lutte contre l’alcool
































Qui est en ligne ?
Il y a en tout 58 utilisateurs en ligne :: 5 Enregistrés, 0 Invisible et 53 Invités :: 2 Moteurs de recherche

cristal, Greg35, nicole84, Olive, rur@lcoolique

Le record du nombre d'utilisateurs en ligne est de 265 le 11/6/2012, 17:08

Abstinence heureuse par Yves Mouchet

Aller en bas

Abstinence heureuse par Yves Mouchet Empty Abstinence heureuse par Yves Mouchet

Message  SHALE 1/12/2012, 22:59

MON RESSENTI APRES 20 ANS D'ABSTINENCE HEUREUSE !

Message MOUCHET YVES Aujourd'hui à 16:34
Je vous livre en avant première le texte que je présenterai vendredi prochain à GIARA (Groupe Inter Alcool Rhône Alpes : composé de professionnels, infirmiers, toubibs, psy, etc, et de bénévoles issues d'association d'anciens buveurs) :




MON RESSENTI APRES 20 ANS D'ABSTINENCE HEUREUSE !



Il n'est pas possible d'évoquer l'abstinence sans aborder la maladie et l'addiction car elles nous obligent, nous contraignent à cette position extrémiste.

Seule l'abstinence totale et sans faille permet d'endiguer la maladie alcoolique et nous ne connaissons aucune autre alternative viable.

Une fois le déni évacué et le sevrage physique réussi il reste un long chemin à parcourir avec l'aide du personnel médical et des associations.


1- L'ABSTINENCE EST UN BUT : le malade entre en résistance.


La première étape n'est pas la plus simple, lorsqu'il s'agit de revenir dans le quotidien tant l'alcool reste omniprésent dans la vie de tous les jours.
Les sollicitations sont nombreuses, les tentations constantes, les envies tenaces et vivaces...

L'abstinence est alors une obligation, un objectif, un but impératif et il s'agit de le tenir à court terme.
On compte d'abord en heures, puis en journées, avant de compter en semaines, en mois, en semestres et pour finir en années.

Pour moi cette étape a duré environ deux ans alors que j'étais sorti de cure gonflé à bloc, mais cette énergie acquise s'étiole petit à petit.
Le stock d'optimisme se dégonfle comme un ballon de baudruche et se réduit à peau de chagrin au bout de six mois.

Tu t'habitues au bien être et aux avantages procurés par l'abstinence et tu dois te colleter au présent avec les ardoises du passé qui remontent à la surface : personne n'efface le passé du malade alcoolique et il faut assumer les factures tant financières que morales. Pas si simple...

Parfois, tu es tenté de jeter l’éponge, car tu ne mesures pas toujours les bénéfices de la vie sans alcool par rapport aux efforts consentis.
Le cerveau réclame l'alcool à cor et à cri pour apaiser les tensions et parce que c'est le seul moyen de défense ou d'évasion utilisé jusque là.

C'est l'époque où les associations ont un rôle essentiel pour maintenir et renforcer le malade dans sa volonté de résister coûte que coûte.
Chacun y va de son petit conseil, de sa réflexion amicale visant à la revalorisation du parcours et donc du malade.

La vie des permanences jalonne celle du convalescent qui attend avec impatience la prochaine rencontre et s'oblige à tenir jusque là, par respect pour le groupe.
En plus, il y a aussi ces listes de téléphone et ces personnes que tu peux appeler si tu vas trop mal. Quelque soit l’heure tu peux leur parler, vider ton sac, sans jamais être jugé et recevoir toujours du soutien en retour.

Le respect strict de la confidentialité permet les aveux les plus intimes. Cette chaîne d'amitié reste un atout majeur et n'a pas de prix ; c'est la force du groupe et son expérience au service de l'individu. En parallèle il est possible de consulter un addictologue ou un psy si nécessaire.


2- LE BUT DEVIENT UN ITINÉRAIRE : le malade entre en résilience.


