Les trois étapes...

Il y a trois étapes à passer pour passer de la sobriété passagère à l'abstinence
 -La culpabilité.
  -La honte.
  -La peur.
 
-La culpabilité de se dire que l’on fait du mal aux autres, à soi, à sa famille, à son travail.
-La honte de ne pas savoir réagir, de faire et dire des bêtises, d’être indigne de confiance, de l’image donnée aux autres, d’avouer sa faiblesse...
-La peur des lendemains sans alcool alors que toute la vie tourne autour de la recherche du produit ou de l’attente de cette bouteille dont nous rêvons, la peur d’être face à soi-même, la peur de s'ouvrir aux autres...
Ces trois freins  nous empêchent de bouger, de réagir. Ils nous paralysent et nous laisse dans notre état qui fait de nous peu à peu une loque.
 
Chacune passe ses épreuves à son rythme, peut-être seulement une ou deux, on peut se lancer dans l'abstinence en ayant renoncé à la culpabilité, même si on a peur
 
On peut y aller sans peur et sans honte même si l’on se sent coupable.
On peut poser le verre seul , quand on n'en peut plus et que nous devenons conscients que l'alcool nous détruit et détruit notre vie. . Mais c’est bien plus ardu.
 
Cependant, je crois que pour réussir une sortie durable et sereine de l'alcool, il faut passer assez vite ces trois étapes. Pour ne plus vivre dans la honte ou dans la peur.
 
La peur s’estompe d’elle-même une fois le cap passé et disparaît complètement.
La culpabilité s'envole lorsque l’on comprend le sens du mot maladie.
La honte aussi, car elle est  liée à la culpabilité.
 
Pour réussir cette escalade, il faut en parler, trouver de l'aide.
C’est auprès des associations, des psychologues, d’un forum (insuffisant car on ne verbalise pas vraiment), au CCAA ou CSAPA, en cure, auprès des amis, de la famille... que l’on va le faire.
 
Les médicaments ne jouent qu’un rôle annexe et provisoire de soutien dans la démarche.
Pour arriver à dire un jour en toute sincérité :
« Non, pas d’alcool ! »
« Ben ? »
« Parce que je n’en ai pas envie »

Ou, j'ai choisi de ne plus en consommer.

J'ai l'impression que la honte et la culpabilité, ça se règle dans un deuxième
temps.  
La peur et l'angoisse d'envisager sa vie sans son principal pilier, ça reste le
plus dur (du moins pour moi ça l'a été)

Viendrait ensuite la honte de ce qu'on est, le fait que les autres sachent.
Une amie, aujourd'hui décédée, m'avait aidée là dessus, par rapport à la honte
que j'éprouvais à aller chercher mes médocs à la pharmacie.

Elle m'avait dit: 
- de quoi tu as l'air quand tu vas chercher tes remèdes pour la gueule de bois?
- d'une alcoolique
Et si tu vas chercher tes médocs avec ton ordonnance du centre d'addicto'?
- ............
- eh bien, tu as l'air d'une alcoolique qui se soigne! Et il n'y a pas de honte à ça.

Sur la honte, c'est sur Onsaide que j'ai vraiment compris le pourquoi du
comment s'en débarrasser. Mais pas tout de suite, c'était tellement ancré
qu'il m'a fallu lire et discuter beaucoup!

  

Je pense que tu as raison, la honte reste longtemps ancrée en nous.....

Hier, à la réunion nous avons accueillit  2 nouveaux membres.

 La première de 30 ans, abstinente depuis 45 jours( c'est vrai qu'au début on les compte ces jours en plus de vie et en moins d'enfer) . Elle se posait d'abord la question , de comment allait-elle continuer à vivre sans alcool pour s'éclater avec les copines ?, et puis le constat de honte d'avoir dû se cacher pour boire, dêtre complètement à l'ouest lors de ses soirées justement.

La seconde a eu déjà le courage comme on lui a souvent répété de franchir la porte du MAB, qu'elle devait être très fière justement de devenir pour l'avenir une femme forte d'avoir le courage de choisir de poser le verre depuis 1 mois..
Là encore le sentiment de honte envers ses 2 filles d'une vingtaine d'année, à qui elle a prétexté  s'absenter pour un séjour professionel, et silence radio envers sa boite (elle a pris ses congés) où elle occupe une fonction importante, pour aller directement à l'hôpital suivre un sevrage de 11 jours, et de ne rien dire à personne.
En fait, maintenant son soucis c'est comment vais-je vivre sans alcool ? Elle n'arrive pas encore à le concevoir. Ceci dit, je m'étais posée la même question.
Comment vivre sans son petit remontant des soucis, contrariétées, le soi-disant copain, antifatigue, le perfide compagnon de 30ans ou plus de vie ?

