Oublier son enfance....

Ces malades alcooliques qui ont tout oublié de leur enfance…
Quand un MA va voir un psy, poussé par le désir de retrouver les causes de son alcoolisme, causes qui ,ont le sait , se situent souvent dans la petite enfance, on rencontre alors beaucoup d'amnésies concernant ces années enfantines.
C'est comme si ces personnes n'avaient jamais été enfants, elles ont tout oublié de ces moments pourtant cruciaux pour la construction du futur adulte. A quoi tient cette amnésie ?
Cette amnésie est souvent une stratégie de défense, un processus de survie…On trouve souvent en creusant un peu , caché par cet oubli profond, un déni de la violence psychologique ou physique subit par un enfant, de la part de ses parents ou d'autres membres de son entourage. Elle peut être partielle et laisser filtrer quelques éléments, mais si le traumatisme est très grave, elle sera complète.
La personne se retrouve donc sans passé et sans repère et utilise souvent l'alcool pour se sentir exister, pour trouver une place dans la société, parmi les copains de comptoir par exemple.
Parfois, étant confronté à un évènement qui rappelle un fait oublié, quelques souvenirs remontent, fragmentés, accompagnés d'un impact émotionnel intense et là aussi, cette personne a recours à l'alcool pour réussir à continuer à oublier . Pour elle , il est primordial de ne pas détruire ce mur de défense qu'elle a édifié depuis longtemps autour d'elle.
Souvent les personnes souffrant de ce genre d'amnésie évitent systématiquement tout ce qui pourrait les mettre en danger, ils ont peur de se souvenir et ne peuvent pas supporter le conflit qui en ressortirait.
Ces victimes de violences pendant leur enfance, souffrent souvent de divers symptômes douloureux et chroniques : mal de dos, migraine, problèmes cutanés, phobies et addictions…
Ce sera un travail long et difficile de les aider à retrouver ces souvenirs traumatisants pour revenir dans une réalité liée à la normalité et ne plus avoir besoin d'alcool ou de médicaments pour maintenir cet oubli qui les a sauvés à une époque…
Il leur faudra un long travail pour réussir à vivre avec ces souvenirs plus que douloureux, les retrouver et les comprendre étant déjà une première étape.

je ne me souviens pas vraiment de mon enfance et je ne veux pas m'en souvenir, impossible pour moi de revoir des anciennes copines ou de revenir dans des endroits où j'ai vécu enfant.ça a été très difficile pour moi à la mort de mon père de vider la maison de mon enfance,de trier toutes les photos,de lire des lettres.... J'admire les gens qui disnet "quand j'avais 10 ans, je faisais ça " je ne peux rien dater et je ne reviens jamais en arrière.
Il m'arrive de réagir très fortement à une parole ou une situation et je sais que cela vient d'avant mais je ne creuse pas trop j'ai pas envie d'aller voir.
J'ai des tas d'album de mon enfance ,une malle entière mais je ne l'ouvre jamais ,je sais qu'ils sont là,je suis contente même qu'ils soient là mais mon enfance est comme ces albums photos présents mais enfermés .

Alors que pour ma part, j'ai tous les souvenirs de mon enfance gravés dans ma mémoire et j'ai beaucoup de plaisir à retrouver des objets ou des lieux que j'ai connus enfants... Pourtant je n'ai pas eu une enfance particulièrement heureuse, plutôt solitaire . Je vivais plutôt en parallèle des adultes.....En fait, ça me convenait très bien...

SHALE a écrit:
Ce sera un travail long et difficile de les aider à retrouver ces souvenirs traumatisants pour revenir dans une réalité liée à la normalité et ne plus avoir besoin d'alcool ou de médicaments pour maintenir cet oubli qui les a sauvés à une époque…
Il leur faudra un long travail pour réussir à vivre avec ces souvenirs plus que douloureux, les retrouver et les comprendre étant déjà une première étape.

Je ne comprends pas trop ce que veut dire "pour revenir dans une réalité liée à la normalité".
Les retrouver oui, apprendre à vivre avec oui, mais là j'ai beau chercher...
Tu parles de l'abstinence ou d'une absence d'addiction pour vivre sans besoin de produits? 
Ou d'une autre façon de voir le monde en étant net, peut-être? 

Je pose la question car j'ai l'impression que, même en retrouvant les vieux dossiers,
il est extrêmement difficile de se reprogrammer en mode "normal".

Bonjour.

C'est ce "[...] pour revenir dans une réalité liée à la normalité et ne plus avoir besoin d'alcool ou de médicaments" qui m'a fait tiquer, aussi. La définition de la normalité étant évidemment impossible.

Entre vos questions et la relecture du passage, je traduirais cette idée de "retour" par l'abandon de conditionnements toxiques, des "réflexes" acquis sous la pression d'un environnement hostile, où l'accès à une relative "sécurité" émotionnelle (très insuffisante) était conditionnel et dépendant de dictats incompréhensibles...

