Les enfants de l'alcool.

Les enfants de l'alcool

La grande souffrance des malades alcooliques, ce sont leurs enfants qui subissent les effets des alcoolisation d'un de leur parent ou des deux. Néanmoins cette souffrance n'a aucun poids face à  la bouteille.

Mais si on en revient à ces enfants qui grandissent dans un milieu alcoolisé, c’est-à-dire un milieu à part, il faut bien le dire., on trouve des enfants qui se situent eux aussi à part, éloignés des autres , adultes ou enfants.

Leurs souvenirs d'enfants seront toujours entachés par la honte qui les accompagne depuis leur petite enfance….L'alcoolisme de leur parent ne se parle pas….C'est une réalité qui est cachée et que pourtant on essaie de rendre normale. Ces souvenirs d'enfance peuvent faire mal pendant  toute la vie de ces gamins..

Chez ces enfants la honte est là, constante, mêlée à la culpabilité d'aimer tout de même le parent qui boit mais de le haïr en même temps. Cette honte est rendue encore plus lourde à porter par le silence qui entoure cette maladie.

Ces enfants sont souvent sages , essayant de se faire oublier et se montrant conformes à ce qu'on attend d'eux. Ils passent leur temps à tout contrôler pour éviter le pire, par force, ils deviennent les parents de leurs parents. Ce sont des enfants trop responsables, ils ne connaissent pas l'enfance et le plaisir de n'avoir rien craindre de leurs parents, au contraire , ils ne vivent que dans la peur des dérapages que peut entraîner l'alcool.
La mince couche de maturité qui semble les protéger, cache en fait un vide immense créé par des besoins non comblés.

Parfois on retrouve chez ces enfants un autre comportement, ils sont alors prêts à tout pour ne plus être transparents , pour faire oublier le malade alcoolique au profit de leur reconnaissance .Ils font alors bêtises sur bêtises, la gravité de ces bêtises augmente au fil du temps, ils sont prêts à entrer dans toutes les déviances.

Enfance volée, le sol est instable sous leur pas, ils ont peur des sentiments qu'ils éprouvent envers leurs parents et ils font tout pour enfouir ce  ressenti au fond de leur esprit pour ne plus y penser. La loi du clan c'est : ne pas parler, ne pas faire confiance, ne pas avoir de sentiments ou tout au moins de ne pas les laisser transparaître.

On peut s'interroger sur ce que deviendra leur avenir….J'en parlerai une autre fois…

J'ai élevé ma fille en étant MA , (30 ans de consommation) elle ne m'a jamais vu dans des états d'alcoolisation où j'avais perdu tout contrôle. Il faut dire que mon compagnon arrondissait toujours les angles, je l'en remerciais encore, durant ces fêtes de fin d'année. 
Elle a toujours été une élève très brillante, laborieuse, silencieuse. Cependant, elle s'enfermait dans sa chambre pour ne pas me voir m'alcooliser, et c'était devenu un sujet tabou.
 Quand elle est devenue ados, elle m'en a fait voir de toutes les couleurs! Durant un séjour en classe de neige, toute sa classe ou presque avait organisé en douce une soirée alcool (à 14 ans), elle avait caché de la vodka dans sa bouteille de yop!!! faut le faire! Une des élève avait fait un coma éthylique, seule ma fille c'est dénoncée et n'a été que très peu punie, faute avouée à moitié pardonnée. Elle avait eu ce courage, moi pas! 
Elle connaissait toutes mes cachettes ou presque et quand elle faisait sa "razzia", elle me laissait toutes mes bouteilles vides ou pleine sur la table de la salle à manger, avec un mot du genre "quand vas -tu enfin te prendre en main ?" ou du style, un peu de volonté que diable!!!
Elle m'a poussé lors de ma première cure à me faire soigner, j'y suis allée par amour pour elle! mais j'ai rechuté! Là, elle a pris beaucoup de distance avec moi , même si elle m'aime profondément je savais qu'en continuant dans cet enfer , à terme je perdrais ma fille unique.
Quand je lui ai annoncé ma décision de faire une post cure, elle m'a juste dit " courage ma maman chérie, je t'admire". 
Et c'est simplement maintenant avec 9 mois de recul et ne non consommation, qu'on se découvre réellement, sans ce bon sang de produit qui avait brouillé les cartes de notre Vie.
On commence à s'organiser des sorties ensemble, la dernière en date , un spectacle de cirque pour le réveillon de Noel, ainsi que des sorties théâtre, et même un voyage de prévu en mai... 
Elle ne boit que très rarement et fuit toutes les personnes qui ont une addiction. Elle c'est inscrite pour le défi de janvier. Quand elle reçoit , il y a très peu d'alcool et beaucoup de boissons sans alcool. Elle se défoule dans le sport, elle en fait 3 ou 4 fois par semaine, dont une avec moi!
Si je n'arrivais pas à me donner un cadre, j'ai par contre été très sévère avec elle, mais elle ne m'en a jamais tenue rigueur, ou tout du moins ne me l'a jamais dit.

