Parler alcool avec des ados.

Dans le cadre de la prévention contre l'alcool, il est important de discuter avec des adolescents des risques de l'alcool, mais ce n'est pas simple du tout. Comment parler des risques de l'alcool à une population qui vient juste de découvrir ses effets euphorisants au cours de fêtes diverses ? En plus la mort leur semble si loin, c'est très compliqué de leur faire entendre que l'alcool est dangereux. Pour eux, ce produit leur permet de surmonter leurs inhibitions, de passer dans le camp des hommes, de s'amuser bien plus. Parfois, ils font tout de même attention pour la conduite, comme quoi, la prévention qui a été faite sur ce sujet a été bien faite car c'est sans doute le seul argument qui peut faire rester sobre un des convives dans une bande d'ado.
Ensuite pour en parler avec eux et avoir une chance d'être écouté, voir même entendu, c'est de parler le même langage qu'eux, de connaître leurs codes et s'il le faut de les utiliser. On ne peut pas créer un lien sans le partage d'un langage commun.
J'ai travaillé six mois avec des adolescents toxicomanes et j'ai pu approcher de près leur problématique.
Pour les comprendre, il faut se rendre compte qu'ils sont dans l'excitation d'une pulsion de vie mais cette vie va se heurter à un comportement à haut risque, presque un comportement suicidaire. C'est là-dessus qu'il faut essayer d'ouvrir une porte pour qu'ils en prennent conscience, car souvent la pulsion de vie nie la mort.
Pour ma part, il m'est souvent arrivé d'étudier avec eux, de très près, le déroulement de la mort d'un de leur proche, famille ou amis, mort causée par l'alcool ou par la drogue….Qu'ils comprennent par eux-mêmes comment ces personnes là sont arrivées à un point de non retour alors qu'ils étaient pourtant dans une pulsion de vie…J'essayais de voir avec eux comment une telle situation aurait pu être évité, si elle l'avait pu, ce qui n'était pas certain. Là, en général, j'obtenais toute leur écoute car ils connaissaient les personnes qui avaient été tuées par ces produits toxiques et pouvaient se projeter plus facilement dans leur vie.
Dans le cadre de la famille , il faut savoir poser des limites et préciser que la liberté ça se mérite. On voit la maturité d'un jeune à son comportement. Normalement avant 18 ans, les boissons fortement alcoolisées sont interdites à la vente, et les boissons moins alcoolisées ne sont pas autorisées avant 16 ans. Mais je sais bien qu'il n'est pas très facile de passer outre cette loi.
Les parents ont aussi un rôle de modèle à jouer, notamment sur le fait de ne pas conduire alcoolisés.
Il est important aussi d'étudier leur environnement. Nul ne naît alcoolique, dépressif, bi polaire ou psychotique, que s'est-il passé….En général, nous nous contentions d'étudier leur mode de vie actuelle et pourquoi leur vie se tournait aussi facilement vers l'alcool mais il y a sans doute d'autres pistes à chercher mais là, avec un psychothérapeute qui puisse contrôler ce qui va sortir de tout ça.

Très bon conseil que tu nous donnes là Shale. Je me replace à cette âge et un ado du même âge que moi de ma petite ville s'était enlevé la vie suite à une rupture amoureuse. Ce n'était pas l'alcool, mais cette situation nous a marqué, bien plus que toute autres conseils qui auraient pu nous être donnés au sujet de réactions qu'on pourrait avoir suite à une grande blessure psychologique. Cette situation nous avait fait comprendre, collectivement, nous le groupe de jeune de son âge, la gravité du suicide. Nous avions appris cette situation lors d'une grande fête organisée par la ville, je vais toujours me rappeler de cette situation.