Un témoignage qui m'a bouleversée.

Témoignage.

Je vous retranscris ce qu'un ami m'a dit aujourd'hui au téléphone, je l'ai bien sûr rendu lisible, car il était très mal et sa parole difficile. Voici son témoignage, réécrit par mes soins.

La pièce sombre était emplie d'une atmosphère lourde, imprégnée du relent âcre de l'alcool. Paul, un homme autrefois robuste et plein de vie, était maintenant assis sur une chaise délabrée, sa silhouette tremblante trahissant les ravages que l'alcool avait infligés à son corps et à son esprit.

Le verre à la main, il fixait le liquide doré avec un mélange de fascination et de désespoir. L'alcool était devenu son complice, son geôlier invisible qui le poussait inexorablement vers l'abîme. Chaque gorgée semblait éteindre temporairement le brasier de la réalité, mais en réalité, elle ne faisait que l'entraîner plus profondément dans les méandres de sa propre destruction.

Sous l'emprise de l'alcool, Paul perdait toute notion de décence et de contrôle. Ses gestes étaient devenus erratiques, ses paroles incohérentes. Les personnes qui l'entouraient ne voyaient plus l'homme qu'il avait été, mais un spectre de lui-même, hanté par ses propres démons.

La liberté de choix avait depuis longtemps déserté son existence. L'alcool dictait ses actions, transformant un individu autrefois capable de prendre des décisions éclairées en une marionnette déchue. Les responsabilités familiales, les promesses brisées, les amis perdus – tout cela s'effaçait devant la puissance hypnotique de l'alcool.

Ses proches tentaient en vain de le ramener à la réalité, mais la dépendance avait érigé des barrières infranchissables. Chaque tentative de sauvetage était balayée par une vague d'indifférence, une indifférence forgée dans l'acier du désespoir.

Les conséquences de ses actions sous l'emprise de l'alcool étaient nombreuses et déchirantes. La douleur qu'il infligeait à ses proches était comme un écho assourdissant de sa propre souffrance intérieure. La solitude devenait son seul compagnon, tandis que l'alcool continuait à orchestrer la triste symphonie de sa descente aux enfers.

L'homme jadis fier et accompli avait été réduit à l'état de pantin désarticulé, manipulé par une force invisible et dévastatrice. L'alcool lui avait volé sa dignité, sa liberté et sa volonté. Paul, naguère maître de son destin, était maintenant esclave d'une bouteille, incapable de rompre les chaînes qui l'emprisonnaient dans un cycle sans fin d'autodestruction.

Quand le malade alcoolique arrive à tel point de désespoir et de décrépitude, il n'a plus qu'un espoir, mourir…Il me l'a dit, et redit...C'est difficile de répondre à ce genre de message. Je ne lui ai d'ailleurs sans doute pas dit ce qu'il attendait de moi..

Dans son cas, je n'espère plus que, par miracle, un déclic se fasse et qu'il retrouve la force de crier "au secours".

Et vous, auriez vous su trouver les mots pour l'aider à se relever, pour ma part, j'avoue en avoir été incapable...

En effet que dire ? Quoi répondre  ?
Je reconnais que c'est très difficile et que je n'aurais pas su répondre moi non plus 
Elle est triste cette histoire et pourtant si réelle 

SHALE a écrit:Témoignage.
……….
Quand le malade alcoolique arrive à tel point de désespoir et de décrépitude, il n'a plus qu'un espoir, mourir…Il me l'a dit, et redit...C'est difficile de répondre à ce genre de message. Je ne lui ai d'ailleurs sans doute pas dit ce qu'il attendait de moi..

Dans son cas, je n'espère plus que, par miracle, un déclic se fasse et qu'il retrouve la force de crier "au secours".

Et vous, auriez vous su trouver les mots pour l'aider à se relever, pour ma part, j'avoue en avoir été incapable...

Quelle force d’écriture poignante, tu possèdes, Shale. 
Comme disait Gainsbourg, rien de plus « fascinant » qu’un naufrage. Je ne souviens plus si c’était ce mot qu’il avait employé. Le radeau de la méduse.
C’est un lent suicide que vit ton ami. 
S’il ne veut plus vivre, lui redonner goût à la vie, n’est pas gagné.
L’humour, peut-être ? Ou la madeleine de Proust ……

J'aime bien l'idée de la madeleine de Proust, mais je ne connais pas la sienne...Je vais continuer de parler avec lui, pas forcément d'alcool, de tout et de rien, un discours léger qui peut être pourra l'aider à en garder quelques mots, qui sait...

SHALE a écrit:J'aime bien l'idée de la madeleine de Proust, mais je ne connais pas la sienne...Je vais continuer de parler avec lui, pas forcément d'alcool, de tout et de rien, un discours léger qui peut être pourra l'aider à en garder quelques mots, qui sait...

Je pense que c’est la meilleure « solution », Shale. 
Peut-être va t il se renfermer sur lui-même a cause de la sacro-sainte honte des alcooliques. 
Mais continuer à parler avec lui peut être la meilleure des thérapies.
De toutes façons, il n’en cherchera pas d’autres. 
Et qui sait, tu la trouveras peut-être, la petite madeleine….

Qui sait ??? Je l'espère Coccinella, je l'espère...