Mon expérience des implants d'esperal

Bonjour à tous.
Je souhaiterai partager mon expérience à propos de mon alcoolisme. J’ai 44 ans, une fille, un travail sérieux. Depuis mon adolescence, je buvais « comme tout le monde ». En soirée, je faisais des excès … Parfois, je ne me souvenais plus de ce qui c’était passé la veille.. J’avais un sentiment de culpabilité énorme.. Je me disais.. la prochaine fois, je boirai moins. Je me suis marié. Mon problème a persisté. Ma femme m’a quitté (pour une autre raison, elle aimait boire aussi quoique plus discrètement). J’ai tenté de me faire soigner, participé aux réunions de MAB. Je n’ai pas trouvé ce dont j’avais besoin. Je ne dis pas que le MAB ou les thérapies ne fonctionnent pas.. je dis simplement, que pour moi, cela ne fonctionnait pas.. J’ai alors entendu parler des implants d’antabuse (esperal). A cette époque (1993) en Belgique, on trouvait encore des médecins qui voulaient bien opérer et pose ces implants. J’ai convaincu mon psy que c’était la solution qu’il me fallait. J’ai donc été implanté en 1993.
Ma vie a radicalement changé. J’avais des projets et je les réalisé. J’ai évolué dans ma vie personnelle et aussi dans mon travail. Je ne pensais même plus à l’alcool. C’était une habitude pour moi de ne pas boire. Même si après deux ans, les implants avaient s’étaient dissous et n’avaient donc plus aucun effet. En 1998, j’ai rencontré une femme avec qui j’ai vécu 7 ans. La vie était belle. Nous avons voyagé, réalisé plein de choses qui nous tenaient à cœur. Mon évolution professionnelle se poursuivait. Tout semblait me réussir.. C’est vrai que l’abandon de l’alcool a modifié profondément mon comportement, mon mode de pensée. Face aux problèmes, j’étais serein. J’arrivais à trouver des solutions même si cela paraissait impossible.
En 2005, ma compagne m’a quitté. Très meurtri, le jour même j’ai bu une bouteille de vodka. Ma deuxième déchéance a commencé. Je ne buvais pas tous les jours. Mais quand je commençai, c’était pour me retrouver inconscient. J’ai essayé de trouver de l’aide. Pendant deux ans, j’ai consulté un psy. Rien n’y a fait. Cela me donnait bonne conscience. J’allais même le consulter en ayant bu un ou deux litres de bière. J’ai finalement laissé tomber. Je me suis tourné vers mon médecin traitant et lui ai parlé de la solution des implants d’esperal. Sa réponse a été « Si tu en trouves, je trouverai un chirurgien qui les placera ». J’ai cherché. En France, en Pologne, sur le net. Mis à part les produits chinois douteux, je n’ai rien trouvé. Je me suis fait arrêter au volant avec 2.5 gr. Retrait de permis. Cela ne m’a pas arrêté pour autant. J’ai provoqué un accident avec aussi beaucoup d’alcool dans le sang. Une fois encore retrait de permis.. J’attends la suite devant les tribunaux. J’ai alors parlé de mon problème à mon employeur. Par chance, je travaille pour une société où l’humain veut encore dire quelque chose. J’ai trouvé de l’écoute et de la compréhension. J’ai vu le médecin du travail qui m’a dirigé vers un alcoologue. En même temps, je continuai à boire chez moi. Jusqu’au jour où ma fille est partie… Cela a été un choc énorme. Je voulais retrouver des implants. Car pour moi, je pensais que c’était la méthode qui me convenait. Je me suis mis à chercher désespérément.
J’ai fini par trouver une clinique privée dans un pays de l’Est. Je les ai contactés et ils m’ont dit que c’était tout à fait possible. J’ai alors réservé mon billet d’avion et prévenu mon employeur de mon absence. Je suis arrivé la bas fin mai 2010. Directement, j’ai vu un psychiatre qui m’a interrogé sur le pourquoi je me trouvai là. Ces gens ont une solide expérience des ces techniques. Ce genre d’intervention est monnaie courante chez eux.. Pour l’alcool mais aussi pour l’héroïne. Beaucoup de personnes viennent chez eux de l’Europe entière. Pendant 5 jours, je me suis retrouvé en désintoxication. Seul dans une chambre de 10 m². J’ai eu tout le temps pour bien réfléchir à ma démarche et pour penser à l’avenir. Si je continuai à boire. Ma vie serait foutue à très brève échéance. Le 1 er juin 2010, le médecin m’a placé un implant d’esperal. Cela a duré un quart d’heure. Le lendemain, je quittai la clinique pour entrer chez moi.
Au début, j’ai eu quelques tentations. Mais l’implant était en moi. Aujourd’hui 3 mois après cette intervention, ma vie a de nouveau changé. Mon entourage a repris confiance en moi. Ma fille est revenue. Mon employeur me fait de nouveau confiance. J’ai recommencé à penser a des projets que j’avais mis de côté depuis des années. Mis à part les quelques envies du début, je n’ai plus aucune envie d’alcool. Mon ancienne habitude de me passer d’alcool est revenue. Une nouvelle vie commence pour moi.
Je sais qu’il y a beaucoup de polémique sur l’implant d’esperal. Je ne souhaite pas en créer une de plus. Je ne critique ni les psy ni le MAB. Je pense simplement que pour certaines personnes, ces méthodes ne fonctionnent pas. Je pense qu’il existe des personnes, comme moi, qui ont besoin d’une notion d’interdit pour s’en sortir. Je ne sais pas pourquoi ni comment l’expliquer. Mais c’est ce dont j’avais besoin. Je sais que si dans le futur, lorsque cet implant ne sera plus actif, j’éprouve des envies trop fortes à maitriser, je retournerai dans cette clinique. Mais j’espère avant tout que cette habitude de vivre sans alcool persistera le plus longtemps possible.

