Mon chemin vers la vie

Drôle d'exercice de figer à un instant T mon parcours de MA actif à celui de MA libre. Parce que ce parcours est loin d'être fini, mais je vais raconter ce qui m'a amené là où j'en suis aujourd'hui. J'ai bu, beaucoup bu, exagérément bu. Cela a duré environ 20 ans. Avec des périodes de rémission, jamais longues. Rémissions le plus souvent dues à mon désir de retrouver ma capacité de séduction, après de fréquentes ruptures amoureuses. Et puis, la fatigue, l'ennui, la peur reprenaient le dessus et me voila replongée dans le goulot de la bouteille. Ces dernières années, ma consommation n'a fait que croître, jusqu'à atteindre une bouteille de vodka journalière. Mes enfants ont quitté le nid et se sont éloignés de moi, soucieux d'échapper à une mère alcoolique. Je n'ai pas un sou et suis obligée de supporter une colocation tendue. Et puis, j'ai 56 ans, alors à quoi bon ? Je me trainais lamentablement du supermarché (pour acheter ma dose) à la pharmacie (pour tenter de guérir tous mes bobos) tous les deux jours. Je planquais mes bouteilles, me cassais la gueule dans les escaliers pour virer les cadavres (quel mot !), dormais toute la journée. Une vie d'alcoolo, quoi ! Moi qui me suis toujours vantée d'être indépendante, dans la dépendance, j'y étais enfoncée jusqu'au cou.

Et un soir, tout a explosé. Les vannes ont cédées. Trop d'angoisses, trop de larmes, trop de mensonges, trop de douleurs physiques et morales ... Trop de souffrance. J'ai écris un petit mot à mon colocataire en lui disant que j'étais alcoolique et que j'allais me faire soigner. Plus de retour en arrière possible ! De ce jour, j'ai mis tout en œuvre pour sortir de cet enfer. J'ai tâtonné, j'ai trébuché, je suis repartie. Il m'arrive encore de m'alcooliser, très rarement, sous le coup de frustrations qui me sont insupportables. Le fameux craving revient à la charge et j'y cède encore. Le lendemain, je me remets à l'ouvrage.

Cela n'entache en rien ma qualité de vie, mais je sais que je ne suis pas encore au bout du chemin. Je crois d'ailleurs qu'il n'y a pas de fin à ce chemin. Je renoue peu à peu avec mes enfants, avec d'anciennes amies, je côtoie de belles personnes, j'ai payé mes dettes, j'envisage de m'acheter une voiture, de déménager, je soigne sérieusement les maux liés à l'âge et à l'abus d'alcool, je reprends goût aux activités manuelles.  J'essaie de vivre pleinement chaque jour, même si la tristesse et l'ennui pointent le bout de leur nez de temps en temps.

Je ne sais qu'une chose, je ne veux pas retourner de là d'où je viens. De ce néant sombre et froid où m'a englouti l'alcool. Je veux être sereine et libre. Je veux rire et chanter. Je veux aimer. Je veux vivre tout simplement.

Merci de m'avoir lu.

Bienvenu Lili parmis nous, tu es bien tombée ici. Mais je vais laisser la place à de bonnes âmes plus expertes que moi.

bonjour lili,je suis contente que tu aies ouvert ton fil  
juste une question,est ce que tes réalcoolisations sont dues a un trop plein d'emotions que tu n'arrives pas à gérer ou a une envie que tu assouvies en te disant "c'est bon,je gère maintenant".
il est très important de savoir si tes faux pas sont uniquement une soupape de sécurité ou une impression de savoir gérer l'alcool après 8 mois.
Il est assez fréquent de se réalcooliser lors de ce combat,si on se relève et qu'on comprend pourquoi on a chuté,alors ce faux pas peut être positif car il nous montre où on doit encore travailler mais si c'est reprendre une vie avec un alcool modéré,alors ça devient plus dangereux  

mais d'après ce que je lis,je pense que c'est juste des points a consolider puisque tu reprends le combat derrière  
en tout cas,tu as mis pas mal d'aide autour de toi et tu a l'air de bien connaitre ton ennemi,c'est mieux pour le combattre

je pense que tu trouveras ici un plus pour continuer cette nouvelle vie  

Pour le craving, ça ne te pose pas problème, pour moi ça m'en pose un peu plus. Tu as encore souvent des flashs? Tu fais quoi pour y remédier ???
Le travail avec ton MAB et avec ton psy t'aide aussi à avancer?
A quelle fréquence te réalcoolises tu ?? Tu travailles ?
Excuse moi pour toutes ces questions, c'est pour mieux t'aider que je te demande tout ça... 

