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Un autre regard sur l'arrêt de l'alcool.

5 participants

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Un autre regard sur l'arrêt de l'alcool. Empty Un autre regard sur l'arrêt de l'alcool.

Message  SHALE 9/12/2022, 09:51

Souvent dans notre vie de malade alcoolique, on se fait  rejeter par notre famille, nos collègues. On perd  beaucoup sur les plans sociaux, familiaux et amicaux. Mais il y a un phénomène assez incongru qui peut survenir quand on décide d'arrêter l'alcool, nous n'avons plus de place, nous l'avons perdue et nous ne  la retrouvons plus. Pire, même sans alcool, nous subissons encore des réactions de rejet, de méfiance terribles. Personne ne nous fait plus confiance.
J'en parle parce que je l'ai vécu, sans trop le comprendre au début, sans même en faire trop de cas, tellement j'étais dans le bonheur d'avoir réussi à arrêter l'alcool.
Quand je suis revenue de cure et que j'ai repris mon travail, je me suis rendue compte qu'une partie de mes collègues ne me parlaient plus, m'ignoraient même complètement. Je pourrais presque parler de mise en quarantaine.
En  parlant avec d'autres malades alcooliques, je me suis rendue compte qu'il se passait la même chose  pour eux, au sein de leur propre  famille
C'est à ce moment-là que je me suis posé la question : et si notre alcoolisme arrangeait bien certaines de nos relations familiales ou  certains de nos collègues de travail.
Tant que nous buvions, nous ne les dérangions pas, en fait. Nous étions le sujet de conversation préféré, nous n'avions plus le droit de dire quelque chose car, alcoolique, on ne nous écoutait plus. Nous n'avions plus aucun pouvoir ni aucun droit sur ce qui se passait autour de nous, nous n'étions bon qu'à cuver notre alcool ou à prêter le flanc aux critiques, toutes plus méchantes les unes que les autres. C'était une grande occupation pour nos collègues, de surveiller combien nous avions pu boire aujourd'hui, d'essayer de nous prendre en faute, je vous le redis, tout ça , je l'ai vécu. J'ai appris aussi que j'aurais dû revenir au travail en faisant acte de repentance, alors que j'y retournais très fière de moi, la tête haute. Ce qui, je l'ai appris par la suite , avait été très mal pris.
A la maison, tout s'organisait sans nous, là aussi, nous n'avions plus beaucoup de place, la famille s'était habituée à vivre sans notre participation. Certains même passaient pour des saints pour nous supporter ainsi toute la journée et sans doute, l'étaient ils effectivement. Pour ceux qui étaient codépendants, notre retour frôlait la catastrophe. Nous leur enlevions leur aide en tant  qu'infirmier, de soutien d'un malade alcoolique, travail qui leur donnait le beau rôle auprès des autres. Heureusement, ce n'était pas le cas dans toutes les familles, certaines étant très heureuses de nous retrouver sans alcool, mais il restait toujours une inquiétude, combien de temps ça va durer….
Ayant arrêté de boire, on se méfiait toujours de nous, on contrôlait toujours le niveau des bouteilles alors que nous aurions eu tellement besoin que l'on nous fasse confiance. On surveillait nos sorties, notre attitude, à la moindre fatigue ou si nous avions attrapé une gastro, il était clair que pour les autres, nous avions recommencé à boire.
Cette période finit par passer et nous arrivons difficilement à retrouver notre place et la confiance de nos proches, mais c'est très dur et très long. C'est une souffrance qui peut devenir énorme et saper notre fierté d'avoir réussi à arrêter l'alcool.
C'est un moment   très douloureux et vécu comme injuste par un malade alcoolique qui s'est battu pour s'en sortir, mais c'est aussi une réaction humaine pour des personnes que nous avons fait tant souffrir .
SHALE
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Féminin 01/01/2009

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Un autre regard sur l'arrêt de l'alcool. Empty Re: Un autre regard sur l'arrêt de l'alcool.

Message  tulipe noire 10/12/2022, 11:57

C'est sûre que c'est un double combat pour le MA, retrouver son estime personnelle et celle de ses proches , l'une confirmant l'autre.

Si dans un premier temps je m'alcoolisais en pleine conscience en cachette, j'en étais arrivée à un tel point que le regard des autres ne m'importait plus vraiment, j'étais prisonnière dans mon enfer, ce  qui était important c'était ma bouteille et moi, les autres  , mais ils ne pouvaient pas comprendre...

