La peur

Comme tous les vendredis soirs, on se retrouve au MAB en présentiel, après le rapide tour de table( la plus jeune abstinente c'était moi, ce jour là, donc très rapide hihihi )on apprécie d'ouvrir un sujet de reflexion en fin de réunion.

Celui qui a été proposé est la peur.

La peur avant notre abstinence surtout. Celle ne que nous n'avions pas identifiée, celle qui pour avoir "moins peur" nous poussait à consommer. Chacun a commencé par expliquer l'origine de ses angoisses, stress, peurs.

 Celles que l'on éprouve pour affronter le regard des autres, famille, conjoint, boulot, d'une situation qui nous paralyse, de ne pas être à la hauteur et qui avec l'aide du poison nous permet, ou pense t-on donne le courage, ou à l'inverse de fuir , d'oublier les problèmes. Sauf, qu'au "réveil", ils sont bien présents sinon plus grands. Celle très subjective parfois que l'on peut se générer par une mauvaise interprétation de la réalité, ou d'une manipulation, laquelle résulte de l’histoire et du vécu personnel d’un individu.Le circuit émotionnel peut alors court circuiter le circuit rationnel et s’accompagner de réactions inadaptées.

Avec des psy, en cure, ou en groupe de parole on peut l'exprimer, la rechercher, l'identifier. Un fois cernée, comprise alors on peut commencer à s'en libérer, par la gestion de ses émotions, le lâcher prise, par vivre et apprécier le moment présent, par de l'optimisme, par de la sophrologie, par de l'art thérapie... .

3 termes importants, l'identifier et l'accepter, la comprendre.

En fait se libérer de sa peur permet de révéler sa personnalité, c'est retrouver son estime personnelle, c'est s'affirmer...

Je ne pose que quelques idées, à vous de les développer, compléter.

Bonjour.

Pour ce que j'en vois chez moi, dans l'état actuel de mes travaux, LA peur fondamentale (pas encore connue avec précision, même si j'ai des pistes) sous-tend trois états entre lesquels j'oscille continuellement. Du plus "léger" au plus critique :

- l'inquiétude, ou qui vive, quasi permanent,
- l'anxiété, dès lors que je dois décider/agir,
- l'angoisse, pendant l'action, dès qu'il y a un enjeu de réussite, si minime soit-il.

C'est (évidemment) pathologique, conséquence directe de ma construction sous la férule de ma toxique... Évidemment, l'alcool a recreusé les blessures pré-existantes et aggravé cette situation, qui perdure malgré l'arrêt.

J'espère avoir un suivi régulier au CMP ; je vois la psy lundi, 3 semaines après notre prise de contact... c'est long !

J'avais aussi peur de boire de l'alcool que d'arrêter d'en boire. Avant ma cure, j'ai mis longtemps à me décider pour partir. Envisager un mois sans alcool, pour moi, c'était impossible. Je n'avais qu'une hâte, c'est que la cure soit finie pour retrouver mes bouteilles d'alcool. Mais en fait, la cure a tout changé et heureusement pour moi, sinon je ne serais plus là pour vous en parler...

La peur de ne pas pouvoir arrêter :

J'avais bien peur de ne pouvoir y arriver à fonctionner sans alcool, mais une fois entré en cure, je me suis vraiment senti à l'abri, un peu comme si je m'alliais le plus fort des plus fort,  invincible. Lorsque que je suis arrivé, j'ai été heureux de constater que tous le personnel, même le concierge, était MA abstient.

La peur de rechuter :

Sorti de cure, il faut rester vigilant, sans avoir peur (je parle pour moi) :-)

La peur, elle est bien différente pour tous.
On se crée ses propres limites,  barrières,  alors qu'en fait on dispose en soi d'une incroyable force. 
Elle a l'importance qu'on lui donne, que le pouvoir qu'on lui accorde.

Moi, j'avais peur de tout , de prendre une décision ,de mal faire mon métier,de mal conduire, peur du regard des autres bien sur et encore plus peur des bourdes que je pouvais faire sous alcool. Je me souviens de cette peur des conséquences de mon alcoolisation lorsque j'ouvrais une bouteille parce que je savais que ça allait mal se terminer mais malgré cette peur, je l'ouvrais quand même l'envie était trop forte. En fait,je me dis que c'etait tout simplement une peur de vivre ,une peur de moi même ,j'ai oublié cette peur que je n'ai quasiment plus aujourd'hui sauf lorsque je fais quelque chose de nouveau, la peur de l'inconnu est encore très forte chez moi 

Ah oui,  la peur de l'inconnu,  mais à quel niveau.?
Dans un milieu hostile,  mais avec l'esprit clair,  avec l'expérience,  on s'adapte, on apprend de nos erreurs...
A approfondir

La peur de l'inconnu est une peur très enfantine qui signifie aussi que l'enfant n'est pas assez rassuré dans "son connu" pour se permettre de mettre un pied dans l'inconnu....

En fait ,tout ce que je ne connais pas me fait peur ,la peur de mal faire en fait ,j'ai toujours cette appréhension de ne pas être à la hauteur et pourtant, dès que je me suis adaptée, je me sens super bien et je reprends totalement confiance en moi et j'en fais même plus que demandé ,il y a des conditionnement qui reste  c'est surtout dans le boulot en fait

Tu anticipes tout ce que tu ne connais pas comme dangereux, ce qui crée des troubles anxieux....Quand tu allais à l'école, tu avais cette peur aussi, en changeant de classe ou de profs?

changer de profs peut être un peu mais surtout changer d'école, là oui, c'était hyper angoissant  Beaucoup moins maintenant mais partir en voyage etait très dur pour moi,la peur d'avoir oublié quelque chose ,de ne pas trouver le lieu, de conduire aussi longtemps ou de ne pas arriver à l'heure au train ou à l'avion, bref,les vacances ont souvent été synonyme d'épreuves pour moi  Là, en tant qu'infirmière,ce serait plus des soins invasifs que je ne maitrise pas ou avant ,quand on me changeait de service parce que je perd mes habitudes tellement rassurantes

Tu as du te construire sur une base remplie de doutes par rapport à tes capacités, peur du risque et autre. Tout ça n'a pas dû être simple....

Absolument,  encore et toujours une barrière que l'on se crée,  que l'on s'impose,  que l'on s'imagine. 

Ou que l'on nous a créée... et que l'on entretient puisque c'est "normal".

Oui, on t'a dit que les barreaux étaient là, que tu ne pouvais pas les franchir et on t'a en même temps enlevé la possibilité de ne pas le croire....

Impuissance apprise. C'est du dressage.

Non, de la manipulation,  des informations incomplètes,  desinformation, ajustées à la pensée unique.
Ou sous peine d'oser exprimer une autre opinion, on vous culpabilise, une véritable castration , une dictature. 
La dictature des reines fachistes comme disait mon regrette petit frère. 

Mais la peur a de multiplies facettes,  celle-ci est véritablement destructrice

Mais Rur n'a pas tort non plus, c'est aussi du conditionnement mené avec dextérité et autorité, il n'y a aucune possibilité d'y échapper....