Allez, je me lance...

Bonjour à tous :)

Comme je l'ai expliqué il y a quelques minutes sur le message que j'ai posté pour me présenter, j'ai 24 ans et je suis fille de parents alcooliques. Voici mon histoire, que j'expose non sans éprouver un certain sentiment de honte. Mais je sens bien au fond de moi que si je n'exorcise pas mes émotions, je vais devenir complètement cinglée.

Mon père a toujours bu. Je ne l'ai toujours connu que ivre. C'était un homme violent et l'alcool le rendait d'autant plus méchant. Depuis que mes parents ont divorcé il y a 7 ans, j'ai coupé tout contact avec lui. Je n'ai plus aucune envie de l'avoir dans ma vie parce que je ne lui pardonne pas ce qu'il a pu faire. Bref, ce n'est pas encore fini. Ma mère est alcoolique elle aussi. Bourrée du matin au soir, elle a l'alcool méchant et passe son temps à chercher la bagarre avec moi, même quand je reste isolée dans ma chambre pour l'éviter, elle vient et commence à crier et à m'insulter. J'ai pourtant tout essayé. Je ne compte plus les interminables discussions jusqu'au bout de la nuit, les rares fois où elle était sobre, afin de tenter de lui remettre les idées en place sans pour autant la juger (du moins, j'essayais). Rien à faire. Elle ne veut pas entendre parler de psychologue ni de désintoxication parce qu'elle n'est pas malade, soi-disant. Le comble de l'histoire, c'est que je suis psychologue... et oui... comme on dit, les cordonniers ne sont pas les mieux chaussés. Imaginez alors ma frustration d'être si impuissante alors que je suis amenée à travailler avec l'humain au quotidien. J'ai conscience que, tout comme les médecins ne peuvent pas soigner leurs proches, je ne peux pas intervenir auprès des membres de ma famille mais tout de même, c'est frustrant. J'en suis arrivée à un point où je ne ressens plus la moindre compassion pour ces gens. Je sais aussi qu'en tant que professionnelle, je ne pourrais pas exercer ma fonction auprès de personnes souffrant d'une dépendance à une substance. Mon vécu personnel ne me le permets pas et j'en ai réellement conscience. J'ai lu votre article sur le détachement et je le trouve fort intéressant, seulement c'est assez difficile de prendre du recul pour certaines choses. Je m'explique. Si ma mère (avec laquelle je vis toujours, puisque j'ai terminé mes études en septembre et que je suis à la recherche d'un emploi que je désire trouver le plus vite possible afin de décamper de chez moi) ne paie pas ses factures par exemple, je vais aussi en subir les conséquences d'une manière ou d'une autre. Il m'est donc difficile de ne pas "tout" surveiller... cependant, j'ai progressé au fil des années, je n'essaie plus de l'empêcher de boire, j'ai compris que ça ne servait à rien. Je suis habitée par une profonde colère. Je me revois à ramasser mes parents, ivres, par terre, à encaisser leurs insultes à longueur de temps, à me ramasser une branlée en pleine figure quand mon père n'arrivait plus à se contrôler, à me sentir seule et honteuse de vivre un tel calvaire. Je ne me considère pas comme une petite chose vulnérable et je n'aime pas me plaindre, seulement j'avais vraiment envie de lâcher ce que j'avais sur le cœur aujourd'hui. J'attends avec impatience le jour où je dénicherais enfin un emploi et où je pourrais prendre mon envol...

Je remercie ceux qui ont lu ce message :) et je souhaite beaucoup de courage aux proches des malades alcooliques, ainsi qu'aux malades alcooliques eux-mêmes.

Fomeluki.

Bonjour fomeluki,

Je t'avais mis dans un premier message le texte sur le détachement, mais je vois que tu l'as déjà lu.....et dont tu as déjà appliqué "quelques" points.
Sache aussi que tu peux venir ici autant que tu veux pour vider ce trop plein d'émotions, d'incompréhension....

La solution pour toi bien sûr est cet emploi pour enfin vivre Ta vie, et ne plus la subir en "compagnie" d'une personne qui à l'heure actuelle est encore totalement dans le déni. Tu l'as bien compris, des conversations à pas d'heure n'ont pas fait effet......et à ça, tu n'y peux rien changer.
Là où tu peux changer, bien sûr, c'est pour toi!
Ne serait-il pas possible dans un premier temps de te trouver un petit endroit, et bénéficier d'aides sociales en attendant ton propre salaire?

Je suppose que tu es en stage d'attente pour le moment, inscrite au forem aussi.....
Tu peux aussi te rendre au cpas de ta commune afin d'y trouver une solution pour ton logement et/ou revenu.

Surtout, n'hésite pas à venir poser une question, demander un conseil.
Nous ne sommes pas bien loin.

