"FLIGHT"

"Flight", de Robert Zemeckis avec Denzel Washington
http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=193101.html

Si vous avez l'occasion, ne le ratez pas!
J'ai vraiment trouvé ce film intéressant, et vraiment fin sur le sujet.

Pour moi, çà m'a fait une petite mise au point assez concrète.

Les situations qui sont montrées comme "symptomatiques" de l'alcoolisme du
personnage m'ont parues "normales", du moins reflètent complètement ce qui
était ma normalité d'avant.

- verser la vodka dans une bouteille de jus d'orange pour boire le matin avant de bosser,
ou à toute occasion histoire d'avoir l'air de boire un jus.

- au réveil après une nuit d'amour assez active, il boit une bière et fume
(un pétard ou une clope, peu importe) avant de commencer sa journée.
Le rail de coke pour se remettre, là je n'ai pas connu mais çà ne m'a pas choquée non plus)

- boire en attendant sa chérie, et être raide à son arrivée

- vider les bouteilles dans un éclair de lucidité, et renouveler le stock aussi sec.

- tenir sobre parce qu'il le faut, et tomber sur un frigo plein d'alcool par hasard,
et se déchirrer la tête la veille du jour où justement il ne faut pas.
Trop de pression-décompression-s'abstraire de çà, après on s'en fout on verra bien!

- trouver l'alcool, dévisser le bouchon, reposer la bouteille, et finalement la
reprendre très vite. On ne voit pas le personnage, juste la main, et pas besoin
de montrer la suite.

Tout un tas de scènes dans le genre, filmées sobrement, très suggestives.
Et la fin, qui résume en deux phrases ce à quoi on arrive après le déni...
(vous verrez, j'espère qu'on pourra en parler)

En fait, ce qui m'a frappée dans la salle, c'était le public. Pour certaines scènes,
j'ai entendu pas mal de "Ah wais d'accord" ou de "Oh là, tu te rends compte",
ou "çà c'est dingue quand même", pendant que moi je me disais "bon oui, mais après?"
Trois sont sorties ("bon çà va on a compris"!!!)

J'attendais du "Trash", quelque chose qui me choquerait. Il n'y a rien eu, tout était
normal et logique, bien filmé en plus. La seule chose qui m'a frappée a donc été la
réaction des autres, qui ont vu de l'extérieur quelque chose d'horrible.

Juste un sentiment d'injustice totale de le voir mis sur la sellette à cause de son alcoolisme
alors qu'il avait assuré à 100% dans son boulot.

Ce film me fait réfléchir. Parce qu'évidemment, quand on est MA, on se compare, enfin
moi oui. Je me dis que, si les spectateurs ont réagi comme çà à "aussi peu de choses", c'est
que moi j'ai du aller plus loin que ce que je crois, pour avoir tout trouvé si ordinaire.

La fin m'a donné la pêche. Je suis bien contente d''être depuis quelques mois en
train de réfléchir sur cette même réponse à trouver, que chacun doit trouver en soi une fois
qu'on est débarrassé du voile.

Flight, me concernant, comme Lolo, je n’ai rien trouvé de choquant ni de trash, ni rien « d’abusé » en terme de consommation.

Le plus étonnant dans ta séance Lolo, ce sont effectivement les autres spectateurs ! Si des personnes sont sorties de la salle, ce sont elles qui ont un sacré problème avec l’alcool ou avec les alcooliques.

Moi je n’y ai vu que l’exact retranscription de ce qu’on peut vivre et je n'ai pas grand chose à rajouter sur ce qu'a dit Lolo.

La vie et les travers d’un alcoolique typique, très bien traités, dans leur ensemble, de façon neutre si ce n'est que la société n'accorde aucune pitié à un type qui a réalisé un exploit malgré qu'il ait bu.

