Situation du MA devenu abstinent

On n'y pense pas souvent mais quand un malade alcoolique arrête l'alcool, sa place dans la famille n'est pas facile à trouver, pas toujours mais souvent.
En effet  la famille s'est habituée à vivre avec une personne dépendante de l'alcool, beaucoup tombent dans la co dépendance et l'alcoolisme du conjoint devient aussi leur problème!
Comme il ne peut plus assurer son rôle dans la famille le temps où il boit, le conjoint où un autre membre a pris en charge toute l'organisation de cette famille.
Quand le malade alcoolique revient de cure par exemple ou tout au moins devient abstinent, sa place dans la famille n'existe plus qu'en tant que malade alcoolique, rien de pire pour le faire rechuter...
Il va vouloir reprendre son rôle et ce ne sera pas facile car ce rôle n'existe plus...
Comment peut-il retrouver sa place sans mettre à mal sa famille.
Si vous avez des idées, n'hésitez pas à les mettre....

Déjà, lorsque l'on commence le "processus" pour devenir abstinent, nous passons par une période où nous nous concentrons sur nous, période que je dirais indispensable et qui peut déjà être troublante dans la vie de tous les jours.

Pour ma part, je n'ai pas été en cure. J'ai effectué mon sevrage et la "suite" aussi, à la maison.
Après avoir pris une des meilleures décision de ma vie , dire STOP à l'alcool, j'ai commencé à me retrouver en face à face avec une inconnue.
Pas facile dans ce cas là de se remettre dans une dynamique familiale.
Je dirais aussi que petit à petit et surtout avec énormément de communication, tout s'emboîte.
Il ne faut surtout pas hésiter à dire quand ça ne va pas, .. quand nous avons besoin d'aide; ou d'être seul.

Au plaisir de lire d'autres avis 

SHALE a écrit: Si vous avez des idées, n'hésitez pas à les mettre....

Après mon sevrage physique (comme Mamou, je n'ai pas fait de cure), je suis passée en mode : mes soins d'abord et avant tout le monde.

J'avais donc une multitude de rdv, à l'hôpital, au centre (psy, addicto, relaxation) et ma famille était passée en second plan.
Bizarrement, je pense que cela l'a bcp rassurée.

Pouvoir reprendre son identité au sein de la famille passe par une re-prise de confiance. Qui transite avant tout avec soi même.

Je pense avoir rétabli cette confiance en montrant l'énergie que je consacrais à me soigner.

Bises

C'est aussi très intéressant cette vision des choses.....

les associations, certains centres de cure mobilisent le conjoint voire les enfants pour en parler et c'est très bien pour le cercle un peu plus large de la famille c'est plus compliqué et le dialogue antialcoolisme n'est pas toujours compris, les relations s'en ressentent

ce qui importe au début,c'est surtout la famille proche,celle qui vit avec le MA touts les jours,les autres,on peut les éloigner le temps de devenir plus fort mais les proches,il faut leur apprendre la maladie pour la combattre eux aussi car ils souffrent peut etre bien plus que nous parce que ce n'est pas leur maladie.
c'est une très bonne chose que les centres tiennent aussi compte de l'entourage car il fait partie intégrante du MA.
merci pour ton intervention basile,si tu veux nous parler un peu de toi,tu as toute la place sur ce forum mais tu fais comme tu le sens surtout

SHALE a écrit:
Il va vouloir reprendre son rôle et ce ne sera pas facile car ce rôle n'existe plus...
Comment peut-il retrouver sa place sans mettre à mal sa famille.

Pour le cas de famille "personnelle" (couple, enfant, donc hors parents ou cercle
différé), les conclusions positives que j'ai vues, le rétablissement des statuts, rôle
considéré ou "réhabilitation" (terme affreux mais réaliste), s'est fait sur une
durée longue.
Plus l'entourage a souffert, plus il reste méfiant ou, même sans être ouvertement
méfiant ou suspicieux, plus il a besoin de délai, de période probatoire, de réassurance,
de stabilisation pour réaplanir les situations.

Dans le cadre d'un couple ou d'enfants, c'est possible car il y a un avenir
meilleur en projet, un désir de se retrouver et de l'amour.
La parenthèse de l'alcool peut se refermer avec çà.

Pour une autre partie de famille, c'est plus délicat, elle peut
s'enfermer sur le passé du MA et l'y enfermer parce qu'elle ne peut pas
supporter de changer ce qui s'est installé.
L'alcoolisme déstabilise un entourage, mais un MA abstinent peut
s'avérer insupportable quand il ne se laisse plus prendre sa place.
Je crois que çà dépend de ce qu'a déclenché chez l'entourage l'incapacité
du MA.

Tout dépend aussi du degré de co dépendance des proches....

C'est vrai. Nous, de notre côté, on ne peut "que" faire de notre mieux
pour 1/ redevenir vivable 2/ inspirer confiance 3/ nous (re) placer là où
on aurait du être.
La co-dépendance de l'entourage n'est pas évaluable aussi facilement
que notre dépendance à nous.
Mais à la limite, vu que c'est de soi qu'il est question, à partir du moment
où l'on fait tout ce qui est possible (en principe), il y a un moment où ce peut
être la situation nouvelle, celle dans laquelle nous nous sentons bien, qui
nécessite de ne plus s'en occuper autant, des autres.