Une fois la liberté reconquise , il faut apprendre patiemment à retrouver ton estime personnelle, se la ré approprier ainsi que celle de ses proches, chacun à son allure, avec un décalage  S'apprivoiser soi-même, et apprivoiser aussi le regard de nos proches. Comme un vase communiquant, la méfiance remplacée par la confiance et l'amour.
Cependant, le véritable regard c'est celui que l'on porte sur soi, les autres "on-s"en -fou"! Les personnes intelligentes et bienveillantes auront vite cernées notre personnalité et nos valeurs.
tulipe noire
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Féminin 12/04/2013

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Un autre regard sur l'arrêt de l'alcool. Empty Re: Un autre regard sur l'arrêt de l'alcool.

Message  lolo6 16/12/2022, 01:29

J'aime bien ce titre "un autre regard", qui évoque le regard des autres, et aussi un
autre regard, rarement évoqué, sur notre regard à nous, MA, sur les comportements des
proches qui ne redeviennent pas si facilement neutres, ou même bienveillants.

En te lisant, je réalise que je n'ai pas vécu ce que tu racontes quand j'ai réussi à arrêter
définitivement l'alcool. Je l'avais vécu au premier arrêt, et cette suspicion avait
été très influente sur la rechute jusqu'au fond du fond.
Comme tu dis, injustice...
Sentiment d'injustice qui est lié à un besoin de reconnaissance, qu'on n'obtient
pas forcément (ou pas tout de suite). On a besoin de reconnaissance après un
tel effort, et ça blesse horriblement quand on ne l'a pas des gens importants
pour nous!

Pour le vrai arrêt, ayant (enfin) pigé que la famille et une partie de l'environnement
professionnel étaient toxiques, je n'ai rien dit.
Je suis partie en cure sans en parler à part à 3 personnes, ensuite tout caché pendant 
3 ans à la famille. 

La famille (omniprésente même si loin, et vue à chaque été) ne s'est pas rendue
compte que j'avais arrêté. Ils continuaient leur film du "mouton noir", et ont
été très vexés quand j'ai dit que ça faisait aussi longtemps. J'avoue, ça m'avait fait
plaisir de voir leur déconfiture, mais le mépris a pris le dessus. J'aurais préféré
devenir indifférente dans la foulée, mais ce n'est pas arrivé.

Au boulot, je n'en n'ai jamais parlé en dix ans, sauf à une collègue qui est
repassée après son départ en retraite et qui m'avait manifesté sa compassion
à l'époque où j'étais dedans. Aujourd'hui je ne sais pas s'ils savent, ou s'ils pensent 
que je fais des efforts quand il y a des pots! Eux, ça n'a pas d'importance en fait.

Je me sentais très contente quand les gens réalisaient que je ne buvais plus,
là j'en parlais. Mais pour ceux qui ont continué à ne rien voir de ma sobriété,
je ne les ai plus vus.

Le plaisir et la confiance sont venus des amis, et les amis ont fait des petits.
Deuxième boulot aussi, avec de vraies relations humaines.

Je ne dirais pas que c'est bâché pour autant, et que tout est réglé. Il reste, et
restera peut-être jusqu'à toujours, ce doute, ce regard automatique et "dénigrant"
de soi sur soi, qu'on peut certes balayer par une réalité positive confirmée par
les autres, mais qui est automatique.
Le fil de ruralcoolique est édifiant sur le sujet, concernant le conditionnement.

Évidemment, ces doutes et tutti, ça reste intime, et on s'endurcit dans le sens
où on éjecte au plus vite les personnages à tendances manipulatrices. 
La réaction humaine vis à vis d'un MA peut être tout à fait humaine dans le sens
où, nous, on peut la comprendre voire même l'excuser, mais bien souvent aussi
l'environnement proche fait partie intégrante du problème.

Et après ce cap si difficile de s'être sorti de la consommation d'alcool, il y a aussi
le cap de virer (comme on peut) les toxiques et les imbéciles.
Pour l'entourage, refaire confiance est difficile, mais il faut aussi que l'entourage
comprenne qu'il doit être un peu cool avec le MA qui s'en sort, et ceci assez
rapidement.
On l'a déjà évoqué, mais quand l'alcool disparaît il n'y a pas que le MA qui doit
prendre sur lui de se soigner. Le temps joue pour nous, mais pas pour un entourage
qui ne suit pas.
lolo6
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Féminin 24/06/2012

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Un autre regard sur l'arrêt de l'alcool. Empty Re: Un autre regard sur l'arrêt de l'alcool.