Je vous réponds à toutes les deux, puisque les interrogations sont les mêmes.

Oui, mes cravings me posent problème, sinon je n'en parlerais pas, ni ici, ni au MAB, ni au toubib. Or, j'en parle ... J'ai bien cerné les moments où ils apparaissent. Cela concerne exclusivement mes enfants. Je vous donne quelques exemples. J'ai des relations très tendues avec ma fille cadette, je ne l'avais pas vue depuis presque 2 ans. Je l'ai invitée pour son anniversaire au mois d'octobre et avant de la recevoir, j'ai eu un craving irrésistible et j'ai bu. Elle m'a téléphoné pour m'inviter à l'anniversaire de son fils au mois de décembre et j'ai pensé "Bon, il faudra que je boive". J'ai croisé il y a quelques mois ma fille aînée (elle, ça fait 10 ans que je n'ai aucun contact avec elle), qui m'appelle dans la soirée pour me dire qu'elle avait l'impression que je me laissais aller. J'ai bu.

Donc, oui, je creuse là-dessus. J'ai d'ailleurs réservé un bouquin à la bibliothèque sur le sujet. Et je revois mon dosage de baclo. Et non, je ne pense pas à modérer ma consommation après cette période d'abstinence. Je sais que c'est impossible. Quand je me ré alcoolise, c'est la bouteille qui y passe ou presque ... En tout, c'est 3 alcoolisations depuis ma décision. Pas à intervalles réguliers puisque cela est ciblé en fonction des circonstances.

Comme tu le dis, cristal, l’ennemi est ciblé, il faut que je travaille sur mes émotions, mais pas que. Sur la genèse de mon addiction, que je place dans ma relation à ma mère, sur ma dépendance affective et encore sans doute un tas d'autres choses. Mais le MAB et le psy m'aident à avancer.

Pour répondre à ta question, shale, non je ne travaille plus depuis des années. Ce qui me pèse d'ailleurs. Mais je ne désespère pas de retrouver quelque chose un jour.

OK,Tu as bien repéré ce qui provoquait les flashs, c'est lié de très près à ta famille et notamment à tes enfants et à ton rôle de mère.
Tu vois un psy ce qui est une très bonne chose, comme on a coutume de le dire quand un malade voit son psy, dans le cabinet du médecin il y a trois personne: le malade, sa mère et son enfant.
Un problème comme l'alcoolisme ou tout autre psychose se joue sur trois générations, alors il faut réussir à faire cohabiter tout ça et ce n'est pas simple.
Tu viens nous en parler autant que tu veux, nous sommes là pour ça, ton témoignage est très intéressant.  

Bienvenue Lili!

Tu as deja fait un beau parcours.
Nous sommes tous la pour t'aider a continuer. Sans cailloux!

 

Coop

Bah, les cailloux, ils existeront toujours, schwcoop (j'espère que je n'ai pas écorché ton pseudo  
) mais c'est à moi de ne plus trébucher dessus.

Et en effet, je prends conscience peu à peu que mon alcoolisme ne se résume pas à ma petite personne, shale. Je me sens comme coincée entre ma mère (relation conflictuelle larvée pendant des années) et mes enfants (sentiment de perte et d'inutilité). Il me faut faire le lien entre tout ça et c'est parfois difficile.

J'ai lu récemment un bouquin de Pablo Naouri "mères et filles" qui m'a été bien utile pour comprendre comment les générations précédentes influencent et alimentent nos psychoses, même et surtout quand c'est du domaine du non-dit.

Je suis preneuse de tout conseil, de toute information me permettant d'avancer. Car tant que ces flashs me pourriront la vie, je ne serais pas complètement sereine. Même si ma vie est 10.000 fois plus belle qu'avant.

Bonjour lili 40
pourquoi dis tu que les cailloux existeront toujours?
Ne pars pas dans une généralité qui voudrait que tu connaisses des flashs régulièrement. Tu es pour le moment en début d'abstinence , loin encore du hors alcool.
Tu verras que dans le hors alcool tu n'utiliseras plus l'alcool pour calmer tes souffrances ou tes peurs.
J'ai connu en peu de temps un très grave maladie et le décès de ma compagne et ce n'est que bien après que je me suis dit "Ben m......t'as pas pensé une seule fois à picoler"
Dis toi donc que des craving, tu en connaitras peut être encore , qu'ils vont s'espacer pour disparaitre sans que t'en aperçoives.
L'abstinence heureuse et durable fera de toi une nouvelle femme et tes enfants ne pourront faire sans s'en apercevoir. Tu as vraiment (comme nous tous) tout à y gagner mais en positivant au max!

