La fuite...

Je pensais cet après midi à tous ces malades alcooliques qui partent avant la fin d'une cure, qui arrêtent le sevrage sans le mener au bout, qui retombent dans l'alcool après quelques jours d'abstinence...Pourquoi, alors qu'ils ont fait le plus gros, tous les efforts pour se sortir de l'alcool, pour se soigner, pourquoi s'arrêtent-il brutalement? Est-ce une fuite?
Si on part de cette hypothèse, pourquoi ce besoin de fuir, où est le danger?
Je me le demande encore...Sans doute de se retrouver face à un moi sans alcool, un inconnu en fait. Peur de ne plus connaître les règles à appliquer en société, ou même seul quand on ne boit plus, peur de nos émotions que l'alcool anesthésiait, peur de devoir affronter tous nos soucis avec une lucidité qui nous les jettera en pleine figure alors que l'alcool en diminue l'importance...Peut-être aussi la peur de se retrouver seul, l'alcool étant encore trop souvent une preuve de convivialité, on s'imagine qu'en buvant on a beaucoup d'amis…
Si vous avez d'autres idées sur cette peur de quitter l'alcool, n'hésitez pas à les écrire….

c'est un sujet très interessant,j'y répondrai un peu plus tard avec plaisir 

Si on part de cette hypothèse, pourquoi ce besoin de fuir, où est le danger?

le danger il est en soi,c'est nous que nous fuyons et c'est en nous détruisant que l'on cherche à nous punir d'être ce que nous sommes ou ce qu'on arrive pas à être 
l'alcool nous donne l'illusion d'être quelqu'un durant un laps de temps très court en fait puis il nous rend minable et nous permet finalement de refléter ce que nous pensons de nous et de revêtir l'image que nous avons de nous 
On fuit la personne que nous pensons être ,nous fuyons aussi le regard des autres qui ne peuvent que nous haïr avec cette image de nous,puis nous fuyons cette vie qui n'est pas la notre,nous fuyons aussi le bonheur ou la réussite qui n'est pas pour nous,on ne la mérite pas  nous fuyons le fait même d'exister puisqu'on nous a bien fait comprendre que nous n'étions pas les bienvenus dans ce monde....du moins,on en est persuadés jusqu’à ce qu'on travaille profondément sur nous même 

En cure, la personne est en milieu "protégé"... protégé de l'alcool, des "tourmentes" de la vie.... des émotions positives aussi.... 

La question alors est comment mieux préparer ce retour.... ? en dehors d'une post cure 

La question est importante. La cure que j'ai faite s'appuie sur des infos très précises sur la dépendance et la maladie alcoolique en général, connaissance qui nous font comprendre ce qui se jouera si on reprend un verre, et croyez moi, quand on sort, on n'a pas envie de tenter l'expérience. Il y a aussi un travail psychologique en groupe très important qui nous fait prendre conscience de nos failles, pas forcément avec douceur, mais parfois même brutalement.. Ce n'est pas une cure qui se fait dans la douceur et le cocooning, loin de là, pour moi ça m'allait parfaitement, je pense qu'une cure trop cool ne m'aurait pas réussi...
On prépare aussi notre sortie en comprenant qu'il va nous falloir changer des choses à notre retour, changer ne serait-ce que la déco de l'appartement, les copains de boisson, et bien d'autres choses...Ces séances nous rendent bien plus fort aussi...
Pour ma part, j'en suis sortie au bout d'un mois complètement hors alcool , mais sans doute ce style de cure me convenait-il parfaitement. on me dit que souvent je suis cash, c'est vrai, mais c'est aussi comme ça que je m'en suis sortie..

Il y a des cures qui donnent des permissions de sortie, là aussi il y a le risque que la personne en retrouvant son entourage habituel retrouve aussi l'alcool.....

Bonjour,
C'est intéressant comme titre, je ne voyais pas les rechutes ou les
ré-alcoolisations comme çà, mais en vous lisant  je comprends.

La fuite, je trouve que çà reste un terme qu'on emploie beaucoup
plus tard, avec du recul. Ou alors un terme plutôt employé par l'entourage.
Pour un consommateur, "fuite" va signifier tout ce qui l'emm* dans sa 
vie, les ennuis, la solitude, la tristesse..

Arrêter un sevrage, une cure, une abstinence jeune, tellement de raisons!
Pour moi, qui avant de faire une cure avait "arrêté" un mois, la fuite
était sans doute celle de la réalité de l'alcoolisme.
J'avais "arrêté" de boire pour me prouver que je n'étais pas alcoolique, 
que c'était convivial, un plaisir.
Arrêté aussi parce que l'alcoologie me disait que j'étais alcoolique,
et que je voulais lui donner tort (je ne pouvais pas le voir, un type très
pédant qui me parlait comme à une débile).

Alors forcément, çà ne pouvait pas marcher avec çà en tête.

Aujourd'hui, je ne vois toujours pas l'alcool comme une fuite d'ailleurs,
mais comme un masque et un pansement. C'est ici que j'ai trouvé ces termes là,
et çà correspond mieux à mes rechutes alcooliques.

En cure, par contre, très concrètement parlant, j'ai vu des gens
s'éclipser pendant la sortie pour aller s'acheter à boire. Je crois qu'ils
fuyaient d'avance ce qu'ils n'avaient pas envie de retrouver à la sortie 

Oui, là, je parle surtout du problème des malades alcooliques qui arrêtent brutalement la cure ou les soins qu'ils étaient en train de faire...C'est dans ce cas là que je parlais de fuite...

C'est vrai. D'un point de vue de participant à la cure, où on est
vraiment ensemble avec les autres, on a comme l'impression qu'ils
quittent le navire, çà met très mal à l'aise et on est triste pour eux.

Par contre, du moins là où j'étais, çà vaut une exclusion directe. Ce qui
est compréhensible.

Dans la cure où j'étais, si quelqu'un quittait la cure, il ne pouvait pas se réinscrire avant six mois, mais il pouvait tout de même en refaire une...