Anton

Merci pour ton témoignage Anton, il est très intéressant. J'ai supprimé le nom de ce MAB car nous avons décidé de ne pas les citer pour ne pas influencer le choix des uns ou des autres.
Effectivement, pour ma part, même si ce n'est pas la solution que j'aurais choisi, je ne suis pas forcément contre l'espéral car, même si c'est à employer avec beaucoup de précaution, ça marche sur certaines personnes. "la peur du gendarme", c'est un peu le rôle de l'espéral, fait ralentir, c'est un fait.
Néanmoins je pense que tu mets de côté un peu trop vite le travail psy pour comprendre ce qui t'a poussé vers l'alcool et t'éviter des rechutes quand tu n'auras plus l'espéral dans ton corps.
Bienvenue à toi sur onsaide!

Merci Shale,
je comprend très bien le fait de ne pas citer le nom d'association.
En effet, l'esperal joue un rôle de gendarme.. Mais c'était pour moi la seule solution... j'ai bien essayé une thérapie.. sans succès...
L'important pour moi est de recommencer une nouvelle vie sans alcool.. bien sûr personne n'est à l'abri d'une rechute.. mais cela avait fonctionné parfaitement pour moi pendant plus de 10 ans avec un seul implant.. Même si l'esperal m'interdit de boire, je me sens maintenant libre à nouveau.. c'était ma décision de le faire.. en toute conscience et liberté...
Bonne journée,
Anton

Bienvenue Anton sur Onsaide,

L'essentiel est que tu trouves ta solution , chacun a son histoire, son cheminement...

Bienvenue sur Onsaide Anton,

Merci pour ton témoignage qui a toute sa place ici. Concernant le travail psy effectué, peut-être n'était ce pas le bon moment pour Toi ???...
Face à ce poison, je dirai que peu importe la solution adoptée, tant que celle ci donne satisfaction au MA...
En tout cas bravo pour ta détermination car il en faut vraiment pour effectuer de telles démarches !!

merci pour ton temoignage Anton,tu as connu l'enfer et la joie de l'abstinence que tu ne peux trouver apparement qu'avec cet "interdit" dans ton corps ce qui entre parenthèse donne une idée de ce que tu as vecu avant

tu as trouvé une nouvelle vie grace a l'esperal et c'est effectivement ce qui compte mais je trouve un peu dommage que tu ne cherches pas a savoir ce que tu essayais de cacher en buvant de l'alcool,cela te permettrait de ne pas rechercher sa "protection" si tu revis un gros clash et surtout de te connaitre suffisament pour trouver un echappatoire moins radical que l'alcool
il n'est pas necessaire d'avoir recours a un psy si tu peux trouver un autre moyen pour parler de toi et tenter de savoir qui tu es.Tu te connais parfaitement en surface mais il y a toujours quelque chose qui te ronge tout au fond de toi.c'est ce noeud là qui est dangereux et qui peut se reveiller sans que tu y sois preparé