Merci de ton intervention, pascal1. Quand je pense aux cailloux de schwcoop, ce ne sont pas les flashs qui ne venaient en tête, mais toutes les petites et grandes embûches que la vie met sur notre route. Et je suis persuadée que c'est la manière dont je ressens les choses qui me feront -ou pas- attraper la bouteille. J'ai eu l'occasion de raconter un peu ma vie à une amie récente et elle m'a dit "Et bien, avec tout ça, tu aurais pu devenir toxico!". Réflexion pour moi nulle et non avenue. D'abord, je suis toxico de l'alcool et surtout j'aurais pu tout aussi bien réagir autrement qu'en picolant.

Il y a un schéma mental tordu que j'ai (?) mis en place pour me protéger (?). Car ce que j'ai construit l'est certainement sur la base de ma relation toxique avec ma mère et la protection est toute illusoire ...

Il faut que je retrouve la genèse de cette construction, que je la défasse et que j'en mette en place une autre plus saine. A mon avis, c'est la seule solution pour âtre un jour capable de dire "Tiens, je n'ai même pas pensé à picoler".

PS : J'aime bien ta signature. J'ai la fâcheuse tendance à vouloir brûler les étapes ...

Bonjour Lili  

Oui, un jour nu cesseras de trébucher, le travail est en marche, faut pas hésiter à utiliser tous les outils!  

Bonjour lili

Tu as raison quand tu dis qu'il faut appréhender autrement ton mal être de part les embûches de la vie. Je fonctionnais aussi à coup d'alcool pour gérer ma souffrance intérieure, mes émotions je les découvrent aujourd'hui sans alcool. Apprendre à les accueillir c'est important sans ce mettre la tête à l'envers. Retrouver un bien être oublié et ignoré. Te retrouver sans faire du mal à ton corps et ta tête.

pour entrer dans la maladie alcoolique,il faut 3 choses: un terrain fragilisé au départ,un élément déclencheur et la rencontre avec le produit.
Pour ma part,ma faille vient de ma mère,l'élément déclencheur fut une rupture amoureuse et le produit,je l'ai connu très tot car il n’était pas rare que les enfants boivent une coupe de champagne lors des fêtes.De plus,mes parents buvaient pas mal.Bref,je savais très tot que l'alcool était une évasion parfaite pour moi.

tu sais que le problème doit venir de ta mère,tu as des flashs qui arrivent a cause de tes enfants disais tu,il y a là un schéma "relation mère/enfants " à étudier, tu t'es construite sur des fondations faussées à la base  
pour ma part,je suis arrivée sur ce forum en étant persuadée que j'avais une enfance merveilleuse avec des parents aimants,c’était le dessus de l'iceberg,quand j'ai commencé a travailler sur moi,j'ai vu l'horreur que j'ai ressenti petite fille,le fardeau que j'ai du porter alors que j’étais si petite et l'incapacité de reussir ce qu'on me demandait j'ai basé ma vie sur ce constat:" je ne suis pas a la hauteur,je suis une incapable" sans imaginer un seul instant que ce que me demandait ma mère etait inaccessible pour une enfant de mon age   avec en plus l’étiquette "je ne t'ai pas désirée,tu es un retour de couche" ,ça ne m'a pas aidée a me sentir aimée ds cette vie   
je suis devenue adulte trop tôt,je n'ai jamais réussi a finir mon enfance et j'ai fait ce travail a 40 ans,ce qui est bien plus pénible qu'a 8 ou 10 ans  
toutes mes fondations étaient fausses et j'ai bati ma vie sur un terrain qui n’était pas fait pour moi et j'ai bu pour pouvoir supporter cette vie qui ne me correspondait pas .Il a fallut détruire puis reconstruire une fois que j'avais compris d'où venait le problème,mais il ne faut surtout pas faire ce travail seule au risque d'aller dans des gouffres encore plus sombres !!
alors j'espère que tu as un bon thérapeute qui pourra te guider a ton rythme dans la bonne direction

Je me retrouve dans ton histoire, cristal. Je sais depuis longtemps que ma mère ne m'a pas aidée à me construire lorsque j'étais enfant. Elle m'a très vite installée dans le rôle de confidente, dés que j'ai eu 8 ou 10 ans, elle me racontait ses déboires (c'est le cas de le dire ...) avec mon père alcoolique. Je l'ai toujours entendue porter des jugements négatifs sur le monde entier ! Adulte, je me sentais obligée de la raisonner, de l'aider, mais enfermée dans sa conviction qu'elle vivait un enfer (et ne voulait pas en sortir et finissait par m'y entraîner), elle a fini par provoquer la rupture d'avec moi. Je ne la vois plus depuis 3 ans.

