se découvrir et devenir "quelqu'un" .... peut chambouler l'entourage..... quelles sont les réactions?

Je comprends mieux, merci pour ces précisions.
Mais cela voudrait-il dire aussi que le co-dépendant entretient la maladie alcoolique
du consommateur? Est-ce que çà fait un effet "ping pong" entre les deux?
Il faut soigner les deux en parallèle?

Bon, évidemment je n'ai que le point de vue du consommateur, mais je
sais que la suspicion et le flicage "bienveillants mais intrusifs" m'ont toujours poussée à boire plus..

je pense que c'est inconscient mais oui,le co dependant entretient la maladie et la nourrit même par ses surveillances,par ses reproches,par ses menaces..Le MA est materné et ne se sent plus seul dans son enfer,il est également traité de tous les noms et la souffrance que cela induit le pousse à se punir en buvant.la honte de ne pas réussir à rendre sa famille heureuse voire la détruire le pousse également vers la mort lente.
le petit singe se nourrit de la tristesse,de la culpabilité,de l'agressivité,de la honte et toutes ces émotions sont très souvent induites par le co dépendants.
Le MA nourrit le co dépendant et le co dépendant nourrit le MA,c'est cela qu'il faut casser que ce soit du coté du MA ou du co dep.Et oui,il faut soigner les deux,c'est indispensable car les deux sont détruits par l'alcool

D'ailleurs quand un malade alcoolique s'en sort, si son entourage était dans la dépendance, ils risquent de tout faire, inconsciemment, pour que le MA boivent à nouveau et qu'ils retrouvent l'équilibre qui s'était créé autour du malade alcoolique...
Il y a des familles qui fonctionnent comme ça jusqu'à la mort du MA.

Merci pour ces exemples, c'est encore plus clair à présent.
Le co-dépendant est le pire toxique du MA.
C'est complètement vicieux, comme fonctionnement.
En même temps, je comprends mieux aussi nombre de récits que
j'ai lus ici et qui mènent à des ruptures, dans le cas où le co-dépendant n'arrête pas
son symptôme à lui vis à vis de la consommation d'alcool du proche..

Si vous supprimez l'aide permanente et discrète du co alcoolique,et si l'alcoolique est déjà à un point de dépendance important ,les ennuis et les catastrophes ne vont pas tarder :
 
-il aura des difficultés pour s'approvisionner.
-Il aura des difficultés pour se déplacer (les pertes de permis sont fréquentes dans ces cas) .
-Il va avoir des ennuis avec "tout le monde" puisque la personne qui faisait tampon entre lui et les autres , ne sera plus là pour arranger les choses encore arrangeables .
-Les ennuis avec l'employeur,la mutuelle ou le chômage ne vont pas tarder (travail non ou mal fait,absences répétées aux convocations,documents non remplis,etc,etc...
 
Bref il sera "plus tôt que prévu" mis au pied du mur .
Et là, il va se rendre compte qu'il est seul responsable de ses choix et de sa vie.

 
Ces choix seront donc les suivants :


-soit il continue et alors le statut de SDF se profile à l'horizon ,ou il ira en HP pour causes neurologiques importantes, ou en prison pour des dégâts causés sous alcool.
-soit il prend conscience de la situation et il prend la décision de se soigner....


Tous les MA ont le droit de boire toute la journée sans être jugés mais à partir du moment où ils font vivre un cauchemar à leur entourage, là, ce n'est plus tolérable. Ils passent de l'état de malade à l'état de tortionnaires.



Celui qui rend  possible de vivre ainsi alcoolisé est juridiquement un complice .
Le co alcoolique rend l'action possible .
Le co alcoolique est donc complice .

Quelle claque, ce texte!
Je n'avais jamais pensé à ce côté là du co-dépendant.

Moi non plus, c'est en lisant un article de plusieurs pages, là je vous en ai fait un résumé, que j'ai intégré cette notion qui m'a un peu assommée moi aussi.
Mais je crois que c'est une vision importante à avoir de la co dépendance, je n'arrête pas d'y réfléchir et en fait tout se recoupe..

J'y ai repensé aussi, à cette vision jusqu'au boutiste du co-dépendant complice.
En fait, "complice d'un tortionnaire", je trouve tout de même cela dur vis à  vis
d'une personne qui agit en étant elle même prise dans l'engrenage.

Si complicité il y a, elle n'est pas si directe, et encore moins consciente ni
intentionnelle! Le co-dépendant est lui-même victime de l'addiction du consommateur,
et dans les exemples cités (faire tampon en fait), il fait surtout au mieux, pour
éviter des problèmes qui lui semblent graves.