Dans mon cas c'est très difficile, â 50 balais passés, de faire cesser les réflexes d'auto-sabotage, de ne plus chercher ailleurs qu'en moi-même une reconnaissance qui de toute façon ne compensera jamais le manque qui a construit ce besoin anormal, pathologique...

Je suis déterminé à sortir de cette dépendance, pas de soucis, et déjà l'alcool n'est plus une réponse, je ne me soucie pas de l'hypothétique rechute, je connais le risque et le plus sûr moyen de l'éviter.

Mais ça fait maintenant des mois que je suis sur le fil, que je sais et vois ce qui tire mes ficelles sans pouvoir ni craquer (chagrin) pour tourner la page ni mettre à distance ces comportements toxiques qui ont été pendant si longtemps des refuges illusoires.

L'alcoolisme n'était qu'un symptôme parmi d'autres, une tentative pour (me) cacher mes blessures et les besoins qu'elles ont imprimés en moi. Des besoins tordus pour essayer de (me) cacher mes besoins naturels, inassouvis. Douloureusement inassouvis.

J'ai voulu dire "pour parvenir à vivre dans une normalité qui n'était pas la nôtre, en l'acceptant et en laissant tous nos mauvais souvenirs derrière, mais je me suis très mal exprimé......

Pas de soucis, je crois que finalement on avait compris le sens général ; et ça fait réfléchir, ce n'est pas mal ;-)

SHALE a écrit:J'ai voulu dire "pour parvenir à vivre dans une normalité qui n'était pas la nôtre, en l'acceptant et en laissant tous nos mauvais souvenirs derrière, mais je me suis très mal exprimé......

Ah OK, compris 
Pour moi, la suite, la vie, par rapport aux mauvais souvenirs, ce n'est pas les laisser 
derrière. C'est plutôt en faire quelque chose qui me va, trouver une exploitation
de ces drames. Continuer à agir en conséquence justement, en les intégrant à un type
de réaction bénéfique pour soi, et non toxique vis à vis des autres.
Ça prend de la place, autant transformer.

Un peu comme un jeu de cartes. L'as de pique (si on le considère comme associé
à la poisse, ou à juste "1") peut être une excellente carte
selon le jeu ou la nouvelle partie en cours 

Bonjour.

lolo6 a écrit:[...] trouver une exploitation
de ces drames. Continuer à agir en conséquence justement, en les intégrant à un type de réaction bénéfique pour soi, et non toxique vis à vis des autres.
Ça prend de la place, autant transformer.

À l'occasion tu peux développer un peu, si tu veux bien, car c'est travail que je ne sais pas par quel bout prendre...

rur@l, en effet c'est un peu vague ce que j'ai mis.

Le "plus gros bout" a été de ne pas reproduire d'emblée la relation toxique
avec autrui mise en place dans l'enfance.
Les mauvais souvenirs servent de base à inverser ce qui se passe aujourd'hui.
Exemple: partir du principe qu'autrui est bienveillant, ou à minima sans à priori
négatif.
Il n'y a pas de sanction ni de problème quand on s'ouvre aux autres, c'est même l'inverse
(sauf avec les gens pas nets, mais l'abstinence permet d'évaluer et ne pas trop se tromper)

Arrêter de se penser coupable de quelque chose, et donc d'attendre un rejet (qui ne
peut qu'arriver). On est adulte, et on peut se faire confiance. Il n'y a pas de raison
d'avoir peur, comme quand on était petit.
Replacer les souvenirs de maltraitance ou de désamour dans leur contexte (histoire
familiale et compréhension du syndrome familial) permet de s'en détacher en 
se plaçant en tant qu'adulte capable, aimable, qui a sa place dans une relation
constructive.

Le fait d'avoir compris que tout ce qu'on a vécu dans l'enfance est lié au
dysfonctionnement des adultes de l'époque permet aussi d'en parler sereinement,
d'expliquer à quelqu'un pourquoi on est sensible sur certains sujets ou certaines
formulations, au lieu d'avoir des réactions de rejet ou d'attaque qui ne laissent
plus de place à la relation.

Cette culpabilité, ce poids qu'on a noyé dans l'alcool, disparaît, ou du moins
s'exprime différemment. Pour moi: vie sociale agréable retrouvée, et développement
d'activités artistiques centrales aujourd'hui dans la vie professionnelle autant
que privée.

En fait, ce serait un peu comme si c'était:
on est fêlé, on colmate avec l'alcool pour ne pas se briser.
suivi de : puisqu'on est si fêlé, autant laisser passer l'espoir d'une lumière 
et après: la lumière est dedans, et tout se transforme en quelque chose
qui fait du bien et qui est acceptable, aimable, pour nous d'abord et pour les
autres ensuite.

Tout ça c'est en se faisant aider: art thérapie (écriture) au début, puis analyse
avec la même thérapeute. Les trauma, c'est trop dur tout seul, même après
l'arrêt d'alcool. C'était tellement le bordel, avec la lucidité qui revient, que l'aide
de pro était vraiment nécessaire et le reste pour confirmer le processus bénéfique.

