La honte

**SHALE** 12/1/2024, 10:21

La honte est souvent une compagne silencieuse et oppressante dans le parcours d'un individu luttant contre la dépendance à l'alcool. Le malade alcoolique est souvent piégé dans un cercle vicieux où la consommation excessive crée des situations embarrassantes et regrettables, alimentant ainsi le sentiment de honte qui, à son tour, peut aggraver la dépendance.
Le processus de la honte pour le malade alcoolique commence par la perte progressive de contrôle sur sa consommation d'alcool. Les actes commis sous l'influence de l'alcool, tels que des comportements impulsifs, des paroles blessantes, voire des accidents, peuvent être la source initiale de la honte. Ces moments imprévisibles laissent souvent le malade avec un sentiment d'impuissance et de dégoût envers lui-même.
À mesure que la dépendance progresse, la honte peut s'intensifier. Les promesses non tenues de modération, les engagements familiaux ou professionnels négligés, les amis éloignés en raison du comportement de plus en plus imprévisible du malade contribuent à un cycle de honte difficile à briser. La stigmatisation sociale entourant l'alcoolisme ajoute également une dimension supplémentaire à cette expérience, faisant en sorte que le malade se sente isolé et incompris.
Le malade alcoolique peut également éprouver de la honte en raison de la perte de l'estime de soi. Les réalités déformées de la vie quotidienne, altérées par l'alcool, peuvent éroder la confiance en soi et conduire à des pensées négatives et autodestructrices. Les conséquences professionnelles et personnelles, telles que les échecs au travail, les relations brisées et les difficultés financières, alimentent davantage ce processus de dégradation de l'estime de soi.
La honte peut aussi être un obstacle à la recherche d'aide. Le malade alcoolique peut craindre le jugement des autres, la réprobation sociale ou les conséquences professionnelles s'il révèle sa lutte contre l'alcoolisme. Cette crainte peut conduire à l'isolement, retardant ainsi le processus de guérison.
Cependant, reconnaître et comprendre la nature de la honte est une étape cruciale vers la guérison. Les programmes de traitement de l'alcoolisme mettent souvent l'accent sur l'importance de surmonter la honte en offrant un espace sûr pour l'expression des émotions, la compréhension des causes sous-jacentes de la dépendance, et en encourageant la reconstruction de l'estime de soi.
En fin de compte, le chemin vers la sobriété pour le malade alcoolique implique non seulement de surmonter la dépendance physique, mais aussi de briser le cycle de la honte qui peut maintenir la dépendance en place. Le soutien de professionnels de la santé mentale, de groupes de soutien et d'amis bienveillants peut jouer un rôle crucial dans ce processus, aidant le malade à reprendre le contrôle de sa vie et à restaurer sa dignité.
Ghyslaine Gimenes