Une maladie diabolique ?

L'alcool est une des rares maladies que l'on pourrait appeler démoniaque. Le malade alcoolique se sent pris dans les filets de quelqu'un ou quelque chose qui lui veut du mal, il ne sait pas comment en parler. Il y a même des MAB où on invoque une puissance supérieure pour nous aider à en sortir. Beaucoup parle à ce sujet de la force de la prière, etc….
Pourtant l'alcoolisme n'a rien de surnaturel, c'est une maladie complexe, une maladie qui touche aussi bien le physique que le psychologique, une maladie qu'on ne voit pas venir et souvent on ne veut même pas en parler, beaucoup ressentent de la honte à dire qu'ils ont un problème alcool.
Ce ne sont pas nos péchés qui nous ont conduits à être malade alcoolique, ce peut-être des problèmes rencontrés dans la petite enfance, problèmes qui ont fragilisé notre développement physique et psychique. Notre construction psychologique n'est pas solide à la base et nous passons notre temps à chercher quelque chose qui va nous rendre plus fort et ce quelque chose c'est souvent l'alcool.
Pour s'en sortir, là aussi, pas la peine de faire appel à Dieu et à tous ses saints, ils ne pourront pas faire grand-chose. La solution pour sortir de cette maladie, elle est en vous, vous seul en avez la clef.
Mais cette clef est bien cachée et pas facile à utiliser. Il nous faut la plupart du temps trouver de l'aide partout où il y en a, seul, on n'a peu de chance de s'en sortir.
Les soins se doivent d'être physiques et psychologiques, cette maladie, comme je l'ai dit plus haut, nous touche à tous les niveaux : santé, social, familial .
Elle bloque toute notre vie qui ne tourne plus qu'autour de la bouteille, le reste ne nous important peu….
Très souvent, on ne pense pas possible de s'en sortir, là aussi on lui donne encore un côté diabolique, l'alcool nous tient dans ses griffes, on ne peut pas lui échapper.
Mais bien sûr qu'on le peut, il suffit de prendre les bons chemins, ceux qui nous mènent vers le hors alcool. Ce peut-être d'abord un rendez-vous chez notre généraliste, dans un CSAPA, chez un alcoologue, faire une cure fermée ou ambulatoire. Il faut souvent commencer par un sevrage pour  vider notre corps de tout alcool. Ensuite il faut soigner le corps et la tête, l'alcool, comme on a pu le voir, touche les deux.
 
Et surtout, il faut en parler et se faire aider.

L'alcool est un mal qui entraine  un problème sociétal aussi important que le problème physique, le MA est une personne qui est mal dans sa peau, qui a peur du regard de l'autre et qui n'ose pas s'en approcher. Le jugement de l'autre est très important dans sa vie et l'autre a une "supériorité" vis à vis de MA qui bien souvent devient un pantin face à l'autre .Pour être aimé, le MA va être ce que l'autre veut qu'il soit sans jamais être soi même et cela ne le gène pas puisqu'il ne s'aime pas. 
L'alcool nous rend détestable et on nous montre du doigt ,le jugement est là, implacable et l'autre ne pardonne pas, ne veut pas comprendre, ne peut pas comprendre. Tout ce qu'on voulait éviter est multiplié par mille, le regard des autres, les chuchotements dans notre dos ,la séparation, la perte du travail et l'isolement . 
Non, on ne veut pas dire qu'on est MA parce que c'est nous ranger dans la catégorie des dépravés , des mauvaises relations et pourtant, l'autre est le premier à insister pour boire un verre d'alcool car si on ne boit pas, on est aussi monté du doigt ,on chuchote aussi dans le dos... Comment faire un anniversaire, un mariage un repas de travail sans alcool?? Il y a aussi tout cela à prendre en compte, si il n'y avait que la maladie à gérer, on pourrait y arriver mais avec tout ce qui nous entoure ,les autres, c'est une bataille encore plus difficile qui nous attend.
La réhabilitation est extrêmement compliquée, le MA est scruté ,décortiqué par l'autre ,regard de suspicion, confiance en berne et là encore, il faut se battre pour retrouver une place dans la société. 
Oui, la maladie est démoniaque et nous colle à la peau souvent des années après. Si il est important de se débarrasser de l'alcool,il est encore plus important de se débarrasser de cette dépendance aux regards des autres, pour retrouver sa liberté ,il faut se détacher du regard des autres et se concentrer sur son propre regard.

J'aime beaucoup ton post, il est très vrai....

Ce qui est diabolique c'est que la consommation d'alcool fait partie de notre culture, de notre histoire. Dès les gaulois, c'est le tonneau, et les rois de France , les routes du vins, les paysages de vigne, et l'industrie ! Alcool, c'est un des poids lourds de l'économie française, où la puissance des alcooliers est indiscutable. Combien de parlementaires ont dû renoncer à voter des lois pour la prévention ou la protection de l'alcoolisme en France. Le ministre de l'économie a bien plus de poids dans la balance que celui de la Santé.

Dans notre culture le "bois tu seras un homme mon fils" a encore de beaux jours devant lui. Tous les moments festifs, de la naissance au décès sont célébrés avec des "bulles ", même dans certaines religions "le sang du Christ" c'est pas du coca !

Le jour, où la consommation dérape pour toutes les meilleures ou pires raisons du monde, pour se transformer en addiction, là effectivement le regard de cette même société qui l’encense avec force publicité, va se transformer, se modifier  pour te renvoyer  en pleine face l'image d'une perverti, immoral, dévergondé, violent, dissolu et j'en passe.

