Les adolescents face à l'alcool

**SHALE** 18/2/2024, 09:01

Je voudrais revenir sur le comportement des adolescents face à l'alcool. Déjà, la notion d'adolescence est relativement récente, elle ne remonte guère qu'à plus d'un siècle en arrière.
De nos jours, cette étape de la vie est considérée comme à risque en ce qui concerne la consommation d'alcool ou de drogues diverses. Je m'intéresserai plus à l'alcool, car c'est la drogue dont l'accès est le plus facile.
D'un point de vue théorique, l'adolescent doit être vu sous divers aspects complémentaires :
– un individu qui se construit son propre appareil psychique, confronté aux pulsions émergentes et aux modifications physiologiques et anatomiques de la puberté. Il est important aussi de préciser que le cerveau n'a pas encore atteint sa maturité.
– c’est aussi un individu dépendant, incapable d’une autonomie totale. Il est encore fortement lié à ses parents et doit donc être envisagé dans son environnement familial
– un individu social. L’adolescent va quitter progressivement ses parents pour devenir cet individu social et cette transition est extrêmement angoissante pour lui. L’adolescent va devoir lâcher la sécurité et la dépendance infantiles pour devenir autonome.

De tout ça peut découler un travail de deuil ou de séparation, le deuil de la dépendance infantile, mais aussi de leur sécurité d'enfants protégés par les parents. L'autonomie est source de beaucoup d'angoisses , souvent inavouées.
Tout ce qui, pour lui, peut limiter ces angoisses liées à ces changements : alcool, drogue, cigarettes est bon à prendre.
Le jeune a besoin aussi d'expérimenter tout en transgressant. En utilisant l'alcool et la cigarette, il va accéder à des choses normalement réservées aux adultes.
Il apprécie vite les effets de l'alcool qui lui rende le monde qui l'entoure plus facile à vivre, qui lui donne une assurance qu'il n'a pas, qui supprime cette peur de grandir.
On retrouve de plus en plus de jeunes qui font la fête tous les week-ends en consommant de l'alcool de façon exagérée et fréquemment en l'accompagnant de cannabis ou autres drogues. Les risques pour la santé sont importants, notamment les risques d'accidents. Mais, vu sous alcool, le danger n'existe plus.
Pourquoi ces jeunes ont-ils autant besoin de drogues pour sortir de leur adolescence ?
À l'adolescence, le jeune doit faire le deuil de son enfance, et cette séparation peut être douloureuse, même si elle est souhaitée

Là peut se poser la question de l'autorité. Trouve-t-on encore une autorité familiale généralisée actuellement, je n'en suis plus très sûre. Les jeunes ont acquis une supériorité sur leurs parents en maîtrisant très tôt les techniques actuelles, encore souvent difficiles à comprendre par leurs parents. Sur ce point, ils dominent la famille, les parents ayant souvent besoin de leurs conseils pour utiliser un PC ou autre technologie moderne. Le décalage entre les parents et le jeune se creuse de plus en plus. La transmission ne se fait plus de parents à enfants, mais au contraire, d'enfants à parents avec les risques que ça comporte. L'autorité des parents est de plus en plus mise à mal.
Cette autorité qui a pour fonction à l'adolescence de donner des règles précises à respecter, règles qui aident à entrer dans le monde social qui les entoure,
beaucoup de parents ne sont plus capables de l'avoir et de l'assumer.
Les parents demandent donc in fine aux médecins, éducateurs ou assistantes sociales d’assurer la fonction autoritaire à leur place, ne sachant comment faire, pris par la culpabilité de pouvoir faire du mal à leurs enfants.
Les parents, qui sont de plus en plus en décalage par rapport à leurs ados, se voient retirer le peu de parentalité qu’il leur reste. S’il y a bien une chose sur laquelle mon travail m’a éclairé, c’est sur l’importance de remettre les adultes à leur place de parents, de les aider à réinvestir la parentalité.
Ghyslaine Gimenes