Très complet, on voit toutes les conséquences personnelles, professionnelles, amoureuses, familiales.
Finalement un homme seul du fait de son alcoolisme, son seul "ami" est son dealer, bien que très sympathique cette relation est basée sur la drogue et l’argent.
On voit aussi le déni, l’acceptation, les échecs, et à la fin la libération quand il décide vraiment d’accepter et surtout de dire qu’il est alcoolique, et surtout… la dernière réplique.

Je pense quand même qu’il faut être MA ou co-MA pour réellement bien comprendre ce film, et notamment cette fameuse dernière réplique.

Et vraiment on s’y retrouve, toutes les étapes sont là. Pour moi les moments clés :

Au début, il décide d’arrêter de boire parce qu’il sait qu’une enquête va être menée sur lui.
Donc là l’arrêt est motivé par une contrainte extérieure qui pèse sur lui et pas parce-que lui l’a décidé dans son for intérieur.
On le sent quand même ultra motivé, il jette tout l’alcool qu’il a chez lui et y en a vraiment partout et à foison.
Fatalement ça foire dès qu’il apprend que des analyses ont déjà été effectuées sur lui pendant qu’il était inconscient. Il s’y remet tout de suite, d’une part parce qu’il sait que ça ne sert plus à rien d’arrêter, les tests ayant déjà été effectués et secundo pour encaisser le choc, parce qu’il vient d’apprendre qu’il risque gros, les tests vont révéler qu’il avait bu. A quoi bon se priver si ça ne sert plus à rien et se diriger vers la bouteille pour se soulager du stress. La béquille. Le petit singe reprend ses droits.

Ensuite il y a le moment où il assiste à une séance dans un MAB, il ne se sent pas concerné et il s’en va, il se dit qu’il n’a rien à faire là, mais quand même on sent un malaise. C’était très parlant aussi. Et d’ailleurs il va se cuiter ensuite.

Suite à ça, le moment où sa copine, qui elle-même essaie de s’en sortir, (et l’alcoolisme est aussi traité à travers elle, aussi bien du point de vue co-dépendant que dépendant, mais dépendant sorti du déni) donc sa copine voit bien que malgré ses promesses il est archi dans le déni. Là on le discours "après ça, promis j’arrête de boire, je me soigne".
Puis la dispute qui s’en suit au cours de laquelle il dit que c’est lui qui a choisi de boire et sa copine lui dit qu’elle ne voit aucun choix là-dedans. Elle essaye de lui faire comprendre qu’il est complétement dépendant et il répond que c’est lui qui choisit de boire, que s’il ne parle plus à sa femme et à ses enfants, bien que ce soit regrettable, c’est lui qui a fait ce choix-là, qu’il préfère boire, mais incapable de dire que c’est la conséquence direct de son alcoolisme et qu’il est dépendant.
Et là bien qu'attachée, elle décide de partir pour se préserver et ne pas rechuter avec lui. Grosse volonté. Très parlant aussi.

Et le moment qui m’a le plus marqué, c’est quand après avoir été sobre plusieurs jours pour assurer le jour de son audition, moment qui va conditionner le reste de son existence, il se retrouve la veille face à un frigo rempli d’alcool, prend une bouteille, l’ouvre, la referme, la repose, s’en va, on se dit ouf c’est bon il a tenu, plan de quelques secondes sur la bouteille, et on voit juste la main empoigner la bouteille… Là c’était juste énorme, et tellement parlant. On sent vraiment à ce moment-là que le poison l’emporte sur toute la volonté du monde, parce-que là ce n’est vraiment pas le moment pour lui de boire.

Et puis bien sur l'audition.... Il bascule. Sort du déni, se libère, brise ses chaines.

Bon voilà, juste quelques moments clés et dis comme ça on pourrait se dire que ce film ne fait que reprendre tous les clichés de l’alcoolisme mais c’est vraiment bien foutu et c'est très bien joué.

Comme dit Lolo tout un tas de scènes très suggestives et une fin qui ouvre la voie à une véritable réflexion personnelle.

Ce film m'a touché. J'ai adoré.
Très bon film tout court et très bon film sur l’alcoolisme.