Courage

Tu subis aussi l'alcoolisme de ton entourage et c'est terrible.
Pour ne pas avoir à payer ses factures, le mieux serait de faire une demande de curatelle, c'est le curateur qui gérerait son budget et tu n'aurais plus à t'en occuper. Mais il faut l'accord de deux médecins je crois. Je peux me renseigner, si tu le souhaites....
Pour ton travail, avec tes parents, tu ne peux rien faire, c'est évident, tu es trop impactée émotionnellement, mais ça ne veut pas dire que tu ne pourrais pas soigner d'autres proches de malades alcooliques ou souffrant d'une autre addiction, dans la mesure où tu n'es pas liée à eux par des liens familiaux.
A part la curatelle, l'urgence c'est de partir de chez toi, le plus vite possible, sinon la vie va être tellement intenable pour toi que tu vas pèter un plomb!!!!
N'hésite pas à mettre ici tout ce qui est trop lourd pour toi et à poser toutes les questions qui te viennent à l'esprit...

j'imagine combien tu dois souffrir au quotidien fomeluki,je suis contente que tu aies trouvé ce forum pour vider le trop plein  
je dirais comme shale,le plus urgent est de trouver un emploi pour partir enfin de chez ta mère,tu ne vis pas ta vie là mais la sienne  
je pense que la curatelle est aussi la seule solution pour te détacher des factures de ta mère,tu n'as pas a t'en occuper,tu es sa fille pas sa mère !!et tu as le droit d'avoir ta vie a toi  

est ce que tu sors un peu?tu as des amies,des passions,un sport? quelque chose qui te permet de te ressourcer un peu?ça aussi c'est essentiel,trouver un endroit,une activité ou une personne qui te permette d'oublier cet alcool qui te détruit  
mais on va reparler de tout ça,bienvenue parmi nous fomeluki

Merci à tous pour vos encouragements et votre gentillesse :)

Oui, je sais que ce n'est pas mon rôle de la surveiller mais malheureusement, pendant plusieurs années, j'ai été amenée à le jouer. J'ai beaucoup de mal à concéder que l'on puisse se détruire autant et détruire les autres, sans pour autant reconnaître qu'on a un problème et qu'il est grand temps de le régler. Après voilà, j'ai toujours vécu dans ce climat d'alcoolisme que je ne suis pas neutre et j'ai beaucoup de mal à supporter les gens qui boivent quand ils ne sont pas sobres (évidemment, je n'ai rien contre les gens qui connaissent/ont connu ces difficultés et font tout pour s'en sortir, ceux-là je les soutiens de tout cœur!) donc je ne pense pas pouvoir exercer ma profession dans ce domaine car je n'aurais pas de patience et ce serait trop dur émotionnellement pour moi, je ne serais pas un bon psy pour mes patients. Mamou, vous avez raison en ce qui concerne le CPAS, j'y ai déjà pensé mais ce n'est pas une décision facile... et connaissant ma mère, elle va venir me harceler du matin au soir chez moi (c'est quelqu'un d'assez connu donc elle finira par savoir où j'habite), de plus je n'ai aucune famille dans le coin puisqu'ils vivent tous dans des coins reculés de la France. Je vais encore continuer de réfléchir à l'éventualité  d'aller demander de l'aide au CPAS mais je serais triste d'en arriver là quand même. Sinon, oui je suis effectivement en stage d'attente inscrite au forem depuis le 11 septembre et j'en suis à plus de 100 CV envoyés en France comme en Belgique.

Je me rends compte que parfois je ne vis pas ma vie justement à cause d'elle parce qu'elle me culpabilise tout le temps. Avant c'était pire, maintenant j'arrive encore à me dire que je m'en fiche, que ce n'est pas mon problème mais avant franchement j'osais à peine sortir voir mes amies. Durant ces cinq dernières années, je faisais mes études et j'ai eu envie de les abandonner plus d'une fois pour me trouver un boulot vite fait et partir de chez moi. Aujourd'hui, je ne regrette rien car j'aime ce que je fais, et j'ai vraiment hâte de trouver un job. Parfois, j'ai l'impression que ça n'en finira jamais et que ma vie sera toujours celle que je connais maintenant... je sais que c'est pas rationnel de penser ainsi mais c'est vraiment mon ressenti. A la limite, elle boirait dans son coin et me laisserait tranquille, ce ne serait pas agréable mais au moins j'aurais la paix... mais là non, elle vient me chercher dans ma chambre et m'ennuie pendant des heures (aujourd'hui depuis 11h ce matin et il est déjà 18h50). Quand c'est comme ça elle ne dort pas... en plus, même si elle parvenait à se soigner définitivement, je sens que je n'aurais plus jamais confiance en elle comme avant. Y a des choses qu'on oublie pas malgré tout et même si je me dis que c'est l'alcool qui parle, j'ai encore beaucoup de mal à encaisser certaines paroles.