Avec le temps, les envies s'estompent, les sollicitations se font moins pressantes et pesantes pour peu que l'on revendique son statut de malade alcoolique. Le deuil de l’alcool commence à être accepté.
Petit à petit, on s'aperçoit que l’abstinence n'est plus un but, ni un objectif mais un moyen, un itinéraire pour aller plus loin, pour se réaliser davantage.

Riche de nos deux années de combat, on se sait capable de résister, on se sent moins fragile, plus confiant et non sans raison.
La timidité s'estompe, les doutes s'effacent d'eux-mêmes, l'estime de soi et l'amour propre regagnent du terrain, tant et si bien que même les échecs ou les déceptions ne nous terrassent plus.

Nous avons appris à rebondir et tirons une force incroyable de cette victoire face à l'alcool, sans pour autant fanfaronner.
En effet, nous savons rester humbles et nous remettre en question de façon permanente car nous restons buveurs guéris en rémission.
Nous avons tous en mémoire des cas de rechute de malades après des années d'abstinence.

Nous avons tous ce monstre tentaculaire dans nos entrailles, cette pieuvre qui ne demande qu'à sortir des profondeurs à la première goutte d'alcool pour nous posséder à nouveau.
Mais nous avons aussi le souvenir de tous les ennuis générés par notre alcoolisme.

Je me visualise la balance de Roberval avec ses deux plateaux : d'un côté les bienfaits de l'alcool, de l'autre les méfaits tellement plus lourds et nombreux que même la balance en sursaute.
Le choix est vite fait et la tentation repoussée : le fléau de la balance contre le fléau alcool...

L’abstinence heureuse s’élabore à mesure, petit à petit, mais elle reste une construction perpétuelle.
C’est une route de tous les jours, pour toujours et si j’arrête d’avancer c’est la rechute assurée.

En aucun cas elle ne peut être finalisée car elle est comme un feu de joie chaleureux qu’il faut alimenter régulièrement.
Je nourris toujours ce foyer avec de nouvelles aspirations, de nouveaux projets, pour empêcher que la flamme ne vacille et ne s’éteigne.

Ironie du sort ou diablerie, je parle encore de feu, de chaleur, de foyer, alors qu’autrefois il me fallait un p’tit verre pour rallumer la chaudière…

L’abstinence heureuse ne protège pas non plus des coups durs ni des accidents de la vie hélas.
Cependant, elle permet de les vivre plus sereinement et de relativiser, tout en acceptant de faire face.
Par la force des choses l’abstinent devient philosophe et raisonnable, en capacité d’appréhender les instants de bonheur fragiles et fugaces.


3-MES CLÉS POUR VIVRE UNE ABSTINENCE HEUREUSE :


- Tant que l'abstinence est un but, il faut rester égoïste et centré sur soi.
- Laisser le temps au temps, ne pas brûler les étapes.
- Attendre et bien se fortifier avant de vouloir aider les autres.
- Eviter de remplacer une addiction par une autre (hyperactivité, etc…)
- Solliciter l'aide des associations et du corps médical.
- Assumer et revendiquer le fait d'être malade alcoolique.
- Apprendre à dire les choses pour ne plus les boire.
- Rester à l’affût de ses envies, de ses ambitions pour mieux se réaliser.
- Offrir notre savoir empirique car cela fait office de piqûre de rappel.
- Etre fier de soi et de son parcours. Gagner en amour-propre.
- Apprendre à gérer et à maîtriser ses émotions (attention les émotions
positives sont tout aussi dangereuses que les émotions négatives).
- Ne jamais oublier car l'oubli est le premier pas vers la rechute.
- S'ouvrir sur la vie et sur les autres sans jamais tourner la page…


MERCI !
Yves MOUCHET
SHALE
SHALE
Admin

Féminin 01/01/2009

Revenir en haut Aller en bas

Revenir en haut


 
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum