Maladie de la honte ou....

Lu dans un article d'alcoologie: "l'alcoolisme est la maladie de la honte et non de la culpabilité", qu'en pensez vous?
J'ai été surprise au début, mais en y réfléchissant, je me suis dit que celui qui avait écrit ça n'avait pas tort.
J'attends vos commentaires pour vous dire mes conclusions là dessus...

Le mot honte s'origine d'abord du "déshonneur" puis dans un sens de "mépris ,raillerie".
Il prend plus tard le sens de "humiliation ,outrage".(Etre un sujet de honte,faire honte à quelqu'un).
Apparraissent ensuite( début 13éme,14éme) 2 locutions interressantes :"boire honte" (éprouver des avanies) et "avoir toute honte bue" (devenir inaccessible à la honte).
Il dérive ensuite vers un sens de "pudeur"(les parties honteuses),puis vers un sentiment d'indignité ,d'humiliation.
Au 16éme il s'affaiblit dans un sens de timidité.
Le mot coupable lui provient du latin culpa "faute" puis de culpabilis "qui a commis une faute".

Je ne sais pas si l'auteur parle de la cause ,des dommages collatéraux ou des effets que le sujet ressent face à cette maladie.
La cause pour moi, ne me fait penser ni à la honte ni à la culpabilité.
Je me sens par contre parfois coupable et honteux pour les dommages et la souffrance que mon alcoolisme a fait endurer à mes proches.
Pour ce qui est des effets que j'ai pu ressentir,c'est plus difficile à définir.Je ne crois pas mettre senti honteux ou coupable.Plutôt l'éprouvé d'une lente destruction,une tentative de suicide au ralenti,un ravagement volontaire de mon esprit et de mon corps.Et c'est le fait de presque arriver à échéance qui m'a fait peur.Je ne voulais ,je crois ,pas mourir tout simplement.
Mais bon comme on dit:"à chacun son alcoolisme ".

Non la honte se situe plutot pour moi dans ce que peuvent renvoyer les autres .Je la vois dans une certaine culpabilisation du MA surement dû à une ignorance totale de notre éprouvé.Et j'ai l'impression que s'éfface pour la plus grande partie de notre entourage (au sens large) la dimension du sujet au bénéfice du signifiant "alcoolique".
Et le mépris,le déshonneur,l'outrage de l'éthymologie du mot honte je le ressens peut-être bien là.

Bon je sais ,j'ai répondu à coté.

Mais non tu n'as pas répondu à côté.
La culpabilité met en jeu la responsabilité relationnelle, alors que la honte vient du regard des autres. Ce qui fait honte, c'est ce qui s'échappe de nous malgré nous, et qui est vu par l'autre, parfois avant qu'on en prenne conscience.
Ce qui fait honte, vraisemblablement, c'est l'animalité du processus régressif alcoolique et l'impuissance du sujet à l'endiguer, sa propension à faire ou à dire n'importe quoi sous l'empire de l'alcool.
Pour ma part, j'ai éprouvé de la honte en apprenant que mes collègues savaient, en voyant que l'infirmière cachait les flacons d'alcool à 90, la honte qu'on connaisse ma "déchéance". j'ai éprouvé de la honte en voyant qu'on me supprimait peu à peu toutes mes responsabilités, J'ai éprouvé de la honte devant mon physique d'alcoolique mais je n'ai pas éprouvé de culpabilité, c'est surtout à moi que j'ai fait du mal.
C'est le comportement que l'on offre au regard des autres qui entraîne cette honte, souvent quand on arrive à s'en rappeler une fois l'alcool évaporé. En fait on sait bien que ce n'est pas nous qui agissons mais l'alcool qui prend le pouvoir sur notre conscient en réveillant nos pires instincts, ce qu'on appelle notre cerveau reptilien. C'est cette régression qui alimente notre honte.
Enfin c'est mon avis.
Mais si vous avez d'autres sentiments par rapport à ces problèmes de honte et de culpabilité, n'hésitez pas à le dire.

pour ma part,j'eprouvais de la honte vis a vis de mes actes et de la culpabilité vis a vis de mon incapacité a arreter la honte est evidement la plus forte face aux autres mais j'avais aussi honte de moi,de ce semblant d'etre humain qui ne ressemblait plus a rien et ne voulait pas ressembler a qq chose non plus .
Coupable de ne pas resister a l'alcool alors que j'avais un enfant a elever.
Honte de ce que je retrouvais le lendemain dans le salon et coupable de ne pas me souvenir de ce qu'il s'etait passé.
maladie de la honte et non de la culpabilité??? NON,moi je dirais que c'est une maladie des deux mais je dirais que la honte est passagère alors que la culpabilté reste ....des joursndes mois,des années voire une vie entiere

A partir du moment où j'ai intégré le fait que j'étais malade, que je n'étais pas responsable de ma maladie, mais responsable de me soigner, ce que j'ai fait, je n'ai plus ressenti aucune culpabilité, encore parfois de la honte quand quelqu'un me parle de comment j'étais quand je buvais, quand je tombe sur une des rares photos que j'ai gardée de cette époque, mais je ne me sens absolument pas coupable...