Je pense que l'esperal peut etre un excellent remède pour certains parce que cela ne marche pas sur tout le monde et peut meme etre dangereux mais que pour etre vraiment debarrassé de ce poison,tu devrais tout de meme chercher a savoir comment tu fonctionnes et surtout comment tu peux te protèger

Gardes cela en tete Anton mais en attendant,profite de ta vie sans alcool,qu'il est bon d'etre sorti de l'enfer !!

très intéressant témoignage anton!!! et merci

Merci Anton de ton témoignage,

Un bémol, si ce produit s'interdit chez nous c'est qu'il y a de multiples raisons : notamment au niveau cardiaque.
S'il fonctionne néanmoins pour toi en tant que "gendarme" -ce qui ne m'a pas encore fait peur - c'est un bien dans ton cas.

Amitiés

Bonjour Anton, si cela te convient c'est bien.
En France cet implant est interdit.
A bientot de te lire

oui ,et c'est dommage ,car si le patient est en bonne santé et si c'est son choix ,pourquoi le lui refuser ??????

Bonjour Anton, incroyable ton témoignage, sur le forum nous avons très peu de personnes qui consomment de l'espéral, (du moins je crois). Il y avait autrefois les cures de désintox à coup d'espéral et depuis cela a été interdit en France.

Je suis allée pendant près de 2 ans dans un groupe de paroles, la psy-alcoologue donnait de l'espéral à qui en demandait. Longtemps j'ai pensé que c'était bête car la cause de l'alcoolisme n'était pas réglée et petit à petit je me suis aperçue que ce rôle de gendarme tenu par l'espéral était positif chez certaines personnes.

Personnellement, elle m'en a donné à une période où j'avais très peur de reboire et je n'ai pas eu du tout le déclic du gendarme dans ma tête, j'ai arrêté car ça ne me servait à rien. J'ai pris une autre méthode qui me convenait mieux.

Comme dit cette psy-alcoologue, tous les moyens sont bons pour arrêter l'alcool.

Bonjour, Anton,
Je me joins au chœur : merci pour ce témoignage très intéressant, étonnant (pour moi, française, qui débarque depuis peu dans la lutte contre l'alcool), et bravo pour la détermination dont tu fais preuve ! Chapeau bas !

Pour ma part, il m'arrive de prendre de l'Espéral exceptionnellement, en prévision de situations où je sais (ou sens) que je vais être tentée - je ne me suis arrêtée que depuis 3 mois, après plus de 26 ans de "fréquentation" de l'alcool de plus en plus problématique, évidemment.

J'ignorais totalement qu'il existait ce type d'implant.
Encore bravo pour ton sacré "parcours du combattant".
Cependant, je suis d'accord avec certaines réponses qui te suggèrent de chercher la cause profonde, au cas où un nouvel événement frappant, moche, te tomberait dessus - ce que je ne te souhaite pas, bien entendu ! - et risquerait de te pousser à la reconsommation, comme ça t'est arrivé une fois déjà.
Peut-être en effet n'était-ce pas le bon moment, ni le bon psy pour toi, lorsque tu as essayé ?
Je crois que ça vaudrait vraiment le coup de chercher...
Bien amicalement

bravo anton
comment trouver une adresse pour les implants ?

Je fais remonter ce post , le témoignage  est éloquent et convainquant.

Je ne doute plus que l'usage de L'Espéral est un gendarme précieux pour les MA déterminés à poser le verre. Dommage que les médecins soient retissant pour sa prescription, sans doute par méconnaissance à la base de la maladie alcoolique.

Merci Tulipe d'avoir fait remonté ce fil, inspirée du témoignage de Mistie, c'est très intéressant. Je ne connaissais pas. Je vais m'informer pour ici (québec).

:-)

L'espéral a une mauvaise réputation, car il était utilisé dans les cures de dégoût qui existaient il y a quelques dizaines d'années. Pourtant, bien utilisé, sous contrôle médical, c'est parfois le seul médicament qui marche avec certains malades alcooliques.