L'alcoolisme féminin

Les trois caractéristiques de l'alcoolisme au féminin restent la honte, la solitude et la clandestinité
 
Les femmes  ne peuvent pas boire ouvertement comme le font les hommes dans un bistrot, dans un climat de convivialité, à cause du regard négatif que la société porte sur elles , c'est dans la solitude de leur maison qu'elles s'alcoolisent.
C’est donc un alcoolisme caché car très mal accepté socialement. Elles doivent dissimuler non seulement leur alcoolisme à l’entourage, mais aussi cacher les bouteilles, essayer de ne pas paraître alcoolisées.
C’est donc envahies par un sentiment de culpabilité, qu’elles vont boire en s’isolant et en essayant de camoufler les répercussions de cet alcoolisme. En effet une femme qui boit garde encore une image de femme débauchée dans la société actuelle. Là où on dira d’ un homme qu’il aime faire la fête en buvant un peu trop, une femme passera pour une traînée qui ne s’occupent pas de ses enfants et de sa maison.
Pourtant, beaucoup de femmes travaillent et font une double journée avec les enfants et le  travail à la maison. Elles doivent faire face à un stress incroyable pour assurer le tout, les chefs qui imposent une cadence infernale, les enfants à élever et à gérer, car s’il  y a un problème, c’est à elles qu’on va le reprocher, la maison à tenir, le travail à assurer . L’alcool leur apparaît souvent comme la meilleure solution pour tenir le coup jour après jour.
Chez la femme on trouve souvent un fond dépressif derrière son alcoolisme, fond dépressif qu’elles ne peuvent  pas non plus assumer au vu de leur  place centrale dans l’organisation quotidienne de la famille.
Culpabilisées et honteuses, elles s’enfermeront dans cet isolement en évitant de demander de l’aide, d’en parler à quiconque et surtout pas à leur médecin, qui bien qu’ayant des doutes, n’osera pas non plus leur en parler.
Pourtant l’alcool fait bien plus de dégâts chez la femme que chez l’homme. La dépendance arrive bien plus vite chez elles, leur corps souffre aussi bien plus que celui de l’homme. Les maladies graves liées à l’alcool, arrivent bien plus rapidement chez une femme que chez un homme.
Seul point positif,  en sortant du déni, une femme se fait soigner plus vite qu’un homme et la récupération après l’arrêt de l’alcool est plus rapide chez elle.

Merci pour ce texte, Shale, qui éclaire bien cette spécificité de l'alcool au féminin. 
C'est un sujet énorme, nous savons toutes (et tous) combien le corps social distingue ces deux maladies selon le genre du malade. 
Mais , comme tu le termines sur une note positive ... c'est encore mieux . 
Si certains d'entre vous ont le goût des séries ... je vous recommande "le jeu de la dame" qui vient se sortir sur une célèbre plateforme de streaming ... un vrai bijou ! Ou une dentelle sur la thématique de l'addiction .

Je ne connais pas la série dont tu parles, je vais me renseigner...Merci de nous la citer...

je l'avais déjà mis dans mes favoris ,j'attendais de finir ma série pour la commencer,ce sera pour demain 

C'est sur Netfix ? je ne l'ai pas, je ne pourrai pas le voir....

oui,c'est sur netflix

 je suis addict ... aux séries ! 
Et je n'ai pas l'intention d'y remédier 

Culpabilisées et honteuses, elles s’enfermeront dans cet isolement en évitant de demander de l’aide, d’en parler à quiconque et surtout pas à leur médecin

c'est là que le forum prend toute son importance, pouvoir parler à cœur ouvert tout en cachant son identité, sans regard et sans contact, avec la possibilité de couper dès qu'on le souhaite. 
Onsaide a été pour moi, une véritable porte de sortie vers la liberté. Ici,derrière son écran,on peut tout écrire sans avoir peur du jugement. Moi qui ai été à une époque dans ce même jugement par rapport à ceux qui buveaient,je savais exactement comment on voit ceux qui s'alcoolisent et encore plus les femmes. Jamais je n'aurais pu imaginer qu'on puisse trouver des gens si bienveillants, si interessants, si intelligents chez les MA.
Et OUI, c'est encore plus dur quand on est maman parce qu'on a le regard des autres mais on a surtout son propre regard sur la mère déplorable que l'on se dit être  
Parfois, je me demande comment on a fait pour réussir à vivre toutes ces années de petite mort, comment aussi on a réussi à s'en sortir parce que le chemin est long et semé d'embûches. Que de courage et de détermination il faut pour sortir de cet enfer!!

