liberté de choix ou choix de liberté (extrait d'une lecture)

Les chaînes de la dépendance sont intérieures et invisibles. Elles emprisonnent d'abord l'esprit, puis le corps. Nous avons vu que le processus toxicomanogène s'empare de puissants circuits cérébraux et oriente leur activité vers des comportements mal adaptés. Nous avons vu aussi que des régions corticales vouées à la régulation des pulsions sont déjà sous-développées dans le cerveau des toxicomanes, avant que la dépendance ne s'installe. Or, ces mêmes régions continuent à être endommagées par la consommation de drogue ou alcool. Ainsi, le dilemme de la liberté dans la toxicomanie peut se résumer ainsi : une personne mue en grande partie par les forces inconscientes et automatiques n'est pas vraiment apte à exercer la moindre liberté de choix.

Des décisions que croyons libres peuvent découler de pulsions émotionnelles inconscientes ou de croyances subliminales. Elles peuvent être dictées par des mécanismes cérébraux programmés dans la petite enfance et déterminés par des événements dont nous ne gardons aucun souvenir. Plus les mécanismes automatiques du cerveau sont forts et plus les parties du cerveau vouées au contrôle conscient sont faibles, moins la personne peut jouir d'une véritable liberté de choix dans sa vie. Dans la dépendance, comme dans le cas des troubles obsessifs-compulsifs et bien d'autres affections, il est toujours possible que les circuits cérébraux déficients l'emportent sur le jugement rationnel et les bonnes intentions, malgré toute l'intelligence ou la bonne volonté du sujet. Lorsqu'ils sont en proie à un grand stress ou a des émotions intenses, pratiquement tous les êtres humains agissent ou réagissent automatiquement. Leurs actes ne sont pas intentionnels. Ils sont mus par des mécanismes qui sont déclenchés très profondément dans leur cerveau au lieu d'être générés dans les parties conscientes et volontaire du cortex. Dans ces circonstances, on ne peut pas parler de liberté.

MATÉ, G. - Les dépendances, ces fantômes insatiables

Merci PPP pour ce texte qui décrit bien la "programmation" cérébrale...

Plus on est conscient de nos automatismes, plus on les reconnaît, plus il est facile de réagir rapidement pour corriger le tir    !!

Bonne journée à toi PPP, amitiés de


capitaine  

Très intéressant ton texte PPP, je le mets de côté....merci à toi...