Alors, je vous rassure, on vit merveilleusement très bien, et il faut en être très fiere!
.

Elles ont eu de la chance d'avoir cet accueil dans le MAb, après avoir eu le courage
d'en pousser la porte, en réel ou par écran d'ailleurs.
Le premier contact avec l'anciens buveurs est souvent décisif pour se sentir bien
dans la décision d'arrêter.

Pour le silence concernant les soins, honte ou pas honte, elle a eu bien raison
de ne pas en parler au boulot. Un copain il y a 20 ans m'avait dit "n'en parle jamais
au travail". Il avait raison je crois.
Les collègues/employeurs font semblant de comprendre, ou peuvent même 
réellement avoir l'impression de comprendre, mais il n'empêche que 
ça reste une maladie honteuse, qui peut porter préjudice.
Le milieu professionnel n'est pas bienveillant vis à vis de l'alcoolisme.
Sur un arrêt maladie, le feuillet employeur ne mentionne pas la raison, autant
ne pas rompre le secret médical, ça peut coûter cher, même des années après!

Pour les enfants, c'est autre chose, ça relève de l'intime, du personnel, elle
devait avoir ses raisons, et peut-être attendra-t-elle de se sentir vraiment 
sortie d'affaire pour pouvoir en parler. Bon courage à elle en tout cas 

J'avais prétexté partir pour effectuer une cure thermale,  alors ma vendeuse donnait cette explication à mes clientes curieuses.

Sauf, que je suis passée à la télévision pour l'émission sur l'alcool et les femmes, alors là je m'attendais au pire. M'en fiche, j'assume,  c'est une maladie,  pas un vice.... 
Bref, tu te prends parfois, de sacrées réflexions de ces mêmes clientes, "maintenant vous êtes bien,  parce qu'avant ...avec le geste des personnes qui ont un petit coup dans le nez!!!!
Qu'est ce que tu veux  répondre...
Alors, sans me démonter,  ah oui?? J'ai bien maigri, 28 kg quand même !!!!
Mais j'avoue,  j'avais l'estime de moi, au ras des pâquerettes

C'est vrai que c'est un sacré challenge de s'exposer, et heureusement que des
personnes comme toi et d'autres témoins se sentent de le faire. ça permet de bien
casser les clichés que les gens ont dans la tête vis à vis des MA.

Pour le boulot, je pensais plutôt aux gens qui ne sont pas patron d'une affaire,
employés donc, avec une hiérarchie et des collègues qui ne les rateront pas
si le cas se présente. L'image du "pas fiable" est tellement ancrée... 

J'en ai parlé au boulot, de mon trouble de consommation. Je suis même allé jusqu'à annoncer mon entrée en cure en plein cocktail de Noël. Et cela, en levant bien haut mon verre de champagne. Annonce générale, vous auriez dû voir leur étonnement (nous sommes 25), la totale 


Au retour des vacances des fêtes 2018, j'ai fait ma cure de 21 jours fermé. Ensuite, le retour au bureau. Plusieurs m'ont félicité, m'ont parlé courage. Deux ont eu des allusions liées au manque de volonté.

Quelques semaines après mon retour au travail, j'ai produit un texte pour présentant ma maison de cure pour un magazine que mon organisation publie sur les sujets de santé et sécurité au travail. Pour rehausser l'intérêt des lecteurs, j'ai présenté ce centre de traitement de la dépendance par un voyage intérieur, en racontant mon expérience vécue.

L'été dernier, j'ai proposé à mon employeur qu'on m'inscrive à un certificat en toxicomanie dans le cadre de mon travail, cela afin que je puisse préparer des contenus de formation sur le sujet, pour nos clients, des gestionnaires de premier niveau d'entreprises (sociétés) québécoises. Lors de ces formations, je prévois parler de ma propre démarche. Je vais voir comment je peux doser cela sans que ça deviennent une séance de dévoilement de soi. Le but étant de les outiller sur les services existants en réadaptation des personnes dépendantes au Québec. Je veux leur expliquer comment cela fonctionne et pourquoi il est important de s'occuper de ces personnes. Je vise aussi à briser la stigmatisation, expliquer, entre autres, pourquoi certaines personnes sont vulnérables à la dépendance. Je vais voir au fil du temps comment bonifier cette proposition. Je me donnes le temps. 

Je vis bien avec cette transparence et mes choix. J'ai la conviction que cela peut servir à d'autres. Et pour ceux qui me jugent, je me dis que ça leur appartient :-)

ppp, j'ai relu deux fois! C'est super d'avoir pu mettre cela en place avec ton
employeur! C'est vraiment constructif, et pas cet aspect officiel c'est clair
que la démarche s'inscrit carrément dans le cadre professionnel.
Bravo bravo!