(Je ne fais pas l'apologie de l'aide à la conso que le co-dépendant procure,
je me dis juste quelle rôle de tampon ne mérite peut-être pas un jugement
aussi radical…

Complice oui, dans la mesure où tout est intentionnel de son côté aussi (se garder
son alcoolique bien en l'état sans s'occuper des dégâts qu'il cause aux autres)

Bien sûr, je suis d'accord avec toi, c'est même la réflexion que je me suis faite en premier..
Mais en fait concrètement le résultat que l'on peut constater, en mettant de côté tout affects, c'est bien celui d'un tortionnaire et de son complice, dans les cas les plus graves, je pense tout de même...

On aurait aussi pu parler de relations sado maso...

Sans affect, en raisonnant de faits à conséquences, je suis bien d'accord avec toi.
Je dois dire que je n'ai pas encore assez de distance par rapport au mal que j'ai
pu faire aux autres, ni de mes co-dépendants, pour être vraiment apte à débattre
sur la complicité…
J'en serais plutôt à compatir pour les deux parties

Le rapport sado maso, par contre, c'est vrai qu'on est dedans, psychologiquement
s'entend. (pas au sens "couple", car les couples sado maso qui y trouvent leur
compte n'entrainent pas de dommages collatéraux, heureusement).

çà me fait aussi penser à la notion de prédateur, chacun étant le prédateur de l'autre
et çà a des conséquences sur des victimes qui ne sont pas sensées être confrontées
à ce système ni l'alimenter…
MA et co-dépendant agissant au final uniquement en fonction du produit, quelles
qu'en soient les conséquences envers autrui. Quel cercle vicieux..

Oui, le produit est au centre de tout et le produit est souvent le pilier de la famille, c'est là dessus que se joue maladie alcoolique et co dépendance....

Il n'y a pas longtemps, j'ai dit en consultation Art-T que, vu de ma fenêtre, j'avais vraiment
l'impression d'une vision de cellules vues au microscope dans les expériences au collège:
on enlève un bout (une cellule), qui ne meurt pas en dehors du noyau.
Plus tard, on regarde et il se développe tout seul.
le gros noyau de base se recentre dessus et l'entoure, comme pour le réintégrer.
On a l'impression qu'il s'étale pour l'encercler.

Ce à quoi elle m'a dit: c'est tout à fait çà, surtout quand le bout qui s'en va va bien!
C'est rassurant, de s'entendre dire que c'est un processus connu.
Parce que, mine de rien, on se demande toujours si çà ne viendrait pas de nous,
ces noeuds qui ne se défont pas.
çà fait réfléchir d'ailleurs sur le rapport et la différence entre un lien et un noeud..
Le mélange, çà peut faire une corde de pendu en fait

Je suis persuadée qu'il est bien plus difficile de sortir de la co dépendance pour l'entourage que de sortir de l'alcool pour les malades alcooliques...
Le malade alcoolique, quand tout se passe bien, se retrouve, retrouve sa joie de vivre et sa liberté, le co dépendant n'a plus rien, on lui a enlevé ce qui le faisait vivre et c'est très dur de mettre autre chose à la place.
Ce qui explique que beaucoup de co dépendants font tout ce qu'ils peuvent pour que leurs conjoints ne sortent pas de l'alcool...
C'est l'équilibre familial qui est menacé et qui souvent d'ailleurs craque...

SHALE a écrit: le co dépendant n'a plus rien
C'est l'équilibre familial qui est menacé et qui souvent d'ailleurs craque...

OUi, c'est très vrai.
En l'occurrence, c'est surtout son nonosse à ronger qu'il n'a plus.
Nous, après avoir culpabilisé sur ce qu'on leur a fait voir (ou pas voir
directement), après avoir essayé de remettre les choses à plat, je ne crois
pas qu'on puisse supporter de les voir continuer.

Leur co-dépendance, elle a comblé une faille, l'alcoolique qui pollue
c'était leur dope à eux, pour se supporter entre eux. Plus de tête de turc, plus
de groupe.
Une fois, j'étais en colère avec tout çà. J'ai même dit à la thérapeute
"ils me font tellement ch** que çà me donne envie de les torpiller
une bonne fois pour avoir la paix".
Elle m'avait répondu: "En ne faisant rien, c'est le pire que vous puissiez leur faire,
ils ne vont se retrouver "que" entre eux, et là ce sera terrible entre eux".

Je suis partagée entre, encore assez vivace, le sentiment de responsabilité
et l'énervement de voir que le temps passe et qu'ils ne s'en remettent pas.

Je m'en suis bien tirée, j'allais crever quand même!
Il leur aurait fallu quoi pour rester bien? Aller contempler ma tombe une
fois par an?

C'est bien compliqué tout çà. Sale engeance, ceux qui ne peuvent se
sentir bien que quand quelqu'un va mal.