Double peine pour le malade alcoolique psychologique( culpabilité et honte) et physique,  avec un regard d'impuissance, doublé des sentiments négatifs de l'entourage. Oui, l'alcool dissout tout et c'est l'enfer , la souffrance pour le malade, comme l'entourage.

On prend bien conscience de certaines causes" réchauffement climatique" écologie, de problèmes sociétaux majeurs à venir, pourquoi ne pas modifier cette culture "alcool" qui est un boulet de plus en plus pesant aussi pour  notre société, ceci dès la maternelle, et durant le parcourt scolaire, en prévention . 

On peut toujours rêver!

Bonsoir.

Privatiser les profits et socialiser les pertes, c'est une direction constante de la prétendue "économie".Et ça va empirer puisque désormais ce sont des tribunaux privés qui vont pouvoir sanctionner les États pour les mesures qui risqueraient de reduire les perspectives de bénéfices. Autant dire que la prévention...

L'alcool une maladie diabolique, je dirais sournoise :-)

Et un autre sujet pointe dans vos mots, la société qui encourage la consommation de l'alcool.

Une maladie sournoise l'alcool? Oui : Il faut arrêter de consommer notre substance et remplacer par des stratégies saines. Tout ça prend du temps, du courage, de la rigueur, du support, du travail, et le pire, c'est que si on y retouche, on joue avec le feu. Et si on dépasse le caillou, si on s'approche de la conso innitiale, si on y revient, c'est foutu... Il faut tout recommencer. Oui c'est sournois. Quand je lis des témoignages de personnes dépendantes à l'alcool qui sont devenues abstinentes sur plusieurs années et qui ont rechuté (pas le simple caillou), je suis choqué et triste pour elles, elles se sont fait avoir par le singe... modit singe  

La honte, dont tu parles cristal, qu'on peut ressentir vis à vis les autres, je suis chanceux, je ne l'ai pas vécu. J'ai cherché plutôt à faire une fierté de mon arrêt total d'alcool. Cela n'a pas été un tabou pour moi, c'est une maladie, et je l'ai. Pas de honte à être malade. Ceux qui ne comprennent pas cela lorsque je suis dans des fêtes, des événements, etc, je m'en fous. Mais il y a eu peu de gens comme cela dans mon entourage. J'ai beaucoup plus rencontré des gens curieux, intéressés, et même parfois, admiratifs de ma démarche.

La société qui valorise l'alcool maintenant : oui c'est indéniable, ici aussi au Québec, l'alcool est roi. Par contre, je vois de plus en plus de produits sans alcool ou désalcoolisés. Il y a un petit changement depuis quelques années ici. De plus en plus de personnes qui n'ont pas de trouble de consommation consomment ces produits. Les brasseurs et les fabriquants d'alcool concurrencent pour mettre en marcher ces produits. C'est un changement je pense. Une prise de conscience. Mais il est vrai qu'on est très sollicités. Et cela est "diabolique" pour les personnes qui ont un trouble de la consommation d'alcool.

En ce qui me concerne, ce ne sont pas les influences extérieures comme la société qui pourraient me reconduire à boire, mais mes propres fonctionnements. Je dois me méfier oui, mais de moi même. Cet outil malsain de gestion des émotions, je l'ai utilisé tellement d'années, je dois encore m'en méfier. Voilà pourquoi je suis ici, et au MAB, et dans mon cours en toxico :-)

ppp a écrit: Je dois me méfier oui, mais de moi même.

Bonjour.

C'est tout à fait ça ! Ne  pas oublier d'où l'on vient, du besoin que l'on a eu de recourir à cette béquille.

Et surtout ne pas oublier qu'on a réussi à apprendre à vivre sans, que l'on n'est plus la petite chose fragile que "le singe" savait convaincre par toutes les ruses imaginables. Il réessaiera, n'importe quand, mais il n'a plus l'ascendant !

Pas besoin de cultiver des craintes ou de se réfugier dans des croyances irrationnelles : mais entretenir la certitude qu'on sait lui tenir tête en toutes circonstances, même quand le sort semble s'acharner. Compétence qu'on a gagnée de haute lutte et qui dément l'idée qu'on serait condamné à rester faible.

Lucidité et prudence sont des qualités utiles compte tenu de notre passé.

rur@lcoolique a écrit:


Pas besoin de cultiver des craintes ou de se réfugier dans des croyances irrationnelles : mais entretenir la certitude qu'on sait lui tenir tête en toutes circonstances, même quand le sort semble s'acharner. Compétence qu'on a gagnée de haute lutte et qui dément l'idée qu'on serait condamné à rester faible.

Lucidité et prudence sont des qualités utiles compte tenu de notre passé.

Oui cela vaut pour un certain groupe d'entraide, mais pas tous heureusement :-). J'ajoute que même dans ce MAB dont on parle, tu retrouves des personnes qui pensent comme toi et moi sur ce sujet Rur, et le nomme devant les autres (je le faisais à ma sortie de cure, j'ai fréquenté ce MAB durant un an), j'en ai rencontré plusieurs. Ici au Québec, nous n'avons pas le choix des MAB, il n'y a que celui-là   J'y ai appris bcp quand même, il s'agit de laisser glisser, comme l'eau sur le dos du canard hihi

Bonne journée à toi Rur