Korsakoff

Le syndrome de Wernicke-Korsakoff est une forme inhabituelle d'amnésie qui associe deux troubles : un état confusionnel aigu (encéphalopathie de Wernicke) et un type d'amnésie à long terme appelé syndrome de Korsakoff.
 
Le syndrome de Korsakoff est une pathologie liée à une carence en vitamine B1 touchant principalement les alcooliques chroniques et parfois les personnes souffrant d’une malnutrition sévère. Il se caractérise par des troubles cognitifs, notamment une perte de mémoire à court terme ainsi qu’une désorientation spatio-temporelle. Le syndrome de Korsakoff peut aussi être causé par une infection virale du cerveau.
La vitamine B1 a pour rôle d’assimiler les aliments et est importante pour la transformation du glucose en énergie. Une carence en vitamine B1 pendant une période prolongée cause des lésions irréversibles dans le cerveau.
 
Les symptômes du syndrome de Korsakoff sont :

• Amnésie antérograde : le patient oublie les événements qui ont eu lieu après le développement de la maladie.
  
  
• Amnésie rétrograde : la mémoire du patient est sélective, le souvenir des événements antérieurs au développement de la maladie est aléatoire.
  
  
• Désorientation spatio-temporelle : le patient ignore la date et le lieu où il se trouve.
  
  
• Trouble de la reconnaissance : le patient croit reconnaître une personne qu’il ne connaît pas en réalité.
  
  
• Le patient n’est pas conscient de son état, il croit qu’il n’a pas de problème de santé.
  
  
• Troubles du comportement (angoisse, période d’euphorie, dépression…), troubles des fonctions exécutives, troubles de la marche, troubles visuels, tremblements…
  
  
• Fabulations : le patient invente des souvenirs pour compenser sa perte de mémoire.
  
  
• Les comportements du patient et son discours sont répétitifs.
  
  

 
Je vous ai écrit un petit texte pour que vous compreniez mieux ce qu'est le syndrôme de Korsakoff. Ce texte m'a été inspiré par un homme âgé qui l'avait et que j'ai rencontré plusieurs fois. En écoutant son délire, j'en ai tiré cet écrit.
Comme tous les matins, le vieil homme s'installe sur un banc, dans la cour de l'hôpital, toujours le même, celui qui est sous le tilleul près de l'entrée.
Il semble très vieux, pourtant si l'on en croit son dossier, il n'aurait que 68 ans...Il a les yeux toujours pleins de larmes qui ne coulent pas, mais ça ne semble pas le gêner, son regard est toujours tourné vers l'intérieur de lui-même.
Depuis 20 ans qu'il est là, il passe son temps à essayer de mettre ensemble les milliers de pièces du puzzle qui remplit sa tête, le puzzle de sa vie…
Parfois, il trouve deux morceaux qui s'emboîtent, très souvent ce sont une bouteille de whisky et une ambulance, il entend encore ce son lancinant qui l'a amené jusqu'ici…..
Mais il retrouve aussi d'autres pièces du puzzle, des pièces qui lui donnent de la joie : la jolie femme assise à une terrasse, à ses côtés, en Italie, dégustant un Campari. Là aussi , il sent encore le goût du Campari et la chaleur du soleil sur son visage….
Il trouve aussi deux ou trois autres pièces qui vont ensemble : quelques hommes toujours les mêmes, des verres d'alcool, en grand nombre et des rires, tellement de rires qu'en fait ils lui donnent envie de pleurer.
Il a environ  une fois par mois la visite d'un homme et d'une femme qu'il ne connaît pas et qui l'appellent "papa". Même s'il ne se souvient pas de ce que veut dire ce mot, celui-ci aussi lui fait monter les larmes aux yeux...Il essaie de regarder ces deux étrangers qui lui racontent d'étranges choses, lui parlent de personnes ou de lieux qu'il ne connaît pas. Il écoute, il essaie, car il repart vite dans son puzzle sans arriver à les mettre dedans...Au bout de quelque temps, l'homme et la femme repartent, après lui avoir dit "au revoir papa" et lui avoir mis un baiser rapide sur ses joues pas rasées….Ils ont à peint fait trois pas, que le vieil homme les a déjà oubliés et continue son chemin à travers le labyrinthe de ses souvenirs, tout au moins ceux qu'il arrive à retrouver…
Ce vieil homme est mort la semaine dernière, il était atteint du syndrome de Korsakoff et survivait dans cet hôpital psychiatrique qui l'avait vu arriver couvert de coups et très sale. Il vivait dans la rue depuis longtemps n'ayant plus l'argent que pour payer sa bouteille ou emprunter à boire aux autres SDF. Après une bagarre alcoolisée, il s'était effondré, les médecins avaient eu beaucoup de mal à le sauver, mais son chemin s'est arrêté il y a trois jours,  entre deux pièces de puzzle qui n'allaient pas ensemble...

Oh la la, "survivait" est le bon mot...
C'est poignant ton histoire, ça aide à comprendre aussi.

Quand j'étais en cure, on évoquait "le Korsakoff"avec effroi, un peu comme
une légende de vieux marins, genre "le Kraken de l'alcoolique". 
ça nous fichait la trouille.
Et en te lisant, eh bien on ne peut que se dire que c'est tout à fait aussi atroce
en vrai que tout ce qu'on imagine...

Il y a plusieurs niveaux dans le korsakoff, mais c'est vraiment une saloperie de maladie et qui pourtant est évitable en supplémentant le malade alcoolique en vitamines B dès le début des soins.

J'en connais deux, 100% alcool.

Une "légume" dans un foyer de vie où j'allais, avec quelques rares instants de conscience très atténuée, et pas tous les jours. Exemple qui ne m'a absolument pas dissuadé de picoler à l'époque,

et un moins atteint mais quand même largement invalide dans un EHPAD où je vais maintenant.

Ils n'ont pas eu la chance de trouver le moyen d'arrêter, ni celle d'en mourir avant de régresser à ces stades. C'est assez déprimant.

Oui, c'est déprimant car le symptôme de Korsakoff ne régresse pas même si tu arrêtes de boire....Ceux qui sont légèrement atteints peuvent vivre avec de l'aide presque normalement, mais parmi tous ceux qui sont atteints par cette maladie, beaucoup sont des légumes sans espoir d'aller mieux...

ça me rappelle un patient que l'on soignait pour un korsakoff, je devais lui injecter 10 ampoules de B1 d'un coup et sur plusieurs jours, il etait totalement désorienté et vivait dans un foyer,il avait tout perdu