Message  ppp 16/12/2022, 01:46

Je n'ai rien vécu de tel. J'ai été très transparent, cela à dû jouer. D'ailleurs, aujourd'hui, c'était le diner de Noel avec les collègues. Mon abstinence est intégrée, respectée. On m'achète des bulles sans alcool, je m'installe avec qui je vx à table, lors du repas, les non buveurs (il y en a). Je me sens tellement bien et respecté, j'ai servi des verres à l'apéro hihi.

Tu mentionnes le fil de ruralcoolique Lolo, ça me touche, tu nous lis, bcp :-). J'aime bcp son fil aussi et ses interventions, partout

Merci encore pour ta réflexion  coeurs
ppp
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Masculin 24/02/2019

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Un autre regard sur l'arrêt de l'alcool. Empty Re: Un autre regard sur l'arrêt de l'alcool.

Message  SHALE 16/12/2022, 10:36

Meci Lolo pour ton message toujours aussi éclairant. Bisous à toi. coeurs coeurs coeurs
SHALE
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Féminin 01/01/2009

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Un autre regard sur l'arrêt de l'alcool. Empty Re: Un autre regard sur l'arrêt de l'alcool.

Message  cristal 16/12/2022, 13:36

je n'ai pas eu non plus de regards malveillants quand j'ai arrêté car je n'ai pas été suffisamment dedans pour avoir l'étiquette d'alcoolique dans mon entourage sauf pour ma mère. J'ai eu aussi la chance d'avoir une vie sociale très pauvre ,très peu de sorties, de pots de boulot travaillant seule et très peu d'amis en dehors de ceux de mon conjoint. C'est aujourd'hui, 14 ans après que je commence à devoir dire non car je sors un peu plus mais étant hors alcool, cela ne pose pas de problème et ces amis là ne m'ont jamais connu dans l'alcool. Je me rends compte de la chance que j'ai eu de m'arrêter avant d'aller trop loin  Crying or Very sad
cristal
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Féminin 01/01/2009

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Un autre regard sur l'arrêt de l'alcool. Empty Re: Un autre regard sur l'arrêt de l'alcool.

Message  lolo6 20/12/2022, 01:29

Ah oui ppp, la transparence, c'est le pied, mais c'est un peu comme l'humour, on peut
pas avec tout le monde smiles

Je rectifie quand même: la pure malveillance a été uniquement de la part de la famille,
Certains potes sont "juste" restés dans la suspicion trop longtemps
(le genre à te dire sérieusement "tu as bu? Non? Tu es sûre?" quand tu es d'humeur rigolarde)
Et les collègues en question regardent encore mon verre aux pots, mais pour ce job là ce n'est
pas vraiment un milieu où les gens se respectent, humainement parlant, donc ça ne compte
pas.

Et oui Cristal, quelle chance ou quel bon sens tu as eu d'arrêter avant.
"Passé les bornes y'a pu de limites" comme on dit.
Mais en fait, je ne crois pas que ce soit uniquement un MA qui passe les bornes
(par sa consommation). Pour beaucoup d'entre nous, ce sont d'autres personnes, 
bien avant, qui les ont largement dépassées, et notre consommation sans limite
est associée à ça aussi.

ça ne fait pas de nous de "pauvres victimes" pour autant hein. Mais selon qui on
a eu sur son chemin au départ, ça change tout.
Coup de bol, quand on arrête on réapprend à penser tout ça, et là on peut choisir
ce qui est bon pour nous, qui, quoi, quand, comment, la liberté quoi petits coeurs
lolo6
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Féminin 24/06/2012

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Un autre regard sur l'arrêt de l'alcool. Empty Re: Un autre regard sur l'arrêt de l'alcool.

Message  SHALE 20/12/2022, 10:53

Super texte Lolo, j'en tire beaucoup, merci..... smiles coeurs coeurs coeurs
SHALE
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Féminin 01/01/2009

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Un autre regard sur l'arrêt de l'alcool. Empty Re: Un autre regard sur l'arrêt de l'alcool.

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