Pour vous répondre Cristal, oui j'ai des amies que je vois quand même assez régulièrement =) je ne pratique plus de sport mais j'ai toujours mon vieux cheval que je vais voir tous les jours. Je m'évade aussi beaucoup à travers les livres et j'aime écrire des histoires aussi, ça me permet d'évacuer ma colère et ma tristesse, je pense que les animaux et l'écriture ont vraiment été les deux choses qui, jusque maintenant, m'ont aidée à tenir le coup parce qu'il y a vraiment des jours où j'ai songé au pire. M'enfin je suis d'un tempérament combattif donc voilà, je ne veux pas gâcher ma vie parce que mes parents font des erreurs, je sais que je finirai par m'en sortir tôt ou tard :)

Merci pour votre écoute et désolée pour le pavé :)

Déjà Fomeluki, ce n'est pas un pavé, et tu le dis si bien, écrire fait du bien.
Tu nous donnes plein d'informations qui nous éclairent d'autant plus
Aussi, ici, tout le monde se tutoie

Pour le cpas, ..... c'est dommage qu'il ait cette image car comme son nom le dit bien c'est un centre public d'aide sociale et n'aie pas honte d'aller y demander des renseignements.
Pour y avoir travaillé en tant qu' AS, je peux te dire que j' y ai rencontré des personnes venant de tous horizons, allant de la personne "sans rien" à la personne qui travaille et qui a des difficultés....
C'est un droit
Alors, il n'y a plus qu'à .... pousser la porte et aller à une permanence

Question boulot, avec tous les cv que tu as envoyés, ça va payer, ce boulot, tu le trouveras!

Cette culpabilité, il va falloir qu'elle te quitte fomeluki, car même si tu n'as connu "que" ce fonctionnement depuis... toujours, tu n'es en rien responsable.
Ce sont tes parents, et ici plus particulièrement ta mère qui est responsable d'elle, de soigner ou pas. Mais elle n'a pas le droit de t'emmener dans sa chute, ne lui donne pas ce droit!
Alors, avec ton tempérament combatif, tu vas t'en sortir et commencer d'autres démarches concrètes

PS: comme je te comprends pour les chevaux , j'en suis aussi addict

Durant ces cinq dernières années, je faisais mes études et j'ai eu envie de les abandonner plus d'une fois pour me trouver un boulot vite fait et partir de chez moi

c'est très parlant cette formulation !! on n'abandonne pas ses parents,on prend son envol ,les parents peuvent abandonner leurs enfants,pas l'inverse ... Les rôles sont inversés là  

tu n'as aucune culpabilité à avoir,ta mère est adulte et a les outils pour s'en sortir,elle joue sur ton attachement et sur ce role que tu t'es donné car en devenant la mère de ta mère,elle se laisse aller a devenir ta fille et a te laisser toutes les taches  
alors pour casser tout ça,tu doit reprendre ta place de fille et lui redonner le role d'adulte.Seule,elle devra trouver en elle les ressources necessaire pour s'en sortir,elle ne le fait pas parce que tu es là.Le MA a besoin de se retrouver seul pour puiser au fond de lui la force qui le fera sortir de cet enfer.

ça prend du temps et ce n'est pas évident,tu as été dans la co dependance et ça laisse des traces  

c'est bien que tu aies des moyens de t'echapper quand même mais il va falloir que tu trouves un moyen d'être bien tout le temps avec qqs désagréments quand tu iras voir ta mère au lieu d'être en mal être tout le temps avec juste qqs moments de bien être  
la vie,ce n'est pas se sacrifier pour ses parents ils ont fait leur vie,tant pis si ils l'ont raté,ce n'est pas de ta faute toi,tu as ta vie a faire et elle ne doit pas se faire a travers la leur .

Accroche toi et trouves le plus vite possible le moyen de te sortir de là,il y a des auxiliaires de vie qui existent,des infirmières,des aides pour les personnes qui n'arrivent pas à vivre correctement,mais ce sont des professionnels,ce n'est pas le role de la famille  

fais attention à toi et garde le forum pour t'exprimer autant que tu veux

Il faudrait peut-être que tu précises à ta mère que dorénavant, tu ne supporteras plus l'alcool entre vous.
Tu lui parleras quand elle n'aura pas bu, sinon, tu l'ignoreras. Alors pour l'ignorer tu as la possibilité de t'enfermer à clef dans ta chambre, d'aller chercher du calme ailleurs, mais tu tiens bon, car si tu cèdes, tu es foutu, elle ne te croira plus et reviendra constamment à la charge. Si elle fait une erreur, si elle tombe ou autre à cause de l'alcool, tu la laisses se débrouiller seule, c'est la responsabiliser que de la laisser gérer sa maladie...
Pour l'argent, je te reparle de la curatelle, elle entre tout à fait dans ce cas là..... De toute façon, elle va être privé de chéquier et de carte bleue, ça limitera les frais......
Mais là, pense  à toi, tu as ta vie à faire et c'est ce qui est important. Ta mère pour le moment a fait le choix de boire, elle changera peut-être d'avis, mais pour le moment, c'est comme ça, alors tu la laisses s'enfoncer. Quand elle aura atteint son fond, elle pensera peut-être que l'alcool en est la cause..
Courage à toi!!

Je ne peux pas rajouter plus que ce qu'on t'a déjà dit. Je te dis aussi que tu n'as pas à avoir honte, ni avoir peur d'en écrire beaucoup, au contraire, ça nous aide à t'accompagner de la meilleure manière qui soit.

L'important, c'est que tu vives pour toi et que tu sois bien dans ta vie. En mettant des limites par rapport à l'alcool, tu y trouveras un confort pour toi au fil des jours.

Courage, nous sommes avec toi.