Quitter l'alcool

Quand on est dans l'alcool, il y a un écran entre nous et le monde réel…Cet écran laisse passer un peu de lumière, quelques formes, des bruits, des morceaux d'images, mais il nous cache le plus gros de la réalité.
Derrière cet écran, il y a le malade alcoolique, ses bouteilles, ses souvenirs, car il ne lui reste plus que ça, n'ayant, selon lui, plus d'avenir.
Ces souvenirs sont très présents et souvent très clairs dans notre esprit pourtant bien embrouillé par les degrés alcooliques…..Ils nous font rire, mais souvent pleurer…. Quand ils ont tendance à disparaître, un autre verre d'alcool et les voilà revenus, on peut poursuivre notre cheminement dans ce labyrinthe ensorcelé.
Nous ne sommes pas complètement coupés du monde, la vie réelle revient nous tirer par les pieds régulièrement et c'est douloureux, douloureux à en crier parfois, à se mettre en colère et à taper dans tout ce vide qui nous entoure.
Les mots, tous ces mots qui nous parviennent, on ne sait trop d'où : lève-toi, c'est l'heure, le travail, les enfants, vas-tu faire quelque chose, malade, bon à rien et enfin le tristement célèbre pour nous : Alcoolo……
Ces mots ont pour but de nous faire sortir de notre léthargie, de nous ramener sur terre, dans cette réalité envahie par les autres, ceux qui ne sont pas alcoolo…. Malheureusement, ces mots ne sont pas assez forts ou peut-être trop forts, je ne sais plus trop. En tout cas, nous n'avons qu'une idée, retrouver notre cocon alcoolisé pour ne plus affronter ce qu'ils appellent la vie……Quand on est dans l'alcool, on n'en veut plus de cette vie, on veut la paix, la solitude, on veut boire pour nous envoler très haut, là où on peut rêver notre vie tranquille et surtout ne pas être obligé de l'exécuter
Alors, ne plu rien ressentir, boire, boire encore, dormir, rêver , boire toujours jusqu'à plus soif, mais non, ce mot-là n'existe pas pour nous, "plus soif", on ne connaît pas…..On a toujours soif…..

Heureusement un jour, on se réveille, parfois trop tard, et on se rend compte que notre vie nous échappe complètement, nous nous demandons qui nous sommes et parfois un éclair de lucidité nous fait prendre le téléphone et appeler à l'aide….Plus tard, on se rend compte que ce coup de téléphone nous a sauvé la vie, notre vie, pas cette espèce de non-vie créée par l'alcool

C'est tout à fait ça, 2 mondes séparés ,le notre et celui des autres, ceux qui ne boivent pas, ceux qui ont la chance de ne pas boire ,ceux qu'on envie . Un monde où personne ne peut nous comprendre ,qu'on ne peut pas non plus expliquer même aux personnes les plus proches. C'est sans doute ça le plus dur, ne pas pouvoir parler de ce qui est le centre de notre vie du coup, on ne parle plus de rien
je crois que c'est une des choses les plus belles qui se passent quand on arrête l'alcool: pouvoir enfin partager, parler, regarder, se mêler des affaires des autres et les laisser partager notre vie ou ne pas les laisser entrer dans notre vie par CHOIX et pas par obligation. Avoir le choix, c'est aussi une belle liberté ,ne plus se sentir sale ,honteux et seul parce qu'on est plus seul ,soit grâce à ses proches soit grâce aux aides qu'on a pu mettre en place.
J'ai toujours considéré ce combat comme le passage d'un monde à l'autre, l'alcoolisé puis un pont puis l'autre monde plein de couleur. Ce pont est le moment où parfois, on chute,il dure parfois quelques semaines ou quelques mois mais quand on a franchi ce pont, c'est toute une vie nouvelle qui s'offre à nous.
On a des souvenirs mais aussi un avenir ,des projets, des envies dans ce nouveau monde ,quel changement !!!

Voilà ce que m'inspire ce post mais je me retrouve bien dans cette description d'un monde alcoolisé à part où tout est flou et erroné