je crois que si l'on integre le fait qu'on est malade,"la pilule" passe mieux effectivement,le problème se trouve lorsque l'on a encore dans la tete que si on ne peut pas s'arreter,c'est uniquement parce qu'on en est pas capable et qu'on manque de volonté s'ensuit alors de longs reproches,une terrible depreciation de soi et un sentiment de culpabilité atroce qui perdure tres longtemps.
J'avoue reconnaitre la maladie alcoolique bcp plus facilement chez les autres que sur moi meme,je me suis tant denigrée,je me suis tant haïe je me suis tant flagellée a cause de ce "manque de volonté" que j'ai encore du mal a me l'arracher de la tete.
Lorsque j'ai su que j'etais MA,la pire douleur n'a pas ete de le reconnaitre mais de l'etre (alcoolique)vis a vis de l'autre.j'etais alors devenue l'image que je me faisais de l'alcoolique a savoir la decheance,la saleté,le manque de volonté,la poivrote quoi et maladie ou pas,cette image est encore tres largement vehiculée ce qui nous rend encore plus coupable et plus honteux quand on ne connait pas cette maladie

SHALE a écrit:Lu dans un article d'alcoologie: "l'alcoolisme est la maladie de la honte et non de la culpabilité", qu'en pensez vous?

tu peux replacer cette phrase dans son contexte?, j'avoue ne pas la comprendre ( il doit encore me manquer une case)

Rintintin a écrit:Je ne sais pas si l'auteur parle de la cause ,des dommages collatéraux ou des effets que le sujet ressent face à cette maladie.
La cause pour moi, ne me fait penser ni à la honte ni à la culpabilité.

là, je suis complètement d'accord!

il faut prendre cette phrase ds le sens que la maladie nous culpabilise et non pas qu'il est honteux d'etre alcoolique dan,j'espère que ce n'est pas ce que tu as compris

c'est une maladie de la honte comme on dit que c'est une maladie des emotions ou de l'ame,disons que cette maladie nous a tous plongé ds la honte ou ds la culpabilité a un moment où a un autre est ce plus clair comme cela ???
en tout cas,c'est comme cela que je l'ai lue et je pense que venant d'un magasine d'alcoologie,c'est de cette façon qu'il fallait la lire

Cristal a raison, c'est dans ce sens qu'il faut le lire. D'ailleurs quand on parle avec des MA, ils disent leur honte, leur culpabilité, pas qu'ils sont malades....
J'essayais de voir pourquoi les auteurs ont justement séparé honte et culpabilité et en y réfléchissant, je comprends mieux, car moi aussi j'ai éprouvé de la honte de boire mais pas de culpabilité, car la culpabilité on l'éprouve envers quelqu'un à qui on fait du mal, la honte c'est pour nous seuls.
Mais bien sûr je ne dis pas que l'alcoolisme est honteux, c'est tout le contraire, c'est une maladie particulière qui ajoute un aspect psy important aux côtés physiologiques, mais c'est une maladie comme toutes les autres maladies graves.

j'ai ressenti un grande culpabilité pour ma part vis a vis de moi bien sur,on avait d'aiileurs fait un debat là dessus.
je me sentais coupable de tout ce que je n'arrivais pas a faire a cause de l'alcool.

- coupable de ne pas etre une bonne mère pour mon fils
- coupable de ne pas etre une bonne infirmière pour mes patients
- coupable de ne pas etre la fille que j'aurais voulu etre pour mes parents
- coupable de ne pas me souvenir de mes gestes de la veille ou de mes propos
- coupable de ne pas etre une bonne femme d'interieur et de faire naitre ds la maison une tension extrème etant toujours sur le qui vive
- coupable de ne pas reussir a vivre correctement
- coupable de ne pas avoir assez de volonté pour cesser de boire toute seule
- coupable d'avoir honte de tout ce que je faisais
- coupable d'exister sans doute ou de ne pas savoir vivre

voilà pourquoi la Maladie alcoolique a été pour moi la maladie de la culpabilité ...

"Coupable d'avoir honte!" Par rapport à qui te sentais -tu coupable là? Par rapport à toi je suppose. En général on se sent coupable par rapport aux autres...

par rapport a moi oui,parce que je n'etais pas comme tout le monde
si j'eprouvais de la honte,c'est qu'il y avait faute,erreur,disfionctionnement,imperfection

la culpabilité etait surtout vis a vis de moi puisque je pensais que ma maladie ne se voyait pas.
c'est un enfer interne que je me suis crée,une prison bien cruelle qui commençait a deborder sur le monde exterieur et je ne voulais pas me montrer telle que j'etais a l'interieur: monstrueuse
c'etait dejà assez dur de lire cette dechenace ds le regard de mon conjoint,je ne voulais pas le lire ds les yeux des autres inconnus