Depuis que je suis "guérie", enfin que je ne consomme plus, j'ai eu au file des rendez-vous avec mon alcoologue des échanges très constructifs sur ce sujet l'alcool au féminin. 
Dans son service où il y a quand même 8 alcoologues de très nombreuses femmes MA. J'ai pu côtoyer durant mon parcourt, cure puis post-cure des femmes bien plus jeunes de moi. Souvent seules avec de jeunes enfants, ou avec obligation de soins afin de conserver ou continuer à avoir des contacts avec leurs enfants, même parfois des femmes enceintes. Cela se trouve amplement confirmé dans notre MAB où l'on représente environ 30% des participants.Elles commencent à oser en parler.
C'est exact qu'elles ont un immense sentiment de gâchis pour l'éducation de leurs enfants, la peur de les perdre, d'être privé de la garde. Une fois qu'elles ne sont plus dans le dénis, ce sont de véritables malades déterminées à s'en sortir.
On a constaté dans notre MAB au niveau nationale qu'il n'y avait pas assez de groupe de parole exclusivement réservés et ouverts aux femmes. 
La peur du jugement, la honte des regards culpabilisant qui les enferment, les isolent. Le manque d'information aussi lors de leur grossesse, du risque qu'elles font courir au fétus. 
Bref, je devais commencer ma visite hebdomadaire du vendredi à l'hôpital avec l'accord de mon alcoologue et de mon MAB, visite juste repoussée pour cause covid, mais surtout ouvrir un groupe de parole dans ma ville. La mairie met gracieusement un local à la disposition de notre MAB, j'ai pris rendez vous avec le planning familiale afin de  faire de la prévention. On va essayer de définir une réunion de prévention mensuelle pour les femmes enceintes . 
A chaque fois, je me suis rendue compte que peu de structures d'écoute exclusivement réservées aux femmes existaient. Certaines femmes préfèrent parler de ce sujet "tabou" entre elles, d'autres non tout au contraire.Un peu du style , tu préfères une gynéco femme, plutôt qu'un homme!
Cependant, jusqu'à présent j'ai eu la chance d'avoir une écoute attentive soit avec la mairie de ma ville ou du planning familiale, organismes  tout à fait conscients du problème.

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à lire sans modération!

Bravo, Tulipe, c'est génial que tu lances ces groupes...C'est vrai que c'est un gros manque pour les femmes, en plus pour celles qui sont enceintes ou qui ont de petits enfants...Tu fais du bon boulot, chapeau..

oui! mais tu es bien placée pour le savoir, ça porte un nom, la résilience...je me revois pour certaines malades, 20 ans en arrière!  

c'est hyper important ce que tu fais car même au sein d'un MAB je pense ,les femmes se sentent surement aussi jugées par les MA hommes même si ce n'est sans doute pas vrai. La honte est telle, si puissante que même au sein d'un même groupe ,la peur doit être présente et elles ne doivent pas réussir à se dévoiler  .

Franchement je ne l'ai pas ressenti comme ça personnellement, cependant il y a toujours un fond paternaliste ou protecteur de notre modérateur masculin, âgé de 73 ans...où de légers traits de machisme subsistent, que les autres membres masculins ne relèvent pas! 
En un mot, on se comprend mieux entre "bonnes femmes"...et le sujet des enfants, c'est LE sujet brûlant, qu'un homme abordera différemment, ou le boulot, la famille. En fait si la mère craque, c'est le "pilier", la barre du navire qui va à la dérive!

Ce jugement de la part des hommes existent partout... Je me suis pris le nez avec un mec, en cure, qui prétendait qu'un homme qui boit c'est pas beau mais qu'une femme qui boit c'est bien pire encore, les autres mecs du groupe étant bien sûr de son avis.... je me souviens que ça avait chauffé quelques minutes avant qu'un psy interviennent . On a continué à en parler en Bulle (psychothérapie de groupe)

béatrisse1 a écrit:Merci pour ce texte, Shale, qui éclaire bien cette spécificité de l'alcool au féminin. 
C'est un sujet énorme, nous savons toutes (et tous) combien le corps social distingue ces deux maladies selon le genre du malade. 
Mais , comme tu le termines sur une note positive ... c'est encore mieux . 
Si certains d'entre vous ont le goût des séries ... je vous recommande "le jeu de la dame" qui vient se sortir sur une célèbre plateforme de streaming ... un vrai bijou ! Ou une dentelle sur la thématique de l'addiction .

J'ai adoré cette série , et suis aussi addict aux séries ...

Merci SHALE pour ce texte réconfortant.

Je trouve l’alcoolisme au féminin bien plus difficile que celui au masculin ...Lors de mon premier arrêt , je n'aurais jamais été demander de l'aide a un médecin , ou assistante social,, javais la trouille au ventre que l on me prenne mes filles ...
Je vivait dans un tout petit village de montagne , seule avec mes 3 filles , ou j était très clairement la trainé du coin..
Les rares bar que j'ai fréquenté , même topo ! ça partait souvent en sucette ( je peut être très belliqueuse si je me sens agressé) ...
Et les phrases du type " une femme qui bois c'est bien plus moche qu un mec" pppppppfffffffff
Je me suis vraiment sentit très seule dans mon alcoolisme au féminin , je n'avait que des camarades de  beuveries au masculin, aucune femme ne voulait me fréquenter , en même temps elles me faisaient très peur ,elles me jugeaient et me méprisait ....les rares avec qui j'ai eu des amitiés ( lorsque je suis redescendu dans la plaine) étaient aussi alcoolique que moi ...

C'est bien pour ça que l'alcoolisme au féminin est presque toujours un alcoolisme caché, une femme prend cher quand on sait qu'elle est alcoolique....Un homme alcoolique c'est un homme convivial, un bon vivant, une femme alcoolique, c'est l'image de la traînée.....La femme doit avoir l'image idéale de mère , pure et sans défaut, ben voyons....C'est bien la vision d'un monde machiste....