Lolo, ton texte est très clair et je l'aime beaucoup....

Merci, ça a mis longtemps pour que ce soit clair pour moi, et le ménage n'est pas 
fini 
J'avais oublié de mettre ce lien, une émission vraiment intéressante sur les violences
infligées aux enfants. Donc bien sûr, la suite, bien expliquée ici, avec évidemment
une mention des addictions..
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]

Merci pour le commentaire et le lien.

Je vais lire le lien ce soir, il me semble très intéressant et tombe pile dans ce que je recherche en ce moment.....Merci ma Lolo, gros bisous..

Le fait d'avoir compris que tout ce qu'on a vécu dans l'enfance est lié au
dysfonctionnement des adultes de l'époque permet aussi d'en parler sereinement,
d'expliquer à quelqu'un pourquoi on est sensible sur certains sujets ou certaines
formulations, au lieu d'avoir des réactions de rejet ou d'attaque qui ne laissent
plus de place à la relation.

ça m'arrive le plus souvent avec mes enfants ,des réactions agressives et parfois injustifiées qui sont liées à mon enfance. Je peux expliquer à mon fils qui a 16 ans mais ma fille de 6 ans elle comprends rien et je ne peux pas encore lui expliquer clairement  je n'ai pas beaucoup de relation sociale alors tout se joue un peu dans mon cocon familial mais en prenant du recul et en me disant avant de peter un cable "c'est pas eux là leproblème,c'est ton passé" alors je peux ariver à me calmer avant de peter un cable ,mais pas toujours 

Bonjour.

Ta petiote, tu peux déjà lui présenter tes excuses, lui dire que tu ne le fais pas exprès, que ça te reste de quand tu étais petite et que tu pourras lui expliquer mieux dans quelques années. C'est important qu'elle sache que ça peut s'expliquer ET que tu te rends compte...

Rur, je trouve ta réflexion très juste et sécurisante pour un enfant...

J'ai beaucoup évolué dans mon rapport aux enfants (les miens et ceux avec lesquels je bosse) depuis que je découvre ce qui se cachait derrière la bouteille... Il est important de dire les choses, à un degré qu'ils peuvent comprendre, parce qu'ils sentent énormément et que ça peut laisser des séquelles. C'est notre rôle de rassurer, nous qui n'avons pas forcément eu la chance de l'être quand nous aurions eu besoin.

oui, c'est ce que je fais, je lui explique quand je me mets en colère parce que je suis épuisée ou quand son attitude m'irrite parce que je ne le supportait pas petite (claquement de porte ,haussement de ton..).Lorsque je la punis, je lui demande toujours après si elle sait pourquoi et je veux qu'elle me le dise parce que ça sert à rien de punir si l'enfant ne sait pas pourquoi  Il parait même que j'explique trop à mes enfants   Mais bon,moi on m'expliquait rien,alors je préfère en dire trop que d'être dans le flou et l'interprétation quand j'ai pu le faire petite 

cristal a écrit:oui, c'est ce que je fais, je lui explique quand je me mets en colère parce que je suis épuisée ou quand son attitude m'irrite parce que je ne le supportait pas petite (claquement de porte ,haussement de ton..).Lorsque je la punis, je lui demande toujours après si elle sait pourquoi et je veux qu'elle me le dise parce que ça sert à rien de punir si l'enfant ne sait pas pourquoi  Il parait même que j'explique trop à mes enfants   Mais bon,moi on m'expliquait rien,alors je préfère en dire trop que d'être dans le flou et l'interprétation quand j'ai pu le faire petite 

Tu es à coup sûr une super maman cristal, on reste humain :-)

Pour Ruralcoolique : Et oui, ton conseil à cristal est vraiment bon, je sens que tu as bcp à nous partager, je suis toujours heureux de te lire rural, c'est un plus pour Onsaide que tu te sois accroché les pieds ici hihi merci! :-)

Bonjour.

J'ai quelques comptes â regler avec mon enfance... dont je n'ai toujours eu que fort peu de souvenirs conscients, ça aurait du me mettre la puce à l'oreille.

Je n'aurais pas imaginé trouver tout ça derrière la bouteille quand j'ai arrêté, je dois avouer ; avoir tant à reconstruire pour espérer ramener un peu de calme dans ma tête. Je me serais bien contenté "du bonheur de l'abstinence" mais je ne l'ai pas vu passer par chez moi. Car sous les atours de la convivialité et du bien vivre, l'alcool s'accroche en réalité aux lèvres des blessures les plus profondes, les mieux cachées. Et creuse les plaies, au propre comme au figuré.

Mais ce travail difficile, souvent douloureux, est plus supportable que la descente dans l'alcool. Et il porte un espoir, lui. Autant en témoigner pour aider ceux qui doutent à décider finalement de se soigner, à arrêter de boire...

Puis c'est moins démoralisant pour moi de savoir que d'autres connaissent ça aussi, les séquelles d'une "enfance heureuse" comme moteur de l'alcoolisme, donc tout le monde y trouve son compte.