peut pas construire une vie solide sur un sol aussi instable....

Ça je suis bien d’accord, je me rends compte seulement maintenant.
J’ai accepté le suicide de mon père, mais je crois qu’il y a encore un fond qui persiste.

Tu n'as pas accepté un choix de ton père, un choix ultime, certes. Mais tu n'y pouvais rien et que tu l'acceptes ou non, n'y changera rien. Alors, je pense que là, il ne s'agit même pas d'acceptation. Il y a des choses terribles dans la vie et on n'y peut rien, rien de rien...

Je suis conscient de tout ça, mais je me demande pourquoi c’est encore bloqué ?

Il faut te faire aider pour trouver ce qui bloque justement...Sans doute la culpabilité que tu ressens qui te pousse à vouloir te punir, est-elle très compliquée à cerner et, seul, tu as du mal à voir tout ce qui l'entoure...

Pourtant, je continue mes soins, mais c’est un excellent sujet pour la prochaine séance.

Oui, je crois qu'il faut que tu travailles là dessus, c'est sans doute important. Mais comme tu as déjà bien avancé, ça ne devrait pas demander trop de temps.

La, il s’agit de l’enfance !!
Il me reste l’adolescence et jusqu’à mes 35 ans.

Le plus important, c'est l'enfance, toute ta vie en découle. C'est le seul endroit à vraiment exploré, le plus compliqué aussi car les souvenirs ne sont pas toujours au rendez vous.

Firevsball a écrit:Je suis conscient de tout ça, mais je me demande pourquoi c’est encore bloqué ?

"Pourquoi" n'a guère d'importance, c'est très probablement le résultat d'un processus de défense, de protection, inconscient, dont tu as eu besoin à l'époque.

L'important c'est de trouver le moyen de désactiver ce schéma pour pouvoir laisser sortir ce qu'il a bloqué, le traverser aujourd'hui et lui donner sa juste place.

Mais parfois plusieurs schémas (S.P.I.) sont à l'œuvre simultanément et c'est très difficile de trouver prise, de défaire les nœuds.

Ce qui est certain, c'est qu'on "connecte" beaucoup mieux après quelques mois d'arrêt l'alcool ayant une fâcheuse tendance à cloisonner la pensée, précisément parce qu'on s'en est servi pour "oublier" certaines souffrances. Qui n'étaient qu'un écho contemporain à des souffrances beaucoup plus anciennes, profondément enfouies.

Patience et ténacité