Je vous ai lu avec beaucoup d'intérêt. Les filles de mon mari ont été témoin de  certains de ses délires d'alcoolisation. Elles ont d'ailleurs adopté plusieurs postures : rire de ses propos aberrants et jouer avec, faire le lendemain comme si de rien n'était et tirer avantage de la culpabilité de leur père, éviter ce qui faisait qu'elles restaient sur l'ordi jusqu'à 4 h du matin, sortir, devenir agressives à la maison et à l'école. Cela n'a jamais été parlé avec elles. Sa fille ainée faisait des crises de nerfs et lorsque j'ai essayé de l'arrêter m'a agressée physiquement face à son père qui n'a rien fait. J'ai entendu mon mari s'excuser face à ses filles une fois. J'ai essayé de protéger ses filles bien souvent en demandant à leur mère de venir les chercher quand leur père allait trop mal. Mon mari a fait plus attention à ses filles qu'il n'a eu d'égard avec moi. Cela ne le gênait nullement de m'insulter face à elles qui faisaient comme si de rien n'était. A ce moment là elles faisaient alliance avec lui contre moi. Je pense surtout que les périodes d'alcoolisation pervertissent toutes les relations et que des enfants, des ados au milieu de cela s'adaptent ou plutot se sur-adaptent en faisant comme si c'était normal. Mon mari n'a jamais parlé à jeun de son problème avec ses filles et elles sont rentrées dans ce fonctionnement. Cela rend difficile de reprendre des relations saines.

j'ai vécu les delires alcoolisés de ma mère mais aussi ceux de mon père,je n'en ai jamais parlé à mes amies,j’évitais d'inviter mes copines à la fin,quand cela devenait trop incontrolables.On a vécu ces alcoolisations massives avec mon frère,des souvenirs de mon père titubant ou du regard de folle de ma mère.Petite,j'avais écrit sur une bouteille de rosé que j'avais trouvé dans un placard "je t'aime maman" mais cela n'a pas eu l'effet escompté,je me suis faite engueulée parce que j'avais fouillé
Plus tard,j'ai bu dans les bouteilles cachées puis je me suis acheté moi même mes bouteilles,puis j'ai bu avec ma mère,une enfance totalement dictée par l'alcool.Quand mon fils a eu 3 ans et qu'il avait la capacité de comprendre que je n'etais plus la même,que je cachais mes verres,que je devenais comme ma mère,j'ai refusé de lui faire vivre cet enfer et j'ai commencé à cherché de l'aide.Mais ma vie chaotique,ma vie de solitaire,ma vie aussi voué aux autres vient sans doute de cette ambiance toute cassée que j'ai vécu chez moi au moment où j'avais le plus besoin de mes parents