La révélation de mon besoin d'alcool a été l'accident dramatique de ma fille lorsqu'elle avait 11 ans. J'avais 29 ans et en rentrant de l'hôpital (histoire sordide car je me suis retrouvée seule à gérer la situation avec ma deuxième fille de 7 ans), je me suis arrêtée dans une épicerie et ai acheté une bouteille de whisky. Le produit, je le connaissais depuis longtemps, mais je croyais (à tort) qu'il ne m'apportait que le coté festif.

Il faut maintenant que je fasse le lien de tout ça. J'y travaille avec mon psychologue et j'avoue que cela a engendré pas mal de cauchemars et même la reprise de mes crises de spasmophile à un moment donné. J'ai le sentiment de patauger, mais je continue car je sais que la clé est quelque part enfouie au fond de toute cette vase.

Quand à accueillir mes émotions, je m'y emploie aussi. Les accepter comme la preuve que je suis bien vivante. Le MAB m'aide aussi à me remettre en place. Je ne suis pas la seule à souffrir et il me permet aussi de reprendre une place dans la société.

Oui, les outils, je les ai ! Et je ne les lâche pas. Je sais que je ne suis qu'au début de mon abstinence et que j'ai encore du travail à faire (la meilleure preuve en est ces cravings ...). Moi qui tombait un peu dans le défaitisme, vous êtes en train de me redonner l'envie de continuer !

Tout est dans ton titre lili. Le chemin vers la vie.  

très bonne remarque so.
Beaucoup de post contiennent les mots "gouffre, enfer, mort, descente"
Le tien contient le mot VIE ....Y a pas de hasard!

Bonjour lili 

Comment vas tu? Donne nous des nouvelles si tu passes par le forum. 

Bonjour les amis

Je vais bien. Cette après-midi je vais à l'anniversaire d'abstinence d'un membre de mon association. Enfin quelque chose de festif où je ne serais pas obligée d'éviter l'alcool ... Cela me fait très plaisir car je vais aussi rencontrer de nouvelles personnes et je suis avide de nouveauté en ce moment, moi.

J'ai décidé de perdre du poids et de me mettre au "vapotage". Jusqu'à présent, je m'étais contentée de maintenir mon abstinence mais mon chemin de vie passe aussi par une prise en compte plus globale de mon bien-être. Pour le sport, je suis obligée d'attendre un peu, je n'ai pas de voiture et pas de transport en commun aux heures des séances  

Je suis tentée par le bouquin d'odile Lesourne "La genèse des addictions", je vais peut-être me l'offrir pour noël. Il faut que j'arrive à trouver la clé de toute cette affaire pour être tranquille à l'avenir.

Bon week-end à vous

C'est une bonne chose que tu tiennes le coup.
L'abstinence tu sais ce n'est pas une fin en soi, c'est le début d'une nouvelle vie et tu l'as senti car tu cherches à renouveler pas mal de choses dans ta vie.
Par contre pour trouver la clé de ce qui t'a menée à l'alcoolisme , ce n'est pas dans un livre que tu le trouveras mais en faisant un travail sur toi avec un psy.
Tu as les centres d'alcoologie, les CSAPA qui ont des psys alcoologues et tout est gratuit, je te conseille ce travail accompagnée, seule on ne peut pas le faire....
En tout cas bravo pour le chemin que tu fais.... 

Je suis suivie depuis plusieurs mois dans un service d'addictologie de l'hôpital. J' y vois un psy tous les 15 jours et c'est en partie grâce au travail effectué avec lui que je commence à mettre des mots sur mes maux. J'ai eu aussi une très belle discussion avec un membre de mon MAB hier soir. Moi qui ai passé une bonne partie de ma vie seule à ne rien dire, à ruminer, maintenant je suis bien accompagnée. Et le chemin est beaucoup plus aisé ainsi.

En effet le suivi est très important.  Bravo à toi Lili.

l'alcool isole souvent et le fait de parler avec des personnes ayant le même problèmes soulage énormement et cela fait du bien de ne pas se sentir seule. passe un bon dimanche et courage