Je repense au cas d'une femme qui avait été très présente ici il y
a un bon moment. Elle réussissait à sortir de l'alcool, mais son mari
et elle n'avaient plus de bons moments ensemble une fois l'alcool évincé.
Elle avait replongé..
Je ne sais pas où elle peut en être à présent, mais je repense à elle
en me disant que l'alcool apparaît aussi (par son absence)comme lien,
de façon déchirante, et que c'est plus qu'à l'alcool qu'elle devait renoncer
pour s'en sortir à ce moment là.
Dans ce cas précis, le conjoint était alcoolique mais dans le déni.

Il y a tout un tas de figures, mais oui, arrêter ne concerne pas que
le malade.
Pa contre, comme c'est une maladie évolutive et mortelle, c'est à nous
d'évaluer le pour et le contre en envisageant notre situation au fur et à
mesure, ce qui n'est pas forcément si facile.
C'est peut-être aussi pour cette raison qu'un point de vue extérieur, une
aide, sont souvent nécessaires. Tout seul, la tête dans le guidon, çà
reste difficile!

Je me souviens de la personne que tu cites, je m'étais faite les mêmes réflexions que toi, j'aimerais bien savoir où elle en est moi aussi.
Souvent le malade alcoolique équilibre la famille. Tant qu'il boit, tout le monde arrive à se donner un rôle qui tourne autour de l'alcool, je parle bien sûr de familles co dépendantes, mais si l'alcool n'est plus là, l'équilibre de la famille n'existe plus, il lui faut se reconstruire autour d'autres choses et beaucoup n'y arrivent pas..

SHALE a écrit: je parle bien sûr de familles co dépendantes, mais si l'alcool n'est plus là, l'équilibre de la famille n'existe plus, il lui faut se reconstruire autour d'autres choses et beaucoup n'y arrivent pas..

Je cherche un peu mais… y a-t-il eu ici des exemples de familles qui ne soient pas co-dépendantes?
à vue de nez, je n'ai pas souvenir de çà.
Des familles co-dépendantes qui ont vu l'utilité de changer aussi il y en a
(soutien ou changement d'attitude et d'habitudes du compagnon, des parents, des enfants),
mais non co-dépendantes, çà existe?

oui, il existe des familles qui n'entrent pas dans le jeu de l'alcool, pas souvent par choix, mais pour ne pas se faire démolir.
Ma famille n'a jamais été co dépendante, on ne s'est jamais soucié de l'alcool que je pouvais boire, mon mari n'avait même jamais imaginé que je pouvais être alcoolique, alors à ce niveau, pour moi, quand j'ai arrêté l'alcool, rien n'a changé...

C'est exactement ce qu'il s'est passé chez moi aussi.
Mon mari voyait bien que je "buvais un coup de trop".... mais était loin d'imaginer à quel point....
Je dirais que ce n'est pas facile du tout de se retrouver une place que l'autre n'imaginait même pas que l'on avait perdue ( je sais pas si je me fais bien comprendre).
Pas facile pour l'autre d'accepter les changements chez soi quand il  ne pensait pas à la place de l'alcool...
Aujourd'hui encore il y a ce déséquilibre.... 

J'ai eu beaucoup de chance car , même avec l'alcool, j'avais gardé ma place dans la maison, dans la famille. Ce qui a changé c'est que je n'ai plus la culpabilité de boire en cachette et que je l'ai transformée en choix de vivre pour moi une bonne partie du temps.... J'ai appris l'égoïsme et ma foi, c'est plutôt bien passé...C'est le seul changement notable, je fais ce que je veux, quand je veux et comme je veux, j'avais déjà cette tendance, mais j'étais bloquée par la culpabilité , ce n'est plus le cas, alors je fais pour moi en tenant compte des autres tout de même....

Pour conclure on pourrait dire que le malade alcoolique abstinent est surtout devenu totalement , authentiquement lui, ayant même dépassé ce qu'il aurait pu être s'il n'avait pas eu le problème avec l'alcool. D'ailleurs les MA qui vivent une abstinence heureuse, en général, ne regrettent pas d'être passés par cette étape alcool, aussi douloureuse a-t-elle pu être.
L'intérêt du malade se situe maintenant du côté de la vie, on peut même devenir ivre de vie comme on l'était avec l'alcool autrefois, et cette ivresse , cette envie de vivre à fond tout ce qui se présente, entraîne les autres...
Il faut en parler encore et encore....

D'ailleurs les MA qui vivent une abstinence heureuse, en général, ne regrettent pas d'être passés par cette étape alcool, aussi douloureuse a-t-elle pu être. a écrit:

Ca c'est bien vrai !

SHALE a écrit:
L'intérêt du malade se situe maintenant du côté de la vie, on peut même devenir ivre de vie comme on l'était avec l'alcool autrefois, et cette ivresse , cette envie de vivre à fond tout ce qui se présente, entraîne les autres...
Il faut en parler encore et encore....

Tout à fait çà
en parler, de temps en temps, c'est bien aussi parce que çà "assoit"
cet état de fait. Et comme tu dis, on sait ici que c'est du à cette sortie
de l'enfer qui a failli nous en priver.